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tome 1, Chapitre 4 « Chroniques Humour » tome 1, Chapitre 4

4. CHRONIQUES HUMOUR

Intermède ludique d’un cadre rayé de l’active

« Dis-moi qui tu suis,

je te dirai qui je hais »

ROUSSEAU Alfred, "à l’ombre de mon frère en pleurs".

« Yolande, passes-moi les guirlandes

y’en a pas assez sur le sapin »

NOYEUX Joël, "à tous".

Un jour récent de RTT où j’allai promener mon Spleen (un setter moins le quart beige qui me colle aux basques depuis que j’en ai fait l’acquisition du côté de Saint-Jean-De-Luz), mes pas me conduisirent au beau milieu d’une verdoyante campagne proche de mon domicile toute illuminée d’une bienveillante luminosité diaphane que le soleil, dans son ardeur pré-vespéral, avait réglé sur 3 (Aube).

En ce vendredi calme, encore convalescent d’un labeur hebdomadairement éreintant, mes enfants vaquant à quelques occupations crânebourratiques dispensées par d’assermentés fonctionnaires à peine empreints de leur glorieuse mission consistant à enseigner à nos chères têtes blondes que, quoiqu’il arrive et envers et contre tous et toutes, 2 et 2 font définitivement 4 (ce qui est bien utile pour : 1°/ compter les moutons dociles les nuits d’insomnies, 2°/ vérifier que la calculatrice Casio dernier cri – arrrrgggggh ! – ne déconne pas), ma femme étant partie soutenir la bonne santé financière d’une chaîne d’hypermarchés que je ne citerai pas mais dont les enseignes lumineuses aux frontons de nos villes me font craindre le retour imminent de dinosaures jurassicparkinsoniens, en ce vendredi calme, donc – et si je continue de digresser de la sorte samedi sera là et je n’aurai pas fini ma phrase ce qui serait dommage, convenons-en –, j’avais décidé d’aérer mes bronches et les branchies de mon chien (vous ai-je dit que Spleen est un chien amphibie ?)… (Non ?) … (Vous m’étonnez !) … (Ah oui, vous avez raison ! Au temps pour moi…).

13h15 sonnait au clocher portable du voisin (oui, par chez nous, outre les téléphones, nous avons aussi des clochers portables qui nous donnent directement l’heure du Vatican et la marche à suivre ; personnellement, je rechigne à m’en équiper, non pas pour de basses raisons pécuniaires, vous le pensez bien, mais parce que la montre suisse que mon grand-père paternel et espagnol m’a léguée à sa mort fonctionne encore et, qu’habitant au rez-de-chaussée, je n’ai aucune marche à suivre pour sortir de mon logis), lorsque je fermai les 44 verrous de sécurité de ma porte blindée, cachai mon paillasson sous mon trousseau de clefs, et m’en allai au vent qui n’était pas si mauvais que ça puisqu’il n’y en avait pas.

Délaissant mon auto, toute imprégnée d’une odeur tenace de cigarettes que je grille consciencieusement, et sur prescription médicale, les unes après les autres afin de laver mon corps des agressions polluantes des quelques endroits où survit encore la marguerite vénéneuse, le chardon griffu et l’orme fourbe, je me dirigeai vers le parc mitoyen que, d’habitude, j’évite avec une application minutieuse. Mais, bon, la curiosité étant un vilain défaut de fabrication, je m’étais décidé à m’abandonner, pour une fois, à mes penchants malsains les plus inavouables. Ce parc, cloaque verrutaire purulent de végétations respirant sans vergogne la brise salvatrice chargée à 83% d’oxyde de carbone, ce parc, véritable insulte au génie du genre humain où, paraît-il, Jean-Jacques Rousseau venait vomir avec son ami Monsieur De Lebonss-Auvaj entre deux cures d’intoxication sur les bords du lac Léman, ce parc, d’une futilité publique reconnue ne méritant pas le qualificatif de « parc » usuellement réservé aux prestigieuses réalisations modernes que sont les Disneyland, Astérixland, Wallibieland ou Il faitfroidsurlaland, ce parc, donc, n’était, en fait, pas un parc à proprement parler. C’était une sorte de « merdunordpourdernierterrainvague » que les nombreux détritus, égayant çà et là la morosité gerbante d’une verdure écœurante, ne parvenaient même pas à intégrer raisonnablement dans l’espace formidable de la bienveillante cité. Et c’est ainsi que, copain clopant, je me retrouvais au milieu de la verdoyante campagne susnommée. Oui.

Au hasard d’un chemin, le sentier n°16 (un sentier « treize et trois », donc), qui avait mis à mal le subtil agencement de mon Lacoste et de mon 501 à force de violences ronceuses (et je ne vous parle même pas de leurs effets catastrophiques sur ma permanente Jean-Louis Daplein laquelle avait transformé, la veille, ma rebelle tignasse en une véritable œuvre d’art), je rencontrai ma voisine, Mlle Agathe Zeblouze, qui cheminait à petits pas comptés dans une direction inverse à la mienne. Je fis, en la voyant, un preste bond sur le côté afin de laisser le passage à son grand âge prioritaire et à ses 102 kg également prioritaires. Bonjour monsieur, me dit-elle d’une voix suave. Uh uh, lui répondis-je avec ce sens de l’à-propos qui me vaut l’admiration de mes congénères. Ce n’est que lorsque je la vis disparaître au loin que je retirais mon mollet gauche de la caresse alanguie d’une ortie contiguë. Ah mes amis, mes frères (z’et mes sœurs), quel poète inspiré chantera enfin l’intolérable supplice de la jambe citadine prise au piège de la morsure hypocrite d’une ortie non recensée sur les cartes balisées des chemins forestiers ? Hein, qui ?

Pas moi, en tous cas ! D’abord je chante très mal (je ne fais même pas la différence entre un sol dièse pleureur et un mi bémol coucoulier, c’est vous dire !), particulièrement s’il n’y a que quelques platanes chenus avec qui trinquer ; ensuite, les poètes verbeux monomuses shootés à l’alexandrin besogneux caressant leurs vers solitaires nonchalamment alanguis sur une couverture en véritable poils d’Iboz retournés à l’ombre d’un figuier près duquel ils amoncellent leurs canettes de 832 (des demis de 1664 ça fait bien des 832 non ?) m’insupportent. Et pas seulement de garage. Ça dépend. En ce qui me concerne, je préfère les parkings. Mais, bon, ça se discute et je ne suis pas là pour vous chercher dispute. Surtout que « dispute » c’est beaucoup pour un seul homme…

Bref, ma bucolique promenade commençait mal. Une agression intolérable, d’une violence, d’une sauvagerie oserai-je dire, que l’on ne rencontre que rarement, même dans ces cités ouvrières puant la chaussette sale, la cuite du père, les dessous de bras de la mère et la morve des gosses. Je regardai mon mollet ; il était de ce rouge vif des cités en question. Un mollet rouge avec des chaussures jaunes, vous vous rendez compte ? J’en étais vert de rage ! Quelques zébrures de ronces dénaturaient la douceur soyeuse de la peau de mes bras et je relevais une tâche verdâtre suspecte sur le velours léger de mon polo à 850 balles tandis que l’ascenseur de ma mauvaise humeur montait, lentement mais sûrement, vers le ciel où piaillaient des dizaines d’oiseaux incongrus se délestant, avec de petits cris sadiques, d’un flux de matières fécales qui atteignait la cible des promeneurs avec la justesse d’un Robin des bois de l’étron. Après un bref instant de réflexion, je conclu que j’étais plus à peindre qu’à blâmer, comme le disait Léonardo Di Cappricchi à son amie la Joconde. Je repris ma progression en oubliant l’austère liste de mes malheurs. Poil à Naples-Oléron.

Parvenu (comme certaines de mes relations professionnelles qu'ici je salue, au passage, avec le respect dû à leur rang) à l’orée d’une clairière, je décidai, ex abrupto, de faire un break. Cela faisait une bonne heure que je marchais, tel Georges, au milieu de ce monde hostile qu’en principe je n’accepte qu’à la messe le dimanche ! J’avais donc besoin de me reposer. Je remarquai un massif de troènes tout proche que je me mis en devoir d’entailler consciencieusement (car, à défaut d’autres choses, il faut 6 troènes pour faire un break). Une fois le break coupé, je dégustai des « petits Lu », brossai mon pantalon 501 en tweed « Mark et Spencer », prit quelques photos de la charmante clairière que l’abattage des troènes avait agrandie et repartit, mon jetable Canon et ma méchante humeur en bandoulière.

Au passage du gué, j’en profitai pour noyer mon Spleen. Un chien amphibie… laissez-moi rire ! C’est pas pour me moquer, mais, vraiment, vous croyez n’importe quoi vous !

Arrivé chez moi, je me mis prestement au travail. Ma femme et mes enfants n’étaient pas encore rentrés et j’avais besoin de calme pour fignoler mon intervention devant le Comité d’Entreprise où j’avais été chargé, en ma qualité de cadre aux dents longues, de présenter la nouvelle réorganisation. Quelques dommages collatéraux (je m’interdis de prononcer le mot « licenciement » qui est si vulgaire) étaient à prévoir, mais on ne fait pas les omelettes des actionnaires sans casser les œufs des salariés ; et je comptais bien sur cette mission que m’avait confiée la direction de La Boîte (que Son Nom soit sanctifié) pour me montrer digne de sa confiance et, éventuellement, donner un petit coup de pouce à ma carrière. A tout saigneur tout honneur…

Il était 4h00 du matin passé lorsque je rejoignais le lit conjugal pour un repos bien mérité. Samedi et dimanche me virent extasié devant les graphiques de résultats, les prévisions et les projections que je confectionnais avec application sur de jolis transparents à l’aide de mon imprimante couleur Bubble Gum. Lundi approchait à grands pas et je me sentais prêt à affronter les hordes de syndicalistes bavant leur amertume de n’être que l’émanation d’immondices rétrogrades lâchement accrochés à des acquis d’un autre temps. Oui, ma conviction était inébranlable : j’allai rentrer dans les hordes ! Et bille en tête encore !

Mon intervention devant le CE fut un succès. Je réussi le tour de force de faire l’unanimité des organisations syndicales contre mon projet, ce qui est, pour un cadre, un gage d’avancement irrécusable. Je fus à tel point convainquant que la direction, enthousiaste, me chargea de présenter l’affaire à la réunion des actionnaires prévue le lendemain. Ce fut là, monsieur le juge des Prud’hommes, le début de mes tourments et la fin de ma brillante progression. Je me présentais devant la digne assemblée le cœur plein d’espérance et le corps couvert de boutons, particulièrement sur les parties visibles. La revanche des orties, sans doute. Je fus licencié pour faute professionnelle grave dès la fin de la séance sans autre forme de procès. Bien sûr, les syndicats ne furent pas informés. Tout se passa par une négociation « confortable et dans l’intérêt des deux parties ».

Il faut vous dire, monsieur le juge, que notre actionnaire principal est une entreprise de produits dermatologiques…

Le prix des nouilles

Vendredi, jour du poisson ; oui, et de la viande, des petits pois, de la laitue, de la lessive, des produits pour le sol, pour la vaisselle… Bref, vendredi jour des courses !

Ce jour-là chez Person France nous terminons le travail une heure plus tôt (grâce au passage aux 35h00), ce qui me permet, la plupart du temps, d’accompagner mon épouse à l’hypermarché le plus proche de notre domicile. Vous dire que ça m’enchante serait certainement exagéré. Mais mettons que je n’ai rien dit : ma femme lit ce que je suis en train d’écrire par-dessus mon épaule et c’est bien la seule personne pour laquelle je consentirais à me censurer…

La première épreuve consiste à trouver une place de libre pour la voiture sur les 8534 que contient le parking car, bien sûr, environ 8534 familles ont décidé justement ce jour-là, précisément à cet hypermarché, du réapprovisionnement hebdomadaire. C’était celui-là et pas un autre ; c’est comme ça…

Nous allions boucler vaillamment notre 18ème tour de parking lorsque mes sens aux aguets repérèrent des feux de recul s’allumant au lointain. Feux de recul = marche arrière ; marche arrière = une voiture quitte un stationnement ; une voiture quitte un stationnement = UNE PLACE SE LIBERE ! Je fonce vers la délivrance tandis que dans le véhicule susnommé qui nous croise, monsieur engueule vertement madame parce qu’elle avait oublié la liste des commissions et qu’il fallait retourner la chercher à la maison alors qu’on avait une place et que la prochaine fois elle se débrouillera toute seule, et à pied, et que décidément les femmes n’ont pas de tête. Je me gare à l’endroit libéré en bénissant la providentielle étourderie tout en espérant ne pas avoir à subir le même sort que le malheureux. Avec un délicat sourire, ma femme, qui avait deviné mes craintes, apaise mon angoisse ; le précieux document, dûment complété, sort comme par enchantement de son sac.

Nous nous extrayons précipitamment de l’auto ; le second challenge nous attend. Il s’agit de trouver un chariot. Leur nombre étant, bizarrement, très supérieur à 8534, la difficulté réside à dénicher LE caddie qui remplit les conditions suivantes :

1°/ Un siège pour notre bambin équilibriste.

2°/ Quatre roues.

3°/ Une locomotion aisée ne nécessitant pas les biceps de Rambo.

4°/ Une progression en ligne droite parce que souvent une des roulettes a une fâcheuse tendance à se bloquer sans crier gare, ce qui donne un trajet fait de courts zigzags d’environ 2m50 de longueur chacun ponctués de couinements aigus du plus bel effet quoique peu discrets, et c’est relativement pénible à assumer je vous assure. (Et si vous avez été, au moins une fois dans votre vie, confronté à ce problème, vous savez de quoi je veux parler !). Pointalaligne.

Ayant trouvé la perle rare, nous entrons d’un pas décidé dans le lieu de la consommation populaire. C’est alors que le cauchemar commence. Le bruit nous saute aux oreilles, des odeurs diverses et variées (n’ayant parfois qu’un lointain rapport avec le produit que vous avez en main ou le lieu que vous traversez) se ruent dans nos narines pendant que ma femme compare les vertus de deux boîtes de haricots avant de choisir, au terme d’un dilemme d’un quart d’heure, une troisième, tout là-haut, et s’il te plaît chéri tu peux me l’attraper ?

Je m’esquive lâchement consulter quelques bouquins, puis examine les ordinateurs, fais un détour au rayon musique, reviens sur mes pas regarder les logiciels et, une bonne heure après, retourne plein d’espoir vers ma douce compagne. Elle a progressé d’une travée et vient d’arriver aux légumes. Je sens que je ne vais pas tarder à en devenir un…

Soudain, je tressaille. A l’autre bout de l’allée, vers les patates en solde, je crois reconnaître un profil familier : Monsieur Goulley, grand ponte de la société Person France où je travaille. Non, ce n’est pas vrai ! C’est pas possible ! Pas lui, ici, tel le vulgaire pecus moyen ! Mais est-ce bien lui, cet homme voûté tenant le bras d’une femme sans âge, entouré de deux marmots braillant ? Ce brillant directeur que je vois occupé à soupeser sans grâce une livre de carottes ?

Une main m’agrippe, me sortant du gouffre de mes interrogations.

- Gouttez-moi ces yaourts, un véritable velours de l’estomac et des parois environnantes ! En promotion aujourd’hui juste pour vous. Pour l’achat d’un paquet de dix, je vous offre le porte-clés/lampe de poche/décapsuleur/métreur pour pétanque, me susurre furtivement la bouche prolongeant le bras préhenseur.

Je me débarrasse de la sangsue tentaculaire et me retourne vivement. Je retrouve « mon » directeur tâtant des laitues. Cette vision ranime ma sensibilité endormie au carrefour. Touchant tableau que ce gars, faisant partie de l’élite, poussant comme les copains son chariot aux roues grinçantes, partageant les mêmes instants d’un quotidien banalement frustrant. J’eus soudainement l’envie de lui sauter au cou ! Lui taper affectueusement dans le dos, comme à un pote, en lui disant :

- Dis donc, vieux, t’as vu le prix des nouilles ?

- Voulez-vous goûter de mon saucisson ? Pur porc d’Auvergne…

Mince, encore une sangsue…

Me débinant vers le stand des whiskies (Irlandais de préférence), je remarquai un type plongé dans la contemplation de ces petites télés qu’on trouve parfois dans ce genre d’endroit et qui déroulent, en continu, des spots de pub. Mince alors, Goulley ! Le voilà complètement absorbé par les avantages d’une brosse à cirer les chaussures tellement performantes qu’elle ferait passer les anciennes pour de vulgaires balais de ouatère ! Une jeune ingénue, peu vêtue, nous apprenait qu’une vie nouvelle s’ouvrait pour les heureux acheteurs ; en effet, dans le même temps, cette brosse miraculeuse lustre le cuir et savonne la semelle ! Je n’arrivai pas à croire qu’il soit intéressé par d’aussi futiles considérations. Un homme de sa trempe… ça ne peut être lui ; d’ailleurs, ce n’est pas lui. Je n’ose m’approcher, la ressemblance est troublante, mais c’est juste un sosie. Et dire que j’ai failli l’aborder !

Mon épouse me retrouve un « Lagavulin » dans une main, dans l’autre un « Jameson ». Je n’arrive pas à choisir. Après quelques minutes de réflexion intense, je décide de prendre les deux et, bien évidemment, elle se met à râler. Dieu que les femmes sont déconcertantes…

Nous voici arrivés aux caisses. Nous nous engageons dans la file de la numéro 11. Cinq personnes aux caddies pleins ; temps d’attente estimé : 20 minutes. On s’en sort bien ; les gosses commencent à s’impatienter, il est grand temps de partir d’ici. Coup d’œil à droite : des types franchissent les tourniquets d’entrée à la suite de leurs conjointes respectives, le nez au ras du sol et la mine défaite. Rapide aperçu sur ma gauche et là, je me retrouve presque nez à nez avec… Goulley, qui patientait devant la numéro 12 ! Plus de doutes, c’est bien lui ! Je bafouille un timide :

- B’jour m’sieur !

Il me répond d’un petit sourire crispé. Quelques mots à sa femme et le voilà qui lâche sa caisse (!) et s’approche de nous. Dédaignant ma famille, il me glisse à l’oreille ces phrases coupantes :

- Bonjour. Ah, au fait, ce fameux client important dont vous vous occupez, vous savez, la Truchmut S.A. (au passage, son patron est un de mes bons amis) ? Eh bien ils m’ont envoyé un mail hier soir au sujet de vos prestations ; ils ne sont pas particulièrement élogieux ! Bravo, mon cher ; Viendrez me voir lundi matin à mon bureau. A la première heure, c’est noté ?

Ça l’était…

Cela dit, il s’en alla, superbe, rejoindre sa moitié et sa double progéniture en homme familier des chiffres.

- Tu le connais ? me demande ma femme en disposant nos achats sur le tapis roulant de la caissière. Dis donc, ajoute-t-elle sans attendre ma réponse, t’as vu le prix des nouilles ?

Oui, j’avais vu…

Le Faucon

Le faucon est un animal. Il se nourrit de vermines, d’insectes nuisibles, rampants ou non, et d’autres bêtes aussi, qu’il guette du haut de son vol majestueux attendant le moment opportun pour fondre sur sa victime.

Le faucon est un animal patient.

A son œil perçant rien n’échappe. Lorsque la faim le tenaille, il est sans pitié pour qui croise sa route. Petits animaux de préférence car si son bec est puissant, son estomac est délicat.

Le faucon est un animal prédateur.

Sa voracité s’alimente d’autres rapaces qui lui rabattent, avec dévotion, des proies que le faucon délaisse parfois à ses vassaux ce qui a pour effet d’entretenir leur soumission.

Le faucon est un animal rusé.

Dans la jungle féroce, les grands fauves, qu’ils soient terrestres, aquatiques ou aériens, se partagent le festin car la loi du plus fort n’existe que pour le faible. Les prédateurs font leur marché selon l’ancestrale règle du « chacun son terrain de chasse », en faisant bien attention où ils posent les pattes : il faut ménager le garde-manger et le faucon a horreur du gâchis.

Lorsque son sang entre en ébullition sous l’ardeur des rayons solaires, il le refroidi à la fraîcheur ombragée des grands arbres de la savane dont les feuilles nervurées ont la particularité de tomber n’importe quand et n’importe où, par vagues, et sous lesquelles est emprisonnée une foule de petites bestioles dont il se repaît avec délectation.

Le faucon est un animal pragmatique.

Il n’obéit qu’à son instinct. Il n’a pas besoin de réfléchir, de comprendre, d’analyser. La compassion ne lui est familière que lorsqu’il pressent qu’elle va servir ses intérêts. Mais point trop n’en faut, cela remettrait en cause le mode de vie des seigneurs de la brousse et bousculerait les équilibres naturels.

Le faucon n’est qu’un animal.

Dans ce qui précède, tout parallèle avec l’espèce humaine serait absolument fortuit et bien involontaire : l’homme, n’a pas de bec, d’ailes ni de plumes et est doté d’intelligence et de la parole. Il ne chasse pas que pour se nourrir, ce qui prouve de façon éclatante sa supériorité. C’est la seule engeance à s’extasier devant des colonnes de chiffres, ce qui est le signe irréfutable d’une espèce élue entre toutes. Et puis, serait-il raisonnable d’imaginer que cet être unique puisse avoir l’indignité de calquer ses comportements sur le règne animal ?

Jean De La Fontaine n’était qu’un con, un vrai con.

LEGENDE ; bleu : le corbeau – noir : le renard – rouge : le fromage.

« Le Petit Personnel : Mode d’Emploi »

Ou

« Sachons Trier Nos Déchets Avec Bienveillance »

(N.B. : Florent Rabey, que j’évoque ci-dessous, était un cadre de Person particulièrement zélé et primairement anti syndicaliste qui, comme unique fait d’arme, adressa un doigt d’honneur à un ami cégétiste à la fin d’une grève particulièrement dure. Je lui dédie ce pied et ces crottes de nez)

La démocratie, cette chose aux cheveux bien ordonnés depuis qu’elle a obtenu une remise de peigne (Jean Valjean s’adressant à Yul Brynner), c’est de respecter les êtres qui ont des idées qu’on ne partage pas. Comme je le dis souvent à ma bonne : « Clotilde, tant que vous resterez dans cette maison (et dieu fasse que ce soit le plus longtemps possible) vous serez respectée ; même si je sais que vous votez à gôche ! Vous pouvez vous relever et disposer, j’ai fini de parler ».

Oui, je daigne parfois m’adresser à elle en ces termes car :

1°/ elle se prénomme effectivement Clotilde.

2°/ j’ai cessé d’employer de la main d’œuvre africaine (africaine, ainsi qu’africain, ne prend pas de « a » majuscule ; tout comme serpillière ou spaghetti qui prennent un « s » minuscule et juste un peu de sel pour le second. Par contre on doit écrire Américaine et Américain avec majuscules puisque, eux, prennent beaucoup d’Argent) depuis ces récentes affaires de plaintes pour des motifs futiles de droits de l’homme. Mais je pose la question : la femme est-elle un homme comme un autre ? Une réponse à cet épineux problème nous est fournie par la contemplation des pages centrales de certains magazines ; "c’est lui", par exemple ; ou bien "c’est l'autre" au choix… manifestement non, la femme n’est pas un homme ; esthétiquement causant. Ce qui fait, donc, que je ne recrute pour mon petit personnel que des berrichonnes, des auvergnates, voire des ressortissantes de la communauté européenne, à l’extrême rigueur ; n’importe quoi mais pas des africaines. Il y a une limite à la bonté, que diable…

3°/ j’ai une hypersensibilité de gauche. Surtout depuis que la lutte des places a remplacé la lutte des classes dans les salons feutrés des bourgeois gourmettés Dior où le seizièmiste mondain vient s’encanailler, une flûte de dom Pé’57 en cristal estampillée d’Arques à la main, le majeur vigoureusement tendu (attention à ne pas tendre le mineur, ce qui, en ces temps de pédophilie galopante, est une faute de goût impardonnable ; d’ailleurs, aussi longtemps que le charbon reste de bois, le mineur ne se tend pas), tout en devisant, avec une négligence feinte, à mots couverts par la capote du politiquement correct, du cours de ses bourses et de l’incroyâble réâlisme des gouvernements sociâlistes, et dans socialistes il y a listes, repassez-moi les petits fours je vous prie ; merci chère amie, quoâ…

Bref ; nous parlions de démocratie. Revenons à notre propos et rendons gloire à Dieu : nous vivons dans un pays où les gens ont le droit de penser ce que bon leur semble ; surtout les infirmières, qui pansent beaucoup à ce qu’on m’a dit (j’en profite, au passage, pour rendre hommage à leur slogan : « je panse donc j’essuie », qu’une de mes anciennes bonnes de Clermont-Ferrand avait détourné en : « je penche donc je chus ». Bref, passons). Pour de bien compréhensibles raisons sanitaires (et dans « sanitaires » il y a, outre ma femme qui a une gastro que je vous dis pas, « sani », du grec se taire) il leur est juste demandé de garder leurs opinions pour eux afin d’éviter la contagion (du latin « con » qui signifie éviter et « tagion » qui ne veut rien dire du tout, mais n’en pense pas moins). Car, soyons en bien conscients, la parole propage un tas de germes et virus (virus : nm, signifiant littéralement « verge soviétique ») et nous atteignons là l’ultime limite de la décence et du concept (« con » : éviter ; « cept » : cix plus un) de démocratie. En effet, comment concilier les attentes de la masse avec les intérêts de l’élite ? Diverses expériences furent tentées ; de l’âge de pierre à celui de ma belle-sœur, en passant par la royauté, le marxisme-léninisme et la Lorraine, toutes ne furent que les prémisses annonciatrices de cette noble et grande réalisation de l’esprit de l’Homme : le Libéralisme. Je ne parle pas ici du libéralisme commun et bêtement anecdotique, relent fétide d’un thatchérisme dont les cendres, heureusement froides, ne sont que les témoins éteints d’un solipsisme utopiquement irréaliste, mais bien de ce Libéralisme à visage humain (surtout si ce visage est blanc, car le noir ne sert qu’à être broyé surtout ces jours blêmes où le blues vous cligne de l’œil, mais faut pas que ça dure trop non plus) qui fait la fierté de Clotilde lorsque je la laisse aller au salon de l’auto en changeant à Nation. Point à la ligne de métro.

Soyons sérieux ; l’intérêt général c’est mieux que l’intérêt particulier, mais moins bien que l’intérêt maréchal ! Et je ne parle même pas de l’intérêt capitaine qui est si insignifiant que ça me fait doucement rigoler. En matière d’intérêt rien ne valant un bon placement, comme le disait fort justement Franck Zappa en parlant de ses doigts, lui qui ne craignait pas la discorde puisqu’il jouait sur une guitare double qui en possède douze, mieux vaut s’adresser à la Société Générale qu’à la Société Particulière ; laquelle, paraît-il, n’existe même pas ! (C’est dire son inutilité). La démonstration de la supériorité du général sur le particulier est faite. CQFD (CQFD ne signifie pas Ce Qu’il Faut Démontrer, comme trop de monde, hélas, le croit encore, mais C’est au FonD des vieilles soupes Qu’on trouve les meilleurs pots). CQFDT ! (C’est Qu’au Fond à Droite, les Toilettes).

Parvenu à ce point de notre réflexion, une question cruciale se pose ; le problème c’est que je ne me rappelle pas où je l’ai posée ! En attendant que la mémoire me revienne, laissons passer un spot de publicité :

« Madame, Monsieur, lavez-vous avec le savon Rabey Cadum qui vous rendra la peau lisse jusqu’aux bouts des doigts. Parole et doigts d’honneur ! ».

Merci.

Diantréfichtre et flûte alors, suisjebête, je me souviens du nom de ce p’tit bal perdu et de l’endroit où j’ai posé cette satanée question ; mais bon sang, mais c’est bien sûr ! C’est le mitron qui a fait le coup ! Il a étranglé le facteur avec ses miches ! Euh, non, pardon, ça c’est les 5 dernières minutes, du commissaire Bourrel. Je m’égare, je m’égare… mais c’est de la faute aux champignons : j’en mange trop ! Clotilde m’avait pourtant prévenu ; prends garde, me disait-elle, tu t’égares aux morilles… (Oui, je l’autorise, dans certaines circonstances où la proximité troublante de sa chaleur de jeune louve me chatouille les gonades, à me tutoyer).

Voilà donc LA QUESTION essentielle : où donc commence l’intérêt général ? Et comment le reconnaître dans une soirée mondaine ? Hein ? Eh bien ma réponse est également posée et je vous la livre franco de port dans le point de livraison de votre choix :

L’intérêt général (ou IG, à ne pas confondre avec les UV que dispense généreusement et gratuitement, hélas, le soleil – quoique je me suis laissé dire que la Générale des Eaux allait fusionner avec la Générale des Soleils afin de nous vendre ses rayons ; comme c’est chouette le progrès – car, comme le dit l’éminent Hubert Reeves qui, en matière de soleil en connaît, justement, un rayon : « il est tard, je m’éclipse »), l’IG, donc, c’est cet argument dialectique virtuel qui permet à qui sait le manier de faire admettre aux différents constituants individuels d’un tout d’exclure de ce tout une partie plus ou moins importante d’éléments surnuméraires tout en affirmant que le résultat de cette amputation est semblable en tous points au produit de départ. Me fais-je bien comprendre ?

Bon, suivez-moi bien et prenons un exemple : considérons un groupe de deux personnes quelconques et mesurons son IG à l’aide d’un Métrix à IG calibré sur la position Ohm Sandwich. Que constatons-nous ? Le cadran de l’appareil indique, sans aucun risque d’erreur possible, que l’intensité de l’IG recherché est directement proportionnelle à la différence de volume des biscotos des deux gugusses. A présent, que se passe-t-il si nous choisissons un groupe plus important ? Prenons la chétive Clotilde, que nous appellerons A, et un amas hétérogène d’individus quelconques, que nous appellerons Alfred, par commodité, et dont la banalité n’a d’égal que la somme des carrés des deux autres à côté. Faisons entrer A dans Alfred (et non le contraire, Clotilde ayant horreur des prénommés Alfred, qui plus est hétérogènes). Qu’observons-nous sur l’écran lumineux où des dizaines de diodes électroluminescentes batifolent en toute impudeur ? Rien ! Ce qui prouve :

1°/ qu’un Métrix à IG, si perfectionné soit-il, a besoin de piles neuves de temps en temps,

2°/ que plus un groupe de personnes liées par une réalité commune est nombreux, plus difficile est la mesure de son IG. (Nous aborderons le cas de l’IVG, ou Intérêt Volontaire Général, dans une autre causerie. Sérions les boulons, je vous prie). (Merci).

Le problème se complique. N’y aurait-il pas de solution ? Devrons-nous éternellement nous contenter de cette angoisse dans laquelle nous plonge l’incertitude en des lendemains impies qui chantent ? En moi se mènent les jours…

Ah, lecteur impatient, je reconnais bien là ton statut d’homme (ou de femme, après tout personne n'est parfait…) pressé(e) qu’une modernité trompeuse ne fait qu’étourdir(e) dans la jouissance de ses pulsions(ee) animales. Mais sois tranquille, ô homme (femme) si asservi(e) que la seule pression de ton index mou sur une touche télécommandale suffit à combler d’un bonheur télévisuel de cucuteries quadrichromiques audimatesques et stéréocoïtales, sois tranquille(e) : quelques-uns de tes congénères(e) ont réussi(e) à isoler l’IG(e) d’un ensemble de plus de deux personnes(z) ; ce fut alors l’invention de l’entreprise (et son pendant dans la vie associative : la république ; du grec « ré », mi bémol mi bémol, et « publique » qui peut se traduire approximativement par public). Ça y est, le mot est lâché : l’ENTREPRISE. C’est la curée (la femme du prêtre), la fin du monde, l’apocalypse ! On entend déjà au loin sonner l’Attali (pas jacques, non, mais Georges, trombone alto dans l’orchestre « y’a d’la joie » de Médonlfeu sur le Doubs où j’assure, moi-même et en toute modestie, la partition du triangle rectangle détaxé).

Mais au diable les réactions négatives, frileusement partisanes de syndicalistes arriérés dont le seul objectif dissimulé sous une arrogance de pleutres inaccomplis est de freiner l’expansion des forces vives de ce pays, et regardons les choses bien en face. Je vous le demande, que diantre : l’univers lui-même n’est-il pas en expansion ? Et le vase à expansion, c’est du poulet peut-être ? N’est-ce pas là l’éclatante preuve de l’infinie sagesse divine qui a voulu le tiercé (premier le père, deuxième le fils et troisième le saint esprit dans la cinquième à Longchamp), le Paris Saint Germain, l’entreprise en expansion et le sans confort paresseux ?

Oui, je sais, je sais, vous allez me dire qu’il faut se méfier du sans confort. Et vous avez raison ; mais c’est un argument facile et fallacieux, en plus d’une contrepèterie douteuse. A ce propos, laissons passer une nouvelle annonce publicitaire :

« Soucieux de votre hygiène, Madame, Monsieur, reprenez donc une tranche de Rabey Cadum, le véritable savon qui rend l’appeau lisse le soir au fond des bois ». Fin de l’intermède réclamesque.

Au fait, sapristi, qu’est-ce qu’elle a l’entreprise ? Qu’est-ce qu’elle vous a fait ? Vous n’allez tout de même pas, vous qui me lisez (qui me lisier ? Je ne sais pas, je ne vois plus rien : j’ai la fange devant les yeux) partager l’avis de ce cégétiste hagard qui, s’étant trompé d’étage, vint importuner ma digestion d’un coup de sonnette intempestif, et plus que tardif, à mon huis en me déclarant tout de go : « Emilio, (oui, je me fais appeler ainsi dans la clandestinité), Emilio, quand j’ai vu je bois double. Et merde aux licencieurs ». Me postillonnant à la face têtucurée (je vous signale que manucurée c’est pour les femmes) les miettes hasardeuses d’un improbable sandwich, il prétendait expectorer au nom des réalités du monde du travail !

Mais, cornecul, que connaît-il aux réalités du monde du travail ce chômeur en sursis de mes deux ? Nous aussi, gens de gôche, avons nos préoccupations humanistes et nos bonnes œuvres… D’autant plus qu’il est préférable que nos bonnes œuvrent si elles ne veulent pas se faire renvoyer. Ah mais, c’est qu’il a failli m’engorger le colon cet imbécile avec sa révolte de post soixante-huitard barbouillé aux rillettes infectées de salmonelles soviétiques ! Je te l’ai remis à sa place comme il sied aux gueux que ça n’a pas loupé : « merci, mon brave, mais nous n’avons besoin de rien » lui ai-je rétorqué sans ambages. Et toc ! La violence, subtile certes, de mes propos l’a laissé pantois. J’entendais encore son souffle rauque de tâcheron incrédule derrière ma porte blindée tandis que je poussai le huitième verrou de sécurité. Merde alors, me suis-je laissé aller à marmonner.

Enfin, bon, qu’importe le caleçon pourvu qu’on ait l’ogresse, hein ? De toutes façons, je prétends, moi, que l’entreprise (à ne pas confondre avec la boîte, la société, la tôle ou la niche du chien – que l’on reconnaît à la gamelle gravée Kiki et au petit bout de queue frétillante qui dépasse – formes préhistoriques inabouties et joyeusement obsolètes – du grécoquartierlatin tendance Juliette « obso », vieux, et « lète », filet – virgule), jeprétendmoiquel’entreprise, donc, est la réalisation la plus parfaite de l’hominidé conscient de ses responsabilités envers les masses laborieuses qui font rien qu’à vouloir foutre pas grand-chose pour toujours gagner plus. Alors qu’ils gagnent déjà toute notre estime !

Alors voilà, l’entreprise libérale c’est bien ; nous l’avons brillamment démontré. Soit. Mais attention ! Il faut rester attentif aux personnes, malgré tout. Par exemple, nonobstant (« nonob », rien et « stant », à foutre) le fait que nous parlons quand même d’individus méritant à peine le vocable (« voca », individu adulte employé par un patron sympa, et « ble », pas cuit) d’êtres humains, il faut éviter de dire (proscrire également le sourire, qui peut être mal interprété) : « Madame, Monsieur, la société Rabey Cadum a le plaisir de vous signifier votre licenciement », mais : « la société R.C. a le plaisir de vous indiquer la direction de l’ANPE la plus proche ainsi que le pressing du quartier pour laver le fond de votre pantalon tâché de cirage ». N’oubliez jamais qu’il convient, dans tous les cas, de veiller à respecter certaines habitudes conventionnellement admises, car ces gens-là sont attachés aux habitudes et affublés d’une susceptibilité rare. C’est comme ça. Je n’y peux rien. On n’est pas là pour changer le monde, que diable !

A la demande particulièrement générale (comme quoi, parfois, le général et le particulier cohabitent, de « coha », cohin, et « bite », grande vergue) des lecteurs enthousiastes, je vous offre un autre exemple (gratuit !) :

Ne dites pas : « le plan social, que nous sommes obligés de vous appliquer, prévoit que vous puissiez bénéficier d’une cellule de reclassement mettant à votre disposition tous les moyens nécessaires à votre réinsertion », dites : « vous voyez la petite lumière là-bas au bout de la rue ? C’est l’entrée du tunnel » (vous pouvez ajouter : « au revoir, et merci pour tout » ; ça mange pas de pain et ça n’engage à rien). (De toutes façons, il est trop tard pour s’engager : les bureaux sont fermés).

Non, s’il vous plaît, arrêtons de galéjer (j’ai moi-même personnellement arrêté de galéjer, non sans mal, depuis cinq ans, c’est pour dire !). Car, aussi longtemps que les entrepreneurs entreprendront, que les actionnaires actionneront et que les salariés saleront nos soupes, le monde continuera de tourner autour d’un soleil éclatant de félicités à 6000°K hâlant la peau délicate de nos femmes alanguies sur les plages finement sableuses de Miami Beach. (Ou bitch, je sais plus). Poil à la quiche !

Non Emmerdarum nostram, circularem, et responsabilitibus pas de nosotros fautas !

Un Noël du tonnerre !

(Clin d’œil au Petit Nicolas de Goscinny et Sempé)

D’abord, au boulot de mon papa c’est déjà noël. Mes parents m’ont prévenu : samedi, le Père Noël vient chez Person, là où travaille mon papa, me porter le jouet que j’ai commandé. Il va donc falloir que je mette le costume gris, la chemise beige avec le col tout raide qui me gratte le cou, et puis le pull avec les manches un peu longues que m’a tricoté mamie. Faudra que je sois bien poli et que je mette pas les doigts dans mon nez. Et plein de choses comme ça super difficile à se rappeler. Maman m’a fait la liste avec le doigt pointé vers mon nez…

Il est drôlement bien le Père Noël de Person : il a un catalogue en couleur dans lequel on peut choisir entre plein de cadeaux terribles et, en plus, y’a un spectacle. L’an dernier, on était allé en bus avec plein de monde à Disney et c’était chouette. J’avais mis mon bonnet noir et mes gants, mais j’ai quand même eu un peu froid. Je l’ai pas dit à mes parents passqu’ils s’inquiètent tout de suite et ça fait des histoires. Dans le car, on avait bien rigolé et on a mangé des tas de bonbons. Moi j’aime bien Person, c’est sympa et pis c’est mieux qu’à l’école ! Quand je serai grand, je travaillerai chez Person et y’aura des tas de gens qui m’appelleraient pour que je travaille et ce sera drôlement bien. Et même que j’aurai beaucoup de airtétés, passque mon chef il m’aimerait bien et que je travaillerais bien aussi d'ailleurs.

Chez nous, bien sûr, on a aussi un Père Noël. Il est bien aussi. On est tous à la maison et on se fait des tas de bisous et papa fait des films avec le camecs…, le casemsc…, la caméra et il râle passqu’il a oublié de recharger les piles et que c’est la faute à maman qui le presse de trop et qu’il doit penser à tout dans cette maison et maman rouspète et on rigole bien. Après on s’embrasse tous et on regarde la vidéo à la télé (ça fait tout drôle) et maman a les yeux qui brillent comme quand elle regarde un film triste sauf que là, elle est contente. Elle est rudement belle ma maman à Noël. A la maison, y’a pas de catalogue et le Père Noël on le voit pas. C’est normal : il a trop de boulot ce soir-là et il peut pas faire une bise à tous les enfants du monde entier. Alors que chez Person, il a plus le temps puisque c’est nous qui allons le voir. Et y’a moins de monde aussi.

Cette année, on a pas eu le car. C’est dommage, on a pas pu jouer à « pierre, puit, ciseau, feuille » où je gagne toujours passque c’est un jeu où je suis terrible. On est arrivé à l’agence du boulot de papa après manger. Y’avait du soleil mais j’ai quand même mis mon bonnet et mon écharpe. Pour les gants, j’en ai de nouveaux tout neufs et tout rouges avec une étoile sur le dos. Moi je dis que c’est des gants de jaidaille…, de jéhdaye…, de la guerre des étoiles et mes copains sont jaloux. Maman a pas voulu que je les mette cette fois. Elle m’a dit avec son joli sourire que Darque Vadore (le méchant qui embête Luc Squailloualkère) n’était pas invité au spectacle et que de toutes les façons le Père Noël lui avait déjà mis une rouste et qu’il n’oserait pas venir. Quand maman me regarde avec ces yeux j’ai comme une boule dans la gorge et je lui obéis en la serrant contre moi. C’est juste pour expliquer le coup des gants restés à la maison.

Quand on est arrivé à Person, y’avait du monde mais pas trop. On est un peu en avance a dit maman avec les sourcils au bord des yeux en regardant papa. Elle lui a dit aussi que c’était pas la peine de râler qu’on allait être en retard quand elle était en train de se maquiller dans la salle de bain. Papa a garé la voiture et il est sorti de la voiture vite vite. Quand on est rentré dans l’agence, le Père Noël était pas là. Quelqu’un m’a dit qu’il arriverait après le spectacle. J’ai dit bonjour aux grands et à mes copains. Cette année, y’a beaucoup de nouveaux qui ont l’air gentils, des plus grands que moi et, aussi, des plus petits. Je leur ai dit que c’était une chouette boîte et qu’ils verront bien avec le temps et qu’y a des tas de gens gentils et qu’on rigole bien et tout et tout. Moi j’ai l’habitude, j’ai dit, ça fait longtemps que je viens ici.

On a vu, les copains et moi, le sapin avec des tas de guirlandes et de lampes qui brillent, un type avec un micro qui s’agitait et, derrière lui, une queue de cheval, un grand rideau bleu et d’autres rouges sur une grande table rudement haute. C’est le magicien, m’a dit une petite blonde avec des couettes et un collant. T’es sûr, je lui ai dit ? Ben ça s’voit, qu’elle fait en mettant ses épaules en haut. Moi, j’aime pas les filles avec des couettes et des collants et je lui ai même pas répondu. D’abord, je sais pas son nom, pis elle m’a pas dit bonjour et moi je parle pas avec les gens que je connais pas. J’ai vu les gâteaux sur la table, un truc qui faisait du chocolat comme une fontaine, et j’ai été faire une bise à Sabine et à Adrien qui discutaient drôlement, comme d’habitude. Ils sont barvar…, bravar…, ils causent beaucoup ces deux-là !

Le gars avec la queue de cheval comme une fille a parlé dans son micro et ça faisait une grosse voix comme papa quand il est en colère mais là il avait les yeux qui rigolaient. Il a dit qu’il était magicien et qu’il allait nous faire des tas de tours terribles avant que le Père Noël arrive. Et puis il a donné le micro à Adrien qui a dit des tas de bêtises que j’ai pas toutes bien comprises. On a bien rigolé quand même. Ensuite, le type avec la queue de cheval a commencé sa magie. Moi d’abord j’étais pas très content passqu’un vrai magicien il a une baguette magique et un balai pour faire du kouyd…, du kidoui…, du sport comme Harry Potère et là il en avait pas. J’ai quand même regardé ce qu’il faisait.

Les grands, assis sur des chaises derrière nous, applaudissaient sans arrêt en faisant de drôles de petits rires. Nous, devant, on avait pas trop le temps d’applaudir passqu’on regardait rudement comment il faisait le magicien sans baguette pour faire ses trucs. Il bougeait drôlement vite ses mains et des fois il faisait des gestes lents mais pas trop non plus. On avait tous oublié le Père Noël, mais c’est normal passque la magie c’est intéressant. Bon, je demanderai quand même à papa et à maman de m’expliquer le coup de l’œuf qui disparaît et des cartes qui changent de couleur.

Faut que j’vous raconte aussi quand le magicien m’a demandé de venir le rejoindre et la boule au fond de ma gorge devant tout le monde comme ça. Il a été rudement gentil, le magicien, et sa tête sentait drôlement le parfum mais ça sentait bon. Il a dit qu’il s’appelait Francis et moi je lui ai dit comment je m’appelais, mais j’ai pas dit comment m’appellent les copains dans la cour de récré, même si on aurait bien rigolé, ni les petits noms jolis de maman, passque ça c’est notre secret à nous, et on a fait des tas de magie. Enfin, surtout Francis. Des fois, il prenait le micro pour nous parler et c'était plus rigolo qu’Adrien.

Après, je suis allé me rasseoir avec un ballon tout bleu en forme de chien que Francis m'avait donné. Le coup du chien ça faisait un peu bébé, moi j'aurai préféré un cheval avec un koboye…, un cobauille..., ou même un indien par exemple. Heureusement, les copains de l'école étaient pas là ! J'étais déjà tout rouge devant les autres…

Pendant le spectacle, j'ai bien rigolé quand Stéphanie (elle est marrante !) a fait la poule. Moi, je sais drôlement bien faire la poule aussi mais là j'ai pas osé. Francis a donné tout plein de ballons à tous les enfants : y'avait des chiens, comme le mien, des cœurs avec des cygnes dedans, des palmiers et d'autres trucs que j'ai pas trop vu c'que c'était. Francis, il est rudement fortiche. J'aimerais bien qu'il vienne faire son spectacle à l'école. La maîtresse, qui est jolie, moins que maman mais un peu quand même, je suis sûr qu'elle l'aimerait bien. Bien sûr, il est un peu moins fort qu'Harry Potère, mais c'est mon copain et lui au moins on peut lui serrer la main et même lui faire un bisou.

A la fin de la magie, tout le monde a drôlement applaudi et c'était chouette. Francis est resté avec nous manger les gâteaux que des mamans avaient amenés et aussi d'autres choses qu'un monsieur tout rouge avait apportées pendant qu'on regardait le spectacle. Y'avait aussi du champagne qui se boit, mais ça j'ai pas le droit d'en goûter. Et y'avait surtout la fontaine à chocolat. J'vous explique : c'est comme une fontaine, en plus petit qu'une vraie, mais au lieu que ce soit de l'eau qui coule, c'est du chocolat. Papa m'a montré comment fallait faire et maman, avec des yeux qui rigolaient pas trop, m'a demandé de faire attention à mes habits, à cause qu'elle a peur que je les tâche. J'ai drôlement promis, et je suis allé jouer avec les autres en attendant le Père Noël.

A un moment, Francis nous a demandé, en parlant dans le micro, d'appeler bien fort le Père Noël. On a obéi vite passqu'on avait tous vraiment envie qu'il arrive. Et ça a marché ! J'ai failli me lever pour faire un bisou à Francis, mais je suis resté assis à taper dans mes mains.

On a entendu une clochette et il est arrivé. Un manteau rouge, une barbe blanche et une canne. Bref, du classique pour moi qui ai quand même l'habitude. Adrien nous avait dit que cette année c'était le vrai Père Noël qui venait, eh bien c'était pas un mensonge. Je l'ai vite dit aux autres mais personne n'a fait attention à moi. Les petits, un rien les sugbj…, les subdju…, les étonne. Pfffff.

Francis, Adrien et un autre grand type lui ont donné un coup de main (pas sur la figure ; ça veut dire qu'ils l'ont aidé. C'est la maîtresse qui nous a appris ça) pour distribuer les jouets, et comme il voyait pas trop bien malgré ses lunettes, Francis a appelé chaque enfant avec son micro. Et puis enfin il a dit mon nom. Il le savait déjà passqu'on était copain. J'ai couru vers le Père Noël qui était assis dans un grand fauteuil. Il m'a donné mon jouet qui était emballé dans du papier qui brille et je lui ai fait un bisou et maman a fait une photo terrible avec son appareil.

On a attendu que tous les jouets soient distribués et on a remangé des gâteaux et les grands ont bu le champagne qui pique. Des fois, maman me regardait avec le sourire que j'aime et vite elle tournait la tête pour discuter avec des gens. Papa est resté pas loin d'elle et il lui prenait la main et ça faisait très chouette et je me suis dit qu'il faudra que je commande un appareil comme maman la prochaine fois pour pouvoir les prendre en photo comme ça. Et la photo, je la mettrai sur mon pupitre à l'école avec du scotch comme font les grandes personnes sur leurs bureaux.

Adrien a pris le micro et j'ai cru qu'il allait encore faire le cloun…, le klhounn…, le comique. Mais non. Il a juste dit qu'il y avait un film dans une salle à côté et que ceux qui voulaient pouvaient le suivre. On y est tous allé. Comme y'avait deux films mais qu'on pouvait pas les regarder les deux, on a voté (comme les grands ! C'était terrible !) comme pour une daimmo…, une démocarssie, enfin un truc de grandes personnes. Moi, j’ai voté pour "Charlie et la chocolaterie" (pas à cause de la fontaine, mais passque j'avais déjà vu l'autre film). Finalement, après des tas de calculs, Adrien nous a dit que c'était "Arthur et les Minimoys" qui avait gagné. Il a appuyé sur un bouton de son ordinateur sur la table, il a éteint la lumière et il est parti en nous disant d'être sages et de l'appeler si y'avait un problème. On a tous promis et on a regardé le film.

Après, des papas ou des mamans sont venus nous chercher et les miens sont aussi venus et le film était presque fini et ils ont été gentils de me permettre de rester jusqu'à la fin. J'ai même pas eu besoin de faire semblant de pleurer ! J'ai fait un bisou à ceux qui restaient encore et j'ai serré la main à Francis qui m'a demandé si j'avais passé une bonne journée. J'ai dit que oui et il m'a donné une petite tape dans le dos comme dans les films de koboyes…, de cobauilles.., de toutes façons les indiens le font aussi, alors… On a mis mon chien en ballon dans la voiture et là je me suis mis à pleurer. Maman m'a demandé ce que j'avais et pourquoi j'étais triste d'un coup comme ça. Je lui ai dit que c'était passque j'avais oublié de demander à Francis pour le coup du kouyd…, du kidoui…, du balai qui vole d'Harry Potère. Alors là papa m'a fait un drôle de cadeau : il m'a dit que je pourrai essayer à la maison avec le balai de la maison. Il a même dit, en plus, que ce devait être encore plus chouette avec l'aspirateur. Maman l'a regardé bizarrement et on a tous drôlement rigolé et au feu rouge du bout de la rue on s'est tous fait des bisous terribles qui claquent et tout.

Arrivé à la maison, j'ai mis le chien sur mon lit, je l'ai regardé et j'ai décidé de l'appeler "Tonnerre". Alors j'ai pris mon stylo rouge avec la pointe toute fine que m'a acheté mamie pour la rentrée et j'ai commencé à écrire son nom en appuyant bien sur son dos. Y'a eu un grand bruit, comme quand y'a de l'orage, et Tonnerre a disparu en un éclair ! J'étais tellement étonné que j'ai oublié de pleurer… Mais j'étais triste tout plein avec du mal dans la gorge. Maman m'a appelé et on a mangé et j'ai oublié le coup de "Tonnerre".

Le soir, je regardais la télé sur la banquette, quand maman a poussé un cri dans ma chambre. J'ai couru très vite : elle était devant mon lit, le linge qu'elle voulait ranger dans mon armoire tout partout par terre et quelque chose de bleu à la main. "Qu'est-ce que c'est que ça ?", elle me dit. Je savais pas trop ce que c'était ce "ça", mais j'ai vu qu'il y en avait d'autres sur mon lit. Alors je me suis souvenu : "ben, c'est l'Tonnerre", que j'ai dit. Là, maman m'a regardé avec la tête un peu penchée sur le côté et la bouche toute ouverte. Elle a baissé ses sourcils, m'a mis la main sur le front en me demandant si je me sentais bien…

Ben oui, que j'lui ai répondu, c'est juste le Tonnerre qu'a pété passque j'ai écrit son nom sur son dos avec le stylo rouge de mamie, et c'est tout ! Elle a fait une tête bizarre mais je lui ai bien expliqué tout ça et elle m'a serré contre elle et c'était un rien chouette. Et après, quand je me suis couché, j'ai eu le droit à une histoire de papa avec un ramoneur qui devenait Père Noël mais y'avait pas de chien et c'était joli comme histoire et je me suis endormi avec des étoiles qui brillaient dans le ciel et des rênes tirant un traîneau avec le Père Noël qui faisait au revoir de la main.

Noël, c'est rudement chouette…

Signé : un petit grand moyen garçon

Poste sricptomme : si y'a encore des fautes dortogafs, c'est mon papa qui a coriger cette raidaction.

Propositions concrètes et questions pertinentes

Afin d’adapter et rajeunir notre chère langue française

Il y a-t-il ici, parmi mes nombreux lecteurs enthousiastes, des enseignant-e-s ? Je vous conseille de noter soigneusement les quelques réflexions dont je vais vous entretenir, on ne sait jamais, des fois que vous soyez amené-e-s à rencontrer un jour votre ministre de tutelle.

Bien sûr, il peut sembler curieux de constater que la grande majorité des ministres de l’Education Nationale placent leurs progénitures dans le privé. J’en connais même que ça choque ; pas moi. Au contraire, je loue (mais pas cher) leur intégrité et leur souci de ne pas risquer de bénéficier d’avantages, voire de passe-droit, toujours possibles à ce niveau de hiérarchie.

1. MODES ET TEMPS ;

Je propose de remplacer le mode Subjonctif par un mode Subjectif me paraissant plus respectueux des libertés et opinions de chacune et chacun.

Dans une même idée, mettons en place un Futur Incertain (il suffit pour ce faire d’ajouter la locution « peut-être » au verbe. Exemple : j’irai peut-être, tu iras peut-être, etc.). On pourrait, après discussions, substituer à la locution « peut-être » la locution « si ça se trouve », ou autre chose du même acabit : j’irai si ça se trouve, tu iras si ça se trouve, etc.

Inventons le présent révolu. Certes assez difficile à concevoir et délicat à utiliser mais ouvrant d’innombrables perspectives. Les plus déterminé-e-s d’entre nous se serviront du présent résolu.

Ignorons les aléas capricieux de l’accord du participe passé pour définir une bonne fois pour toute une règle simple : au rebut le vieux participe passé d’un passé dépassé et vive l’infinitif, dont je reparlerai dans le chapitre 2.

A la place du trop rigoureux Impératif, créons l’Impératif Négociable.

Parlons maintenant du passé composé, mais composé de quoi ? Je trouve qu’il est grand temps de le préciser, ne serait-ce que par égard envers les écrivains, les annoteurs, les dramaturges, les essayistes, les romanciers, les journalistes, les pisse-copies, les poètes, les prosateurs, les éditorialistes, les biographes, les chroniqueurs, les pamphlétaires et les scribes.

Il est souhaitable de suppléer au Plus-Que-Parfait présomptueux un Presque Parfait plus modeste.

Le Conditionnel Eventuel me paraît plus porteur d’indications à même de clarifier le propos incertain que le trop confus Conditionnel.

A l’image du Futur Antérieur, imposons, par la force s’il le faut, un Passé Postérieur !

Enfin, abolissons définitivement la vieille Conjugaison écrite cacochyme et souffreteuse par la création d’une Conjugaison Olfactive Tactile, Moderne, Populaire, et Démocratique.

2. QUESTIONS PERTINENTES A DEBATTRE ;

- Dans un but louable de simplification, pourquoi la terminaison des verbes à l’infinitif ne serait-elle pas identique quel que soit le groupe dudit verbe (ce qui reviendrait à éradiquer les groupes, n’ayons pas peur des mots), le temps auquel il est conjugué, le nombre et le genre de son sujet et autres bizarretés ? Ne mettrions-nous pas ainsi fin à une insupportable discrimination ?

- Conjuguer un verbe irrégulier est-ce régulier ?

- Levons les paradoxes suivants : le mot « alcool » prend deux eaux. Pourquoi ce diktat ? Autre aberration cette fois : le « joint » ne prend pas d’H ! Consternant, non ?

- Liberté, Egalité, Fraternité prennent chacun un T et je suggère que ce soit un T à la menthe ! N’admettons plus que « front ou rassemblement national » se pavanent sous nos yeux avec tant de N !

Emois Aphoriques

- Devant la Vénus De Milo, les bras m’en sont tombés.

- A l’écoute de la cinquième symphonie de Beethoven, j’ai entendu le destin frapper à ma porte.

- La truite de Schubert m’a guéri du péché.

- Devant La Joconde j’ai perdu la face et le sourire.

- Le Boléro de Ravel m’a fait prendre des cours de danse, puis acheter une veste sans manche.

- Guernica : sous les bombes, la lumière s’est infiltrée dans mon cerveau fêlé.

- A la vue du Centre Pompidou, je me suis rappelé qu’il me fallait passer rapidement à la station-essence.

- Je suis toujours un petit garçon qui joue à chat perché depuis les colonnes de Buren.

- Le penseur de Rodin m’a assis.

- Einstein m’a révélé que l’Origine du Monde est Courbet.

- Petit, j’ai visité Le Louvre avec mes parents. Je n’en suis pas encore sorti. Parfois, dans mes cauchemars, je croise Belphégor.

- Depuis que la seule chaîne de télé de l’ORTF a diffusé, au début des années 60, Belphégor, je suis tombé, plus tard, amoureux de Juliette Gréco. Je suis comme je suis et elle était faite comme ça.

- Et puis… Et puis… J’ai grandi puis vieilli. Un soir, j’ai rencontré une longue dame brune qui m’a chuchoté à l’oreille : « ma plus belle histoire d’amour…c’est toi ». Ce fut aussi la mienne.


Texte publié par DenisJaje, 19 septembre 2024 à 20h50
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tome 1, Chapitre 4 « Chroniques Humour » tome 1, Chapitre 4
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