Défit : Objet (clavier), Emotion (Nostalgie), Couleur (Miel)
Luis fut attiré par un parfum floral et fruité dans l’air. Affamé depuis deux jours, il se blottit dans son caisson en bois, enveloppé dans une couverture sale qu’un marchand avait oubliée au pied d’un étal de parures et lainages en tout genre. Il faisait presque nuit, les grillons entamaient leur musique stridente et les derniers passants rentraient dans leurs habitats respectifs. La petite rue des Cloches de la cité d’Aubemont se vidait pour laisser place à l’obscurité. Seul le centre restait animé.
Le vieil homme plaqua sa main contre son ventre qui ne cessait de crier famine. Il se leva doucement et, difficilement, un pas après l’autre, il avança suivant l’odeur qui tenait ses narines en otage. Il passa devant les chiens du vieux Alberti qui lui adressèrent un regard larmoyant. Eux aussi avaient faim. Tous les jours, il passait devant eux, leur partageant discrètement dès l’aube ce qu’il avait pu trouver de comestible. Il continua cette fois-ci sa route sans s’arrêter, comme happé par l’effluve sucrée qui s’intensifiait.
Au bout d’une dizaine de minutes, le vieillard fut ravi d’avoir terminé sa marche. Le trajet était pénible, il sentait que son corps pompait dans le peu d’énergie qui lui restait chaque jour et qu’un maigre bout de pain lui apportait, tout juste assez pour le maintenir en vie. Mais combien de temps pouvait-il encore tenir ainsi ?
Il était arrivé sur la grande place de la ville où il put contempler la magie du lieu à la tombée de la nuit. Tout autour devant les arcades étaient alignées de grandes bougies. L’eau de la fontaine au centre s’écoulait avec un clapotis presque musical, embelli par les pétales de tournesol qui s’y glissaient en cascade. Un nain les dispersait au-dessus de la sculpture au rythme de la mélodie que jouait le pianiste de la place.
Un piano majestueux était disposé près de la fontaine et une petite foule d’habitants, de la ville comme des campagnes avoisinantes écoutaient la mélopée dans le silence le plus religieux. Luis continua d’avancer vers le pianiste concentré sur son clavier. Encore hypnotisé par la musique qui agissait comme une berceuse, il ne s’aperçut pas qu’il avait presque dépassé la plupart des personnes présentes qui prêtaient l’oreille.
Il interrompit sa marche, ne souhaitant pas attirer l’attention. Il ne put s'empêcher de verser une larme. Puis deux. Il connaissait cette chanson. C’était l’histoire d’une vieille guerre. Une partie de son histoire longtemps oubliée par ses pairs.
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