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tome 1, Chapitre 3 « Quelle clé ? » tome 1, Chapitre 3

La porte est fermée. Elle ne laisse rien filtrer. Ni bruit, ni odeur, ni couleur, rien ne peut passer ce pan de bois. C’est une porte. Comme un mur définitivement clos. Une possibilité dont on aurait perdu la clé - ou jeté.

La porte est fermée et quelqu’un est derrière. Une personne est recroquevillée derrière. Elle se tient les genoux dans l’ombre. Le noir est dramatique. Il drape bien les âmes en peine qui doivent se consoler.

Une personne se cache derrière cette porte. Elle a bloqué la serrure et s’est enfermée, a arrêté de penser. Maintenant c’est immobile, il n’y a plus rien.

Y avait-il des choses avant ? Y avait-il de quoi couvrir les murs, de quoi couvrir le silence ? Peut-être… Maintenant, il n’y a plus rien et on n’a plus besoin de discuter.

La porte est fermée, il fait sombre et une personne a décidé de se cloîtrer derrière. La fin est toute proche. Il n’y a plus d’encre à faire couler, personne n’est venu faire démarrer l’aventure.

Parce qu’a-t-on besoin d’un tiers inconnu pour commencer une aventure ? Y a-t-il vraiment besoin d’un beau prince charmant pour venir défoncer cette maudite porte à coup de bélier et déclamer des vers enfiévrés d’amour niais ? Personne n’a réclamé de méchants trolls pour amasser un trésor de richesse inestimable. A-t-on besoin d’une clé apporté par une marraine la bonne fée ?

Parfois oui… On se dit qu’il faut attendre que quelqu’un toque. Il faut attendre la petite voix timide demander, appeler : « Tu vas bien ? Tu as besoin de moi ? »

Mais d’autres fois, ces voix inutiles nous agacent. Elles répètent la même chose. Elles cancanent sans écouter, sans voir, sans comprendre et c’est pour ça qu’on a jeté la clé, qu’on a claqué la porte et qu’il n’y a plus rien.

Mais…

Mais autre que cette porte, cette clé, ce chevalier absent et ces béquasses…

Autre que tout cela et tout le reste…

Cela fait du bien…

Sentir l’odeur fraîche, les bras chauds, l’éclat d’un sourire, les rides qui se creusent aux coins des yeux. C’est doux de ne rien demander, de ne rien recevoir mais qu’il y ait quand même quelqu’un. C’est chaud, on fond. On ne le décrit pas forcément par une personne, non, on peut choisir une couleur, un peu de luminosité, un brin d’émotion. Ce genre de truc sans nom qui grandit seulement dans notre poitrine et qui se diffuse comme un sachet de thé diffuserait son arôme.

Après… après les gémissements, le noir, les pleurs, la solitude et l’attente. Après toutes les choses qu’on a pu se reprocher et reprocher. Après avoir espéré un changement sans jamais vouloir le contempler une fois réalisé, il est peut-être temps de relever la tête. Lentement, tout doucement, sans se presser, sinon on verrait des étoiles. Une fois la tête redressée, si le courage ne nous a pas quitté on peut déplier les bras, tendre une jambe et s’apercevoir qu’on a rouillé. Les muscles sont frêles, les tendons tirent. Ça fait mal, ça fait toujours mal. Mais si on veut sortir, il faut le faire.

Parfois, les autres nous claquent les portes mais aucune de celles-ci sont définitivement close. Parfois, ce sont nos portes que l’on ferme. Les petits êtres fragiles doivent trouver la force de les rouvrir, de passer le seuil.

Mais imagine ! Une fois la porte ouverte… La lumière jaillit dans la pièce, elle rigole en éclaboussant les murs, en recouvrant l’oreiller, en illuminant le bureau. Les sons résonnent dans l’espace, ils tintinnabulent sur les surfaces, miroitent dans les creux. L’odeur frappe les corps, possède les objets, traverse les textiles.

Cela peut paraître hautement cruel, violent ou inhumain mais c’est une guerre qui se solde par une victoire.

La pièce est vide, la porte est ouverte. Il n’y a toujours pas de clé mais elle n’est plus utile. L’air est chaud, paisible. Le soleil se couche et les esprits se calment. Au loin, loin de ses mauvais souvenirs et de cette peine, on entend un rire, trois petites notes d’un gazouillis léger. On ne peut qu’imaginer.

La porte est ouverte, grande ouverte. Elle laisse tout filtrer. D’un côté, il y a les reliquats d’un fort blindé. De l’autre, un champ, une clairière ou quelque chose qui y ressemble. Des fleurs poussent, des oiseaux chantent, c’est la belle vie.

Pourquoi il n’en a pas toujours été ainsi ?


Texte publié par Grimaud, 11 octobre 2024 à 15h39
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