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tome 1, Chapitre 14 tome 1, Chapitre 14

Côte à côté, Uwen et Blanche Neige contemplaient le panorama par la fenêtre de la salle de réunion.

— C’est là, fit la jeune fille, en pointa du doigt vers la colline et les ruines.

Le toit rouge était légèrement visible à travers les frondaisons. Le sortilège semblait s’être entièrement dissipé.

— Comment ai-je pu oublier cet endroit ? souffla le prince. J’ai passé mon enfance à jouer là-dedans. J’y suis peut-être même entré.

— C’est le principe d’un enchantement d’oubli, ne put s’empêcher de lâcher Blanche Neige, avec un rien d’agacement.

Uwen lui jeta un coup d’œil, mais s’abstint de commenter.

— J’ai reçu un rapport du capitaine de la garde, continua-t-il. Les hommes qu’il y a envoyés ont confirmé la présence de l’épée.

— Ils n’y ont pas touché ?

— Non. Les instructions ont été claires. Ils se contentent de la surveiller.

Blanche Neige hocha la tête. Un silence gêné s’installa entre eux, interrompu par le bruit de la porte. Le roi, qui attendait près de la cheminée, enfermé dans ses réflexions, se redressa et s’avança vers la table pour accueillir leur invité.

Le prince Turold entra et salua immédiatement son hôte. Puis, il se tourna vers Blanche Neige et Uwen et leur offrit le même salut. Sur son visage à la peau ocre on ne décelait aucune émotion. Son œil argenté, cependant, brillait d’une étincelle de défiance. Le deuxième était caché par une bande de tissu. Son teint buriné, ses cheveux mi-longs à peine retenus par un catogan et sa tenue de chasseur montraient qu’il était habitué à vivre une vie rude.

— Votre Altesse, je vous remercie de me recevoir, commença-t-il d’une voix rauque.

— Installez-vous, je vous prie. Je suis désolé de vous avoir fait attendre, mais un contretemps a retenu mon attention.

Turold rejoignit le fauteuil qu’on lui indiquait. Uwen et Blanche Neige s’installèrent en face de lui.

— Je vous présente mon fils, le prince Uwen, et sa femme, Blanche Neige.

— Enchanté, fit le prince vallois.

Puis il se tourna vers le roi. Les doigts de sa main posée sur la table tambourinaient doucement, mais c’était le seul signe de son impatience. Tout le reste de sa personne était tendu comme un arc.

— Avez-vous réfléchi à ma demande ?

— Je dois vous avouer que votre récit m’a interloqué. Cependant, les évènements qui se sont déroulés dans le royaume sylvestre ont éveillé des échos qui ont de nombreuses similarités avec ce que vous m’avez raconté.

— Le royaume sylvestre ? répéta Turold, surpris.

— Le roi, mon père, est mort. Il a été maudit ou envouté par une fée maléfique qui était enfermée dans un miroir.

Les traits du prince s’altérèrent en une expression de chagrin, qui disparut vite. Pourtant, il regarda Blanche Neige avec une grande tristesse.

— Je suis désolé pour votre perte, princesse. Et je vois maintenant le rapport. Cette histoire m’a été répétée tellement de fois que je la déteste.

— Vous êtes donc au courant ? demanda Uwen.

Une grimace dépara le visage du prince.

— Les quatre aspects de la fée maléfique, dont nous avons la responsabilité millénaire… oh oui ! Croyez-moi, ils ont bercé mon enfance, mon adolescence et ma vie d’adulte. Pour ce que cela a changé…

L’amertume qui transparaissait dans la voix de Turold fit frémir Blanche Neige. Pourtant, quand elle croisa son regard, elle n’y lut que de la compréhension.

— La flute était gardée dans le château royal, au pied du volcan, au nord de la principale ville de notre petit royaume, Brisepierre, raconta-t-il, d’une voix monotone. Siècle après siècle, elle a percé nos défenses et s’est immiscée dans notre sous-sol, provoquant des tremblements de terre et des fissures dans le sol. Mon peuple a cru que c’était naturel. Jusqu’au jour où elle a complètement détruit les défenses magiques qui l’emprisonnaient. Le château n’y a pas survécu ; de nombreuses victimes ont péri. De la famille royale, seuls ma mère et moi avons survécu. C’était il y a six mois.

— Six mois, souffla Blanche Neige.

Au moment où ta belle-mère est morte. Au moment où la fée a été libérée de sa prison. Turold hocha la tête, les lèvres pincées. Lui aussi avait l’air aussi épuisé qu’elle.

— Alors pourquoi demander de l’aide maintenant ? demanda Anthéus, les sourcils froncés.

Un petit rire amer s’échappa de la gorge du jeune homme.

— La flute ne cesse de jouer, à toute heure du jour et de la nuit. Cela pèse sur nos esprits, conduit les gens à la folie et déchire la terre de plus en plus. Nous avons essayé de lutter, de survivre, mais c’est devenu intolérable. Mon père m’a toujours raconté combien il vous avait en haute estime. Et je me suis dit que…

Il s’interrompit et se mordit les lèvres.

— Votre mère ne vous a pas envoyé, réalisa Anthéus.

— Non, avoua-t-il.

— Que voulez-vous ?

— Comprendre comment détruire cet objet. Notre bibliothèque a été détruite dans la catastrophe. Je sais que vous possédez de nombreux volumes. Et je sais aussi que vous faites partie des quatre royaumes.

— Il parait, oui, souffla le roi, le regard perdu dans le vide. Quoique je l’ai oublié.

— Il doit bien y avoir des traces écrites de tout ça, fit Uwen, en se penchant en avant.

Il leva les yeux vers lui. Son expression se raffermit et il sourit.

— Certainement, mon fils. Et tant qu’on y est, on va chercher comment détruire l’épée.


Texte publié par Feydra, 14 août 2024 à 22h52
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