«

Le bus 237 arriva quelques minutes après qu’elles aient échangé un dernier rire. Caroline termina sa cigarette et l’écrasa au sol avant de monter en compagnie de sa meilleure amie. Elles allèrent s’assoir dans le fond comme elles en avaient toujours eu l’habitude et elles se partagèrent les écouteurs de Louise tout le temps du trajet jusqu’au lycée. 

Quand elles arrivèrent, les deux amies saluèrent le chauffeur, descendant ensemble du bus, elles entrèrent dans le bâtiment et s’assirent dans le préau, ayant encore une dizaine de minutes avant leur premier cours. Un groupe de quatre garçons passa devant elles et l’un d’eux s’arrêta affichant une mine ravie. 

- Allez-y, je vous rejoins. dit-il à l’encontre de ses amis avant de s’avancer vers les filles.

Il embrassa la joue de Louise et ébouriffa les cheveux de Caroline.

- Salut microbe. dit-il à l’encontre de la blonde.

Caroline pesta tout en se recoiffant en s’aidant du reflet dans la baie vitrée du préau. Louise laissa échapper un léger rire à la vue de cette scène.

- Laisse-là donc tranquille, Flo’. dit-elle au grand brun qui n’était autre que son frère aîné, Florian.

Elle fronça alors les sourcils.

- Qu’est-ce que tu fais là d’ailleurs ? demanda-t-elle, étonnée de le voir au lycée.

Caroline tapota alors l’épaule de Florian.

- Mais c’est vrai, qu’est-ce tu fous ici, t’es déjà diplômé non ? ajouta-t-elle.

Le jeune homme leva les bras, un air innocent au visage.

- Oulà du calme. Je viens juste récupérer un dossier pour ma licence. répondit-il à sa sœur avant de poser son regard sur la blonde. Et toi ne t’avises plus de me toucher comme ça. il fit mine d’être dégoûté à la vue des doigts de la jeune femme et s’essuya l’épaule.

Caroline leva les yeux au ciel.

- Bon, j’y vais moi. À toute Louise et à jamais Florian. lança-t-elle avant de repositionner son sac sur son épaule et de se diriger vers les salles de classe.

Florian et Louise la suivirent du regard, tous deux ayant un petit sourire au coin des lèvres.

- Elle est vraiment susceptible cette fille. dit alors l’aîné en posant son regard sur sa sœur.

Celle-ci acquiesça d’un signe de tête.

- C’est vrai. Mais tu la cherches aussi tout le temps, donc bon.

- Boh, c’est gentillet. Qui aime bien châtie bien, n’est-ce pas ?

- Oui. Mais ça reste Caroline.

Tous deux échangèrent un sourire. Florian était lui aussi attaché à la blonde. Ils se connaissent depuis petits eux aussi étant donné que Florian était le grand frère de Louise. Ils s’étaient toujours côtoyé et avaient beaucoup de souvenirs ensemble. Alors il était normal pour lui de l’embêter et de la taquiner à longueur de journée. Tant qu’elle serait réceptive à ses boutades, il ne s’arrêterait pas.

- Au fait. Je devais aussi te dire que papa a invité maman et Yves à la maison ce soir. dit-il alors sur un ton moins drôle.

- C’est une blague ? Ca fait une éternité qu’on l’a pas vu et il décide de l’inviter à la maison.. En nous imposant l’autre en plus. répondit la brune, agacée.

- Je sais, moi non plus ça me fait pas plaisir, mais dis-toi que papa pense nous faire plaisir en faisant ça. Il prépare même tout le dîner et le dessert.., ajouta-il.

- Il en fait beaucoup trop je trouve.. Il se donne tant de mal pour quoi ? Pour être jeté encore une fois ? Pour se prendre des remarques d’Yves ? T’as envie de les entendre le critiquer toute la soirée toi ?

- Non, bien sûr que non. Mais je sais que ça lui fera plaisir si on est là tous les deux. Je le fais pour lui.

- Si ça peut le rendre heureux de nous savoir tous réunis alors d’accord..

- T’en fais pas. Connaissant Yves, il ne va pas vouloir s’attarder. On va juste devoir les supporter quelques heures. Ensuite on se retrouvera de nouveau tous les trois.

- Moui. Tu as raison.

Elle se leva du banc pour venir se blottir dans les bras réconfortants de son aîné, celui-ci refermant ses bras autour d’elle. Il déposa un baiser sur le haut de son front, desserrant petit à petit leur étreinte. Ils échangèrent un dernier sourire, puis se quittèrent, Louise rejoignant sa salle de classe et Florian se rendant dans la salle des professeurs.

Depuis le divorce soudain de leurs parents il y a deux ans, tous deux s’étaient rapprochés. Ils avaient toujours eu une bonne relation fraternelle, mais depuis la décision juridique, Louise avait eu besoin de se rapprocher de son frère aîné. Elle avait eu besoin de réconfort et de comprendre le pourquoi du comment. Depuis ce jour, elle n’avait plus reparlé à sa mère et n’en ressentait plus l’envie. Elle avait été déçue. Déçue que cette mère qu’elle avait tant admiré ait brisé leur famille. Déçue qu’elle les ait tous rendu malheureux en quittant le foyer ce matin-là sans explication. Elle s’était sentit trahie et elle avait été peinée ce qui avait renforcé ses liens avec Florian et avec leur père. Tous les trois s’étaient trouvé un petit nom depuis: Les trois mousquetaires.