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tome 1, Chapitre 1 « Révélations » tome 1, Chapitre 1

Izuku se réveilla en sursaut, des éclairs verts le recouvrant et la respiration hachée. Le mouvement lui fit mal à l’épaule, mais il l’ignora pour se mettre en position assise. Jetant un coup d’œil d’autour de lui grâce à la luminosité de son alter, il comprit qu’il était dans sa chambre. Izuku désactiva son alter, la respiration toujours courte.

La pièce fut plongée dans le noir, et si d’ordinaire Izuku n’aurait eu aucun problème avec ça, là tout de suite il ne pouvait pas rester sans une visibilté claire. Il tâtonna son bureau jusqu’à trouver l’interrupteur de sa lampe, qu’il actionna. Clignant des yeux face à la lumière soudaine, il se passa une main sur le visage, pour le trouver moite, presque collant de sueur.

Encore un cauchemar.

Ça ne faisait que deux jours* depuis l’attaque de l’USJ, pourtant Izuku avait fait plus de cauchemars pendant cette période qu’il n’en avait fait après la découverte de son retour dans le temps en douze ans. Izuku n’arrivait à dormir que deux ou trois heures d’affilée avant d’inexorablement se réveiller à la suite d’un cauchemar bien trop réaliste à son goût. Il resta assis sans bouger dans son lit, attendant que sa respiration se stabilise.

Pourquoi faisait-il ces cauchemars ? Tout le monde s’en était sorti vivant, comme la dernière fois, alors pourquoi ? Ce n’était même pas la première fois qu’il était aussi gravement blessé. Ça avait principalement été dans son premier vécu plutôt que dans son second, mais Izuku ne les différenciait pas. Pour lui, cette seconde chronologie était juste une prolongation déformée de la première. Il était quasiment toujours le même, malgré les changements qui ont été faits. Donc il ne comprenait pas pourquoi il avait des cauchemars. Ou plutôt, il ne comprenait pas pourquoi ses cauchemars étaient aussi violents.

Dans son premier vécu après chaque attaque ou rencontre avec des Vilains, Izuku avait eu des cauchemars, mais pas de cette intensité. Et ils n’avaient pas duré longtemps, quelques jours tout au plus jusqu’à ce que la routine reprenne ses droits et qu’ils s’arrêtent d’eux-mêmes. Pour ensuite être remplacés par des nouveaux.

Izuku soupira. Ce n’était pas sain comme situation, il le savait. Surtout depuis qu’il avait suivi des cours de psychologie de base pour mieux comprendre les alters, en particulier ceux mentaux. Et depuis l’USJ, la proposition de Nezu d’aller voir Hound Dog le taraudait, mais… il avait l’impression qu’il ne pouvait pas aller déballer toute la vérité au héros. Ce n’était même pas une question de confiance ou à propos du traître de Yûei, c’était juste que… qu’Izuku n’avait pas l’habitude de demander de l’aide.

Il était celui qui l’apportait, et non la demandait. Même quand sa présence ou sa volonté d’aider n’étaient ni désirées ni requises. Il voulait être un héros, et un héros était la personne qui venait en aide aux gens, pas celle qui la réclamait.

Toute son existence était basée sur ce principe.

Même quand il avait rencontré Nezu et All Might pour la première fois dans son second vécu, Izuku avait considéré ça comme une aide de sa part et non une demande d’aide. Avec le recul, il s’était rendu compte que c’était les deux, qu’il n’aurait pas pu aider s’ils ne l’avaient pas aidé pas en retour. Mais c’était particulier, il s’agissait de Nezu et d’All Might, après tout. De la personne la plus intelligente du pays et du Héros Numéro Un du Japon !

Izuku n’arrivait pas à se décider, ses pensées tournant en boucle dans sa tête, encore et encore et encore. Il n’avait rien pour s’occuper l’esprit, pour essayer de fuir ou au moins de distancer cette incertitude lui collant à la peau. Soudain, il se sentit à l’étroit. Trop serré dans sa tête et dans son corps. Sa chambre trop petite, sa maison trop minuscule.

Dans un souffle, il se dégagea de ses couvertures et quitta son lit. Il devait sortir, il ne pouvait pas rester enfermé. Il prit juste le temps de gribouiller une note pour sa mère sur un post-it et de le coller sur sa porte au-dessus de sa pancarte All Might, avant de se retrouver dans l’entrée à mettre ses chaussures, les clés dans une poche d’un sweatshirt mit au hasard. Il quitta l’appartement sans faire de bruit et s’appuya à la balustrade du couloir extérieur de l’immeuble. Il laissa le vent frais souffler sur son visage et jouer avec ses cheveux, asséchant la pellicule de sueur de son cauchemar.

Izuku sentait une amélioration, mais ce n’était pas assez. Sans réfléchir plus que ça, il prit la direction des escaliers mais au lieu de descendre, il monta. Jamais il n’avait été sur le toit de son immeuble, ou même sur un toit tout court, en excluant sa rencontre avec All Might dans son premier vécu bien sûr. Les endroits en hauteur ne l’avaient jamais vraiment attiré, mais il n’en avait pas peur non plus. Il y était juste relativement indifférent. Même si… il n’avait jamais oublié la phrase de Kacchan.

Izuku secoua sa tête pour dissiper ce souvenir particulier. Il n’allait pas là-bas pour ça. Jamais.

Poussant la porte menant au toit, Izuku s’arrêta dans l’embrasure. En face de lui, le ciel se teintait de rose et d’orange sur un bout d’horizon, entouré du bleu sombre de la fin de nuit, le tout légèrement estompé par la brume matinale. Les lumières du ciel et de la ville se reflétaient sur le toit recouvert d’une fine couche d’eau. Izuku n’avait pas remarqué que c’était bientôt l’aube ou même qu’il avait plu. Il devait vraiment faire plus attention à son environnement.

Il s’avança doucement, prenant soin de bien laisser la porte grande ouverte avant, jusqu’au milieu du toit. C’était mieux. Plus d’espace et moins de limites physiques. L’air frais pénétrait dans ses poumons avec un certain soulagement, rendant sa tête un peu plus claire. Levant les yeux, il discerna quelques étoiles encore visibles, y compris la lune. C’était paisible. Tellement plus paisible que ce qu’il ressentait, que ce qu’il vivait. Izuku s’allongea, ignorant le mordant de l’eau froide contre sa peau en imprégnant ses vêtements. Il suréleva un peu les genoux pour une meilleure position, puis ne bougea plus, restant là à observer le ciel matinal changer de couleurs.

C’était la première fois qu’il fuyait la sécurité de sa chambre, son sanctuaire. Si d’ordinaire quand il avait envie de bouger, de sortir, il allait marcher ou courir dans le quartier, c’était actuellement proscrit en raison de ses blessures. Eh bien, il pouvait sans doute aller se promener sans soucis, mais il n’en avait pas envie. Il voulait juste… sortir, loin de sa chambre, loin de ses cauchemars. Loin de…

Loin de son échec.

Sa respiration se bloqua, sa gorge se serra et ses yeux piquèrent. Tout ce qu’il avait fait depuis son retour dans le temps n’avait servi à rien. En fait, ça avait juste empiré les choses. All Might avait toujours été blessé par All For One, et avait désormais à peine une heure d’utilisation de One For All, Kacchan ne faisait pas partie de la 1-A avec Kirishima, Mineta n’était pas étudiant à Yûei, sa classe n’avait pas réussi à s’échapper de l’USJ, Izuku avait encore une fois été le seul à être blessé durant l’attaque et Shigaraki, Kurogiri et surtout le Nomu avaient réussi à s’enfuir.

Izuku avait échoué.

Les larmes coulèrent, rejoignant la flaque d’eau glacée dans laquelle il était allongé. Il n’avait pas choisi de retourner dans le passé, mais il avait choisi de se servir de cette situation pour améliorer les choses, pour aider les gens. Pour éviter que All Might soit aussi blessé, pour éviter que ses camarades de classe soient traumatisés par l’attaque de l’USJ, pour éviter que la Ligue des Villains ne kidnappe Kacchan et ne s’échappe, pour sauver Eri plus tôt, pour que Nighteye n’ait pas à mourir plus tôt, pour que le FLP ne prenne pas autant de pouvoir et qu’une guerre civile ne se déclenche.

Izuku avait échoué à réaliser la moitié de ces choses. Et il était également en train d’échouer à réaliser l’autre moitié.

« Pourquoi ?... Pourquoi j’ai échoué ? »

Comment pourrait-il être un héros en échouant à tout ce qu’il entreprenait ? Est-ce que tout le monde avait raison ? Est-ce qu’il ne pouvait pas être héros ?... Mais il avait One For All désormais, et le contrôlait mieux que dans son premier vécu ; principalement parce qu’il l’avait reçu beaucoup plus tôt et qu’il savait à quoi s’attendre et comment pour ne pas se faire exploser les membres, alors… alors il devrait pouvoir être un héros.

Izuku était élève à Yûei, au Département Héroïque. Il avait réussi, malgré tout ce que pouvaient penser les autres autour de lui, il avait réussi à entrer, à devenir un apprenti-héros, à aider et sauver les gens, à se battre contre des Vilains puissants et dangereux, à tenir tête à All For One en personne ! Et… il avait été ramené dans le passé. Un passé où il n’était rien de tout cela, où il était faible, stupide, sans alter, et incapable de faire quoique soit.

Pourtant… pourtant, les choses avaient changé, pas vrai ? Il s’est mit à s’entraîner physiquement beaucoup plus tôt, à appris petit à petit se battre, sa mère était moins inquiète pour lui et le soutenait avant son entrée à Yûei, Shinsô était en 1-A, Nezu et All Might l’avaient cru quand Izuku leur avait raconté son histoire et l’avaient aidé à-

Ils l’avaient aidé.

Izuku avait été aidé depuis le moment où il était allé leur demander de l’aide.

Les yeux dans le ciel, ses larmes redoublèrent avec sa gorge n’étant plus qu’un nœud douloureux. Il était aidé. Comment n’avait-il pas compris avant ? Il a toujours été aidé depuis le moment où il s’est jeté contre le Vilain de boue pour sauver Kacchan. Il a été aidé parce qu’il aidait.

Eh bien, ça n’avait pas été la première fois qu’il l’avait fait, mais… ça avait été la première fois qu’il a été vu, qu’il a été regardé comme une personne ayant aidé quelqu’un, et non un obstacle ou un fardeau. Ça avait été la première fois où Midoriya Izuku a été reconnu. La première fois qu’il avait été aidé en retour.

Il pleura un moment, se tournant le côté de sa bonne épaule pour se recroqueviller sur lui-même, évacuant tout le trop plein d’émotions qui l’empêchait de réfléchir. Il avait toujours été une vraie fontaine, c’était quelque chose de génétique du côté de sa mère et Izuku se demandait parfois si l’un de ses ancêtres n’avait pas eu un alter de création d‘eau étant donné la quantité qu’ils pouvaient déverser. Quand ses yeux devinrent un peu plus secs, quand il lui fut un peu plus facile de respirer, il remarqua qu’il était complètement trempé et que son corps était engourdi par le froid. Il était resté trop longtemps allongé sur ce toit.

Ce fut difficile pour Izuku de se relever et de retourner chez lui pour prendre une douche, n’y parvenant qu’avec la lenteur d’un escargot. Heureusement, sa mère était toujours en train de dormir, donc il jeta le post-il en entrant dans sa chambre avant d’oublier son existence et de la faire davantage s’inquiéter pour lui.

Quand il se recoucha, Izuku avait pris une décision. Il irait voir Hound Dog.

Même les héros avaient besoin d’aide.

oOoOoOo

L’anxiété rongeait Inko petit à petit. Elle savait que la voie de l’héroïsme était dangereuse, elle le voyait assez avec les informations tous les jours, mais d’une certaine manière elle avait pensé qu’Izuku serait à l’abri de tout ça pendant encore quelques années.

Elle avait eu tort.

L’appel de l’école pour lui signaler l’hospitalisation de son fils suite à une attaque de Vilains avait été le moment le plus horrible et le plus terrifiant de sa vie. Pourtant, elle sentit quelque chose se briser en elle quand Izuku lui assura avec un sourire fatigué et désolé, mais toujours brillant, qu’il allait bien. Comment pouvait-il dire ça avec autant de conviction ? Non, il n’allait pas bien, il venait de passer en chirurgie parce que son épaule avait été touchée par un alter de désintégration après avoir vécu une prise d’otage dans un endroit où il aurait dû être en sécurité !

Dans quel monde son fils adoré pourrait-il aller bien après ça ?!

Nezu avait eu beau s’excuser en personne et prendre en charge, au nom de l’école, tous les frais médicaux liés de près ou de loin à l’attaque, Inko restait en colère. En colère, inquiète et impuissante. Elle n’avait qu’une envie, c’était de retirer Izuku de Yûei et de le mettre dans une école classique non loin de la maison. Mais elle ne pouvait pas. Elle savait que seul un handicap total obligerait son garçon adoré à se retirer de l’héroïsme, et encore, des fois elle en doutait. Il avait passé toute sa vie à vouloir être un héros malgré l’absence d’un alter approprié pour faire un tel métier à risque, alors il y avait peu de chance qu’Izuku laisse des blessures, même graves, l’empêcher d’accomplir son rêve.

C’était dans ces moments-là qu’Inko détestait la détermination de son fils, en particulier quand il estimait que son bien-être n’était pas prioritaire. Ça n’arrivait pas souvent, heureusement pour son pauvre cœur, mais elle n’était pas idiote. Elle savait bien que l’école n’avait pas été un lieu agréable pour son fils quand il était considéré Sans-Alter, et pas uniquement à cause du petit Bakugô. Le fait d’ailleurs que ce dernier ne soit pas dans sa classe pour une fois, l’avait rassurée.

Mais tout ce soulagement, toute cette assurance qu’elle avait pu avoir à la rentrée de lycée d’Izuku avait volé en éclats et maintenant, après avoir suivi la conférence de presse à la télévision qui avait eu lieu ce matin**, la voilà qui attendait la visite d’un membre du personnel de Yûei.

En soit, étant donné ce qu’il s’était passé, ce n’était pas vraiment inhabituel ou inquiétant, mais l’annonce n’avait pas été faite par téléphone ou par mail. Non, c’était Izuku qui lui avait dit que quelqu’un d’important à Yûei allait venir pour discuter. C’était le premier indice que quelque chose se passait. Le deuxième était qu’elle ne savait pas de sujet ils allaient parler. Le troisième était qu’Izuku était encore plus anxieux qu’elle ne l’était, et c’était quelque chose à dire car il prenait sa blessure beaucoup trop bien de son point de vue.

Ils étaient donc dans le salon à attendre que leur invité arrive. Izuku avait refusé de lui dire de qui il s’agissait, qu’il valait mieux que la personne se présente elle-même. La matinée était passée relativement vite, notamment parce qu’ils avaient regardé la conférence de presse de Yûei, mais le déjeuner avait été un peu lent et tendu. Son fils était nerveux, lui lançant régulièrement des regards en coin quand il pensait qu’elle ne le voyait pas. Et ça l’inquiétait. Qu’est-ce que qui pourrait autant mettre sur les nerfs son petit garçon ? Il était d’un naturel timide et anxieux comme elle, mais il arrivait toujours à surmonter ses nerfs.

« Ça doit être grave. »

Cette pensée aggrava son état de stress. Qu’est-ce qui pouvait bien être grave pour qu’Izuku s’inquiète autant ? Il ne s’était pas inquiété de son absence d’alter (qu’ils savaient fausse maintenant) pour devenir un héros, ni du fait qu’il n’avait pas d’ami parce que les gens étaient injustes et cruels. Il ne s’était pas non plus inquiété quand son alter s’était miraculeusement activé, lui fêlant tous les os dans son corps, ni quand il s’était retrouvé à suivre des cours universitaires alors qu’il n’était encore qu’au collège. Sans parler de sa blessure durant l’attaque des Vilains qui a dû l’envoyer en chirurgie. En fait, Izuku n’avait été que déterminé là où d’ordinaire il aurait dû être une épave de nerfs, de stress et d’anxiété, si son comportement normal était une indication sur laquelle se baser.

La sonnette retentit dans l’appartement, apportant un soulagement à Inko pour la distraction… avant de se retrouver avec un pic anxieux en se rappelant de la visite attendue.

Izuku avait immédiatement bondit vers la porte d’entrée, tandis qu’elle se levait avec appréhension en se tordant les mains. Elle était derrière son fils dans l’entrée quand la porte s’ouvrit. Avec les alters, le corps des gens pouvait être de toute taille et de toute corpulence, mais pour Inko cet homme avait l’air visiblement malade. Il était grand, ses cheveux partaient dans tous les sens à part deux longues mèches de devant et surtout il était maigre, presque émacié, dans un costume à rayures trois fois trop grand, le faisant nager dedans.

Inko s’inquiétait désormais plus pour sa santé que pour la raison de sa venue. Est-ce qu’il mangeait correctement ?

– Midoriya-shônen, je suis content de voir que tu vas bien, sourit l’homme avec sincérité. Je me suis inquiété quand j’ai su que tu devais te faire opérer.

– Je vais bien Al- Yagi-san, assura son fils avec son propre sourire. Et voici ma mère, Midoriya Inko.

Il s’écarta pour laisser l’homme la voir.

– Bonjour… Yagi-san, c’est ça ?

– Oui, je suis Yagi Toshinori, se présenta-t-il en s’inclinant. Enchanté de vous rencontrer Midoriya-san.

Inko lui retourna la politesse et l’invita à l’intérieur. Une fois que Yagi eut des pantoufles aux pieds et fut assis à la table du salon devant une tassé de thé, Inko ressenti de nouveau l’anxiété lui serrer le ventre.

– De quoi souhaitez-vous me parler, Yagi-san ? Izuku n’a rien voulu me dire.

Yagi regarda avec étonnement son fils qui haussa des épaules, un peu penaud.

– Ah, eh bien… Je pense qu’avant tout chose je devrais m’excuser auprès de vous, Midoriya-san, fit-il un peu mal à l’aise, les yeux baissés. Je… j’ai fait quelque chose sans vous demander votre autorisation, avec le prétexte que c’était plus sûr pour vous et votre fils, mais principalement pour moi. J’ai été égoïste.

Tendue par ces mots, Inko senti une pointe de colère émergée au fond d’elle. Qu’est-ce que cet homme avait fait exactement ? Et à son petit garçon, qui plus est, étant donné qu’Izuku semblait être au courant.

– Pouvez-vous vous expliquer plus en détail, Yagi-san ? demanda–t-elle d’une voix très mesurée. Qu’avez-vous fait exactement ?

Yagi et Izuku rentrèrent leur tête dans leurs épaules, ce qui lui confirma que son fils savait de quoi il s’agissait. Et qui avait déjà eu lieu, si elle comprenait bien. Et ça lui fit mal qu’Izuku lui ait volontairement caché quelque chose. Évidemment, c’était normal qu’il est un jardin secret, c’était un adolescent après tout, mais la raison pour laquelle Yagi était là semblait importante. Elle pensait qu’elle était assez digne de confiance pour qu’Izuku lui parle de ce genre de chose, quel que soit le sujet.

– C’est à propos de l’alter de Mi- d’Izuku-shônen.

Alter qui était miraculeusement apparu il y a trois ans en blessant son fils. Elle plissa les yeux, méfiante.

– Êtes-vous lié à ces sortes de… “programmes” d’activation d’alter ?

La première fois qu’elle en avait entendu parler, c’était quand elle était encore à l’école primaire. L’un de ses camarades de classe y avait été emmené par ses parents parce qu’à huit ans son alter ne s’était pas encore activé. Quand il est revenu après les vacances d’été, il pouvait utiliser son alter, lui donnant la possibilité de tirer des laser avec ses yeux, mais il semblait souffrir à chaque fois. Au final, il ne l’utilisait que pendant les cours d’apprentissage d’alter avec des grimaces d’appréhension.

Ça avait marqué la jeune Inko qui ne s’était jusque-là jamais imaginé qu’utiliser son alter pourrait la faire souffrir. Donc quand certaines personnes l’avaient approché pour Izuku en lui parlant de ces programmes, elle les avait sèchement renvoyés. Essayer d’activer un alter qui n’était pas là était le meilleur moyen de tuer son petit garçon. Et aujourd’hui encore, elle ne regrettait pas sa décision, car sinon, Izuku se serait gravement blessé à chaque fois qu’il aurait utilisé son alter.

– Qu- Grand Dieu, non ! s’exclama l’homme, les yeux écarquillés. Je n’apprécie pas du tout ces programmes. Forcer l’activation quand le corps n’est pas prêt est dangereux.

Inko se calma légèrement. Bien, Izuku n’avait pas été semi-torturé pour rentrer dans le moule de la norme.

– Dans ce cas, au risque de me répéter, pouvez-vous m’expliquez ce que vous voulez dire quand vous avez fait quelque chose sans mon autorisation en ce qui concerne l’alter de mon fils ?

– Je… Oui. En fait, je devrais me présenter correctement pour ça.

Avant qu’elle ne puisse cligner des yeux, Yagi se leva et un nuage de fumée s’échappa de son corps pour laisser apparaître quelqu’un d’autre. Quelqu’un qu’elle connaissait rien que par le fait d’entrer dans la chambre d’Izuku tous les jours. Elle était figée, la bouche à moitié ouverte de stupeur.

– Pardonnez ma présentation incomplète de toute à l’heure. Je suis Yagi Toshinori, aussi connu comme le héros All Might.

L’homme, le héros numéro un, l’idôle d’Izuku, s’inclina respectueusement devant elle, dans un angle droit.

Inko… Inko ne savait pas comment réagir. Elle avait déjà croisé des héros de loin et dans la rue, mais jamais elle ne leur avait parlé, sans parler de voir l’un d’eux venir dans sa maison. Une partie de son cerveau savait et reconnaissait que c’était des gens comme tout le monde, mais une autre partie trouvait ça hallucinant, presque impossible. Elle resta immobile et muette de choc.

– Maman, ça va ?

La question la fit se remettre suffisamment en mouvement pour regarder Izuku. Qui n’était pas du tout choqué, impressionné ou excité.

Il était au courant.

Son petit garçon était au courant de l’identité civile d’All Might. Une panique et une peur irraisonnée s’emparèrent d’elle. C’était dangereux ! Si quelqu’un s’en rendait compte Izuku serait en danger !

– Je… Qui savent ?

– Quoi ?

Le héros semblait surpris, se relevant, mais Inko lui accorda à peine un regard.

– Izuku, qui est au courant que tu connais l’identité civile du héros numéro un du Japon ? insista-elle en posant ses mains sur les épaules de son fils en se penchant par-dessus la table.

– Oh, euh… Nezu et Recovery Girl. Gran Torino aussi, c’est un héros et le mentor d’All Might. Et… peut-être quelqu’un d’autre, mais c’est un héros aussi, donc il n’y a pas à s’en faire, précisa-t-il en agitant les mains devant lui.

– Hum, j’ajouterais l’inspecteur Tsukauchi Naomasa. C’est un ami et un confident depuis plusieurs années, ajouta doucement All Might en se rasseyant.

Inko inspira longuement et profondément. D’accord. Toutes les personnes qui savaient qu’Izuku connaissait l’identité d’All Might étaient eux aussi des héros ou des policiers. D’accord. Izuku n’était pas en danger.

– Très bien, dit-elle en se tournant de nouveau vers le héros. Je ne dirais rien non plus sur votre identité All Might.

Ce dernier soupira un peu de soulagement et se retrouva de nouveau entouré de fumée pour laisser place à Yagi.

– Merci, Midoriya-san. Et donc… euh, la raison pour laquelle je suis là est liée à mon identité civile. Je… Mon alter est particulier, voyez-vous.

Il se mit à raconter une histoire. Une histoire sur deux frères et leurs alters qui semblait complètement invraisemblable pour Inko, mais qui faisait aussi assez peur. Ça défiait toute la logique des alters, même si de prime abord il semblait que les alters n’en avaient pas. Mais le corps humain à des limites, même transformé par les pouvoirs que donnaient les alters.

– Je sais que c’est très difficile à croire, fit Yagi comme s’il avait lu dans ses pensées. Mais, c’est très réel et mon alter… je n’ai pas obtenu mon alter à la naissance.

Inko se retrouva de nouveau figée par les paroles de l’homme. Avec l’histoire qu’elle venait d’entendre, elle avait assez peur de ce qu’il dirait ensuite. Et surtout en quoi Izuku était concerné ?

– L’alter s’appelle One For All, et j’en ai hérité par mon maître, qui était la septième détentrice de l’alter, qui l’a elle-même hérité de son prédécesseur, etc. Le premier détenteur est, comme vous avez dû le comprendre, le second frère de l’histoire.

– Vous… vous avez un alter… transférable ? souffla Inko d’une voix hésitante.

Yagi fait une grimace bizarre avant de lui répondre.

– Oui et non. Je… je ne possède plus l’alter. Je l’ai donné.

Les yeux d’Inko se posèrent instinctivement sur Izuku, qui lui sourit maladroitement en rentrant sa tête dans ses épaules.

– Je suis le neuvième, confirma-t-il d’une petite voix.

Quelque chose à l’intérieur d’Inko lui fit mal, terriblement mal. Ça se répandait dans tout son être, par vague au fur et à mesure qu’elle comprenait l’implication et les conséquences de cet aveu.

Izuku était né Sans-Alter. Izuku avait un alter qui n’était pas le sien. Izuku avait accepté de recevoir un alter sans lui en parler et le lui avait caché.

Elle prit une brusque inspiration, autant pour refouler les larmes qu’elle sentait se former aux coin des yeux que pour endiguer le sentiment de trahison qui la transperçait de part en part. Ça faisait trois ans qu’Izuku avait son, non cet alter. Trois ans qu’il l’avait obtenu et qu’il ne lui avait rien dit. Puis une pensée lui compressa le cœur.

– Est-ce que… si tu n’avais pas été blessé durant l’attaque, me l’aurais-tu dit ? demanda-t-elle d’une voix étranglée avec appréhension.

– Oui, lui assura son fils en la regardant dans les yeux. J’avais prévu d’attendre une semaine après la rentrée, pour… pour attendre d’être installé avec l’école. Je… je ne pensais pas… être blessé entre-temps.

Les larmes qu’elle avait retenues dévalèrent sur ses joues, tandis que sa gorge se serrait douloureusement.

– Tu as volontairement voulu attendre d’être au lycée pour me le dire ?

– Je suis désolé maman ! Je ne voulais pas vraiment te le cacher, paniqua son fils en la voyant pleurer. Mais c’était un secret important, le secret d’All Might et… et je… j’avais peur que… tu refuses.

La fin de son explication avait été presque murmurée, mais elle l’entendit très bien.

– Tu penses que j’aurais refusé que tu ais un alter ? s’exclama-t-elle, choquée par son raisonnement.

Elle ne comprenait pas pourquoi Izuku avait pensé de cette manière. Elle l’aimait quoi qu’il arrive et son alter n’était pas une condition à son amour, mais elle était très consciente que la vie de son fils serait plus facile avec un alter.

– Je… Pas un alter à proprement parler. Juste… juste cet alter-là, avoua Izuku d’une voix penaude. Je sais que tu n’aimes pas trop que je sois un héros parce que c’est dangereux, et j’avais peur que tu refuses pour… pour me garder en sécurité.

Inko se tordit violemment les mains en amenant contre sa poitrine à l’entente de ces mots. Elle ne pensait pas que son appréhension à ce que son fils devienne un héros était si visible, elle avait fait tellement d’efforts pour qu’il ne s’en rende pas compte. Mais il semblerait qu’elle ait échoué. Avait-elle elle-même amené Izuku à ne pas lui faire confiance au point de croire qu’elle dirait non ?

… Aurait-elle dit non ?

Elle se retrouva à imaginer la rencontre avec Yagi et son fils de douze ans, juste avant qu’il ne rentre au collège. Après avoir entendu une telle histoire, aurait-elle dit non ? En toute honnêteté, elle ne savait pas. Peut-être même qu’elle n’aurait rien cru de ce que Yagi lui aurait dit à cause du manque de preuves. Que quelqu’un puisse prendre et redonner des alters était inimaginable, alors quelqu’un qui pouvait transmettre son propre alter était impensable.

Ses sourcils se froncèrent, prise d’un doute.

– Vous avez dit que l’alter d’Izuku venait du second frère, commença-t-elle lentement en se tournant vers l’homme. Qu’en est-il de l’autre frère ?

Yagi se tortilla, et c’était quelque chose à voir quand elle savait désormais qu’il s’agissait d’All Might.

– Il est toujours vivant, déclara-t-il, défait. Je ne pensais pas qu’il l’était encore quand j’ai transmis One For All à Izuku-shônen. Je l’avais affronté il y a environ cinq ans et je pensais avoir réussi à le vaincre de façon définitive. Mais… j’ai compris que ce n’était pas le cas durant l’attaque.

Son sang se glaça. Le premier frère de l’histoire, celui qui n’avait que faire de la vie des autres, celui qui voulait récupérer l’alter de son frère par tous les moyens, était toujours en vie. Alter que possédait maintenant son petit garçon.

– Est-ce qu’il sait pour Izuku ? demanda Inko la peur au ventre.

– Non, assura vivement Yagi. Il doit se douter que je l’ai peut-être transmis, mais si c’est le cas, il ne sait pas qui et je ferais tout qu’il ne le sache pas.

– Mais… un homme comme ça, il va finir par le savoir, non ?

Yagi baissa les yeux, le visage sombre, lui donnant sa réponse.

Le silence remplit le salon. Personne ne se regardait et le thé délaissé devait maintenant être froid. Au bout d’un long moment, Inko finit par se lever.

– Je ne sais pas vraiment quoi vous dire, Yagi-san. Je suis en colère que vous et Izuku m’ayez cacher une telle chose, mais ça ne m’empêchera pas de garder votre secret. Cependant, je vais avoir besoin de temps pour tout assimiler et décider de quoi faire.

– Décider de quoi faire ? répéta l’homme avec étonnement.

– Maman, fit Izuku avec de grands yeux, ayant compris.

– Tu es mineur Izuku, annonça-t-elle fermement. Même si Yûei possède une sorte d’autorité légale envers ses élèves à cause de son statut d’école héroïque, tu as reçu l’alter avant d’y entrer. Ma décision prime.

– Midoriya-san, vous voulez dire…

Inko soupira, ses mains toujours tordues l’une dans l’autre, même si leur prise était ferme.

– Je ne sais pas, avoua-t-elle. Comme je l’ai dit, j’ai besoin de temps pour décider.

Yagi sembla avoir avalé un citron entier tout en ayant une lueur coupable dans le regard, tandis qu’Izuku baissa la tête pour la rentrer dans ses épaules.

– Je… je comprends, abdiqua l’homme. Mais pour ce que ça vaut, je pense que même sans un alter Izuku-shônen peut être un héros. Donc quelque que soit votre décision, j’espère que vous le laisserez rester à Yûei.

Inko vit du coin de l’œil son fils se redresser, les larmes débordant sur son visage déterminé.

Elle savait. Elle savait qu’il était trop tard pour prendre la moindre décision à ce sujet. Elle ne pouvait qu’accepter les faits. Izuku était à Yûei en classe héroïque, il ne pouvait pas soudainement se retrouver sans alter sans la moindre raison. Et même si elle trouvait une raison à sa soudaine absence d’alter… ça ne ferait que le mettre encore plus en danger qu’il ne l’était déjà.

Mais ça ne voulait pas dire qu’elle leur ferait part tout de suite de ses pensées. Elle aurait aimé avoir le choix, ou au moins être mise au courant dès le début. Alors prendre quelques jours pour digérer toute cette situation et rendre son faux verdict était tout ce qu’elle pouvait faire en représailles.

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* L'attaque s'est déroulée un mercredi selon le manga, ils sont donc vendredi.

** Ils sont samedi, après jours après l'attaque.


Texte publié par Yuedra, 28 août 2024 à 17h48
© tous droits réservés.
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