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4: Les champignons, ça se mangent ?!

(Tioros)

Je... Où suis-je ?

Les moments passés au village me revinrent en tête. J'avais l'impression d'être dans un rêve. Mais j'était bel et bien conscient. Quelle étrange sensation...

Mais... je n'étais pas seul. J'entendais des bruits. Ils se rapprochèrent, et pour les plus curieux d'entres eux, me tâtèrent curieusement.

(?)- Haaa! il dit d'une voix stridente, attention, ça bouge !

Des chuchotements firent leurs apparitions. Je n'osai pas ouvrir les yeux. Mais c'est pas comme si j'avais le choix; j'ose à peine imaginer ce qu'ils ont pu me faire lorsque j'étais endormi durant ces quelques heures, et je ne veux certainement pas le faire pour une journée entière.

(Tioros)- Hé !

(?)- AH!

(?)- IL A BOUGE

(?)- NE ME TUEZ PAS S-IL VOUS-PLAIT !!!

(Tioros)- Du calme, du calme.

J'ouvris les yeux, croisant leurs regards empreints de naïveté.

(Homme-Champignon)- Q-qui es-tu ? Nous ne voulons pas de mal aux étrangers. Mais tu dois nous promettre que tu ne nous feras aucun mal, ok ?

(Tioros)- Haha, aucun doute là-dessus ! J'ai eu quelques problèmes ces derniers temps. Je ne veux pas m'attirer d'autres ennuis. Comme vous appelez-vous ?

(Homme-Champignon)- Nous sommes les hommes-champignons !

(Homme-Champignon)- Et nous allons vous présentez à notre chef.

Un autre, arriva, l'air un peu plus sauvage, insouciant encore:

(Champignon-vivant)- Quel est ton nom ? Tioros, pas vrai ?

(Tioros)- Q-quoi ?! Je n'ai absolument rien dit ! Comment peut-il le savoir ? Est-ce de la chance ? Du hasard ?

(Champignon-vivant)- Héhé, rassure-toi, l'ami...

(Tioros)- Hein ?!

Il se mit à regarder le ciel, et me fit prendre conscience que j'étais à l'intérieur d'une bête.

(Tioros)- On est pas... euh... d-

(Champignon-vivant)- On est pas à l'extérieur, si c'est bien ce que tu penses.

(Tioros)- Mais alors... Comment fais-tu pour...

(Champignon-vivant)- Je suis particulier au sein de mon espèce. Mais ce n'est pas que physique. Je suis capable de lire dans les pensées des gens.

(Tioros)- Oh... euh, je comprends mieux.

(Homme-Champignon)- Arrêté de tergiverser ! Vous n'avez normalement rien à faire ici !

(Tioros)- O-oui...

Je me devais de répondre à chacune de leurs attentes. Hors de question pour moi de les blesser d'une quelconque façon. Non pas que j'en ai quelque chose à faire, mais j'aimerais, quitte à mourir, le faire en dehors de cette horrible bestiole.

D'ailleurs, je les avaient à peine aperçu. Si bien, que je ne voyais pas bien à quoi ils ressemblaient.

(Champignon-vivant)- Allonge toi. Des Hommes-champignons vont apporter une civière pour te transporter.

(Tioros)- M-merci...

(Champignon-vivant)- Ouahhh, t'es loin d'être un poids plume, toi !

Et à mesure que je m'endormais, il continuait à parler, me croyant certainement apte à écouter son monologue infinie.

Ils étaient au moins une dizaine à me soulever. J'étais vraiment étonné; parmi les humains, je suis ce qu'on pourrait considéré comme REELLEMENT un poids plume.

A mesure qu'ils me transportaient, je pouvais les voir plus distinctement: ils étaient blanc, et leurs têtes allongées en forme de champignon, étaient bleues, avec des petits points violets qui y figuraient.

Il y avait notamment un troisième oeil. Situé juste au-dessus de la tête, l'oeil paraissait hagard. Sa pupille noire et observatrice, cachait certainement quelque chose.

Leurs petites jambes et bras, me donnait l'impression qu'elles étaient disproportionnées en voyant leurs grosses têtes.

Aussi, j'avais cru voir qu'ils étaient tous nus, mais il en était rien; ils portaient une sorte de fourrure, identique à des ours bruns, et vagabondaient gaîment en piétinant doucement, mais sûrement le sol.

Quel jour sommes-nous ?

Je n'en sais fichtre rien, mais ce que je sais, c'est que je vais devoir me démener comme jamais pour sortir d'ici.

Une dizaine de minutes plus tard, ce qui me parut être une éternité, nous arrivâmes à une sorte de carrefour, où il y avait différentes pancartes:

[NORD: VILLE-CHAMPIGNON]

[SUD: OFFRANDE-MUFUS]

[OUEST: FORÊT-MAGIQUE]

[EST: CENTRE DE COMMANDE]

Visiblement, le plus logique était la ville-champignon. Mais combien de temps devrai-je encore attendre ?

Je déteste attendre !!!

Je veux sortir le plus vite possible d'ici !!

Est-ce que c'est trop demander ?!!

Ils reprirent la route, sans changer de direction, me précipitant tout droit chez eux. Un homme-champignon équipé d'une lance électrique semblait garder l'entrée.

(Garde-champignon)- Halte-là ! Oh c'est vous !

Le champignon bruyant de tout à l'heure, refit surface, et tenta d'expliquer la situation au garde:

(Champignon-vivant)- Hey !! vous allez bien ?? On a ramené quelqu'un de la surface mais il a dit qu'il était gentil ne vous inqui-

(Garde-champignon)- Quoi ?! C'est ça que vous cachiez dans votre civière ??!

J'ignore quel genre de personne m'avait retrouvé, mais semble-t-il, que je suis tombé sur des personnes plus enclines à faire confiance aux étrangers.

Est-ce que j'étais le premier à tomber ici ?

(Garde-Champignon)- Vous savez très bien qu'on accepte plus les étrangers depuis que...

Ou bien le dernier...

(Homme-Champignon)- Nous vous le supplions !

Ils se mirent à genoux, confiant de ma personne, ne voulant que mon bien être.

(Garde-Champignon)- C'est que... la dernière fois que j'ai accepté quelqu'un, le fils du roi est mort et...

(Homme-Champignon)- S'il vous-plaît ! Faites nous confiance ! L'étranger n'a rien d'un monstre !

Le champignon-vivant voulut prendre la parole, mais se fit pousser en arrière. Ils ne voulaient vraiment pas qu'il parle.

Ce champignon à l'allure particulier, semblait avoir fait une gaffe il y a quelques instants. C'est d'ailleurs pour ça, probablement, qu'ils ne veulent pas de lui pour le moment.

Je dois malheureusement avouer une triste chose: ce petit champignon me fait de la peine !Il me rappelle mon existence presque isolé dans ce village ! Nous n'avons presque rien à voir, mais ironiquement je pense que nous serons les plus à mêmes à se comprendre.

Mais il était trop rapide pour eux, et se précipita vers le garde, le menaçant:

(Champignon-vivant)- Att-

Le garde allait céder aux supplications des hommes-champignons, mais le champignon fourbe ne voulait pas courber l'échine devant le garde.

(Garde-Champignon)- Je vous laisserai passer, mais à une seule condition. Trognonnon, agenouille-toi comme l'exige la coutume, et j'oublierai l'existence de l'étranger.

(Trognonnon)- QUOI?!

Tandis que les autres remarquaient sa prise de position en tant que leader, ils tentèrent en vainde le dissuader:

" Arrête ça !"

"Ils étaient à deux doigts de nous dire oui... "

"Ferme-là idiot !"

"Tu ferais mieux de t'agenouiller " !!

" Tout est fichu, et c'est encore à cause de toi ..."

Mais cela, au lieu de dissuader Trognonnon, ne lui rendit que plus de véhémence; "il ne s'agenouillerait pas, et passerait car il doit aider un ami".

(Garde-Champignon)- Répète ça pour voir ?!

Il était énervé. C'est la première fois que j'en voyais un parler aussi sèchement. C'était effrayant, et à la fois drôle de voir leurs semblables s'emporter. Pour le coup, je les voyais avec beaucoup de difficulté, à faire du mal à autrui.

(Trognonnon)- Personne ne devrait s'agenouiller ! Pas même pour s'excuser ! Vous tous ici présent êtes la honte de notre espèce !

Le silence pris les devants. Et d'un signe inattendu, il leva son doigt en direction du ciel, et dit:

(Trognonnon)- Je ne m'agenouille que devant Dieu ! Je te défie de me faire agenouiller.

(Garde-Champignon)- Très bien. Mais je pense qu'il est mieux de régler ça après, ok ?

Un des hommes-champignons s'avança, et dit d'une voix faible:

(Homme-Champignon)- Laissez-nous passer ! Nous devrions vite le faire ausculter ! Qui sait les maladies qu'ils pourraient nous transmettre...

(Trognonnon)- Dans ce cas... DEPECHEZ-VOUS DE VOUS RENDRE DANS MON LABORATOIRE !!! Et n'oubliez pas de vous lavez les mains.

Il leur tendit les clés de son "laboratoire".

Une clé jaune, avec une inscription:

"Ceci est la clé de Trognonnon, si je la perds veuillez me la rapporter " SVP !"

Attends une minute... Pourquoi il a mis des guillemets aux "SVP! " ? Il ne connait décidemment pas les normes de politesse, ou alors il est juste étranger à ce concept ?!

Je fis semblant de dormir, ne voulant pas me mêler à leurs problèmes. Cependant, si les leurs au sein du village m'accueillaient aussi chaleureusement qu'eux, je leur devrai une fière chandelle. Est-ce que vivre définitivement ici serait une bonne idée ?

Et alors que je tentai de répondre à ma propre question, le garde qui nous avaient laissés passer, nous fîmes traverser un pont.

(Homme-Champignon)- Ok, nous y sommes ! Envoyez la civière avec l'inconnu, juste après, sautons !

Un saut ? J'ouvris mes yeux un instant, avec l'intention de rester discret, et m'aperçu qu'il y avait un trou gigantesque.

JE VEUX PAS SAUTER ICI !

(Tioros)- ...

(Homme-Champignon)- Les gars !! Ils se réveillent je crois !

Un autre lui répondit:

(Homme-Champignon)- On verra après. Sautons d'abord !

Ce n'était donc pas une blague. Il doit forcément y avoir quelque chose !

Réfléchi, réfléchi bordel ! Haha, oui c'est ça ! Ils vont pas tarder à me dire " oulala nous allons voler !".

N'est-ce pas ?!

Ni une ni deux, ils firent ce que j'attendais de pire; la tension était si forte en tombant dans ce trou, que je crus perdre toutes mes dents, et me vider de mon sang.

Puis, plus rien. Un vide pendant l'espace de quelques instants. Comme avec la bête qui m'avait aspiré, j'étais de nouveau endormi.

J'entendis de nouveau des chuchotements, lorsque quelqu'un de familier vint me réveiller:

(Trognonnon)- Salut salut salut !

(Tioros)- Salut...

Il était beaucoup plus petit que ses comparses, ne possédant pas en revanche le troisième oeil sur son champignon, une aura vivifiante semblait le parcourir.

(Trognonnon)- Ces voyages que l'on fait... tu ne sembles pas les supporter comme nous... Tu m'en vois navré, mais nous n'avions vraiment pas le choix !!!

(Tioros)- Pas de problème...

Il m'aida à me relever. Je ne fis pas attention à ce détail immédiatement, mais nous possédions une force équivalente, ce qui me surpris après coup. J'ouvris grand les yeux.

(Trognonnon)- Qu'y a-t-il ?

(Tioros)- Non rien. J'étais étonné de ta force.

(Trognonnon)- Hahahaha, merci !!

(Tioros)- Qu'est-ce que vous allez faire de moi ?

(Trognonnon)- Hmmm... que dirais-tu d'aller manger un bout avec moi ?

Je le regardai, confus en premier, puis lui souris.

(Tioros)- Allons-y ! Mais euh... Votre "Roi", il ne veut pas me voir ou...

(Trognonnon)- Ah... c'est que...

(Tioros)- Ils ne veulent pas de moi, c'est ça ?

Il plongea son regard honteux vers le sol, me rendant compte par ailleurs que nous étions dans une petite maison, et où ma tête touchait pratiquement le plafond; La maison était très simpliste, mais une autre pièce situé à l'opposé du petit lit sur lequel j'étais auparavant, abritait une porte avec écrit:

"Laboratoire de Trognonnon, intru pas entrez !"

Il y avait au moins une dizaine de portes comme celle-ci, mais étant trop éloigné, je ne parvenais pas à lire.

Comment pouvait-il y avoir autant de portes dans une maison ?

Soit, elle est vraiment grande et occupe des dizaines de kilomètres, soit autre chose s'y cache. Après tout je viens de faire la rencontre avec une énorme bestiole rempli d'un peuple d'hommes-champignons, alors pourquoi ne pas dire que c'est "magique" ?

(Trognonnon)- Oui, c'est ça !

(Tioros)-Huh...

Ah mais oui ! Ce p'tit gars lit dans mes pensées !

(Trognonnon)- Je vais t'expliquer pourquoi tu es ici, chez moi.

Effaçant sa gêne, il prit son courage, et me fit face:

(Trognonnon)- C-c'est de ma faute ! Il aurait dû t'accepter si je m'étais agenouillé ! Mais je trouve cette coutume idiote et-

(Tioros)- Et tu dois te battre contre le garde que tu as provoqué, c'est ça ?

(Trognonnon)- Oui...

Il marmonna: " je suis désolé..."

(Tioros)- Je ne t'en veux pas... Mais gagne au moins, je ne veux pas mourir...

(Trognonnon)- Des champignons comme lui j'en mange dix au p'tit dej pour rire !

Il était plus que confiant. Ce qui pouvait me donner l'impression qu'il allait gagner. J'espère juste qu'il n'exagère pas ses capacités...

De toute façon je ne tarderai pas à le savoir.

Une lettre parvint aux oreilles de Trognonnon, et me fit sursauter:

(Lettre-bruyante)- VOUS AVEZ ETE CONVIE A UN DUEL JE REPETE VOUS AVEZ ETE-

Trognonnon, semblait habitué à ce genre de choses, et d'un claquement de doigt, fit brûler la lettre en un éclair.

(Tioros)- T-tu as eu le temps de la lire au moins ?

Bah oui et non, mongole, c'est le but d'une "lettre bruyante".

(Trognonnon)- Tu as donné la réponse toi-même. Bref, tu es la raison pour laquelle je me bats, tu as donc l'obligation de venir, ou je serai disqualifier d'office.

(Tioros)- Oui, bien sûr.

(Trognonnon)- Allons-

Me souvenant de ce qu'il se passerait si il utilisait la magie sur moi, je le coupa net dans sa phrase.

(Tioros)- ATTEND, attend... rassure moi... je ne vais pas tomber dans le coma à nouveau ?

(Trognonnon)- Ahem...

(Tioros)- N'y pense même pas.

Il me regardait, fit tourner son doigt, et m'immobilisa; j'étais enchaîné subitement, et il nous téléporta sans encombre au lieu-dit.


Texte publié par CrocBourbie, 2 juillet 2024 à 18h07
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