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Kandorr - Livre I - La Guerre des Éléments
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Génèse - Le Jour et la Nuit

0 E.D.

A l'origine du temps il n y avait rien, rien d'autre que ce dernier et celui-ci était appelé Ô, le dieu invisible, le silencieux, l’absolu.

A l'orée du premier cycle, lorsque le monde visible fut créé, le temps se scinda et, du néant, naquirent deux nouveaux êtres divins.

Sans qu’aucun ne précède l'autre, il y eut un être masculin, Zephus, qui éclaira le monde de son jour fait de la lumière la plus pure et il y eut un être féminin, sa sœur jumelle Didëna, qui le recouvra de sa nuit, dans les ténèbres les plus obscures.

L'un ne pouvait exister sans l'autre et l'autre ne pouvait subsister sans l'un. C'était l’âge de l'équilibre, le commencement de la première ère : l'Ère Duale. Le monde qui prenait ses premières formes fut alors appelé Kandorr.

Les divinités jumelles tournaient ainsi en faisant avancer le temps sans jamais pouvoir se rencontrer, si ce n'était à de rares occasions lorsque le jour croisait la nuit.

Leur rôle était de maintenir la balance et ils furent connus à travers les âges comme les deux archimages originels, le Blanc et la Noire.

Durant cette ère, les premiers êtres apparurent et Zephus et Didëna choisirent à l'aube de les appeler les Nephilims. Ces derniers, les Premiers Nés, étaient immortels et avaient le pouvoir de s'adapter au jour éclatant et à la nuit noire.

Ils disparurent néanmoins au crépuscule de cette ère et l'on raconte encore aujourd’hui qu'ils sont les observateurs du monde depuis, attendant le retour de l'équilibre.

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Tourne, tourne, Ô, Temps

Entre le Jour et la Nuit

Cède, cède, Autant

Aux Souvenirs qu’à l’Oubli

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Prologue - Les Étoiles Tombantes

706 E.E.

C’était un après-midi de Nuit Ascendante, la saison la moins lumineuse à Kandorr, étonnamment chaud cette année-là. L’astre du jour, Seïros, redescendait sur la mer occidentale et au Sud, l’on pouvait voir se lever Shayna, la petite Lune Grise. Elle allait rejoindre sa grande sœur, la Lune Blanche Menaë, déjà haute, qui arrivait plus lentement du Nord.

Si Menaë était si blanche, c’était qu’à l’inverse de sa petite sœur qui reflétait les rayons de Seïros, celle-ci émettait sa propre lumière. Une lumière blanche et pure qu’on disait être le dernier souvenir de l’archimage Zephus, comme un phare qui jamais ne s’éteint.

Sur les rivages occidentaux du continent, non loin de la cité des Sages d’Astherya, les hommes, femmes et enfants de la région s’étaient réunis pour assister au rare phénomène qui allait se présenter ce jour. Certains venaient même des autres régions du continent parmi lesquels des marchands ambulants qui profitaient de ce grand rassemblement pour commercer ou encore d’autres voyageurs simplement curieux.

De nombreuses échoppes s’étaient amassées le long de la côte au cours des journées qui avaient précédé. Bijoux et montres à cristaux, épices et thés, tissus et cuirs, herbes et potions, armes et amulettes venant des quatre coins du monde étaient exposés sur la jetée. Des charlatans en profitaient également pour tenter de refourguer leurs camelotes prétendument venues des royaumes élémentaires cachés. D’autres pour faire passer des rongeurs ou des oiseaux exotiques pour des créatures magiques qui ne se montrent que rarement aux yeux des continentaux, au point d’être même considérés par la plupart comme des mythes et légendes.

Sur les plages, des fantasques venus de la région d’Alandros s’adonnaient à divers spectacles, il y en avait qui dansaient et d’autres qui jonglaient de quilles et de bolas enflammées, entourés de la foule qui chantaient et les acclamaient. En divers lieux, l’on pouvait aussi voir des musiciens, amuseurs et acrobates en tout genre mais également des bardes qui contaient les légendes et les nouvelles du monde assis autour de feux de camp. Les sourires parcouraient tous les visages.

Au Nord de là, dans sa tour qui dominait la colline à flanc du rivage, le Sage Remiel, maître de l’académie des astromanciens d’Astherya, observait attentivement les deux astres lunaires se rapprocher l’un de l’autre. Si ses calculs étaient exacts, et ils l’étaient toujours, les deux lunes devraient se croiser à l’Ouest au moment précis où elles passeraient devant Seïros, formant ainsi une rare éclipse jumelle, un phénomène qui n’a lieu environ que tous les trois cents ans. On appelait ce phénomène une Éclipse Noire, la seule éclipse durant laquelle tout Kandorr était totalement privé de lumière.

Si ce moment était si rare, c’était aussi parce que l’inclinaison des orbites des deux astres étaient elles aussi variables et que leurs mouvements dans le ciel étaient diamétralement opposés et inégaux. C’est en tout cas ce qu’essayait d’expliquer Remiel aux non initiés à sa science sans que ces derniers y comprennent grand chose ou pire, ne le prennent pour un vieux fou.

Les légendes oubliées racontent que depuis l’apparition de la seconde lune Shayna, cette singularité se serait accompagnée de cataclysmes qui auraient bouleversé les lois de Kandorr. Tremblement de terre et raz-de-marée avaient jadis changé la face du monde et l’astromancien était à la fois impatient et anxieux de voir si ces légendes, dont il était l’un des rares à connaître les récits, allaient se répéter et si une nouvelle calamité s'apprêtait à s’abattre à nouveau sur le continent.

La Lune Grise atteignit son périgée au moment même où elle et la Lune Blanche passèrent devant Seïros. Du fait de sa plus proche distance, bien qu’elle soit plus petite, elle recouvra parfaitement l’image de Menaë qui, à son apogée, masquait totalement l’astre du jour.

A cet instant, la voute céleste fut d’un noir si profond que même les étoiles, désormais visibles, semblaient être dévorées par l’obscurité. L’on aurait dit que toutes sources de lumière étaient prisonnières des ténèbres autour du disque noir formé par Les trois astres enlacés.

Toutes les cités du monde connu, des plages d’Astherya au lac d’Alandros, avaient les yeux levés au ciel pour admirer dans un silence solennel l’étrange beauté de cet instant. Sans en comprendre l’origine, ce tableau évoquait aux kandorriens un sombre et lointain passé, comme si les stigmates d’une douleur étaient profondément ancrés dans leur être et provoquaient en eux une terreur instinctive.

D’un geste uni, sur les rivages des mers et sur les plages du monde entier, les foules amassées allumèrent en chœur des lanternes qu’ils firent s’envoler vers le ciel. Des centaines de milliers de boules scintillantes d’un blanc pur atteignirent la hauteur des nuages, tel une nuée de lucioles à la recherche de leur dieu disparu.

Bien que les mémoires l'eut oublié, c’était là un rite ancestral perpétué par les continentaux depuis des siècles en hommage à l’Archimage Blanc qui disparu à la fin de l'Ère de la Lumière. Cette ère qui vit naître les Hommes et les Femmes et qui s’acheva dans les ténèbres bien avant l’apparition de Seïros et de Menaë, venus les sortir de la Nuit Éternelle.

Tous restèrent silencieux en fixant le ciel et attendirent que les lanternes disparaissent pour laisser place à nouveau à la lumière des astres. Au milieu de l’éclipse et sans aucun présage, le ciel s’embrasa soudainement d’un rouge sombre à faire bouillir le sang et le silence laissa place à cette viscérale terreur.

Les foules s’échangeaient des regards inquiets sans savoir que dire ou que faire. Il n’y avait vraisemblablement aucun endroit où fuir et nul augure de ce qui allait advenir. Tous se figèrent sur place, tremblants et pétrifiés, à observer l’inqualifiable scène.

Subitement, tous les feux allumés s'éteignirent, comme happés par le néant et les enfants, apeurés, se mirent à sangloter. L’astromancien qui observait la scène par sa lunette l’abandonna et rejoignit la terrasse au sommet de sa tour pour voir le paysage dans son ensemble. La mer était noire tout comme la terre et le ciel devint entièrement cramoisi, ne laissant plus entrevoir les astres.

C’est alors que, dans une explosion retentissante et aveuglante, les étoiles transpercèrent le voile rouge puis tombèrent et filèrent à toute vitesse depuis l’ouest en direction d’Astherya et du reste du continent.

La terreur céda place à la panique, aux cris et aux pleurs et les cohortes tentèrent de fuir le plus loin des côtes. Le maître de la tour s’abrita lorsque les trainées passèrent quelques centaines de mètres au-dessus de lui. Il ne s'agissait pas là d’une simple chute de météorites comme cela arrivait quelquefois mais bien d’une pluie de feu qui s'abattit sur le continent tout entier, réduisant sauvagement à néant temples et villages, forêts et plaines et faisant bouillir les mers et les rivières.

Le cataclysme fut bref, presque onirique, et lorsque l’éclipse prit fin, les deux lunes se séparèrent et le ciel revint à son apparence d’origine comme si de rien n’était. Tout le monde reprit lentement ses esprits, dans la confusion d’un réveil brutal au milieu d’un cauchemar. Ils se précipitèrent alors vers les terres craignant que les flammes aient réduit en cendres leurs maisons ou pire, tué leurs proches.

En quelques instants, les plages furent désertées, laissant place à une âpre tranquillité funeste et Seïros se coucha paisiblement sur la mer occidentale laissant les lunes éclairer la nuit.

Au petit matin, le continent s’éveilla. Plusieurs milliers de personnes avaient perdu la vie, consumées, sans laisser la moindre trace de leur existence. Les cités de lumière avaient quant à elles survécu, gardant néanmoins les cicatrices de ce soir de drame qu’elles baptisèrent Ignis Vroch’, la pluie de feu en ancienne langue. L’orage s’installa et l’eau se mit à couler par averses. Certains se laissèrent penser que les dieux voulaient soigner les plaies du monde et éteindre les flammes qui l’avaient ravagé.

L’orage laissa place à de nouvelles éclaircies et les vivants pleurèrent les morts.

A l’Est du continent, au sommet d’un obélisque gigantesque fait de pierres blanches noircies par le drame, quatre silhouettes encapuchonnées observaient le lever de Seïros pour la première fois. La lumière chaude sur leur visage leur procura une joie immense laissant se dessiner sur leur lèvres un sentiment d’accomplissement.

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Aux étoiles tombées

Dans le ciel sans lumière

Aux esprits naufragés

L’ombre n’est plus prisonnière

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Texte publié par Jerry Sting, 27 juin 2024 à 20h57
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