Ludylia posa une main amicale sur son épaule, tandis qu’Ercus était à nouveau sur ses genoux, où il se mit à ronronner avec volupté. Mais le tourment d’Avicennius ne semblait nullement vouloir s’apaiser. Au contraire, même, il ne cessait d’enfler et de s’amplifier, balayant la porte qu’il avait entrouverte dans son esprit. Des bribes de souvenirs et de non-souvenirs se mélangeaient, s’entrechoquaient, volant en éclats mutuellement pour mieux faire éclater une vérité dissimulée. Une image était récurrente. Il, elle, il ne se déterminait pas, était devant un miroir dans une chambre d’enfant. Dans le miroir un autre enfant se reflétait, un petit garçon à la bouille hilare. Cependant, il pouvait deviner lequel de ces deux enfants était l’écho de l’autre. Puis l’image se brouilla, il était toujours devant le miroir, face à lui le petit garçon était toujours là. Mais son visage s’effaçait derrière un masque d’albâtre. Enfin, la vision disparut complètement et une autre prit sa place. Il se tenait debout au milieu de ses parents, dans une petite maison, attenante à un manoir, lui-même plongé dans un parc arboré encore plus grand. Dans le manoir un couple, mais si distant l’un de l’autre que l’on pouvait dire que seules les convenances ou une certaine pitié les maintenait ensemble. Et leur fils au visage toujours dissimulé par un masque d’ivoire. Les parents vieillirent, l’enfant aussi, lui aussi, ainsi que ses parents. Puis le couple disparut, ses parents aussi. Mais l’enfant était toujours là et lui aussi, mais chacun de leur côté, puis ils furent à nouveau réunis. La dépendance était là aussi, flanquant le manoir. Mais il la voyait désormais depuis le manoir, dans le liséré sombre et sobre de la domesticité.
La sphère des souvenirs explosa et renvoya Avicennius dans sa portion de réalité. Il trouva Ercus toujours lové sur ses cuisses, le regardant avec un air bienheureux. Dans son dos Ludylia retira sa main et lui tendit à la place une tasse fumante pleine de promesse.
– Tenez Avicennius. Reprenez donc quelques forces. Nous nous rendrons ensuite à la Pierre aux Moines, où s’accomplira le Grand Œuvre.
– Merci Ludylia.
Il prit une gorgée de l’infusion brûlante, puis coula un regard amusé vers Ercus. Ce dernier le regardait de l’air de celui-qui-est-pris-en-faute.
– Je te reconnais à présent. Ou du moins devine-je qui tu es, bien que ta nature m’échappe encore. Je t’ai rencontré dans mes rêves, tu as été un dragon, un enfant-faune et enfin le chat du Cheshire.
Ercus se mit alors à ronronner en signe de contentement.
– Ne serait-ce pas toi non plus, qui m’aurait confié cet ouvrage ? ajouta-t-il en exhibant Flatland.
Pour toute réponse, ce dernier se mit à ronronner de plus belle.
– Une dernière chose Ercus. Comment as-tu fait pour être ici en même temps que nous ?
– Ne l’as-tu pas déjà en partie deviné ?
– Je crois que si. Mais je souhaiterai entendre tes explications.
– Cela m’ennuie un peu. Non que je ne veuille en faire la démonstration, ce serait de toute façon totalement superflu. Seulement ton esprit est encore trop fragile pour envisager certaines choses.
– Très bien ! Je vais alors t’expliquer, comment je vois les choses. Tu n’es pas à proprement parler un être de chair et de sang. Tu es en fait empli de spiritualité. Certes ce n’est pas le terme approprié pour désigner l’énergie psychique, mais je n’aime guère le mot libido de monsieur Jung. Cette énergie n’appartient pas physiquement parlant à notre monde. Elle imprègne l’Univers et ce qui en surgit possède des dimensions spatiales supplémentaires. Pour prendre une métaphore, vous êtes les idées de Platon, et toi Ercus, l’incarnation, tu es l’ombre projeté sur la paroi de la Caverne. De plus étant donné le grand nombre de dimensions dans lesquelles vous vous étendez, vous bénéficiez de plus de degré de liberté dans notre monde. Ainsi, vous pouvez vous mouvoir dans notre espace-temps, qui retient prisonniers ses habitants. C’est cela qui t’a permis de venir ici en un clin d’œil. Une dernière question néanmoins, comment fais-tu pour maintenir ton apparence physique ?
– Je te pensais plus intuitif que cela.
– Haha ! Très bien ! La Pierre aux Moines est un concentrateur spirituel. Elle accumule tant d’énergie que cela te permet de rester intègre, sans avoir à posséder un être vivant doué d’instinct.
– Avicennius, je suis réellement très impressionné. Cependant, une chose me surprend : Tu as deviné ma nature mais non nos origines, pourquoi ?
– Je crois qu’elle est là, répondit-il en pointant du doigt son cœur. Mais elle n’est pas encore prête à éclore et il ne faut jamais brusquer sa nature et son intime.
– C’est une sage décision Avicennius, murmura dans son dos Ludylia.
– Merci. Mais j’en viens à penser que rencontre à Meudon n’était nullement le fruit du hasard, comme si nos horloges respectives s’étaient synchronisés pour que cet événement ait lieu. Il n’y avait aucune raison à notre rencontre, mais depuis elle n’a eu de cesse d’entrouvrir les portes dissimulées derrière le miroir.
Au-dehors, le paysage se déchirait, trouble et double, comme s’il s’étendait au-delà de sa sphère de réalité.
– Ludylia, je m’en voudrais de gâcher un moment si romantique, mais ne devrions-nous pas nous rendre à la Pierre aux Moines.
– N’as-tu donc honte de rien Ercus.
– Sachez ma chère, que c’est une chose à quoi, je suis totalement étranger. Mais regardez plutôt par la fenêtre et voyez par vous-même, Ô sceptique.
Ludylia se retourna aussitôt et admira le paysage dédoublé qui avait envahi la ville.
– Avicennius ! Ercus a raison. Nous devons nous rendre à la Pierre aux Moines. Les univers sont entrés en résonance.
Ce dernier se leva à son tour et prit Ercus dans ses bras. Il fut stupéfié par le spectacle qui s’offrait sous ses yeux. En plus d’un dédoublement du paysage, qui était indubitablement dû à son extension dans l’Univers, il apercevait au loin une tour sombre qu’il n’avait jusque-là que dans ses rêves. Mal à l’aise, il s’en ouvrit à ses deux compagnons :
– Pourquoi cette Tour Noire apparaît-elle ? Jusqu’à présent je ne l’ai vu apparaître que dans mes rêves.
– Ce que tu vois Avicennius est une projection de ton esprit. La densité en énergie spirituelle est telle qu’elle permet la matérialisation des songes les plus profonds et les plus émotionnellement chargés, récita doctement Ercus.
– Et c’est dans cette tour que je devrais me rendre, compléta Avicennius avant qu’Ercus ait pu terminer sa phrase.
Ercus coucha les oreilles, vexé, et s’attira aussitôt les reproches de Ludylia.
– Ercus ne sois pas si soupe au lait et sortons.
Ercus se contenta d’un bâillement et s’endormit dans les bras d’Avicennius. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous trois sur le perron du pavillon, entouré d’une irisation mordorée. À ce moment-là, si Avicennius s’était regardé dans un miroir, il n’aurait pas manqué d’être surpris par le visage qui s’y serait reflété. Cependant, sans perdre plus de temps et pressant le pas, ils marchèrent vers l’épicentre de ces mondes en collision, la Pierre aux Moines. Chemin faisant Avicennius ne manqua pas de relever les innombrables invraisemblances qui surgissaient en de multiples endroits. Mais le plus surprenant était la réaction des gens se trouvant au même instant non loin d’eux. La plupart semblaient être complètement imperméables aux événements. Seules certains, entourées d’une aura plus ou moins prononcées, présentaient des signes d’agitation, mais non d’inquiétude, comme s’ils étaient familiers du phénomène.
– Ludylia. Pourquoi seulement certaines personnes semblent affectées par la collision, alors que la plupart de celles que nous avons croisé vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était ?
– Ces gens ne perçoivent pas l’hyperdimensionnalité, leur esprit n’a pas intégré ce que vos chinois appellent le Tao ou la voie du milieu, le mariage des contraires. En fonctionnant sur un mode binaire, ces personnes ne font que regarder les deux faces d’une même pièce, en les considérant comme indépendantes l’une de l’autre. Elles ne peuvent donc appréhender l’infinité de l’Univers. Mais d’autres s’en sont affranchis et ont transcendé la pièce. Ils ont percé un trou en son sein et ainsi marié les deux faces de la face en une troisième, comme s’ils pouvaient voir les deux faces de la pièce en même temps. Ils ont ainsi ouvert leur esprit à la spiritualité permettant le mariage du corps et de l’esprit en ce que vous appelez l’âme. Malheureusement, cette humanité est plongée dans un monde déséquilibré, où une dichotomie extrêmement forte existe entre les deux. Et la tendance de fond, conduisant à une emprise de plus en plus grande du corps sur l’esprit pour essayer de transcender, ce dernier n’incite guère à l’optimisme. L’humanité sera-t-elle assez sage pour se poser et réfléchir ? Ce faisant c’est l’ego qui se trouve renforcé, l’image qu’à l’esprit de son corps, et non l’esprit lui-même. Il s’opère un asservissement de l’esprit par le corps et du corps par l’esprit, et non une fusion des deux entités. Il n’y a plus d’apprivoisement de l’esprit par le corps et du corps par l’esprit. Toute violence, tout combat contre soi-même, contre sa nature profonde est perdu d’avance car tôt ou tard l’un ou l’autre sombrera, entraînant l’autre dans sa chute. Mais les conséquences varient, telle la palette d’un peintre impressionniste, d’un individu à l’autre. Mais les motifs sous-jacents restent identiques.
– Une scission de la personne en plusieurs entités, un éclatement de la personnalité ?
Ludylia suspendit sa marche et le regarda droit dans les yeux. Ses iris brillaient de mille feux, comme une invitation à plonger encore plus profondément dans la vérité.
– Je suis l’un de ses fragments, n’est-ce pas ? Je suis l’une des parties incarnées par la volonté inconsciente d’Issam. En faisant cela, je me demande s’il n’a pas cherché à me préserver, à mettre de côté son esprit sachant qu’il n’aurait pas la force de volonté pour me, pour nous protéger. Mais ce faisant il s’est affaibli et s’est rendu encore plus perméable aux suggestions extérieures. Il s’est alors enfermé dans un cocon… cette Tour Noire que nous apercevons au loin. Cependant, un souvenir m’obsède. Je me vois dans un miroir, je suis très jeune, un an ou deux, guère plus, et en face de moi un petit garçon du même âge. Pourtant, je sais que ce qu’il voit n’est pas lui. C’est autre chose, une sorte de contraire. Je ne suis pas ce que je suis, je ne suis qu’une apparence… une enveloppe… Une enveloppe qui protège un esprit… son esprit. Et lui, le cocon, n’est que le corps…
– Oui, Avicennius. Et la Pierre aux Moines va te révéler le reste, car même si tu en devines en partie la vérité, l’Ombre est encore très forte, miaula Ercus qui n’avait pas perdu une miette de la conversation.
Et il ne croyait pas si bien dire car devant eux, bien qu’encore éloignée, l’Ombre, suintant de la tour, commençait à s’étendre sur la colline qu’elle surplombait, telle une lèpre dévorante. Ils poursuivirent leur route encore une dizaine de minutes, traversant les dernières rues avant de s’engager dans le bois du Petit Clamart. Ils n’eurent pas à marcher très longtemps avant de déboucher sur une clairière où se dressait un immense menhir, qui contrairement au reste ne présentait aucune irisation. Il était là, posé, tel un phare dans une tempête démentielle. Ercus sauta alors des bras d’Avicennius et s’avança d’un pas prudent vers le mégalithe, suivit de Ludylia. Tous deux étaient de part et d’autre de la Pierre et invitaient Avicennius à les rejoindre.
– Viens Avicennius. Une fois dans la sphère d’influence de la Pierre aux Moines, tu n’auras plus à craindre l’influence de l’Ombre.
Celui-ci s’approcha à son tour et fut pris dans un tourbillon. Autour de lui le paysage se déchirait et le rêve prit sa place. Il n’était pas seul, Ercus et Ludylia étaient avec lui, la Pierre trônant au milieu du trio ; au loin la Tour Noire l’appelait. Il sentait la palpitation venir du cœur de la tour, mais il se savait impuissant pour le moment. Du moins, tant que les masques ne seraient pas tombés. Instinctivement il se rapprocha de la Pierre et posa ses mains dessus. Son contact était doux et chaud, sensuel et organique, une invitation à pénétrer en son sein. Il lui semblait à ce moment que la Pierre était vivante. Et comme si elle lui répondait, le centre de la roche se mit à pulser à l’unisson de son propre cœur. Avicennius eut alors l’impression qu’il fusionnait avec la Pierre, devenant à son tour un être minéral. Il laissait son esprit s’ouvrir pour mieux appréhender l’âme du mégalithe, qui en retour lui permettait de lever le voile sur sa propre nature. Il/elle était désormais dans le menhir, mariage du minéral et de l’organique, être hybride en pleine métamorphose. À l’intérieur il/elle percevait la nature même de la spiritualité, océan d’énergie brute, d’où naissent les rêves et les symboles, les idées, dont lui/elle, Ludylia, Ercus et bien d’autres encore étaient les ombres projetées dans le monde sensible. Nés des instincts primordiaux des premiers êtres vivants, puis enrichi par les générations d’êtres de plus en plus complexes, qui leur avaient succédé. Autour du mégalithe tout était baigné de Ténèbres. Seul le menhir, phare onirique perdu dans une mer d’ombre, perdurait. Et soudain ce dernier s’illumina violemment avant de s’ouvrir en deux dévoilant alors une femme.
– Bonjour Ercus. Bonjour Ludylia. Je suis Anima.
– Bienvenue parmi nous, lui répondirent-ils en chœur. Sais-tu qui nous sommes ?
– Nous sommes des images primordiales, les archétypes. Nous sommes les créations spirituelles de toute vie. Nos enveloppes changent au gré de ceux ou celles qui nous façonnent. Nous sommes une manifestation d’une mémoire ancienne et inconsciente.
Elle regarda tout d’abord Ludylia, puis Ercus, et murmura :
– Venez. Je ressens l’appel d’Issam dans la Tour.
Ercus grandit alors démesurément. Et quand il eut atteint la taille d’un cheval plus que respectable, invita l’Animaet Ludylia à grimper sur son dos.
– Tiens ! Est-ce une fantaisie de ta part, ces pattes surnuméraires ? s’exclama Ludylia.
– Non, pourquoi ? De quoi parles-tu ?
– Eh bien, te voilà pourvu de cinq paires de pattes.
– Ce n’est pas si inélégant que cela, surprenant peut-être.
– Je crois que j’en suis à l’origine, ajouta timidement Anima. Au moment où tu as commencé à grandir, l’image d’un chat à dix pattes a surgi dans mon esprit.
– Qu’à cela ne tienne ! Nous avons une forêt à traverser !
Et Ercus, bien assuré que ses passagères étaient solidement agrippées à sa fourrure, s’élança d’un bond au-dessus de la Pierre aux Moines, en direction de la forêt onirique, fendant impitoyablement l’onde ténébreuse. Arrivé devant les premiers bosquets, une onde de noirceur fit onduler les arbres. Mais elle n’impressionna nullement les cavalières et leur monture. Une fois à l’intérieur, ils durent de nouveau esquiver les assauts de l’Ombre, mais celle-ci semblait perdre de sa vigueur tandis qu’l'Anima ressentait de plus en plus fortement son lien avec Issam. Et bientôt elle disparut complètement, ou du moins se retira-t-elle, et Ercus sortit rapidement de la forêt hilare.
– Mesdames ! Mon chemin s’arrête ici.
Ludylia et l’Anima descendirent avec grâce du dos du félin géant, puis le gratifièrent d’une caresse sous l’oreille.
– Au revoir Ercus, fit l’Anima en le regardant partir par-delà l’horizon, au-delà de la colline sur laquelle se dressait la Tour Noire, les laissant face à leur destinée.
Devant elles se dressaient, tout en majesté, la tour, symbole de la prison dans laquelle Issam avait enfermé depuis trop longtemps son cœur.
– Anima, je ne peux te faire entrer dans la tour, car ce n’est que par le cœur que tu pourras en ôter la noirceur. L’Ombre a pris possession de cette prison. Mais tout Ombre aussi noire soit-elle, elle possède sa lumière, à toi de la trouver.
Et ce faisant Ludylia commença à se métamorphoser, devenant de plus en plus légère jusqu’à ne devenir plus qu’une fine pluie d’or, qui recouvrit bientôt toute la tour. L’esprit d’Anima fut alors violemment attiré, aspiré par le cœur de la tour. Mais plutôt que de lui résister, elle feignit de se laisser entraîner, pour mieux y retrouver Issam aux prises avec ses tourments intérieurs. S’il ne lui était possible de se manifester à Issam, elle pouvait néanmoins renouer ce lien qui les avait jadis unifiés. Ouvrant toujours plus son esprit, Anima, protégé par une cage de lumière, plongea délibérément dans le puits de Ténèbres qui s’ouvrait sous elle, en même temps qu’il l’attirait, la fascinait. Portée par le courant, elle ne cherchait nullement la confrontation mais les familiarités avec l’Ombre, car elle sentait désormais qu’elle était de même nature qu’eux, Ludylia, Ercus et elle, Anima. Seules les énergies étaient différentes. Elle aperçut en son sein les sentiments et les émotions rejetés par Issam, incarnés en humanoïdes reptiliens, dont les mues successives ne guérissaient en rien leurs blessures. Puis vinrent les gardiens terrifiants et protecteurs en même temps, mais incapable d’émotivité ou de compréhension profonde, dissimulés sous un aspect des plus monstrueux. Enfin, elle découvrit Issam, étendu sur une paillasse crasseuse à l’abri dans l’une des nombreuses maisons troglodytes qui peuplaient l’endroit. Elle voulut le rejoindre, mais il était encore trop tôt. Il devait accomplir sa quête et trouver la voie par lui-même. À peine pouvait-elle intervenir. Aussi préféra-t-elle se cantonner au rôle d’observatrice tout en s’assurant que le lien renoué ne se déferait pas. C’est ainsi qu’elle suivit sa formidable odyssée dans la tour, depuis la recherche de sa vérité jusqu’à sa chute finale dans les oubliettes.
Cependant, sachant que cet endroit était un territoire inconnu de l’Ombre, elle se résolut à se défaire de sa cage de lumière, lui confiant le soin de dévoiler le miroir caché en ces lieux. Mais ainsi exposée, elle risquait d’être découverte par l’Ombre et être une fois de plus rejetés, car celle-ci avait peur. Aussi sacrifiant sa forme, mais non son essence, elle dispersa son corps comme autant de flocons blancs qui vinrent s’incruster dans les murs, les fissures, les recoins, donnant à ces lieux une atmosphère lunaire. Ainsi, s’était-elle offerte pour aider Issam dans l’achèvement de son Grand Œuvre.
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