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volume 1, Chapitre 1 « [Défi du chaudron n°1] Anesthésie de la vie » volume 1, Chapitre 1

Défi : 1000 mots, banque, marron, effroi

Ce travail m’a transformé en automate sans âme, effectuant des tâches quotidiennes sans même en comprendre le sens. Le matin, je prends les appels téléphoniques, je photocopie des documents et je surveille la boîte mail. L’après-midi, je fais de l’accueil public, je réponds aux questions des gens sur leur compte bancaire, je note leurs demandes, j’encaisse leur colère. Travailler dans une banque, c’est ennuyeux. J’ai été une bonne élève à l’école et maintenant, je suis une bonne salariée à mon travail. Le visage effacé, des vêtements gris, mon quotidien ne change jamais. C’est un cycle sans fin qui se répète : transport-boulot-dodo.

C’est à ça que doit ressembler l’enfer !

Je me contentais de vivre une vie parfaitement réglée avec des émotions aussi fades que ma personnalité. Pourtant, certaines journées apportent leurs lots de surprises. Je me souviens de cette journée, je me trouvais dans la petite kitchenette réservée aux salarié. Tout en sirotant mon chocolat chaud je fixais des yeux le mur marron de la pièce depuis une dizaine de minutes lorsque soudainement l’alarme de la banque retentit.

Posant la tasse sur la table, je n’arrivais pas à détourner mes yeux de ce mur malgré le son strident de l’alarme qui faisait vibrer mes tympans. Curieusement, je gardais mes habitudes et lors de ma pause, je buvais un chocolat chaud tout en regardant le mur face à moi. J’entendais des bruits de pas précipités dans le couloir, personne ne songea à vérifier la kitchenette. Et puis soudainement, j’entendis un hurlement et le bruit d’une arme à feu. Ma tasse de chocolat était à moitié vide… ou à moitié pleine. Une voix d’homme lointaine hurla quelque chose à ma collègue qui se trouvait à l’accueil. Bien que je me situais actuellement au premier étage, l’isolation de ce bâtiment était inexistante. J’entendais tout.

Malgré tout, j’étais égale à moi-même. Une salariée terne et ennuyeuse qui maintenant s’imaginait déjà les heures supplémentaires qu’elle accumulerait lorsque sa collègue de l’accueil se mettrait en arrêt maladie. Soupirant, je me levais et déposais la tasse dans l’évier. Habituellement, je l’a nettoyais mais ce n’était clairement pas le moment. Les hurlements provenant du rez-de chaussé résonnaient violemment dans ma tête. Sans en avoir conscience, je m’étais dirigeais vers le petit buffet de la kitchenette dont je tirais le tiroir pour en sortir un couteau à boucher. La lame était terne mais aiguisée.

Mais que faire ?

Sortir de la pièce en brandissant un couteau sur le premier venu ? Je regrettai amèrement que la banque nous oblige à ranger nos téléphones dans nos casiers personnels. Peut-être que j’aurai demandé à google comment réagir face à une telle situation ?

D’autant plus que l’attaquant semblait avoir un revolver. Il valait mieux rester ici. Ma main se crispa sur le manche du couteau tandis que mon autre main s’empara d’une tablette de chocolat. Je me glissais derrière la porte de la kitchenette, une cachette qui n’en n’était pas vraiment une. Si jamais l’attaquant ouvrait la porte à toute volée, il y avait de bonne chance qu’elle me percute de plein fouet et que je me fasse repérer directement.

Mais la kitchenette n’étant pas équipée d’un téléphone, je ne pouvais que patienter ici. L’alarme avait sans doute alerter la police. Il n’y avait plus qu’à attendre.

Cette attente me parut être une éternité.

J’imaginais déjà mon patron décompter ce temps que je passais ici comme temps de pause tandis que ma collègue en bas se faisait menacer et malmener. Mon coeur commençait à s’accélérer et sans savoir pourquoi, j’en fus soulagée. Ce travail me faisait enfin ressentir quelque chose. Cette sensation me rappelait le souvenir post-opératoire de l’opération d’extraction de mes dents de sagesse. Plus précisément, lorsque l’anesthésie locale cesse de faire effet et que l’on ressent pleinement la douleur.

Peut-on anesthésier des émotions ?

Apparemment, oui.

Mes jambes tremblaient et j’étais heureuse. Je ne me souviens pas avoir déjà vécu une situation émotionnelle aussi forte. Tout en tenant mon couteau, je déballais ma tablette de chocolat. Je mangeai un ou deux carrés. Un silence total semblait être tombé sur l’ensemble du bâtiment au point que l’on pouvait certainement entendre le craquement de ma mâchoire tandis que je mâchais mon carré de chocolat.

Un bruit de pas se fit entendre depuis les escaliers. J’écoutais le grincement des semelles en cuirs sur la surface plastifiée des escaliers. C’est pour cette raison que je ne portais pas de chaussures en cuir au travail. Les escaliers et l’ensemble de la surface du premier étage étaient recouverts d’une sorte de PVC qui faisait grincer ou crisser les chaussures en cuir. M. Bertho, notre directeur, dont le bureau se situait à droite des escaliers ne supportait pas ce bruit. Mais ça ne l’empêchait pas à une époque d’espionner qui se rendait à la kitchenette dès qu’il entendait les bruits de pas se diriger vers la gauche des escaliers. Plus personne ne portait de chaussure en cuir à la banque.

Lentement, le nouvel arrivant monta une à une toutes marches dans un crissement extrêmement bruyant. Dehors, j’entendais enfin la sirène des voitures de police. Je ne ressentais aucun soulagement. Je pouvais tout aussi bien être le prochain dommage collatéral de la police.

Le bruit de pas s’arrêtait. L’individu hésitait sûrement entre franchir la porte de droite, la porte de gauche ou continuer à longer le couloir. Malheureusement, lorsque la poignée de la porte se tourna, je compris que ça ne serait pas ma chance aujourd’hui. Je mit la plaquette de chocolat dans la poche de ma veste et de mes deux mains, j’empoignais le manche du couteau.

La porte coulissa doucement sans me percuter. Pendant de longues secondes, l’individu resta sur le palier quelques secondes. Je n’osais plus respirer. Et s’il s’agissait d’un policier ? Mon cerveau s’embrouillait, mais lorsque je vis la silhouette d’un homme dépasser la porte, avec un hurlement d’effroi je me précipitais sur lui et abattis le couteau sur l’arrière de sa nuque. Un craquement sinistre retentit et l’homme s’effondra à terre.


Texte publié par Alya78, 14 septembre 2024 à 19h45
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