Le lendemain tous se levèrent aux alentours de neuf heures. Ils se rejoignirent en ordre dispersé dans la salle, que leur avait indiqué la veille Joliot-Curie, où les attendait un somptueux petit déjeuner. Après avoir bu et mangé de tous leur soûl, ils convinrent de se donner rendez-vous dans la salle de conférences au sous-sol sur les coups de dix heures.
– Bien ! Messieurs voici ce que je vous propose : Retrouvons-nous tous à 10 heures dans la salle de conférences au sous-sol. Je vous laisserai des instructions pour la retrouver dans la cage de l’ascenseur. Sur ce, je dois me retirer. À tout à l’heure messieurs.
Ils se dispersèrent et rejoignirent leurs chambres respectives, où chacun fit sa toilette, s’habilla ou vaqua à une tout autre occupation. Et bientôt un par un, Joliot-Curie, Delanne, Issam et Avicennius prirent l’ascenseur et se rendirent dans la salle de conférences. Avicennius arriva le dernier, car il se perdit à plusieurs reprises dans l’immensité stérile des galeries blanches.
– Excusez-moi pour le retard, fit-il en entrant dans la salle, mais tous ces couloirs avec leur tour et autres détours ont fini par me faire perdre la notion même d’espace.
– Ce n’est rien Avicennius, le rassura Joliot-Curie. Mais n’avez-vous point rencontré de personnes susceptibles de vous guider.
– Hélas. J’ai bien croisé quelques techniciens. Mais si affairés et pressés, que c’est à peine s’ils me prêtèrent attention.
– Ah ! Il faut nous pardonner, nous les égarés de la Science. Ce n’est pas une maîtresse facile, vous savez.
Avicennius retint de justesse une réplique, qui, bien que totalement neutre, aurait pu paraître aux oreilles d’un scientiste comme l’injure suprême. Aussi se contenta-t-il d’un sourire entendu et laissa Joliot-Curie poursuivre son exposé.
– Messieurs ! Reprenons donc ce que nous avons laissé en chantier hier soir. Gabriel, Issam, vous vous pencherez sur les calculs théoriques. Avicennius, je crois savoir que vous avez quelques recherches bibliographiques à effectuer.
– Effectivement et je vous remercie de me permettre d’avoir accès à votre riche bibliothèque.
– Bien. Issam, Gabriel. Je vous laisse donc la jouissance de cette salle. Je pense que vous disposez tout ce dont vous pourriez avoir besoin.
Delanne et Issam jetèrent un coup d’œil autour d’eux, musardèrent dans les armoires et les tiroirs, avant de se regarder d’un air entendu.
– Frédéric, pardon de jouer les rabat-joie, mais il nous manque quelque chose d’essentiel. De vital même devrais-je ajouter. N’est-ce pas Gabriel !
– Absolument ! se rengorgea ce dernier.
– Pardon ! Mais de quoi parlez-vous tous les deux ?
– Voyons Frédéric ! Il nous manque ce nectar béni des dieux.
– Oh bien sûr ! Je vous en fais parvenir immédiatement, s’exclama-t-il en saisissant un cornet acoustique en cuivre. Isidore pourriez-vous nous faire monter du café dans ma salle de conférences et du thé à la bibliothèque. Merci !
Et il reposa le cornet sur sa patère.
– Issam, Gabriel, nous vous laissons. Si vous avez le moindre problème, nous serons à la bibliothèque. Bonnes réflexions.
– Merci ! répondirent-ils en chœur, tandis qu’Avicennius et Joliot-Curie disparaissaient dans les couloirs maculés de blancheur.
– Alors cher ami si nous commencions par poser les observations sur lesquelles nous pouvons appuyer sans peine nos hypothèses.
– Absolument, approuva Issam en se saisissant d’une craie blanche. Je t’écoute.
– Tout d’abord, nous avons les apparitions d’esprit ou assimilés lors de l’utilisation de puissants courants électriques. Ensuite, les œuvres d’art de certaines personnes à l’esprit trouble et le Delanotype de la toile « Frontières ». Hélas perdu à jamais…
Issam notait scrupuleusement un à un tous les éléments énoncés par Delanne et s’empressa d’ajouter :
– N’oublions pas non plus le postulat d’Ebernezer sur les univers parallèles dont j’ai démontré la véracité de leur existence.
– Tout à fait et ajoutons tout de même un dernier ingrédient. Le principe de Lavoisier : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
– Ah non, ce n’est que l’avant-dernier. Que fais-tu du postulat d’Einstein sur l’équivalence énergie-matière? ?
– Je ne comprends pas. Pourquoi introduire ce principe d’équivalence ? L’équivalence entre énergie physique et énergie psychique me semble aller de soi. Mais l’esprit est une chose immatérielle et ne peut donc se condenser en matière et inversement.
– Je crains de ne devoir te donner tort sur ce dernier point. La catastrophe de la Sorbonne ne peut être qu’imputé à un être matériel, même s’il n’était indubitablement pas humain.
– Je ne sais pas. Cela me semble tout de même un peu tiré par les cheveux comme hypothèse.
– Et pourquoi pas ? Elle ne l’est pas plus que l’existence d’univers parallèles au nôtre.
– J’avoue. Vu ainsi je crois que nous pouvons ranger cette hypothèse au rang d’observation.
Quand Issam eut fini d’écrire, il avait noirci la moitié de l’un des deux tableaux noirs suspendus aux murs de la pièce. Il posa sur l’autre moitié les équations mathématiques nécessaires, qui auraient relevées pour le profane des Mystères ou de l’Alchimie, voire de la Cabalistique. Lorsqu’il eut enfin fini, il se retourna vers Delanne et lui demanda :
– Ai-je oublié quelque chose Gabriel ?
Ce dernier relu attentivement le tableau, fronçant un sourcil de temps à autre, étirant ses lèvres en une moue songeuse, un tic agitant nerveusement sa joue.
– Rien n’a été oublié. Je crois que nous pouvons nous mettre à l’ouvrage.
Pendant ce temps, Joliot-Curie instruisait Avicennius des Mystères de la Mathématique et de la Psychophysique.
– Avicennius, vous m’avez fait part de votre curiosité pour tout ce qui traite de la psychologie. Je ne me fourvoie pas ?
– Certainement pas, Frédéric.
– Et ne m’aviez pas fait également part de votre intérêt pour les travaux de Moshé Ebernezer.
– Effectivement. Issam m’avait expliqué en arrivant au CIE que tout e bâtiment avait été construit dans l’esprit de ses travaux et théories.
Joliot-Curie esquissa un immense sourire :
– Alors Avicennius, je gage que vous trouverez votre bonheur en ce lieu, qu’est notre modeste bibliothèque.
Et Joliot-Curie l’introduisit dans une pièce dont il aurait été bien en peine de trouver le mot juste pour en qualifier l’immensité. Comme il restait sans voix, Joliot-Curie l’invita à prendre place dans l’un des nombreux fauteuils en cuir qui peuplaient le lieu. Tous deux s’assirent et Frédéric laissa Avicennius tout à son admiration. Contrairement au reste du bâtiment et de ses pièces à la géométrie résolument fonctionnelle, la bibliothèque était un endroit chaleureux, malgré des proportions quasi sauvages. Dans ce lieu Avicennius ne se sentait pas évolué parmi des livres fort sages, mais plutôt dans une jungle où se dissimulaient aux yeux du profane quelques joyaux, derrière une folie faite de savoirs et d’écrits. Et tandis qu’il s’abîmait dans la contemplation, Joliot-Curie se permit de lui donner un petit aperçu des travaux qu’il menait en collaboration avec Delanne et Issam :
– Avant de commencer mes explications Avicennius, puis-je me permettre de vous poser une question ?
– Naturellement ! Allez-y, que souhaiteriez-vous savoir ? s’enquit Avicennius.
– Quelles sont vos connaissances sur l’éther fluctuant ?
– Comme tout le monde, je suppose. Je n’ai jamais poussé très loin ma curiosité à propos de cette substance, même si j’ai pu en constater les effets, ou du moins certains.
– Vous ne verrez alors aucun inconvénient à ce que je vous fasse un petit cours d’histoire, assaisonné d’un soupçon de physique.
– Non, non, du tout ! Faites comme il vous semblera le plus juste.
Joliot-Curie ouvrit alors un tiroir du guéridon et en tira deux pipes en bruyères et un pot de tabac de la Jamaïque. Il en proposa une à Avicennius qui déclina poliment l’offre. Cependant, l’odeur du tabac à pipe ne lui étant pas des plus déplaisantes, aussi en savoura-t-il les arômes qui s’exhalèrent lors de la combustion. Après que Joliot-Curie en eut tiré quelques bouffées, il sembla à Avicennius que son esprit devenait plus clair et plus affûté. Il pria alors Joliot-Curie de commencer immédiatement son récit.
– Revenons quelque temps en arrière, au XVIIIe siècle pour être précis. Lavoisier énonce sa loi universelle de conservation de la matière : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, puis découvre, lors de travaux sur les propriétés de l’eau, l’éther fluctuant. Mais les troubles révolutionnaires l’empêchent d’approfondir sa découverte, puisqu’il est décapité trois ans plus tard. À la fin de la Révolution, alors que Napoléon a lancé sa campagne en Italie, des savants, travaillant sur la nature de la lumière et de l’électricité, observent des violations de la loi de Lavoisier. L’italien Alessandro Volta, avec l’aide du français Pierre-Simon de Laplace, reprend les travaux de Lavoisier sur l’éther fluctuant et commence l’exploration de ses fabuleuses propriétés. Malheureusement, les connaissances mathématiques et les outils disponibles à l’époque étaient largement insuffisants pour en comprendre et en saisir tous les mécanismes intimes. Néanmoins, comme l’a montré l’histoire, l’empirisme fut un moteur puissant et a permis d’asseoir l’Empire et la Pax Imperia. Et c’est sans compter toutes les retombées positives profitables aujourd’hui à tous nos concitoyens. Pendant environ 80 ans, les scientifiques ont ainsi tâtonné, au prix certes et je dois le regretter et le déplorer, de quelques incidents majeurs.
Avicennius ne put s’empêcher d’esquisser une grimace de dégoût, car ces quelques incidents majeurs, comme il les appelait, avaient emporté les âmes de centaines de malheureux, voire de milliers selon certains témoignages. Il ne fallait pas oublier non plus la première utilisation de la bombe éthérique, en 1813, par les services secrets napoléoniens et sa centaine de milliers de victimes, tous soldats de la Grande armée de coalition. Par la suite, cette bombe avait été perfectionnée pour fonctionner aujourd’hui avec de l’hydrogène, mais heureusement elle ne fut jamais réutilisée, à l’exception des événements de 1904 – 1905, comme ils avaient été qualifiés par le gouvernement impérial. En 1904, le Japon en but à l’impérialisme français dans le nord-est de la Chine se lance dans une course pour le contrôle de la Corée et de la Mandchourie. Voyant s’embourber les armées de Nicolas II, la France fit acheminer la dernière née des bombes éthériques de l’époque, laquelle anéantira Port-Arthur ainsi que la totalité de la flotte stationnant à quelques miles de là. Devant de telles atrocités le Japon signe un traité de paix avec l’Europe, imité en cela par l’ensemble des grands empires mondiaux. Ces avatars de la première bombe éthérique font maintenant la fierté de l’armée impériale, autant qu’elle maintienne un équilibre fondé sur la terreur avec les autres forces nationalistes ou impérialistes en présence. Pour autant, il choisit de ne pas interrompre Joliot-Curie, ne voulant pas nourrir une polémique stérile.
– Mais une révolution mathématique eut lieu à la fin du XIXe siècle avec la publication des travaux du norvégien Niels Abel et du français Évariste Galois. Tous deux hélas ont disparu prématurément sans que l’on puisse célébrer de leur vivant leur génie. Ces travaux nous ont donné les outils pour explorer les arcanes de l’éther fluctuant, mais non le cadre qui nous fut apporté par la géométrie développée par l’allemand Bernhard Riemann.
Avicennius retenait son souffle, un nom, un seul, lui brûlait les lèvres. Joliot-Curie poursuivait :
– Cependant, tout cela n’aura pas été possible sans les idées révolutionnaires apportées par un astrophysicien israélite, Moshé Ebernezer. Hélas il fut victime de la vague d’antisémitisme qui a ravagé les années 1890. De plus ses idées étaient trop en avance sur son temps, ce qui a contribué à le marginaliser un peu plus. Et entre nous Avicennius, nous sommes loin d’en avoir percé tous les secrets. Je me demande même si nous y arriverons un jour, d’autant que certaines de ses théories semblent complètement surréalistes. Mais revenons-en aux travaux de Moshé Ebernezer : la présence de dimensions supplémentaires, où s’étend l’éther fluctuant. Nous le savons, celui-ci possède des propriétés stupéfiantes et Moshé Ebernezer les avait déjà théorisées. Celles-ci découlent des degrés de liberté supplémentaires octroyés par sa capacité à se mouvoir dans un espace de plus grande dimensionnalité.
À ce point de son exposé, Joliot-Curie s’interrompit sentant qu’il avait perdu son auditeur.
– Pardon Avicennius, je crois que je viens de vous perdre.
Gêné, ce dernier acquiesça :
– Je crois Frédéric. La notion de degré de liberté m’est en fait complètement étrangère, même si je pense en comprendre quelque peu l’essence.
– Bon, faisons une expérience de pensée alors. Imaginez-vous un disque flottant devant nous sur lequel je dépose cette bille, fit-il en se saisissant d’une des boules minérales d’un jeu de solitaire. Je la place au milieu et je la déplace dans les deux directions : largeur et longueur. Largeur et longueur sont les deux degrés de liberté de ma bille. Que se passe-t-il si j’ajoute une troisième dimension à mon disque, tout en laissant ma bille à l’intérieur ?
– Il devient une sphère et la boule peut se déplacer dans une direction supplémentaire, en hauteur en l’occurrence, acquérant alors un troisième degré de liberté. Si je saisis donc bien les choses, l’éther fluctuant ne peut posséder ses propriétés que si des dimensions supplémentaires existent. Dimensions dans lesquelles il pourra se déplacer.
– Exact et pour être précis l’éther fluctuant possède neuf degrés de liberté dans l’espace et deux dans le temps. Existent ainsi six dimensions d’espace qui nous sont voilées, en plus d'une de temps.
– Cependant Frédéric, même si j’admets l’existence de ces dimensions, où sont-elles ? Dans un univers parallèle ou bien sont-elles si petites qu’elles sont imperceptibles à nos sens ?
Joliot-Curie eut un haussement d’épaules désabusé :
– Nous l’ignorons et plusieurs hypothèses s’affrontent : Un univers parallèle au nôtre mais possédant plus de dimensions. Notre univers, lui-même, est plongé dans un ensemble plus vaste, où ces dimensions s’étendraient à l’infini, ou des dimensions repliées sur elles-mêmes et nous spéculons sur leur taille. Voyez-vous ! Nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements de notre exploration.
– Frédéric. Un détail m’interpelle. Comment peut-on replier une dimension ? Ce n’est pas un objet physique à proprement parler
– Qu’en savons-nous ? Nous ne voyons pas les trois dimensions dans lesquelles nous évoluons mais nous les percevons. Maintenant, imaginez un fil infiniment long et fin. Marchez dessus. Quel sera votre degré de liberté ?
– Je n’en aurai qu’un seul, ne pouvant que reculer ou avancer.
– Prenons une loupe et posons une minuscule fourmi dessus. Que pourra-t-elle faire ?
– Je vois où vous m’emmenez Frédéric. La fourmi aura deux degrés de liberté, car elle pourra tourner autour du fil. Elle perçoit une seconde dimension enroulée sur elle-même, mais elle peut être de taille finie ou non.
– Dix sur dix élève Avicennius. Nous savons que ces dimensions existent, car sans elles point d’éther fluctuant, et, pourtant, nous ne savons pas où elles sont. Tel est le paradoxe.
– Frédéric, j’aurai une dernière question. Non pas à propos des univers parallèles ou de ces dimensions, mais sur la nature même de l’éther fluctuant. Quelle est-elle ?
Joliot-Curie ne put empêcher un voile de malaise de passer sur son visage, qui ne manqua pas d’échapper à Avicennius soulagé.
– Je regrette de ne pouvoir vous répondre. C’est une question extrêmement délicate et rien dans les notes ou travaux de Moshé Ebernezer ne trahit la moindre piste sur sa nature.
Avicennius restait silencieux, attentif à son interlocuteur et à son mensonge. Il attendit que ce dernier achève sa phrase et prit à son tour la parole :
– Merci Frédéric. Néanmoins me laisserez-vous consulter ses ouvrages. J’aimerai approfondir par moi-même les points que vous venez de m’exposer.
– Mais bien entendu. Je…
Joliot-Curie n’eut pas le temps d’achever sa phrase qu’un cri d’épouvante retentit dans le bâtiment, suivit du hurlement strident de l’alarme. Les deux hommes se précipitèrent à la suite des militaires qui s’élançaient dans les couloirs écrus. Ils devenaient de plus en plus inquiets, à mesure qu’ils approchaient de la salle de conférences. Arrivé devant ils bousculèrent violemment les personnes massées devant pour se jeter à l’intérieur. Dans la pièce s’empressaient déjà plusieurs médecins et infirmiers du centre. Il y régnait un désordre sans nom, des chaises étaient renversées, les tables bousculées ou brisées, des meubles gisaient en morceaux et le tableau noir avait été fracassé.
– Mais que… que… que s’est-il passé ici ? balbutia Joliot-Curie blême, Avicennius à ses côtés l’était tout autant.
L’un des infirmiers vint à leur rencontre et les prit à l’écart. Il commença par se passer une main sur le visage, embarrassé comme s’il cherchait ses mots, puis enfin se lança :
– Monsieur Joliot-Curie, nous ignorons tout de ce qu’il a pu se produire ici. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que, lorsque nous sommes arrivés, nous avons retrouvé monsieur Delanne étranglé et monsieur Pierzi grièvement blessé, une dague enfoncée dans le flanc droit juste sous les côtes. Un chirurgien est en train de l’examiner, heureusement qu’il n’a pas cherché à retirer l’arme. Pour monsieur Delanne, nous lui avons ouvert la trachée afin d’y insuffler de l’oxygène, son larynx a été littéralement broyé. Pour le moment, il est toujours plongé dans l’inconscience et nous ne savons pas s’il se réveillera un jour. Les médecins craignent de graves lésions cérébrales.
– Où sont-ils en ce moment ?
– Ils sont entre les mains de nos chirurgiens. Nous vous préviendrons dès que vous pourrez venir les voir.
– Merci. Nous seraient-ils possible d’examiner les lieux ?
L’infirmier semblait contrarié mais acquiesça à contrecœur :
– Je ne peux vous accorder que dix minutes. Et enfiler ces gants et ses protections corporelles s’il vous plaît. Je doute que tous ces fluides soient du plus bel effet sur vos habits.
Avicennius et Joliot-Curie attrapèrent les accessoires tendus par l’infirmier et s’en revêtirent. Se retournant, ils ne virent que la foule s’était dispersée, chacun allant vaquer de nouveau à ses occupations. Aussi pâles l’un que l’autre Avicennius et Joliot-Curie examinèrent précautionneusement la scène de chaos. Ils contournèrent une flaque de sang noir encore frais, dont l’odeur douceâtre flottait ; à n’en point douter celui d’Issam. Ils notèrent aussi que la majorité des objets avaient volé en majorité dans la direction opposée à celle de la flaque. L’agresseur semblait être Delanne, ce qui était complètement incompréhensible. C’est alors qu’Avicennius perçut une très légère odeur de brûlé. Il se pencha alors sous la table, tandis que Joliot-Curie essayait de reconstituer les équations à demi-effacées sur ce qui restait du tableau. Sous la table, Avicennius aperçut un fragment noirci, mais à peine ne l’eut-il effleuré qu’il se réduisit en cendres et s’envola. Cependant, il n’avait que trop bien reconnu cette sensation familière, qui s’était emparé de lui quand il l’avait effleuré. Aussi se devait-il de garder le silence sur sa découverte et les conclusions qu’il en tirait. Son intuition lui soufflait que le drame qui venait de se produire ici était de même nature que l’explosion survenue à la Sorbonne, de même que l’assassinat de son ami Moshé Ebernezer. Il ne savait s’il devait se réjouir ou non de ce drame, qui aura sans doute coûté la vie à Gabriel Delanne, coupable d’avoir entrevu une vérité qui le dépassait. Mais au moins pourra-t-il explorer à sa guise les manuscrits de Moshé Ebernezer.
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