Prologue
Parfois les événements arrivent sans prévenir. Ils sont indétectables, imprévisibles. Peut-être que quelques voyants avaient pu prédire la tragédie. Aussi s’étaient-ils terrés dans le mutisme pour ne pas créer un mouvement de panique auprès de la foule. Cette dernière était déjà bien assez agitée par le concert à venir d’un tel, où les prochaines élections présidentielles. Aussi leur parut-il intéressant et intelligent de leur cacher la sombre période à venir.
Car personne ne souhaiterait savoir que sa fin est proche. Personne. Alors, de ce point de vue, c’est vrai, mentir c’est mieux. Après tout, c’est comme ça que l’Homme avait toujours réglé ses problèmes. Et on ne pourra le nier, il aura au moins eu une fin à son image.
*
L’air était frais, peut-être trop pour un début d’été. Le vent soufflait dans les arbres qui bordaient les Champs-Élysées. Quelques passants regardaient le ciel en priant leur bonne étoile. Des enfants courraient les mains pleines de tout Eiffel lumineuses, leurs parents avaient dû céder à de multiples caprices. L’air ambiant sentait la cigarette et il faisait humide. Il devait être vingt deux heures. C’était vendredi, vendredi 25 juin 2027.
Mais derrière l’air de vacances qui s’approchait et les sourires factices. Derrière Notre-Dame et les monuments qui parsemaient Paris. Derrière à à peine trois kilomètres de là, un événement allait faire tomber les apparences que tous s’évertuaient malgré eux à faire tenir. Les apparences qui les aidaient à tenir en toute circonstance. Ces apparences qui allaient les aider alors que le système s’apprêtait à se retourner contre eux. Oui grâce à ces apparences, ils passeront la tragédie, effaceront les souffrances et garderont même le sourire.
*
- ENGUERAND ! IL FAUT PARTIR OU ON VA TOUS Y PASSER ! Joshua ne prit pas la peine d’appeler le professeur par son grade. Malgré le faites qu’il était son supérieur. Mais avons nous un supérieur dans ces moments là ?
Il n’eut pas le temps de se poser la question, car le temps jouait contre lui. Tout autour les machines s’affolaient, affichant des messages d’alerte.
- JE T’INTERDIS DE ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE ! J’AI TOUT PERDU POUR CE PROJET ! ALORS TOI VAS-T’EN, MAIS MOI JE MOURRAIS ICI S’IL LE FAUT !
Joshua n’insista pas, il avait fait ce qu’il avait pu. Et puis il n’avait jamais été d’un naturel très courageux. Alors il s’enfuit, laissant seul le professeur. Dans une salle ravagée par le chaos, et par le début d’incendie qui menaçait à présent la vie des deux hommes.
*
Enguerand était seul dans la salle Vinci, qui gisait en ruine. Il était seul mais il avait gagné. Son expérience avait aboutie, mais à quel prix ?
Celui de la vie celui de la vie de milliers voir de millions de personnes qui allait mourir ?
Celui de la destruction totale du système, de ce que l’on pouvait comparer à l’apocalypse ?
Alors oui il avait gagné, mais est ce que cela en valait la peine ?
Pendant que la fumée emplissait la pièce, et provoquait chez le professeur des quintes de toux interminables. Il ne voulait plus partir, il voulait rester et mourir ici, oui égoïstement il voulait périr sans payer l’addition de ses crimes. Tandis qu’il écoutait l’écho perpétuel qui régnait dans la salle des machines. Il était presque sûr d’entendre des pas. Au fur et à mesure des secondes qui s’égrenaient il en eu la certitude, quelqu’un approchait. Puis au bout de plusieurs minutes, une silhouette apparue derrière l’épais rideau de fumée.
La silhouette était celle d’une femme, il en était sur. Et quand une voix suave et féminine s’éleva à travers la masse qui lui brouillait la vue
, il en fut certains.
- Alors tu t’amuses bien ? Susurra t-elle.
- Toi… le professeur reconnu la voix presque instantanément. Mais n’eut pas la force de prononcer son prénom, qu’il connaissait pourtant par cœur.
- Oui, moi. Tu ne te souviens donc plus de mon nom, quelle tristesse. Dit la femme avec une déception feinte. Mais après tout qu’elle importance n’est ce pas ?
Elle traversa les mètres qui la séparait d’Enguerand. S’arrêta a quelques centimètres de lui, et murmura à son l’oreille.
- Tu aimes toujours autant la chaleur Grégoire ?
Il eu un long silence. De ceux qu’on a peur de briser. Mais celle qui se tenait face à Enguerrand avait dû affronter pire que l’absence de bruit. Alors elle détruisit le dernier bribe de calme qui flottait encore entre eux deux, sans aucune hésitation.
- Alors, tu ne réponds pas ?
La pièce s’enflammât d’un coup, et tandis que tout commençai a fondre et à succomber au feu, l’inconnue éclata d’un rire cynique.
- Vous savez quoi professeur ? Je vais vous faire un dernier cadeau, je vais vous montrer le fruit de votre expérience. Est ce que cela vous ferait plaisir ?
Pas de réponse
L’ombre disparu alors à travers le mur de flamme, et sa voix s’éleva une dernière fois au dessus de la fumée.
- Au fait Mirabelle ça ne vous dit vraiment rien ?
Sans attendre une réponse elle tourna les talons. Puis s’éloigna sans même lui jeter un regard, et traversa la pièce en faisant résonner le bruit de ses pas. Son rire résonna longtemps, plus longtemps que les cris d’agonie d’Enguerand, et même longtemps après que le bâtiment fût changé en cendre.
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