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8: les habitants de " Marteau Fort "

(Narrateur)

Le jeune garçon pris au piège à l'intérieur du village même où il a combattu, se retrouve encerclé par une horde de villageois en colère. Ne sachant pas, si il devait opter pour la fuite, ou un combat perdu d'avance, il choisit une autre solution; il allait les convaincre, car l'ogre avait en effet rendu un énorme service, en vérité, à Tioros: la parole lui était revenu en ce lieux.

Il commença à parler, tentant de convaincre la foule en colère, mais rien n'allait changer l'état des lieux; depuis sa venue, rien n'allait ! il était la cause en personne de tout les maux du village. Il finit tabasser par la foule, le rouant de coup de pieds et de coup de poings, à ce stade, même les enfants étaient de mèches.

Le corp de l'ancien chef et des combattants furent jeté à la rivière, afin de rejoindre un cours de la vie plus paisible, d'après les coutumes ancestrales de ce village. Et quant à Sanbom, il retrouva ses esprits, mais ne put se défendre en raison de son état lamentable.

(Tioros)

Nous étions aujourd'hui balancés comme des animaux en mauvais état, dans des cages insalubres, à l'odeur qui ferait fuir les plus gros rats.

Un jour passa, sans que nous nous parlions, ou bien échangions une seule parole. Il ne savait sûrement pas que je pouvais communiquer, il n'a pas du m'entendre hier, quand j'ai tenté de convaincre ces abrutis.

L'odeur, comme je le disais, aurait pu faire fuir les plus gros rats; elle flottait comme des notes d'instruments de musiques, avec une certaine légèreté à mon étonnement, et tout ça, sans la senteur d'une rose, bien sûr... le sol humide nous faisait croire qu'ils avaient emménagé juste avant nous un petit aquarium avec des piranhas.

Peut-être notre cellule allait être engloutit sous une avalanche de piranhas mordu de viande rouge vivante ?

Allait-il, à ma grande surprise, s'excuser, et nous libérez ?

Nan ! Franchement, la première option était de loin la plus probable. Et puis, si je pouvais me retransformer, il me serait aisé, même dans l'eau, de tuer ces vilains poissons, faisant d'eux mon quatre-heures.

Les murs qui, dans un élan de folie semblaient nous traverser, nous submergeaient. L'épaisse couche de pierre grisâtre, rempli par ce qui ressemblait à des déjections d'animales, faisaient ressentir une ambiance malsaine et oppressante. De plus, l'endroit était étroit, et la faible lumière qui nous parvenait, venant du plafond, nous aveuglaient, au lieu de nous éclairer convenablement; je ne sais pas quelle genre de personne ils enfermaient avant notre arrivée, mais sûrement pas des gens comme Sanbom ou moi.

Les barreaux étaient trop haut pour être parcourus par mes petits bras, et pareil pour Sanbom. Aussi, je me suis dit qu'en se faisant la courte échelle, il serait peut-être possible de s'en sortir, mais la dure réalité nous a vite rattrapé: nous étions coincés, avec personne et sans atout dans notre main pour sortir. Les seuls sur qui nous pouvions comptés, se résumaient à uniquement nous, et personne d'autre !

Oh... je ne m'en était pas rendu compte... mes mains elles aussi sont liées. Par des chaînes de métal.

Et mon arbalète ?! Ils ont tous pris les enfoirés !!!

Je ne pouvais me tourner davantage les pouces dans cette endroit pourri. Il me fallait trouver une solution. Mais avant tout ça, il me faudrait expliquer au moins le stricte minimum à Sanbom. Et une fois ceci fait, je partirai à la recherche de Trognonnon. Il n'a jamais quitté mon esprit, mais malheureusement, impossible de faire quoi que soit pour aider, lorsqu'on est nous même dans la panade !

Je préfère être en capacité de réellement l'aider, que de me convaincre avec des discours rhétoriques, que je sais pertinemment hypocrite à souhait. Je ne t'oublierai pas, mon ami, mais je ne peux rien pour toi, pour le moment, désolé.

(Narrateur)

Une semaine environ, s'était passée, depuis les événements du village de Cocorico, jusqu'à l'arrivée de Tioros dans le village de " Marteau Fort ".

Une deuxième journée allait bientôt débuter.

L'aube se leva, et le Soleil frappa naïvement de ses doigts brûlants l'habitacle de Tioros et Sanbom. La porte, à peine visible dû à la saleté et la poussière environnante, ne saurait à jamais faire qu'office d'obstacle pour les deux prisonniers; elle paraissait lourde, et lourde elle l'était ! Elle faisait deux à trois la taille d'un ogre, c'en était presque absurde. Pourquoi avoir mis autant de moyen, alors qu'une porte plus petite et toute aussi résistante, aurait juste fait l'affaire ? L'entrée était teinte en noire, et évident soit-il, ne possédait pas de poignée avec écrit gentiment " prison ouverte, vous pouvez sortir quand vous voulez :)".

Sanbom, qui se réveilla avec un regard de chien battu, contempla sa cellule comme un hôtel cinq étoiles:

(Sanbom)- Quel endroit de merde...

(Tioros)- A qui l'dis-tu...

(Sanbom)- Toi aussi tu es prisonnier ? ça faire maintenant deux jours qu'on est ensemble dans cette cellule, une idée te viendrait pas en tête, à tout hasard ?

(Tioros)- Pour sortir, je suppose ? J'ai pensé au début à faire la courte échelle, mais l'endroit où nous sommes est " gigantesquement absurde ". On dirait une prison pour des créatures encore plus grandes que les ogres, haha !

Bah non, pour un faire pique-nique ?

(Sanbom)- Ahaha, tu n'as pas tort, euh... mais... tu parles, en fait ???

Tioros qui voulait justement éviter un malaise venait de commettre l'erreur la plus insolite de l'histoire de sa vie.

(Tioros)- J-j-je te dois une explication !!!

Tioros raconta les détails les plus importants, à savoir, comment il était arrivé dans leur village, ce qu'il avait comme infos du monde de dehors, les ogres, mais il omit un détail, pensant certainement qu'il ne valait mieux pas en parler tout de suite.

Le grand gaillard, fut choqué de ces quelques révélations, arborant autrefois un sourire expressif, il acquiesça les dires de Tioros. Et ses chaînes, en comparaison de Tioros, était épaisses. Ils avaient mis le paquet pour que ce géant ne puisse pas sortir.

(Sanbom)- Je ne peux plus ATTENDRE !!!

Tioros, au début craintif, répliqua:

(Tioros)- Hé ! Que crois-tu faire en criant ? Le pire qui pourrait nous arriver, c'est qu'ils viennent nous exécuter, alors arrête ton cinéma !

(Sanbom)- Ce n'est pas en attendant patiemment comme des animaux à l'abattoir, que l'on va se sortir d'ici !

Et alors que Tioros, allait lui répondre de se calmer d'un ton agaçant, quelques villageois armés débarquèrent:

(Noub)- Tioros et Sanbom, vous êtes tous les deux condamnés au bûcher pour trahison, et manipulation !

La foule d'il y a deux jours, s'était reformée, et attendait derrière la grande porte. Elle s'ouvra, laissant Noub, une personne ordinaire, mais qui par la force des choses, avait pris le rôle du chef, un chef temporaire.

Il était chauve. Avait les yeux marrons, un physique normal pour un quarantenaire, et avec quelques rides sur son visage. Il paraissait juste, et droit dans ses bottes. Et ça, personne n'allait pouvoir le changer.

(Sanbom)- Vraiment ? Tioros, t'es quoi au juste ?! Un devin ? UN VOYANT ?!!

(Tioros)- C'est de ta faute, je te signale...

Sanbom, voyant son irritation débordante, voulut y mettre un terme.

(Sanbom)- Désolé, je ne devrai pas m'emporter autant, c'est inutile.

Tioros était agréablement surpris par la capacité de Sanbom à se reprendre. Et il n'hésita pas à lui faire savoir:

(Tioros)- Pas de souci, l'ami !

Et tandis que Sambon s'apprêtait à lui répondre, ils furent interrompu dans leur discussion:

(Noub)- Gardes !

(Gardes)- A vos ordres, chef !

Le nouveau chef, les fit sortir du cachot, et les conduisit à un autre bûcher, que maintenant Tioros, semblait bien connaître.

(Tioros)- Cela me semble familier...

(Sanbom)- Bah pour ma part, pas moi...

Ils étaient sur le point d'allumer le bûcher; la foule s'agitait à l'idée que les fauteurs de troubles meurent, tandis que les flammes, produites par la friction des bâtons, scintillaient de plus belle. Comme une bougie, le feu ne se voulait pas agressif à l'origine, mais bienveillant, et dans le but de réchauffer l'homme, et non pas pour les brûler à vifs !!!

(Tioros)- Qu'est-ce qu'on fait ? Une idée, Sanbom ?

N'y trouvant rien à redire, Sanbom, fit non de la tête, acceptant sa défaite.

(Tioros)- Réfléchis ! Il y a toujours un moyen ! Si l'absurde existe, pourquoi pas nous, Sanbom ?

Tioros, grand philosophe à ses heures perdues, redonna un peu d'espoir dans leurs coeurs. C'était à la fois vrai, et possible. Mais que pouvaient-ils faire ?

(Tioros)- Les liens !

Il regarda Sanbom, ayant vraisemblablement un éclair de génie.

(Sanbom)- Qu'y a t-il ?

(Tioros)- Essaye de pencher ton buste dans la flamme.

Sanbom le regarda d'un air dubitatif:

(Sanbom)- Autant me le dire tout de suite, si tu veux ma mort...

(Tioros)- Le bûcher n'a pas l'air adapté à ta taille, et ce genre d'erreur ne se reproduira plus jamais à l'avenir. Au pire, tu te crames les poils du torses, mais tu peux sortir, me dénouer, et te barrer ?

(Sanbom)- D'accord. ça me va ton plan !

Tioros commença à parler plus doucement:

(Tioros)- Ecoute-moi Sanbom, notre plan peut fonctionner, mais il nous manquera du temps. Il faut donc trouver un moyen de les attirer loin d'ici, tu peux t'en occuper ?

(Sanbom)- Hmm... laisse-moi réfléchir... je crois effectivement avoir une idée.

Sanbom, emprunt à la fois de bonté et de malhonnêteté, avertit les villageois d'un désastre:

(Sanbom)- Villageois ! J'ai beau être un traitre, un menteur, un manipulateur, ou que sais-je de diabolique ! Mais ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que les corps déposés dans la rivière ont dévié de leur trajectoire, et tout ça...

Il pointa Tioros du doigt:

(Sanbom)- TOUT ça ! c'est à cause de Tioros ! Regardait ce qu'il a la main ! Il a une pierre, pierre qui a servi à bouger les corps.

L'explication de Sanbom n'allait pas du tout, pensa Tioros, mais les villageois, perturbés par les récents événements, ne réfléchissait pas plus que des singes en émerveillement devant les lois de la physique: eh oui, quand on tombe d'un arbre, " ça fait bobo au derrière".

Les villageois confiants des propos de Sanbom, s'en allaient pour au moins quelques minutes.

(Tioros)- Sanbom, c'est le moment !

Sanbom, était réticent de base, mais ne voyant d'autre moyen de s'en sortir, il opta pour ce plan de dernier secours.

Et Tioros avait raison ! Sa grande taille l'avait largement avantagé, les flammes brulèrent rapidement les liens de Sanbom, le faisant tomber tête la première sur le sol dur et froid.

(Sanbom)- Hmpf... !

(Tioros)- Allez ! Dépêche-toi ! On aura pas d'autres chances que celle-ci.

(Sanbom)- Oui, je me mets au travail tout de suite !

Il était sûr de lui. Ils allaient s'en sortir tout les deux. Sanbom défierait ses liens, et ils s'en iraient loin de ce village, car tout ce qu'il reste, c'est un village de gens fous. Et Tioros comme Sanbom, sont d'accord sur une chose: aucun des deux ne restera dans ce village !

Les liens commencèrent à se défaire, faisant comme un bol d'air frais pour Tioros. Un à un, les liens se rompirent, annonçant la victoire de Tioros sur le village des fous, mais aussi la victoire de la fuite.

Il n'avait aucune idée de ce qu'il ferait une fois enfui, et Sanbom, d'ailleurs, n'en savait pas plus que Tioros.

Une fois libéré, les villageois remarquèrent les deux prisonniers défaits. Ils les poursuivirent en leur hurlant des injures, promettant que s'ils les retrouvaient chez eux, ils les tueraient pour de bon.

Tioros, courait, comme à son habitude, mais cette fois-ci accompagné d'un ami à peine rencontré: Sanbom, vaillant guerrier au marteau, mais qui n'a plus son marteau...

C'est pas grave ! Ses poings sont assez redoutables pour terrasser quiconque les approchera !

Hormis les ogres...

L'herbe statique et élégante, d'un vert foncé, et doté d'un fort caractère, donnait du fil à retordre aux deux amis; la plaine ralentissait progressivement leurs cadences, en raison d'une hauteur se dessinant.

Quelques heures plus tard, ils marchaient à la place, abandonnant leurs courses de vitesses, au profit d'un marathon plus accessible.

L'air frais et vivifiant tapotaient leurs poitrines, et emplissaient leurs poumons d'une énergie vitalisant. L'atmosphère, devint soudainement glaciale: annonciatrice de nouveaux dangers.

Le froid virevoltait autour de Tioros, comme Sanbom. Elle les enroulait d'une épaisse couverture glaciale, tout en ravivant en chacun d'eux, leurs souvenirs les plus profonds et enfouis de leurs coeurs, qui désormais, et à jamais, seront impacté définitivement par ces évènements tout juste récent.


Texte publié par CrocBourbie, 2 juillet 2024 à 18h14
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