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tome 1, Chapitre 2 « Discussions compliquées » tome 1, Chapitre 2

La reprise des cours a été un soulagement pour Izuku. Depuis la visite de Yagi, l’ambiance était tendue à la maison. Sa mère était toujours aussi gentille, inquiète et soucieuse de son bien-être, mais… il sentait que lui avoir caché la vérité sur son alter l’avait blessée. Et il s’en voulait. Izuku n’avait rien dit pour sa sécurité, mais aussi, il le reconnaissait, parce qu’il avait eu peur qu’elle refuse. Recevoir One For All était dangereux, car avec l’alter venait un ennemi immortel prêt à toutes les atrocités pour arriver à ses fins. Et il savait que sa mère, même si elle le soutenait, aurait largement préféré qu’il choisisse un autre métier que celui de héros.

Donc l’ambiance entre eux n’était pas au beau fixe, et Izuku était assez reconnaissant de se retrouver à Yûei, assis sur un tabouret à l’infirmerie pendant que Recovery Girl vérifiait ses blessures.

— Bien, il semblerait que toi au moins, tu suives correctement les indications du médecin.

Izuku essaya très fort de ne pas rentrer sa tête dans ses épaules, sachant qu’il avait justement tendance à privilégier l’entraînement plutôt que le repos, en particulier dans sa première vie.

— Je vais utiliser mon alter pour continuer d’accélérer la guérison, mais tu es toujours interdit de faire plus que des exercices légers, le prévint-elle sévèrement. Ton épaule a besoin de retrouver toute sa mobilité et cela ne se fera pas en un claquement de doigt, et encore moins si tu forces dessus.

— Mais… Et pour le Festival Sportif ?

La vieille femme soupira.

— Si tu fais bien tous les exercices de rééducation, ça devrait aller à ce moment-là. Même si je préférais que tu t’abstiennes de trop en faire. Tout de façon, je veux te voir tous les jours avant le début des cours pour vérifier que ton épaule peut supporter le cours d’héroïsme. Si tu ne le fais pas, je viendrai moi-même te chercher, le menaça Recovery Girl, le faisant frissonner de peur.

— Promis, je viendrais.

Izuku ne voulait vraiment pas que l’héroïne le traque devant ses camarades de classe et toute l’école.

Quand tout fut fini, il quitta l’infirmerie avec des remerciements et se dirigea vers le bureau de Nezu. Il commençait à appréhender, bien que c’était sa décision de faire cette rencontre. Comme d’habitude, il n’eut pas besoin de frapper à la porte pour que celle-ci s’ouvre et dévoile l’intérieur du bureau.

Il fit quelques pas pour découvrir que tout le monde était assis sur les canapés et que le thé était servi.

— Bonjour Midoriya-kun, le salua joyeusement Nezu. Comment s’est passée ta convalescence.

— Bien, Nezu-san, merci. Recovery Girl a approuvé les exercices légers.

— Magnifique ! Installe-toi, je t’en prie.

Izuku obtempéra rapidement, s’asseyant sur le canapé à côté de Yagi, se retrouvant alors en face de Nezu et de Hound Dog.

— Midoriya, le salua ce dernier. Le Principal Nezu m’a dit que tu voulais me parler, et que… c’était hautement confidentiel.

Izuku hocha la tête, prenant la tasse que lui tendait Yagi en lui faisant un sourire rassurant.

— Oui. Est-ce que… est-ce qu’on vous a dit autre chose ?

— Simplement que Nezu t’avais proposé de me parler et que tu avais promis d’y réfléchir.

Il hocha une nouvelle fois la tête, trempant ses lèvres dans le thé chaud. Il avait voulu cette réunion, avait reconnu d’avoir besoin d’aide, qu’il ne pouvait pas continuer à culpabiliser autant pour ce qui n’allait pas et qu’il n’arrivait pas à changer. Mais bon sang, c’était terrifiant, presque autant que de se battre contre des Vilains.

— Avant tout, vous devez comprendre que tout ce que je vais dire est très réel, même si ça semble tirer par les cheveux, voire impossible. Ça m’a pris du temps pour le reconnaître et l’accepter, donc euh… c’est pas grave si vous ne me croyez pas ou-

— Midoriya-shônen, l’interrompit gentiment Yagi. Hound Dog est un professionnel et a bien compris que toute cette affaire était sérieuse. Il te croira.

— Tu as fait le premier pas courageux de venir me parler, la moindre des choses est que je crois tout ce que tu me dis, approuva le héros d’un signe de tête.

Sentant ses yeux s’humidifier, Izuku battit rapidement des paupières pour s’empêcher de pleurer. Il inspira profondément et révéla au héros ses secrets. Un résumé en tout cas. Ils étaient venus très tôt avant le début des cours, lui laissant une bonne demi-heure avant de devoir aller en classe, ce qui n’était pas suffisant pour tout raconter en détail.

Au crédit de Hound Dog, celui-ci ne l’interrompit pas et n’émit pas le moindre son, même si son visage se plissait par endroits à certains passages. C’était assez pesant de raconter sa situation invraisemblable à une autre personne, et Izuku espérait que ce serait la dernière fois. Il ne voulait pas que trop de gens soient au courant, et encore moins ses amis. Il avait peur de leurs réactions s’ils venaient à l’apprendre.

Quand Izuku s’arrêta de parler, il prit une gorgée de son thé et faillit grimacer. Il était devenu froid. Ça ne l’empêcha pas de le boire, afin de s’occuper le temps que Hound Dog rompt le silence.

— C’est… effectivement tiré par les cheveux, mais comme je l’ai dit plus tôt, je te crois Midoriya.

Izuku eut un petit sourire bancal.

— Et je comprends pourquoi Nezu voulait que tu me parles. C’est beaucoup à supporter pour quelqu’un de ton âge, et ce n’était que les grandes lignes. Sans parler de… toute la situation autour de ton alter.

— Je suis désolé de ne pas avoir révélé ce secret au reste du personnel, Inui, s’excusa Yagi. Mais être au courant est tellement dangereux…

— Je ne te le reproche pas, Yagi. Si ce genre d’informations sortaient, ce serait désastreux pour le pays. De plus, il est normal pour les héros de protéger leur vie privée et leurs proches.

— Ma mère est au courant pour One For All, mais pas pour le voyage dans le temps, précisa Izuku. On… on lui a dit récemment. Après l’USJ.

— Je vois, fit le héros canin en hochant la tête, avant de jeter un coup d’œil à l’horloge. Les cours vont bientôt commencer, donc je te proposerai de faire trois séances par semaine, si ça te va.

— Autant ? s’étonna Yagi, manquant de renverser sa tasse de thé.

— Il y a beaucoup de chose à dire et à examiner. Presque trente ans si on additionne les deux vies de Midoriya.

— Mais je n’ai eu One For All que le jour de l’examen d’entrée la première fois.

Hound Dog resta silencieux un instant en fixant Yagi, qui se recroquevilla sur lui-même.

— J’ai déjà eu une discussion avec Yagi à ce sujet, Inui, intervint Nezu presque trop joyeusement.

— Bien, déclara Hound Dog avant de se concentrer à nouveau sur Izuku. Ta vie en tant que Sans-Alter est importante Midoriya, car les expériences que tu as vécues dans ton enfance et ta petite enfance influence tes décisions, même maintenant. C’est le cas pour tout le monde, ajouta-t-il quand il vit qu’Izuku était sur le point de répliquer. Et comme tu as revécu cette période de ta vie, il est donc important d’en parler.

Izuku fronça des sourcils, peu désireux de parler de cette partie de sa vie, surtout qu’elle n’était pas grand-chose comparée à sa première année de lycée dans son premier vécu. Mais il finit par capituler en soupirant.

— D’accord…

— Dans ce cas, que dirais-tu qu’on se voit le lundi, mercredi et vendredi matin une heure avant les cours ?

— Pas après ?

Hound Dog secoua la tête.

— Il vaut mieux que tu passes cette période avec tes amis plutôt qu’avec moi, même si vous ne faites que marcher ensemble jusqu’à la gare. C’est important de continuer de vivre des moments ordinaires, surtout dans ta situation.

C’est vrai que s’il avait des séances avec Hound Dog après les cours, il ne pourrait pas faire le chemin de retour avec Shinsô et Uraraka, et devrait leur dire pourquoi. Izuku ne voulait pas les inquiéter, même si d’après ce qu’il avait compris sur le chat de la classe, tout le monde avait au moins une séance obligatoire avec le héros à cause de l’USJ. Ce qui différait de son premier vécu, maintenant qu’il y pensait.

— De plus, je ne pense pas me tromper en disant que tu ne veux pas qu’ils sachent que tu es en thérapie avec moi, n’est-ce pas ? ajouta l’homme, comme s’il avait lu dans ses pensées.

Izuku grimaça, la tête rentrée dans ses épaules, sans pouvoir se retenir.

Thérapie.

Ce mot donnait la sensation que c’était une grossièreté qu’il ne fallait jamais dire, comme un tabou, comme quelque chose de pire qu’être Sans-Alter. Dès qu’il en avait compris la signification, Izuku avait tout fait pour s’en tenir le plus loin possible, ne voulant pas être un sujet d’inquiétude, une charge, un fardeau pour sa mère et une anomalie encore plus inutile pour les autres.

Il n’avait donc jamais été voir le héros dans sa première vie, bien qu’il ait su que certains de ses camarades étaient allés le voir, après l’USJ et le camp d’entraînement. Asu- non, Tsuyu, notamment, avait été très franche sur le sujet, arguant que ça lui faisait du bien. Mais c’était le cas désormais, Izuku ayant fini par demander de l’aide pour ses problèmes, qui étonnamment, ne semblaient pas concerner uniquement One For All et All For One, ou même le voyage dans le temps.

— Midoriya-kun, la coche va bientôt sonner.

Izuku sursauta et s’excusa, avant de sortir rapidement du bureau de Nezu pour se diriger vers sa classe.

Quand il y entra, il découvrit qu’il était le dernier arrivé, avant de se faire sauter dessus par ses camarades.

— Midoriya !

Ses amis et les plus proches de la porte furent sur lui en moins d’une seconde, pendant que les autres se regroupèrent autour d’eux.

— Comment va ton épaule ?

— Tu vas pouvoir continuer l’entraînement ?

— On était inquiets.

Izuku cligna des yeux.

— M-mais je vous ai dit sur le chat que je… j’allais bien.

Comme dans sa première vie, la classe avait créé un chat pour communiquer où Izuku avait presque été harcelé de questions sur sa santé. Il avait bien sûr répondu et avait rassuré tout le monde, donc il ne comprenait pas pourquoi ses camarades s’inquiétaient toujours.

— Midoriya, il y a une différence entre lire un message disant que tu vas bien et le constater de nos propres yeux, expliqua patiemment Shinsô.

— Surtout que t’es le seul d’entre nous à avoir été gravement blessé, ajouta Uraraka, soucieuse.

Izuku détourna les yeux vers le sol.

— O-ouais, c’est vrai… Désolé, je ne pensais pas que vous vous inquièteriez autant…

Ashido s’avança devant lui et mit ses mains très doucement sur ses épaules.

— Écoute, Midori, dit-elle avec sérieux, tandis qu’Izuku crachotait de gêne au surnom. On ne se connait pas depuis longtemps, mais je pense que je parle au nom de toute la classe pour dire qu’on t’apprécie !

— Ouais, mec. T’es sympa, tu connais plein de trucs et tu nous aides avec nos alters sans te moquer, renchérit Kaminari.

Le reste de leurs camarades acquiescèrent vigoureusement.

— Même si comme vous, je suis content que Midoriya aille bien, les cours vont bientôt commencer ! intervint Iida, faisant des gestes hachés avec ses bras. Tout le monde à sa place !

Ils se regardèrent, se rappelant où ils se trouvaient.

— Ah, oui. Il vaudrait mieux qu’on aille s’asseoir, confirma Sero en se grattant la joue.

Ils commencèrent à se déplacer lentement vers leurs bureaux.

— Est-ce qu’on aura vraiment vie de classe, kero ? Aizawa-sensei doit toujours être à l’hôpital.

Avant que quelqu’un ne puisse répondre, la porte de la classe s’ouvrit pour laisser entrer leur professeur principal totalement momifié.

— B’jour…

Tout le monde était figé.

Quelque part au fond de lui, Izuku était soulagé de voir Aizawa-sensei présent, debout et entier, comme il l’avait fait dans sa première vie, une constante à laquelle il semblait s’accrocher plus qu’il ne le pensait. Mais le sentiment qui prenait toute la place à l’avant de son esprit était l’apparence de son professeur.

Izuku avait passé distraitement les yeux sur les bandages – familiers – qui recouvraient chaque millimètre de peau, ne laissant qu’une petite fente pour les yeux, pour les arrêter sur la tignasse de l’homme. Ou plutôt, ce qu’il en restait. Ses cheveux avaient été coupés. Le peu qui était visible laissait distinguer qu’ils étaient à peine plus longs que la moitié d’un doigt.

Izuku avait soudainement froid. Son cœur battait beaucoup trop rapidement. Ses yeux ne pouvaient que fixer les dégâts supplémentaires que son intervention avait engendrés.

Aizawa-sensei se dirigea d’un pas vacillant vers son pupitre, ignorant leurs regards.

— Asseyez-vous, ordonna-t-il quand il atteignit enfin sa destination.

Tout le monde obéit en une seconde, et de manière automatique pour Izuku, puis Yaoyorozu leva la main.

— Sensei, est-ce une bonne idée que vous fassiez cours dans votre état ?

— Ouais, vous n’avez pas l’air en forme ! s’inquiéta Tetsutetsu.

— Avant moi, préoccupez-vous de vous-même, répliqua Aizawa-sensei tandis qu’il tanguait légèrement sur place.

— Mais sensei, il vaudrait mieux vous asseoir que de rester debout. Je peux vous fabriquer une chaise.

— C’est aimable de ta part, mais je n’en ai pas besoin, nia-t-il, malgré le fait qu’il se balançait un peu de droite à gauche.

— Sensei, intervint Iida en se levant, la main en l’air. Votre dévouement est admirable, mais je pense parler au nom de tous mes camarades en disant qu’on serait plus rassurés si vous vous asseyez.

Aizawa-sensei resta silencieux, regardant tour à tour chacun d’entre eux, pendant que les camarades d’Izuku hochaient tous la tête à l’unisson, prêts à continuer d’argumenter. Bon sang, qui l’avait laissé reprendre le travail dans cet état ? Est-ce que ça avait été aussi mauvais la première fois et qu’Izuku n’avait pas fait attention ?

— Très bien., céda leur professeur, comme si c’était la chose la plus horrible du monde à faire pour lui.

Yaoyorozu leva d’un bond et s’avança à l’avant de la classe. Elle souleva légèrement sa jupe sur le côté, son alter s’activant sur sa cuisse, faisant apparaître une chaise pliable. Une fois le héros installé, elle rejoignit sa place et tout le monde fut de nouveau attentif.

L’homme resta encore un moment silencieux avant de faire son annonce.

— Comme je le disais, vous devez vous préoccuper de vous-même. Le combat n’est pas encore terminé pour vous.

L’inquiétude et l’anxiété des camarades d’Izuku augmenta d’un coup. Aizawa-sensei les fixa avec intensité avant de continuer :

— Le Festival Sportif approche.

La classe cria de soulagement et de surprise, ayant oublié l’évènement avec l’attaque de l’USJ. Izuku était le seul à ne pas réagir, fixant toujours son professeur.

— Attendez ! Ça ressemble à quelque chose que les vilains pourraient vouloir infiltrer… non ? s’inquiéta Hagakure en gesticulant sur son siège. Est-ce que ça va aller ?

Aizawa-sensei les rassura en arguant sur la confiance de Yûei à gérer les choses et que les effectifs de sécurité seraient au moins cinq fois plus important que d’habitude. Il enchaina sur l’importance du Festival, mais Izuku n’écoutait que d’une oreille.

C’est vrai que dans sa première vie, tout s'était bien passé. Le Festival Sportif s’était déroulé normalement, personne parmi les étudiants ou le public n’avait posé de problème. Eh bien… il y avait eu l’attaque d’Ingenium, le frère d’Iida, mais c’était la faute de Stain et ce n’était pas lié à Yûei en particulier.

Il n’empêche qu’avec du recul, Izuku trouvait ça assez dangereux de maintenir le Festival. S’il avait lieu environ un mois après l’USJ, et non dans une semaine, la Ligue aurait eu le temps de se regrouper pour lancer une nouvelle attaque. En fait, ils pouvaient toujours attaquer dans une semaine. L’alter de Kurogiri lui permettait de passer outre le système de sécurité et comme l’évènement était en direct à la télévision, il n’aurait aucun problème pour placer ses portails, et-

— Midoriya.

Izuku sursauta, regardant autour de lui avec une horreur croissante en se rendant compte que toute la classe le fixait avec effroi. Oh non, avait-il marmonné ? Qu’est-ce qu’ils avaient entendu ? Qu’est-ce qu’ils avaient compris ?

— Midoriya, comment se porte ton épaule ? demanda leur professeur, malgré le regard intense qu’il lui jetait.

— Je… Recovery Girl m’a autorisé à faire des exercices légers. Si… Si tout va bien, je… je pourrai participer sans problème au Festival.

— Bien. Le Festival Sportif est surtout là pour vous permettre de trouver un stage chez un héros. Votre performance est donc importante. Vous n’aurez cette chance qu’une fois par an. Pour un total de trois chances. Si vous souhaitez devenir un héros, ce n’est pas un évènement que vous ne pouvez pas laisser passer, conclut Aizawa-sensei après une petite pause.

La tension et la détermination parmi ses camarades augmenta, tandis qu’Izuku était devenu un peu angoissé. Non pas à cause du Festival Sportif, mais des stages. La Ligue des Vilains avait attaqué Hosu durant cette période, et ce n’était vraiment que par chance si Gran Torino avait décidé d’y faire une patrouille ce jour-là pour entrainer Izuku. S’il ne l’avait pas fait…

Il jeta un bref coup d’œil à Iida. Son camarade avait cherché Stain pour venger son frère, devenu paraplégique et coincé dans un fauteuil roulant après sa rencontre avec le Tueur de Héros. Est-ce que ça allait recommencer ? Est-ce que Stain allait encore une fois s’en prendre à Ingenium ? Si oui, est-ce qu’Izuku devait refaire un stage avec le vieux héros ou en choisir un parmi les autres héros qui avaient leur agence dans cette ville ?

Izuku fut sorti de ses réflexions par l’entrée de Mic-sensei, qui jeta un regard exaspéré à Aizawa-sensei, puis surpris à la chaise pliable, une fois le héros debout.

— Good morning, little listeners ! lança-t-il avec un sourire éblouissant. Sortez vos manuels, le cours va commencer !

oOo Plus Ultra oOo

La cloche sonne du déjeuner sonna, les libérant du cours de littérature moderne de Cementos-sensei. L’excitation de tout le monde grimpa en flèche, même si les plus consciencieux avaient déjà pris leur déjeuner pour se diriger vers la cafétéria.

— Eh bien, tout le monde est très excité, dit Shinsô en rejoignant Izuku à la porte.

— Bien sûr qu’ils le sont, intervint Iida, son corps se tordant et tremblant avec passion. Nous avons été choisis par Yûei pour devenir des héros ! Il y a de quoi s’enflammer !

— Midoriya, Shinsô… Écrasons le Festival Sportif ! déclara Uraraka avec du feu dans les yeux.

— T-ton visage a changé !

— Pas du tout effrayant…

— Tout à fait d’accord, bien que je ne l’aurais pas dit de cette façon !

Une partie de la classe se retrouva à répondre à la détermination d’Uraraka, un peu entrainés malgré eux.

— Hé les gars, vous êtes tous encore là ?

Izuku et les autres se tournèrent vers la porte pour voir Kendo et Kirishima.

— Midobro ! s’exclama ce dernier en s’avançant. Comment tu vas ? On était inquiets !

Kendo le suivit… ainsi qu’une bonne partie de la 1–B.

— Je… je vais bien, dit-il en regardant les nouveaux venus avec étonnement. Mon épaule guérit bien et je pourrais normalement participer au Festival.

— C’est un soulagement à entendre, sourit Kendo tandis que les autres hochaient la tête. On avait eu un peu de nouvelles de la part de certains membres de la 1-A, mais c’est rassurant d’avoir une confirmation par soi-même.

— Vous… Vous êtes venus juste pour ça ?

Izuku était une nouvelle fois surpris. Il reconnaissait que les relations entre les deux classes étaient plus amicales que dans sa première vie, mais il ne pensait pas que c’était à ce point-là. Ils n’avaient pas vraiment eu beaucoup de cours commun.

— Non, nia Tokage, les mains sur les hanches. On est aussi venus voir si vous vouliez manger avec nous tous.

— Oh, ce serait cool ! s’exclama Ashido en frappant des mains.

— Les tables sont assez grandes pour ça ?

— On s’en fiche, on n’aura qu’à les rapprocher.

— Les professeurs ne seront pas d’accord !

Uraraka plissa des yeux.

— Attends, quand tu dis “tous”...

— Ah, non, fit Kendo en se grattant la joue avec gêne. Quand il nous a entendus, il a grogné et est parti de son côté.

Izuku fronça des sourcils, avant de comprendre de qui elles parlaient.

— C’est peut-être pas une mauvaise chose après ce qu’il s’est passé la première fois, réfléchit Shinsô, pensif.

— C’est vrai que sa réaction n’était pas du tout virile, mais… je me sens un peu triste pour Bakubro. Je devrais peut-être aller manger avec lui ?

— Non, claqua Izuku avant de pouvoir s’en empêcher. Il va prendre ça pour de la pitié ou du mépris, et ce sera pire.

Tout le monde le regarda, étonné.

— Tu… a l’air de bien le connaître, Midoriya, déclara Honenuki. Tu lui as même fait une fiche alors que tu ne l’as pas vu combattre durant l’exercice commun. Chose qu’il n’a pas tout apprécié, vu qu’il l’a explosé en morceaux. Vlad-sensei a dû le menacer pour qu’il ne fasse pas la même chose avec la seconde fiche… que tu avais faite en prévision.

— Le regard de haine qu’il avait était franchement effrayant, ajouta nerveusement Shoda.

Clignant des yeux, Izuku se rendit compte que personne ne savait pour sa relation avec Kac- avec Katsuki. En fait, personne ne lui avait posé de questions ce jour-là, trop concentrés sur ses fiches d’analyses. Il allait devoir en parler et-

Oh. Il allait devoir tout expliquer. Il grimaça.

— Euh… C’est compliqué. Je n’aime pas trop en parler…

— Il s’en est pris à toi ? s’inquiéta Uraraka avant de prendre un air sombre. Si c’est le cas, je l’enverrai dans le soleil.

— Pas du tout effrayant, répéta Shinsô avec un reniflement amusé. Mais je suis d’accord sur le principe. Ce genre de truc craint.

— Non ! Il ne m’a jamais touché ou quoi ! Eh bien… il a essayé, oui, mais j’arrivais toujours à fuir ou à esquiver et- Ne faites pas ces têtes-là !! Ce n’était pas si grave ! paniqua-t-il en agitant les mains.

Tout le monde avait l’air furieux, et ce n’était pas du tout ce que voulait Izuku. Katsuki méritait d’avoir des amis, des vrais, c’était grâce à ça qu’il était devenu meilleur dans sa première vie.

— Pourquoi défends-tu un tyran ? s’agaça Monoma, l’air absolument outré. En plus, je ne comprends pas comment il aurait pu s’en prendre toi avec ton alter ! En fait, vous auriez presque dû être du même côté.

Izuku se recroquevilla instantanément sur lui-même, la tête rentrée dans ses épaules le plus possible. C’était justement le sujet dont il ne désirait pas parler. Déjà qu’il serait obligé de le faire avec Hound Dog, il ne souhaitait pas vraiment que ses camarades soient au courant qu’il était Sans-Alter avant le collège. Mais il ne voulait pas non plus mentir sur la raison pour laquelle Katsuki ne l’aimait pas.

— Ça suffit, Monoma ! intervint Iida, ses mains bougeant comme des hachoirs. Tu vois bien que tu déranges Midoriya !

— C-C’est b-bon, Iida. Je…

Izuku respira profondément, n’aimant pas quand il recommençait à bégayer.

— J’imagine que ç-ça… que ça devait sortir un jour ou l’autre. C’est juste que… je ne pensais pas que ce serait… si tôt, fit-il avec un pauvre sourire tordu.

Ce qui était un euphémisme étant donné qu’il avait espéré ne jamais avoir à parler de ce sujet du tout.

Iida ouvrit la bouche, sans doute pour protester qu’il n’avait pas besoin de parler s’il ne le voulait pas, mais Izuku leva la main pour l’arrêter. Il ne voulait pas d’une excuse, il ne voulait pas fuir comme la dernière fois. Partir tout seul loin de Yûei avait été autant un moyen de protéger ses camarades que d’échapper à leur réaction à la vérité sur son alter qu’il avait couché sur le papier. Réaction qu’il n’avait jamais eu à affronter puisqu’il avait remonté le temps quelques semaines plus tard.

Avoir One For All et aller à Yûei lui avait permis d’avoir des amis pour la première fois de sa vie, et même s’il savait que cette amitié était basée sur un mensonge, son alter, Izuku s’y était accroché avec désespoir. C’est pourquoi il avait fui. Il avait préféré trahir ses amis plutôt que d’attendre qu’ils le trahissent en découvrant son vrai statut alter. Et comme il fallait les protéger de All For One, Izuku avait fait une pierre deux coups, pour ainsi dire.

Relevant les yeux à la hauteur de ses camarades, de ses amis qui le regardaient avec inquiétude et curiosité, il s’humecta les lèvres.

La journée n’était pas censée se dérouler comme ça. La plus grosse conversation d’Izuku aurait uniquement dû être celle avec Hound Dog ce matin, pas avec ses camarades héroïques à l’heure du déjeuner. Oh mon Dieu, maintenant il avait peur de ce qui allait se passait une fois les cours finis !

— Kat- Bakugô et moi, avons grandi dans le même quartier, commença-t-il lentement, ses doigts se tordant les uns avec les autres. On… on jouait souvent ensemble quand on était petits, avant… avant le diagnostic.

— Dialnosbic ? fit Tsunotori avec très confuse.

L’un de ses camarades de classe lui murmura à l’oreille, la faisant hocher la tête de compréhension. Izuku respira une nouvelle fois profondément avant de continuer.

— J’avais quatre ans et… et j’ai été… déclaré Sans-Alter.

Tout le monde haleta, les yeux écarquillés de stupeur. Shinsô marmonna et Monoma jura.

— C’était une erreur, mais on ne l’a su qu’un peu avant le début du collège, poursuivit-il avant que quiconque ne puisse poser de question. Peu après ce… ça, j’ai découvert que Ka- Bakugô ne me voyait pas comme un ami et… j’ai arrêté de trainer avec lui. Avec tout le monde en fait, les gens ne voulaient pas être vus avec un Sans-Alter.

Izuku ne les regarda pas pour voir leur réaction, pas encore. Il avait commencé, il devait maintenant fini son explication.

— K- Bakugô, c’est l’inverse. Tout le monde voulait être avec lui, être vu avec lui. Les enseignants l’adoraient, car en plus d’être l’un des meilleurs élèves, son alter est parfait pour l’héroïsme. Ils ont… laissé passer des choses sur son comportement, l’ont mis sur un piédestal, comme si… je sais pas trop, que son succès en tant que héros se répercuterait sur eux ? Peut-être ?

Il secoua la tête, ce n’était pas le moment de se perdre dans ses réflexions.

— Bakugô a toujours eu une vision assez divisée, avec les forts et les faibles. Et comme j’étais Sans-Alter, j’étais… en dessous de faible. J’étais… inutile.

Personne n’émit un son, mais Izuku ne relava pas les yeux pour voir leur expression.

— Donc il n’aimait pas que je m’approche de son niveau à l’école ou en sport. Pour une raison que j’ignore, il a l’impression que je le regarde de haut, que… je le méprise.

Il haussa des épaules, acceptant le fait qu’il ne pourrait jamais comprendre complétement Bakugô Katsuki. Même s’il était sans doute celui qui le connaissait le mieux, ironiquement.

— Mais c’est pas vraiment sa faute ! s’exclama-t-il soudain, se rendant compte de la direction de la conversation. Les adultes ne l’ont pas aidé à être meilleur, ne lui ont jamais dit que ce qu’il faisait était mal, et… il n’a jamais eu d’ami non plus. Nos camarades trainaient avec lui parce qu’il était le plus fort, pas parce qu’ils l’appréciaient.

Ce que Katsuki avait compris depuis longtemps si Izuku ne se trompait pas.

— Donc s’il vous plait, ne vous en prenez pas à Kacchan, supplia-t-il presque. Il peut s’améliorer, devenir moins… abrasif et en colère. Je sais qu’il le peut…

« Car je l’ai vu. »

Mais Izuku ne pouvait pas le dire.

De tous les secrets que portrait Izuku, c’était sans doute celui qu’il ne dirait jamais à ses camarades. Trois personnes étaient actuellement au courant, et c’était trois personnes de trop, peu importe à quel point il trouvait ça rassurant d’avoir des adultes le soutenant dans cette situation.

Le silence était épais, angoissant de plus en plus Izuku, car il ne savait pas quoi dire d’autre.

— Je vais toujours l’envoyer dans le soleil, proclama avec sérieux Uraraka. Et tous les autres avec.

Sa déclaration brisa l’instant, faisant réagir d’accord tout le monde, à la plus grande horreur d’Izuku.

— Mais… mais-

— Nous n’allons pas nous en prendre à lui, Midoriya, le rassura Kendo en s’approchant.

— Juste le coincer quelque part et lui dire ses quatre vérités et notre façon de penser, ajouta Awase avec un sourire plein de dents.

Izuku n’arrivait pas à savoir si c’était une bonne chose ou non.

— Tant que cela se fait sans violence, je suis assez d’accord sur le principe, déclara Iida, ses mouvements de bras robotiques. En revanche, je dois insister sur le fait qu’il ne nous reste que peu de temps avant la reprise des cours, et qu’il serait judicieux d’aller manger.

— Oh zut, c’est vrai !

— Faut qu’on se dépêche !

Les deux classes sortirent rapidement de la salle en direction de la cafétéria, Izuku entraîné par Uraraka avec Shinsô derrière lui.

— On mange toujours tous ensemble ! proclama joyeusement Ashido à l’avant du groupe, suivie d’accords enthousiastes.

— C-C’est tout ? ne put s’empêcher de demander Izuku en regardant autour de lui.

— Pour Bakugô ? Sans doute. De toute façon, il y a toujours le Festival Sportif, si parler ne suffit pas.

— Complétement ! J’ai maintenant une autre raison de l’écraser ! approuva Uraraka le visage sombre, agrémenter d’un sourire méchant.

— Quoi ?! Mais–

— Arrête de le défendre !

Izuku s’arrêta, surpris, pour se retourner et voit Monoma, ce dernier en poussant pour l’obliger à reprendre la marche.

— Bakugô est un connard avec un égo cent fois plus gros que lui, qui pense que tout lui est permis juste parce qu’il a un alter puissant et voyant, renifla Monoma avec dédain. Je veux bien reconnaître, magnanimement, que vos enseignants ne l’ont pas aidé, mais il a aussi des parents ! Et même, il aurait dû se rendre compte que son comportement n’était pas normal une fois que ton alter s’est activé, au lieu de continuer.

— Il-

— Oh, alors il ne t’a pas traité de menteur quand c’est arrivé ? Il n’a pas “essayé” de prouver que c’était faux de la manière forte ?

Izuku ne répondit pas, se contentant de poser les yeux sur l’escalier qu’ils descendaient. Monoma soupira.

— Écoute Midoriya. De nous tous, je pense être celui qui s’approche le plus de ta situation. Mon alter me permet de copier les alters, mais si je n’ai rien à copier, je suis virtuellement Sans-Alter, expliqua-t-il en regardant droit devant lui, le menton levé. Les gens comme Bakugô, je les connais. Trop bien, même.

Il s’arrêta et fixa intensément Izuku.

— Je refuse d’être gentil ou ami avec quelqu’un comme lui. Je respecterai ta volonté ne de pas t’en prendre à lui, incompréhensible d’ailleurs, mais ne compte pas sur moi pour être poli.

— Je… D’accord.

C’était vraiment tout ce qu’il pouvait dire, étant donné qu’il ne connaissait pas vraiment Monoma comme il connaissait les autres membres de la 1-A. Et c’était toujours mieux que rien, pensait-il.


Texte publié par Yuedra, 24 février 2025 à 14h30
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