Ils étaient dans un café retiré dans une petite ruelle à New York. Loin du bruit de Klaxons incessants des rues principales. C’était un café calme, pas trop chic mais d’une sérénité qui le rend favorable à ceux grands et réputés qui accueillent tout au long de la journée des bandes d’abrutis qui se mettent à boire jusqu’à s’assommer. Allongé sur un canapé couleur bleu pastel, Liam fixait un point qui se situait un peu au-dessus de sa tasse de café posée sur la table, tout en caressant, de son index, sa lèvre supérieure. Il ressemblait en ce moment à un corps vide, dont l’âme s’est mise à se balader, librement quelque part en dehors de ce café. Où ? Personne ne le savait . Mais sûrement, son cerveau réfléchissait uniquement à ce meurtre.
- Il est tellement rare de voir UV s’isoler dans un endroit calme pour réfléchir. Il parait que cette affaire te donne du fil à retordre hein ! Je dois commémorer le jour de la mort de cette fille. Le jour de l’apparition du tout premier dilemme pour UV ! Mmmm !! C’est tellement délicieux ! Dit Alexa.
Elle était assise face à lui, de l’autre côté de la table. Elle s’adossait sur le dos de son canapé, croisait les pieds et portait une assiette à sa bouche, dévorant une crêpe sucrée dans une vitesse qui semble risquer de lui donner une indigestion. Elle était effectivement gourmande. Mais, dotée d’un fort métabolisme, ne prenait jamais de poids. La chance !!
- Au fait ! Personne n’a réfléchi à vérifier les caméras de surveillance ? Demanda-t-elle la bouche pleine.
Revenu parmi les humains, UV lui lança un regard exaspéré avant de dire, d’un ton monotone:
- Non.
- Quoi non ? S’impatienta Alexa.
- Le criminel est un hacker. Moi et lui sommes égaux.
Liam disait cela d’un ton très agacé.
- Ne me dis pas que quelqu’un t’as surpassé ? Oh Dieu ! Il parait que ma vie n’est pas en veine ! Il y en a finalement un, dans ce monde qui est plus fort que…
Alexa ne s’exclamait de la sorte rien que pour taquiner son ami. Mais le regard menaçant qu’il lui lança la fit taire immédiatement.
Même de si beaux yeux peuvent lancer des dards quand on tape leur propriétaire sur les nerfs.
UV était un hacker exceptionnel, qui avait été, sans aucun effort, classé premier en piratage. Mais apparemment le criminel dont il est question est très compétent aussi. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il est meilleur que notre héros. Les caméras de surveillance de tout le voisinage de l’université ont été éteintes aux alentours de l’heure de l’assassinat. Bien sur quelques unes, qui se trouvaient du coté du laboratoire à l’extérieur, restaient fonctionnelles, mais la fenêtre à travers laquelle le coupable s’était enfui était dans un angle mort. UV le vit, grâce aux caméras.
Sachant que le dysfonctionnement soudain des caméras n’était évidemment pas une coïncidence, il tenta grâce a ses talents de piratage de localiser le pirate qui a embrouillé les caméras. Mais cette personne a immédiatement dressé ses défenses. Et une bataille de piratage intense a pris lieu. Dès que Liam faisait tomber un mur fictif de défense, un autre se levait. Hâmeçonnages et attaques se succédèrent dans une boucle qui risquait d’être infinie. Raison pour laquelle, cette bataille finit par un compromis des deux côtés de se retirer. UV avait une méthode d’attaque spéciale. Et l’autre partie ne manquait pas de créativité non plus. Ainsi, UV ne tenta plus rien par la voie de l’ordinateur. Au lieu de cela, il se mit à investiguer le seul enregistreur-vidéo qui ne pourrait jamais être piraté : la mémoire humaine.
Le voilà, se tenant devant le portail principal de l’université. Cette grande université, n’était en rien un simple bâtiment comme les autres. On aurait cru en premier lieu que c’était plutôt un palais ou un musée. Une architecture ancienne, des tours énormes, et une clôture élégante. Comparée à l’école des sorciers d’Harry Potter, Poudlard, celle-ci paraissait tout simplement un peu plus réaliste et moins magique. De plus, elle était entourée sur son périmètre par un fleuve traversable seulement par ce petit pont à l’entrée.
Ce palais est un trompe-oeil. De l’extérieur, son allure nous donne l’impression qu’on nous présentera, à l’intérieur, des parchemins et des plumes à encre pour écrire avec. Mais une fois qu’on y met le pied, le niveau de technologie nous aveuglait même. Les laboratoires sont accessibles seulement avec la technologie biométrique de scanner de l’iris de l’oeil. C’est pourquoi, Liam conclut que le criminel était quelqu’un de connu dans l’université. Et le nombre de personnes dont les données biométriques sont enregistrées dans les dossiers de l’université n’est pas illimité. Mais par contre c’est un nombre important. Il comprend les étudiants actuels et les anciens, les enseignants, les surveillants, le personnel, les membres de l’administration, et quelques personnes connues du domaine de la recherche scientifique qui visitent souvent les laboratoires. Toutes ces personnes sont, pour le moment, suspectes.
UV fit un tour des murs de l’école, et puis se tint devant la fenêtre à travers laquelle, le coupable s’est enfui. Dans la pelouse au-dessous rien ne parut anormal et aucune trace n’existait. Bien sur, le coupable était méticuleux. Il n’aurait pas commis une erreur aussi grotesque que laisser des empreintes.
Puis, Liam essaya de percevoir si quelqu’un qui se tiendrait au delà du fleuve qui entoure l’université aurait pu voir même la lueur d’une personne qui grimpait un mur le jour de l’incident. Il tourna dos contre le mur de l’école se tenant exactement au niveau du projeté orthogonal de la fenêtre sur le sol. Et regarda au loin. Il y avait un petit bois par cette direction. Liam pensa alors avec amertume:
Zut ! Qui peut bien errer cet après-midi là dans un bois désolé. Il décida quand même d’inspecter le lieu. Il s’y est dirigé directement. Puis se tenant là-bas il vit que, si quelqu’un se trouvait par hasard dans ce bois, il aurait bien tout vu.
Le problème était qu’il s’était passé exactement cinq jours depuis l’incident. Même si quelqu’un a visité cet endroit, ses traces auront sans doute disparu par la pluie de la veille. Il se maudit intérieurement pour ne pas avoir inspecté le lieu plus tôt.
Mais, heureusement, quand il pensait à quitter les lieux, des chaussettes sales et trempées attirèrent son attention. Sous le pied d’un arbre étaient jetées des chaussettes grises. À juger par leur couleur qui commençait à ternir, elles étaient la depuis un bon temps déjà. Il les ramassa alors, les mit dans un sac en plastique qu’il ferma ensuite fermement. Il espéra que ces chaussettes puissent être identifiées et ainsi il pourrait interroger son propriétaire. Il envoya alors les pièces aux laboratoires d’extraction d’ADN, et le temps que les résultats sortent enfin, il s’informa un peu plus sur la victime.
Elle s’appelait Kristen Fransisco, elle était effectivement la fille d’un ancien ministre, d’une famille évidemment aisée et elle étudiait la médecine légale comme spécialité. D’après sa famille, elle était restée après les cours pour s’exercer sur quelques expériences, étant l’étudiante laborieuse qu’elle était.
La victime avait, accepté de l’eau de son agresseur. Elle était donc familière avec cette personne. Donc, UV devait prêter attention à tout son entourage y compris sa famille et ses amis. Surtout, étant d’une famille impliquée politiquement, il était très probable qu’elle ait été trompé par un proche. UV ne pouvait pas se restreindre de douter de tout le monde à commencer par son père :
- Vous étiez où lorsque votre fille est décédée ?
- Je travaillais au bureau. Disait M.Fransisco, se mouchant et versant péniblement deux larmes, ressemblant énormément à un alligator. Sa situation, incite la compassion de la communauté, ce qui était en sa faveur.
Les doigts de Liam dansèrent alors immédiatement sur le clavier de son ordinateur, et il accéda finalement, d’une de ces vitesses, la caméra de surveillance du bureau de M.Fransisco pour trouver qu’il y était vraiment.
Bien sûr, il sut directement que cette séquence n’était pas truquée. Et de plus, Liam était sûr, dès lors, que l’ancien ministre ne pouvait pas être le coupable. En effet, le vrai assassin était très intelligent et calculateur.
La victime avait un petit frère de 6 ans. Il est loin d’être apte à faire quoi que ce soit. Sa mère, était à l’hôpital, elle avait une gastro-entérite et donc se faisait injecter des médicaments par voie intraveineuse. Le reste de la famille de Kristen était tout aussi occupé et cela avait été prouvé par Liam.Il ne pouvait plus douter de sa famille.
Il demanda alors, à sa mère lorsqu’il l’avait visité à l’hôpital :
- Mme Fransisco, votre fille défunte n’avait pas de petit-ami?
Les traits de la mère s’assombrirent aussitôt et l’ombre d’une colère fulgurante traversa ses pupilles lorsqu’elle répondit d’une voix caverneuse, mêlant indignation et désolation :
- Ma fille n’a jamais été bonne juge de caractère. Son pète-sec de petit-ami n’a pas eu le cran de se montrer même dans son enterrement. Elle était trop innocente la pauvre ! Et lui, un diable de gigolo, rongé par la honte d’avoir utilisé ma fille pour subvenir à ses besoins, s’est volatilisé lorsqu’elle était morte !!
- Vous aurez besoin de me communiquer tout ce que vous savez sur lui madame. Répondit Liam le coeur un tout petit peu attendri par le deuil de la femme. Mais rien qui puisse lui arracher une grimace. Son visage de marbre restait impassible.
- Avec plaisir ! S’il vous plait monsieur ! Si jamais vous le trouvez maudissez le pour moi !… Mais au fait, pourquoi investiguez vous encore l’incident de ma fille ? N’était-il pas prouvé être un incident ? S’il vous plait répondez moi honnêtement monsieur le détective. Répondit-elle soudain apeurée.
- Calmez vous Mme. Je vérifie tout simplement. Liam dit cela non pas par pitié ou souci pour elle. Il n’avait ni le temps ni l’envie de lui expliquer quoi que ce soit ou de supporter ses émotions. La laissant ainsi suspicieuse, il sortit sans un mot de plus. Un sacré tempérament effectivement !!
Il commençait déjà à deviner les éventuels coupables. Et le petit-ami ami de la victime en faisait partie.
Son prochain arrêt était donc sa demeure, un petit studio dans un recoin de New York là ou le loyer est le moins cher, mais où les conditions de vie sont en contre partie insupportables.
Le petit-ami de Kristen s’appelait André et il prétendait être un « gamer » professionnel, et Kristen, la pauvre, usait de l’argent de sa famille pour nourrir son rêve. Après la mort de sa petite amie, il a tout simplement disparu. Quand la famille de la défunte est venue le prévenir, son studio était vide. Il était parti sans laisser aucune information, comme-ci son existence n’était qu’un conte.
Liam entra dans le studio, qui ressemblait admirablement à un trou à rats devant lui.
- Il parait que notre cher André est parti en hâte, pour devoir laisser derrière lui tout ce bric-à-brac ! Se dit Liam.
La salle, en plus de l’odeur d’oeufs pourris qui en dégageait avait une luminosité affreuse et accueillait bien plus d’objets qu’elle n’en pouvait supporter. D’après la nature de ces objets, il parait que cet homme était vraiment un gamer. Le problème résidait quand même dans le fait que le matériel que cet homme avait laissé paraissait tout neuf. Il semblait d’après la masse d’objets abandonnés que cet homme a renoncé à son rêve. Et n’a même pas pris la peine de vendre son ancien matériel.
Un détail attira après l’attention de Liam dans le tas de machineries.
Pourquoi un gamer aurait-il besoin d’adaptateurs wifi et d’un mini-ordinateur ?
C’était exactement, ce dont Liam avait besoin pour interpréter le trafic réseau et attaquer des plateformes.
- Donc notre ami en fugue était aussi un hacker. C’est inattendu ça ! Se dit Liam en souriant du coin de la bouche. Serait-il ce même hacker qui a hacké les caméras de surveillance de l’université et a contré mon attaque tout à l’heure ?
Tout en réfléchissant, Liam baissa la tête pour regarder la photo d’André qui se trouvait dans la paume de sa main. C’était sa photo avec la défunte que Mme Fransisco le lui avait donné. André était un petit homme, bien plus gros que Liam. Il avait des origines mexicaines et apparemment, il ne se privait jamais de tacos. C’était vraiment un couple charmant qui s’entendait bien dans la photo. Mais le physique du gars était loin d’être comparable à celui du tueur. La largeur d’André était même plus grande que la largeur de la fenêtre à travers laquelle le vrai criminel c’est enfui.
- Hypothèse rejetée. Conclut Liam. André n’est pas le coupable. Mais alors pourquoi s’était-il enfuit ? Ça parait tout de même louche. Il devrait savoir quelque chose.
Liam devait absolument savoir plus sur cet homme.
Il rechercha alors parmi les déchets éparpillés par terre dans la salle, un indice qui pourrait lui fournir une information sur l’emplacement d’André. Il fouilla même les poubelles et ik y trouva heureusement dedans tout une pile d’offres d’emplois à mi-temps. Toutes les affiches étaient froissées mais Liam se devait de faire un tour dans ces différents cafés et restaurants pour demander des informations à propos d’André.
Il sortit donc et apporta, bien sur, avec lui tout ce qu’il jugeait important comme indice. Puis passa son après-midi tout entier à visiter les différentes places dans les affiches et y interrogea leurs chefs sur André. Finalement, il releva quelque chose d’important auprès du chef algérien d’un restaurant de Kentucky. Ce dernier était très occupé en ce moment de la soirée et il était d’une terrible humeur. Il dit donc d’un ton déplaisant et avec un accent algérien rigolo :
- Ci gamin a filé l’autrrre jour sans mé prévinir d’avance mi laissant tout sèl dans ci marrricage. Il dit partir plus vite et qu’il compte rrrivinirrr me rendre l’argent qu’il mé doit après ine simaine. Et maintinant ça fait cenq jours dijà. Il n’a pas mine de volèr. Mais si jami il tarde un jour. Wallah ji li transforme en un plat di pouli rôti !
- Donc André revient dans deux jours normalement. A-t-il rendez-vous avec quelqu’un ici ? Je dois attendre vendredi pour lui faire une visite surprise dans son studio. Il reviendra surement ramener quelque chose de chez lui. Se rassura Liam.
Ainsi, il laissa quelqu’un chargé de surveiller le studio d’André pour le prévenir dès qu’il se passerait quelque chose. Et revint chez lui.
Le vendredi, UV lisait calmement son manga du détective Conan lorsque deux événements se chevauchèrent. Il reçut en même temps deux messages différents. Le premier venait de la personne chargé de la surveillance du studio d’André, l’avertissant que celui-ci s’y était enfin montré. Et le deuxième venait du détective Reynolds, l’informant qu’un autre meurtre aussi étrange a eu lieu, et une autre femme en est la victime.
Est-ce une coïncidence ?
UV se leva d’un bon mis sa veste et d’un air sérieux quitta la maison, contemplant la sévérité de ce qui se passait.
Les deux crimes sont ils connectés ?
Est-ce le même tueur?
Est-il un tueur en série?
S’intéresse-t-il uniquement à l’assassinat des femmes?
Plongé dans ce genre de réflexion, Liam faillit rouler dans l’escalier.
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