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Défi du chaudron:

eaux / Anxieux / fuchsia / ~1000 mots

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Comment commence toutes les bonnes histoires ?

Ah oui, elle débute par ces mots magiques : il était une fois. Alors commençons !

Il était une fois dans les profondeurs d’une rivière d’Amazonie, un peuple fort ancien. Le cadre n’était pas particulièrement féérique ni accueillant. Les eaux étaient tiédasses et sombres. La boue flottait en poussière éparses et perturbante. Les créatures non plus n’était pas délicates, ni généreuses. Nous autres européens les aurions appelés sirène mais ces étranges poissons étaient très loin de cette dangereuse race. Les populations locales les appelaient des Yacu, de leur nom complet les Yacurunas.

Un nom peu commun pour décrire des hybrides mis hommes, mis poisson à la physionomie informe et effrayante. Aucune règle n’était de mise aussi profond, certain était velu de poils longs, rêches et sombres. D’autre se contentait du corps long et agile d’une anguille - parfois électrique. Et le reste s’égaillait sous la forme de boto aussi rose que les fleurs. Ils étaient mignons ces derniers, mais particulièrement vorace, surtout envers les femmes qui avait attiré leur odorat fort développé. C’était un peuple anthropophage très fort pour effrayer les consciences, les pécheurs et faire courir de bien effrayante légende sur eux.

Mais ce récit ne va pas emmener quelque lecteur imprudent à côtoyer leur forme la plus effrayante. Cette histoire se contente de dépeindre un petit extrait de la vie de seulement l’un d’entre eux : Yaä. Ce Yacu si était aussi effrayant et cruelle que les autres. Ni banal, ni exceptionnel et sa vie n’avait pas changer par un miracle remonté du delta d’Amazonie. Mais par un jeu de hasard incertain il se retrouva personnage principal de cette aventure.

Ce n’était encore qu’un enfant. Il était à peine âgé d’une dizaine d’année, encore au stade précoce des difficiles transformation en humanoïde. Cette pauvre créature, même très effrayante pour nous pauvres petits humains, vivait sa vie dans le cœur d’un palais marins, suivant les courants du fleuve et les martèlements de son cœur.

Yaä avait une flamme qui brûlait en lui, la flamme qui fait chuchoter aux oreilles : « il est amoureux ». Et il l’était. Profondément bercé dans des sentiments doux et dangereux à la fois. Alors qu'il se laissait porter par un ruban d'eau frais, il réfléchissait, tergiversait et se prenait la tête sur quelques détails insignifiants.

Cela faisait trop longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Son corps lui criait d'aller retrouver celui qu'il aimait mais son instinct lui murmurait : ce n'était pas correct. Son amour était occupé. Yaä ne pouvait pas se présenter comme cela, sans aucun autre motif qu'un manque brûlant. S'il voulait le voir, l'approcher, il devait trouver une excuse. Il était inquiet, anxieux à flotter sans raison. Le pauvre, il ne savait pas quoi faire. Tout était trop difficile.

L'indécision le tiraillait, lui brûlait les entrailles, il ne pouvait pas rester comme ça. Yaä inspira lentement, sa décision fut prise. Il devait ramenée un cadeau. Le plus beau si possible, pour impressionner. Son but était simple ramener le plus beau des trésors. Comme ça, il aurait l’excuse parfaite !

Alors il nagea. Il nagea jusqu'en haut et finit par crever la surface lisse d'une rivière. Avec la forme qu'on lui avait enseignée il attendit, attendit patiemment jusqu'à ce qu'une barque se présente.

Ils étaient trois dans l’embarcation, un vieil homme qui avait bien passé les cinquante moussons, un père peu avenant mais musclé et… l’objet de tous ses désirs ! Courbé au-dessus du cours d’eau, arc-bouté pour récupérer un des plus gros poissons qu’il ne pêcherait jamais, un homme, un vrai ! Virile, sec, à la peau non pas tannée mais doré par un soleil qui glissait sur lui, qui le caressait comme amoureux, ce n’était que des courbes charnus recouvrant les muscles. Il était beau. Yaä vit toutes ses convictions vaciller, sa peur et son anxiété disparurent avalés par ce large sourire humain. Il avait attendu ce moment tellement longtemps, une éternité !

Alors impatient, Yaä s'immergea dans l'eau, disparu dans la noirceur de la rivière et se déplaça jusque sous l'embarcation. Quelques secondes pour contempler ce Dieu vivant puis il fit couler la barque. Elle fut renversée en un claquement de doigts et les deux autres pêcheurs tués en un claquement de dents. Il avait ce qu'il cherchait, ce qu’il désirait.

Dans les profondeurs les plus noires du delta, le palais aux couleurs fuchsia, était ouvert à tous les courants. Yaä y entra pressé par la situation. Il avait doublé et volé quelques places pour se retrouver plus vite devant le trône. Pour récupérer plus vite ses faveurs. L'emprise de son stress lui enserrait de nouveau les épaules et le comprimait. Avait-il bien fait ?

Devant le prince, tout tendu, il déposa son offrande. L'humain était quand même mort étouffé avant d'arriver à destination. Ses yeux laissaient échapper des volutes de sang. Les vaisseaux n’avaient pas apprécié le changement trop rapide de pression mais rien de grande importance, son corps était resté intact. Alors il attendait nerveux et impatient le verdict. Méritait-il un peu d’attention ?

Le prince se redressa lentement et contempla pendant un temps infini son nouveau présent. Finalement, il redressa la tête et sourit. Il s'approcha tranquillement pour venir chuchoter à l'oreille d’Yaä :

- C'est un beau présent que tu m'apportes là. Tu peux en être fier. Tu seras récompensé.

Il finit son murmure par une œillade admirative et une invitation discrète à le suivre. Yaä avait reçu les faveurs royales, toute peur était désormais envolée.

Les faveurs de son bien-aimé… Il avait drôlement bien pêché.