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tome 1, Chapitre 1 « Ecna » tome 1, Chapitre 1

Message de l'auteur :

Bonjour à toustes,

Je m'appelle Flavien Jambou.J'ai toujours aimé créer des histoires. J'ai sorti en autoédition « L'envol », le premier tome de ma saga intitulée Air Quest.Ce qui explique la raison de ma présence sur ce site.Voici les 3 premiers chapitres pour vous faire découvrir cette histoire et vous donnez envie de lire la suite.Le livre est disponible en version numérique ou en version papier sur de nombreux sites (Fnac, Cultura, Amazon, Gibert, Librinova...)

Merci et bonne lecture.

Jour 1

— Voilà ! J'ai enfin tout ce qu'il me faut. Il ne me reste plus qu'à rentrer, se dit Sayu en quittant le marché, situé sur la grande place en plein cœur de la ville d'Ecna, sur l'île Ecna.

Sayu était une femme de 27 ans, à l'allure qu'on pourrait qualifier de « banale ». Elle avait les yeux bleus, les cheveux châtains, volumineux et tombants sur les épaules. Elle était habillée d'un tee-shirt rouge, d'une veste en cuir vert bouteille, portait un bracelet noir à l'avant-bras droit, un pantalon noir et des bottines marron.

Concernant Ecna, c'était la plus grande ville du Système Engrenage. Une ville immense. Les habitations étaient faites en briques de toutes les couleurs. Tous les autres bâtiments avaient une architecture bien particulière.

Ils étaient construits sur des poutres en fer, avec de grandes baies vitrées, et les quelques murs qu'il y avait étaient comme ceux des maisons. Seule la bibliothèque se démarquait des autres constructions. Elle était spacieuse et monumentale. L'avant et le toit étaient arrondis et l'arrière avait la forme d'une virgule. L'intérieur était magnifique, avec des rangées d'étagères et de tables qui s'étendaient à perte de vue.

Divers statues, places, fontaines et courants d'eau habillaient également la ville. Parmi eux, une rivière faisait partie des attractions locales. On pouvait la suivre de tout son long et marcher au-dessus, grâce à des dalles transparentes qui la recouvraient. Elle s'étendait sur des kilomètres et se divisait en trois au centre de l'une des places de la ville. Au point où se séparait l'eau, un geyser jaillissait aléatoirement, pour le grand bonheur et l'amusement des habitants. Ces derniers pouvaient s'y rendre ou aller autre part de plusieurs manières : à pied, en arpentant les rues toutes faites de pavés, ou via des tunnels de verre situés en hauteur un peu partout dans la ville ; en aéroceur, des véhicules situés à quelques centimètres au-dessus du sol, sur des voies dédiées ; ou enfin en empruntant le T-rail, un moyen de transport composé de deux wagons et se déplaçant à toute vitesse dans Ecna sur un rail en forme de T.

La ville, tout comme son ambiance, était chaleureuse ; peu de personnes vivaient dans les rues et des Juges patrouillaient consciencieusement. Mais ce qui faisait la particularité du Système Engrenage était justement ses engrenages. Ceux-ci étaient présents sur la façade de tous les bâtiments, ne cessant de tourner encore et encore. Au nord de la ville se trouvaient les bâtiments de l'Orbe, les seuls à être dorés, avec des tours démesurées, d'énormes engrenages où siégeaient les personnes gérant le Système. Impossible de les rater tant ils étaient grands et tant ils scintillaient au soleil.

Sayu vivait à Ecna depuis toujours. Elle connaissait parfaitement le trajet entre sa maison et le marché, qu'elle empruntait toutes les fins de semaine après avoir acheté ce qui lui fallait pour la semaine suivante.

Mais ce jour-là, tout ne se passa pas comme d'habitude. Au contraire.

En marchant le long des rues adjacentes, elle se fit attraper dans une ruelle de manière très soudaine et très brusque.

Sans qu'elle eût le temps de comprendre ce qu'il se passait, elle fut jetée violemment au milieu de la ruelle, sa tête cognant le sol. Ses achats du jour volèrent en éclats. Elle ouvrit les yeux et vit un homme se tenant face à elle. Il semblait quelque peu désemparé, mais son regard, avec sa manière de la fixer sans la lâcher, lui glaça le sang.

— Qu'est-ce que tu veux ? demanda Sayu d'une voix ferme, en colère, mais faible à cause du choc.

— Ce que je veux ? Tu vas me filer tout ce que tu as sur toi ! Crédits, bijoux et même tout ce que tu viens d'acheter. Vite ! cria-t-il.

Il avait beau hausser le volume de sa voix, celle-ci était tremblante comme si l'homme n'était pas sûr de lui.

— Ou quoi ? Va te faire foutre ! rétorqua Sayu.

Elle commença à bouger et à poser ses mains pour se relever, mais l'agresseur sortit un couteau d'une de ses poches arrière, se penchant vers son visage et le pointa. Sa main tremblait.

— Je te conseille de fermer ta gueule si tu veux rester en vie ! hurla-t-il, la voix vacillante. Je vais compter jusqu'à trois et tu vas tout me filer.

Sayu lui cracha en plein visage. Furieux, il donna un coup de couteau dans le bras de Sayu. Elle ne put s'empêcher de lâcher un cri de douleur.

— Refais encore un seul truc con dans ce genre et je t'éventre ! T'as compris ? Je vais compter jusqu'à trois et tu vas tout me filer, sinon je me sers moi-même !

Mais à peine sa phrase était-elle finie que Sayu lui asséna un coup de pied au niveau du tibia droit. Ce coup surprit l'homme le rendant encore plus furieux qu'il ne l'était. Il lui asséna lui-même un coup au visage de Sayu, comme une gifle, lui faisant cogner le visage contre le sol.

Et avant qu'elle ne comprenne ce qu'il se passait, elle vit l'agresseur sortir de son champ de vision et s'étaler par terre quelques mètres plus loin, inconscient.

Elle tourna la tête de l'autre côté et aperçut un homme qui se tenait dorénavant debout face à elle. Il fixait l'autre qu'il venait de mettre au tapis avec insistance. Après quelques secondes, son regard se posa sur Sayu.

— Je vais t'aider à te relever. Vas-y doucement, dit-il d'une voix douce.

Il aida Sayu à se remettre debout. Elle avait mal à la tête, ne se sentait pas bien mais était en vie.

Elle toucha son avant-bras qui saignait. En relevant la tête, elle vit à quoi l'homme ressemblait. Il était grand, costaud, trapu, avait les yeux marron et légèrement bridés, les cheveux courts, en piques, et une barbe touffue.

Il était habillé tout en noir, vêtu d'un débardeur avec floquées dessus en argentées les lettres M et S ; il portait des mitaines épaisses, un short avec des bandes argentées, de grandes chaussettes épaisses également qui s'arrêtaient juste avant le short, et enfin des bottes à lacets qui lui arrivaient peu avant les genoux.

Il donna à Sayu une impression de grande gentillesse. Il la regarda avec attention.

— Ça va ? demanda-t-il, toujours avec douceur.

— Ça va. Juste un peu de sang et un gigantesque mal de crâne, mais sans toi ç'aurait été pire. Merci pour tout.

— Tu n'as pas à me remercier, c'est normal. J'ai fait la partie la plus facile, tu as été très courageuse en prenant beaucoup de risques.

— J'insiste quand même, tout le monde ne serait pas intervenu.

— Malheureusement, soupira l'homme. En attendant, tu dois te faire examiner et soigner.

— Je t'assure que ça va, dit Sayu avec le sourire mais la mine affaiblie. Un bandage suffira pour mon bras, et du repos pour ma tête. Je suis embêtée pour mes courses, à dire vrai. Je vais devoir tout racheter.

— J'étais sur le chemin du marché quand j'ai vu ce qu'il t'arrivait ; donc si tu veux, on peut en profiter pour les faire ensemble ?

Sayu hésita. Après ce qu'elle venait de subir, faire d'emblée confiance à un inconnu lui faisait peur. Mais celui-ci ne lui inspirait que de la sympathie. Elle se dit que c'était peut-être stupide et naïf de sa part, mais elle choisit de le croire.

— Ça, à la limite, j'accepte, finit-elle par répondre avec un sourire.

— Je ne veux surtout pas te forcer, hein ! dit-il avec une pointe de timidité et de gêne.

— Ce n'est pas le cas, répondit-elle pour le rassurer. Par contre, je veux qu'on sorte de cet endroit.

Ils commencèrent à marcher dans la ruelle.

— Tu t'appelles comment ?

— Sayu. Et toi ?

— Sayu ? répéta-t-il. C'est sympa ! moi, c'est Mogi.

— C'est pas mal non plus, dit Sayu avec un sourire.

Sayu et Mogi sortirent de la ruelle et avancèrent en direction du T-rail. Mais après quelques minutes, une voix les interpella.

— Mogi ? Qu'est-ce que tu fais ici ? On commençait à s'inquiéter.

Il regarda Sayu, interloqué.

C'était un homme un peu moins grand que Mogi mais à la stature plus carrée. Il portait un long manteau bleu foncé qui lui descendait au niveau de ses chevilles, avec trois boutons blancs sur le côté droit, des manches amples s'arrêtant au niveau des mains. Un tee-shirt blanc, un pantalon beige et des bottines grises complétaient sa tenue.

L'homme était très légèrement marqué au visage, avait les yeux marron, les cheveux gris relevés sur le devant, un bouc assez dense et une légère barbe sur le reste du visage.

— Ah, Light ! En allant au marché, j'ai vu Sayu se faire agresser dans une ruelle. Je suis allé l'aider et là on se rendait au marché pour qu'elle refasse ses courses. Elle a tout perdu.

— Oh, merde, j'espère que ce n'est rien de grave !

Au fur et à mesure de sa phrase, Light fixait davantage Sayu, ce qui la perturba.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.

— Hein ? fit-il. Oh, rien ! je me suis perdu dans mes pensées en examinant tes blessures. Ça n'a pas l'air trop grave. Je te laisse gérer ça, j'ai d'autres choses à régler.

— C'est ce que j'avais prévu de toute façon, répondit Mogi.

— Parfait. Je peux te parler rapidement en privé ? dit Light à Mogi.

— Euh...oui... si tu veux, fit Mogi un peu surpris.

Les deux hommes s'éloignèrent de Sayu qui observa ce qu'ils faisaient.

La personne que Mogi avait appelé « Light » avait l'air de dire quelque chose d'extrêmement important. De son côté, Mogi semblait surpris et avait l'air de ne pas tout comprendre. Après quelques minutes, leur discussion prit fin. Mogi rejoignit Sayu tandis que Light s'en alla dans la direction opposée.

— Désolé, dit Mogi à Sayu, ç'a été plus long que prévu. On peut y aller si tu veux.

Ils s'en allèrent alors vers le marché.

Six Temps plus tard

Après être allés au marché, Sayu et Mogi se rendirent dans une maison située en périphérie du centre-ville.

Mogi ouvrit la porte et ils arrivèrent directement dans le salon où trois personnes dont Light, les attendaient sur un canapé et un fauteuil.

La première personne était assez petite, avait la peau métisse, un corps un peu mince mais des muscles bien dessinés sur les bras.

Elle était vêtue de vêtements lui collant à la peau, un pantalon blanc, des bottes noires et un débardeur rouge foncé. Mais ce qui dérouta le plus Sayu, était le masque qu'elle portait.

Il était noir, lui recouvrait tout le visage ainsi qu'une partie du cou et de la nuque lui laissant juste une ouverture pour chaque oeil. Cela glaça Sayu.

La seconde personne était une femme. Elle avec de longs cheveux roux, quelques formes et des taches de rousseur.

Elle était vêtue d'une chemise blanche, d'un gilet marron, sans manches, d'un pantalon bleu foncé, de bottes noires également, et d'une ceinture marron placée en diagonale autour de la taille et comportant deux trous. Elle portait sur le front des lunettes spéciales, marron aussi, avec de petits engrenages dorés. Les côtés allongés de quelques centimètres formant une sorte de cylindre qui reposait sur chaque œil, avec des verres opaques de couleur verte et une croix blanche au milieu. Le tout tenait avec un élastique.

Elle semblait observer Sayu. Cela l'interpella, mais Sayu préféra ne pas chercher plus loin.

— Ah vous êtes là, tous les deux ! dit Light en souriant. Ç'a été ?

— Oui, répondit simplement Sayu.

— Et tu te sens mieux ?

—Oui, merci.

—Tant mieux, répondit-il avec un petit sourire et un air soulagé. Tu t'appelles Sayu, c'est ça ?

— Oui.

— Dans ce cas, bienvenue. Tu connais déjà Mogi, mais je te présente le reste du groupe. Dans le fauteuil avec le masque, c'est Reytos, la fille affalée sur le canapé, c'est Becky et comme tu l'as entendu cet après-midi, je m'appelle Light.

— Eh bien, bonsoir ! dit-elle un peu gênée.

Reytos fit juste un signe de la tête pour dire bonjour.

— Salut, dit Becky en levant la main droite.

— En tout cas, reprit Light, je suis content que Mogi t'ait convaincue de venir.

— Comment ça ? demanda Sayu circonspecte.

— Je ne te cache pas que lors de notre rencontre tout à l'heure, alors qu'on discutait en privé avec Mogi, je lui ai demandé de venir ici avec toi après votre tour au marché, histoire de te changer les idées après cette journée. Je n'ai pas voulu te le proposer moi-même, et je conçois que passer par Mogi n'était pas des plus aproprié.

— Oh... Euh... ce n'est rien, dit Sayu un peu perdue. Mogi m'a juste dit qu'il rejoignait des amis et m'a dissuadée de passer la soirée seule après mon agression. J'ai hésité, mais il a insisté. En plus, il m'a dit que je lui devais bien ça ! ajouta Sayu feignant de se plaindre, en souriant.

— Eh ! ça, c'était de l'humour ! se défendit Mogi en souriant à son tour.

— Mouais... lâcha Sayu toujours en souriant.

— En tout cas, reprit Light, c'est gentil d'avoir accepté de venir.

— C'est surtout gentil de votre part, dit Sayu.

— Je t'en prie, assieds-toi, dit Light en désignant un fauteuil. Tu veux quelque chose à boire ou à manger ?

— Juste un verre d'eau, merci, répondit-elle en s'asseyant dans le fauteuil.

Light s'exécuta et tendit un verre d'eau à Sayu avant de s'asseoir à son tour. Sayu remarqua alors que tous les quatre étaient face à elle.

Elle prit une gorgée d'eau.

— Je dois t'avouer quelque chose, dit Light en joignant ses mains vers elle et en la fixant. Je ne t'ai pas fait venir ici uniquement pour que tu puisses te changer les idées.

Sayu fronça les sourcils d'incompréhension.

— Qu'est-ce que je fais ici, alors ? demanda-t-elle sur un ton légèrement méfiant.

— J'aimerais simplement te parler de quelque chose, si tu veux bien m'écouter.

Sayu se sentit bizarre. Elle était énervée par ce qu'elle venait d'entendre, mais en même temps, elle éprouvait une sensation qu'elle n'arrivait pas à définir. Elle était intriguée par ce que disait Light et par lui en général. Elle exprira par le nez et reprit son calme.

— Vas-y, je t'écoute.

— Merci. Je vais être direct et franc avec toi. Comme tu le vois, tous les quatre, nous formons un groupe. Nous voyageons à travers le Monde et pour être totalement transparent avec toi, nous sommes sur la Liste.

À ces mots, les yeux de Sayu s'écarquillèrent.

— Vous êtes vraiment sur la Liste ? Vous êtes donc des sortes de... criminels ? demanda-t-elle sans être sûre d'elle et avec une certaine appréhension.

Light fit une légère grimace montrant son désaccord.

— Non. Être sur la Liste n'est pas illégal. Mais la manière dont on parle de nous et avec laquelle on nous traite parfois prête à confusion.

— Mais vous avez bien quitté Engrenage, pour être dessus ?

— Pas nécessairement. Il y a deux façons de se retrouver sur la Liste. On y est inscrit après avoir quitté le Système, ou par défaut quant on est étrangers aux îles principales et qu'on arrive ici pour la première fois.

— Je l'ignorais.

— Dans tous les cas, les personnes présentes sur la Liste sont considérées comme étant hors Système.

Sayu laissa passer un blanc le temps de réfléchir.

— Pourquoi me dire tout ça ? reprit-elle.

— Parce que j'aimerais que tu deviennes notre cinquième compagnon.

Sayu ouvrit grand les yeux et eut un mouvement de recul, ne sachant comment réagir.

— Hein ? Quoi ? Moi ? Mais pourquoi ?

— Calme-toi, dit Light, je sais que c'est compliqué ce que je viens de te proposer.

— C'est peu de le dire ! répondit-elle avant de se calmer, doucement.

Elle but une nouvelle gorgée d'eau.

Light lui laissa du temps.

— Ça va mieux ? reprit-il.

— Oui, c'est bon. Mais je veux quand même une réponse. Pourquoi me vouloir dans votre groupe ?

— Parce que tu as réagi à la Pure pendant ton agression. Je l'ai senti quand je t'ai rencontrée.

— C'est n'importe quoi et même... impossible.

— Je peux te l'assurer. Sais-tu réellement ce qu'est la Pure ?

— Bien sûr. C'est une énergie mystique qui est interdite d'utilisation sur les îles principales, auquel cas on se fait tuer.

— Ce n'est qu'en partie vrai. Concrètement, tu ignores véritablement ce qu'elle est.

— C'est quoi, alors ?

— La Pure est partout. Ici, en ce moment même.

— Tu ne peux pas expliquer simplement ?

— La Pure, c'est l'air. L'air qui se trouve partout autour de nous.

— L'air environnant sert d'énergie ?

— Absolument et ce que tu dois savoir, c'est que nous réagissons tous à la Pure puisque nous réagissons tous à l'air. Mais il est surtout possible de la maîtriser.

— Tu veux vraiment me faire croire ça ?

— En s'entraînant, on peut la sentir autour de soi et donc la contrôler dans sa forme le plus à l'état brut. Tout le monde réagit à la Pure, mais tout le monde ne la contrôle pas. Cependant si on arrive à la maîtriser, elle peut devenir une arme.

— Une arme ?

— La plus puissante qui soit. Il est obligatoire de savoir la maîtriser pour pouvoir se battre. C'est essentiel à la survie en dehors du Système. Et l'utiliser est en effet interdit sur le territoire des îles principales ; aussi, mieux vaut ne pas tenter. Plusieurs, par le passé, en ont eu la tentation. Tous se sont fait avoir.

— Comment ça « la survie en dehors du Système » ?

— L'Orbe vous répète sans cesse que, en dehors d'ici, c'est dangereux. Ça fait même partie intégrante de votre éducation. L'Orbe n'a pas totalement tort car le danger existe bel et bien. Mais c'est elle qui a participé à la création du danger. La Liste n'est pas seulement une liste. Il s'agit en réalité d'un classement allant du plus fort au plus faible et établi à partir des victoires et défaites aux combats qu'effectuent entre elles les personnes qui figurent parmi la Liste.

— Attends... Quoi ?

— C'est la règle instaurée par l'Orbe et pas mal de personnes décident de leur plein gré d'être inscrites sur la Liste, pour pouvoir se battre. Une sorte de jeu un peu macabre. D'autres veulent juste voyager, mais se font tuer sans avoir rien demandé parce qu'elles ignorent la réalité.

— Donc l'Orbe nous empêche d'être réellement libres ?

— Pas de son point de vue. Rien ne vous empêche de quitter le Système, mais c'est à vos risques et périls. Pour ce faire, l'Orbe vous dissuade, grâce la Liste, de quitter Engrenage ; et au cas où cette idée devait vous prendre un jour, on vous met en tête, dès votre enfance, que le reste du Monde est dangereux, et que si vous décidiez d'aller vous en rendre compte par vous-mêmes, vous seriez des traîtres. Des hors Système. Et, au passage, ils rajoutent qu'il en va de même pour toute personne étrangère. C'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi la paix règne aussi bien ici...

— Mais pourquoi l'Orbe fait-elle ça ?

— Pour rappel, l'Orbe est gérée par le Suprême, puis par les Conseillers et enfin par les Juges présents pour faire respecter les lois. Le Système Engrenage ne représente pas moins de sept îles : des îles dont on ne voit pas le bout et dont la superficie correspond quasiment à la ville dont l'île tire son nom. Ecna est au centre, Fina, Imna, Bena, Opna, Vona et Akna lui sont tout autour. Tout cela est colossal et fonctionne parfaitement pour L'Orbe avec sa politique. L'Orbe dirige, gère, contrôle, analyse, espionne et enregistre absolument tout. En gros on vous manipule. On vous le fait savoir, mais vous l'acceptez car depuis toujours on vous dit que c'est normal. Beaucoup s'en rendent compte et le subissent faute d'en avoir le choix. Tout le monde n'a pas l'opportunité ou le courage de quitter ce Système et son oppression.

Sayu avait la tête baissée. Elle réfléchissait à ce qu'elle apprenait.

— Voir ce qu'il existe au-delà d'ici m'a toujours intriguée, reprit-elle. Mais je n'ai jamais osé tenter. Surtout que j'ai tout ce dont j'ai besoin, ici. Cela rejoint ce que tu dis, Light, l'Orbe ferait tout pour que nous nous sentions bien sur les îles principales et que nous voulions y rester à vie. Je dois bien reconnaître que ça marche, j'aime mon confort, et ma vie sur Ecna.

— Tu as tout compris, dit Light.

Un nouveau silence passa.

— Pourquoi vous voyagez ? Pour combattre l'Orbe et son oppression ?

— Non. L'Orbe a posé ses règles, on joue avec. Si on le fait, c'est uniquement pour nous.

— Pour vous ?

— Vois-tu, il y a une condition spéciale pour faire partie de ce groupe.

— Laquelle ?

— Une quête.

— Une quête ? Comment ça une quête ?

— Chaque membre du groupe a une quête à accomplir. Je ne voulais pas sillonner seul ce Monde pour réaliser la mienne. J'ai donc eu l'idée d'inviter d'autres personnes à m'accompagner, à la condition qu'elles aussi aient une quête nécessitant de participer à ce voyage. C'est ainsi que ce groupe s'est formé et qu'on en arrive à toi aujourd'hui. Je tenais d'abord à tout t'expliquer avant de te poser la plus importante des questions.

Sayu regarda l'ensemble du groupe.

— Sayu, fit Light gravement, as-tu une quête ?

Sayu prit une bonne minute pour y penser.

— En y réfléchissant bien, oui. J'aimerais pou...

— N'en dis pas plus, la coupa Light.

— Mais pourquoi ?

— Notre quête est personnelle, nous ne connaissons pas celle des autres. Cela permet d'éviter les jugements et de demeurer libre.

— D'accord, fit Sayu. Pourquoi pas, ça se tient.

— Ça fait beaucoup d'informations en même temps, je le sais.

Sayu se concentra.

— J'ai encore plusieurs interrogations en tête.

— Je t'écoute.

— Déjà, je voudrais savoir comment le classement dont tu m'as parlé est établi. Ensuite, concernant votre groupe, comment vous faites pour vivre ? Il vous faut des crédits, je suppose... Comment vous voyagez ? Et enfin quelle est votre place parmi la Liste ?

— Effectivement, voilà qui fait beaucoup de questions, mais elles sont très intéressantes, je le reconnais. Je vais répondre aux deux premières en même temps. Le classement se fait grâce à la carte magnétique du Système. Dans Engrenage cette carte sert à tout faire, elle est absolument indispensable notamment pour utiliser le T-rail, faire nos achats, etc. Eh bien ! c'est également grâce à cette carte que s'établit le classement. Toute personne née sur Engrenage se voit remettre sa carte à l'âge de 15 ans. Mais les personnes qui en seraient étrangères et viendraient ici pour la première fois doivent s'en faire faire une. Car, encore, sans elle, on ne peut rien faire ici. Nous avons donc une carte. Quand tu quittes Engrenage alors que tu y es née, ou bien que tu y arrives pour la première fois, l'Orbe te remet un lecteur de cartes magnétiques spécial. Ce lecteur n'est utilisable que par ta carte. Il est donc unique. Ce lecteur possède deux fentes, une première pour ta carte et une seconde pour celle de l'autre.

— L'autre ?

— Celui que tu affrontes. Si tu gagnes ton combat tu insères la carte de l'adversaire dans la fente qui lui est dédié et pareil pour ta carte. Une fois fait, le lecteur analyse les deux cartes et, suivant le profil des deux, tu peux gagner des places au classement. Plus tu gagnes, plus tu montes dans le classement. C'est aussi simple que ça. Et si tu bats plusieurs adversaires toute seule et qui plus est en même temps, tu passes les cartes une par une dans ton lecteur.

— C'est terriblement bien pensé.

— Comme tout, avec l'Orbe. Pour les crédits, déjà il faut savoir qu'ils ne sont utilisables que sur Engrenage. Sur les autres îles ou Systèmes, d'autres moyens existent. Mais dans notre cas, nous revenons souvent sur les îles principales, donc les crédits sont importants pour nous. C'est le cas pour beaucoup d'entre nous de la Liste. Parce que c'est ici qu'on trouve quasiment tout ce dont on a besoin. En passant les cartes dans le lecteur, on gagne non seulement des places sur la Liste mais également on récupère les crédits de celui qu'on aura battu. Et cela peut aller jusqu'à la moitié de ses crédits s'il est suffisamment placé au-dessus de toi.

Il y a aussi des règles spéciales, poursuivit Light. Les dix premiers de la Liste, on a un bonus de crédits à chaque victoire. Un bonus qui augmente pour les cinq premiers et davantage pour le premier. De plus, l'Orbe verse ponctuellement des crédits sur la carte de chaque personne de la Liste, qui, lui aussi, suivant le placement, augmente de plus en plus.

C'est un moyen pour l'Orbe de rajouter une règle à son jeu. Ça incite à nous combattre les uns les autres. Ils ne sont pas déficitaires là-dessus comme nous sommes une minorité à voyager dans le Monde et surtout avec tous les profits qu'ils tirent dans le Système. Même si nous ignorons combien nous sommes exactement sur la Liste, cela évite aussi que certains pillent ou volent sur les îles principales. Il est plus sage et pratique d'utiliser nos crédits.

Personne ne s'attaque à l'Orbe. Surtout qu'il est interdit de se battre sur les îles principales et encore plus pour une personne de la Liste. Auquel cas elle est traquée, torturée puis tuée par l'Orbe, et autant te dire qu'ils peuvent le faire très facilement.

Light laissa passer quelques secondes.

— Pour voyager nous avons notre propre vaisseau, continua-t-il. Il n'est pas conforme à ceux faits pour les voyages officiels mais il est plus rapide et plus maniable. Il est également plus petit, il y a ce qu'il faut pour vivre et peut accueillir jusqu'à cinq personnes.

Et enfin, concernant ta dernière question, notre classement à chacun dans la Liste. À l'heure actuelle Becky est 214e, Mogi est 222e, Reytos est 91e et je suis à la première place.

Sayu ouvrit les yeux d'étonnement.

— Tu es à la première place ? Tu es genre... la personne la plus forte de toutes ?

— Absolument pas. Je ne suis pas le plus fort. J'ai déjà perdu des combats et j'en aurais perdu bien plus si Becky, Mogi et Reytos n'avaient pas été là. On se bat en groupe et parfois même contre d'autres groupes.

Ça nous permet d'accumuler les victoires. J'ai commencé tôt, j'ai pris de l'avance, ce qui fait de moi un des plus aguéris sur le terrain et je pense que ça se voit à mon physique...

La Liste existe depuis un bout de temps, mais son succès, si on peut appeler ça ainsi n'a commencé que lorsque l'histoire du classement et des crédits s'est sue.

Ça a explosé et il y a eu une sorte d'engouement. Toutes les personnes qui aujourd'hui sont très bien classées sont arrivées après moi. Comme je te l'ai dit on se bat ensemble, donc on gagne assez vite des places au début. Le simple fait que tu viennes peut-être avec nous, que tu participes à un affrontement et qu'on le gagne ensemble te fera gagner des places. Tu serais classée tout en bas en quittant le Système. La place que l'on a ne reflète pas forcément notre véritable force. Nous par exemple, on se bat peu. On évite au maximum. Mais si ça se trouve, Mogi et Becky qu'on pourrait considérer comme étant moyens au vu de leur classement, sont possiblement meilleurs que celui qui serait à la centième place. Simplement parce que celui-ci enchaîne les combats et gagne donc des places.

— Comment vous connaissez votre place ?

— Il suffit de la demander à l'airport en présentant notre carte à un opérateur. L'opérateur analyse la carte et nous indique le résultat. Est-ce que ça répond à tes questions ? T'en as d'autres ?

Sayu regarda le plafond en cherchant au fond d'elle.

— Non, je pense que c'est bon. Juste, vous avez des rôles précis dans l'équipe ? Comment ça se passe ?

— Je ne peux pas t'en dire plus. Je ne le ferai que si tu rejoins officiellement l'équipe. Tout ce que je t'ai dit avant n'est pas secret. En savoir davantage sur ce qui vraiment fait notre groupe, est autre chose.

— Je comprends.

Light laissa passer un petit silence.

— Alors ? reprit-il. Veux-tu nous rejoindre ? Est-ce que tu as déjà une réponse en tête ?

Sayu prit un moment pour réfléchir.

— Je ne peux pas vous dire pour le moment. J'ai trop de choses en tête et ai besoin de repenser à tout ça calmement chez moi.

— C'est bien ce que je pensais, fit Light. Dans le cas contraire tu aurais été la première à répondre directement. On avait prévu de partir dans deux jours, mais on va te laisser encore quelques jours de réflexion, nous ne sommes pas si pressés. Tu penses pouvoir nous donner ta réponse dans quatre jours ?

— Ça doit-être faisable, je pense, dit Sayu. Je viendrai ici pour vous la donner ou vous dire que j'y réfléchis encore.

— Bien. As-tu besoin de quelque chose ?

— Non, j'ai tout ce qu'il faut chez moi. Merci.

— Dans ce cas on va te laisser rentrer pour réfléchir à tout ça. Merci d'avoir tout écouté. Je sais que ce n'est pas évident de faire aveuglément confiance et d'apprendre d'un coup autant d'informations. Tu veux qu'on te raccompagne ?

— Non, non, c'est bon. Au contraire, être seule me permettra de mieux commencer à penser à tout ça.

— Comme tu veux.

Light et Sayu se levèrent pour aller vers la porte. Light l'ouvrit, Sayu la franchit pour sortir.

— Fais attention sur le retour. Et passe une bonne soirée.

— Bonne soirée à vous.

Lorsque Sayu partit, Light referma la porte. Puis il se rassit dans le fauteuil où il était en expirant un bon coup.

— J'espère vraiment qu'elle viendra. Qu'elle est la cinquième. Redire tout ça à chaque fois m'épuise. J'aimerais faire un tour de table avec vos avis. Qu'est-ce que vous pensez d'elle ? Mogi, toi qui as été le plus en contact avec elle ?

— Je dois bien avouer être un peu perplexe. Elle est la seule d'entre nous à ne pas s'être débrouillée par le passé, elle n'a pas d'aptitudes de base. D'un autre côté elle a du caractère, c'est certain. Je l'ai vue se défendre alors qu'elle se faisait agresser. Elle a tenu tête. Elle en veut, elle pourrait être très intéressante et une bonne surprise. En plus elle avait l'air très intéressée, aussi je serais d'accord qu'elle rejoigne le groupe. Je ne ressens rien de mauvais en elle, au contraire.

— Très bien. Et toi, Becky ?

— Elle avait l'air curieuse, c'est vrai, mais je resterais plus prudente que Mogi. À voir.

— Reytos ?

Ce dernier qui avait les yeux fermés depuis le début les ouvrit.

— Je pense que tu as vu juste, Light, dit Reytos. J'ai ressenti de la peur, en elle. Une certaine méfiance, aussi, comme nous tous, d'ailleurs alors que nous étions dans sa situation ! mais également une certaine combativité. Une rage en elle. Elle a vraiment une quête au fond d'elle. Mais je rejoindrais Mogi sur le fait qu'elle n'ait aucune compétence de base, ce qui demandera du temps pour la former.

Light laissa passer un blanc.

— Merci pour vos réponses. Je pense sincèrement avoir décelé quelque chose en elle et qu'elle est faite pour être notre cinquième membre. Nous n'avons plus qu'à attendre sa réponse.

Jour 5

Sayu arriva en début de soirée devant la maison du groupe et toqua. Becky entrouvrit la porte et l'accueillit d'un : « Vas-y, rentre ! »

Mogi se trouvait également dans la pièce.

— Bonsoir, Sayu, tu vas bien ? Mets-toi à l'aise. Light est en haut, il va bientôt descendre, dit-il.

— Bonsoir. Je vais bien, merci. Et vous ?

— Oh ! nous ça va.

Becky monta les escaliers et cria : « Light, ta recrue est là ! », ce qui mit Sayu mal à l'aise.

— Ne te préoccupe pas de ça. C'est son humour ! précisa Mogi au vu du malaise.

Sayu se sentait bien avec Mogi, elle l'appréciait depuis leur rencontre. Elle n'avait rien contre les autres, juste elle les appréhendait un peu plus.

C'est à ce moment que Light descendit dans la salle.

— Bonsoir, Sayu. Content que tu sois venue, annonça-t-il avec un sourire. Comment vas-tu ?

— Comme je l'ai dit à Mogi à l'instant, je vais bien, merci.

— Tant mieux. Tu veux quelque chose à boire ou à manger ?

— Non, merci.

— Dans ce cas je me permets de te poser la question dès maintenant. Tu as une réponse définitive à nous donner ?

— Oui.

— Très bien. Attends juste un peu, j'aimerais que tu la donnes devant tout le monde. Becky, Reytos descendez, Sayu va nous donner sa réponse.

Mogi et Light s'installèrent, tandis que Sayu se mit face à eux. Becky et Reytos les rejoignirent.

— Sayu, nous t'écoutons, dit Light.

— Voilà. J'ai beaucoup réfléchi à tout ce que vous m'avez dit, à tel point que je n'ai quasiment pas dormi. J'ai pesé les pour et les contre. Tout ce que vous m'avez expliqué est relativement tentant. Vivre une aventure dans les airs pour réaliser une quête qui m'est chère, ça donne très envie. Mais tout le reste me fait peur. La puissance de l'Orbe, notre Système, la Pure, la Liste et son classement nous obligeant à nous battre, et tout le reste, c'est trop. J'ai 27 ans, je suis considérée comme la meilleure masseuse à mon travail. Ici j'ai toute ma vie, avec mes amis et ma famille. Malgré tout ce que vous m'avez dit et expliqué, je suis bien, ici.

Elle fit une pause en regardant le sol, puis releva la tête.

— C'est pourquoi j'ai décidé de venir avec vous !

À ces mots tout le groupe se redressa et écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à cette réponse au vu du discours.

— J'ai fait tout ce que j'avais à faire sur Ecna. Tout cela me plaît, c'est vrai, mais il manque une chose que je veux faire et ce n'est pas en restant ici que je vais pouvoir la réaliser. Donc si vous êtes d'accord, je souhaite venir avec vous !

Light et Mogi ne purent s'empêcher de sourire, Becky eut un regard intrigué en levant un sourcil. Reytos n'eut pas de réaction précise. Mogi fut le premier à s'exprimer, se levant et mettant ses mains sur les épaules de Sayu.

— Dans ce cas, Sayu, bienvenue parmi nous.

— Merci, dit-elle avec un sourire et une pointe d'émotion. J'ai longuement hésité, mais maintenant je suis sûre de ma décision.

Becky s'approcha de Sayu et lui tendit la main. Sayu l'empoigna et les deux se regardèrent dans les yeux.

— Bienvenue, la nouvelle. Maintenant il va falloir tout donner.

— J'y compte bien, dit Sayu en relâchant la main, un petit sourire en coin.

Reytos s'approcha à son tour et leva un peu la tête.

— Je pense que tu prends la bonne décision et suis sincèrement content que tu nous rejoignes. Tu deviens officiellement le cinquième et dernier membre.

— Félicitations, dit Light. Maintenant il reste les derniers détails à régler. On part dans deux jours, il va donc falloir que tu prennes des affaires. Tout ce que tu juges nécessaire et important pour toi. Juste, il vaut mieux que ce ne soit pas trop encombrant.

— C'est tout ? Je fais quoi de mon appartement et du reste ?

— Pour ça, ne t'inquiète pas, l'Orbe s'en chargera. En quittant Ecna tu seras officiellement sur la Liste. Une nuit ils viendront enlever ce qu'il reste dans ton appartement. Voilà pourquoi tu dois vraiment prendre ce que tu souhaites emporter, le cas échéant, se serait perdu. Tu devrais également dire au revoir à tes amis et ta famille.

— À vrai dire, j'ai déjà rédigé des lettres que j'enverrai le jour du départ. Quand ils les recevront, je serai déjà partie.

— Parfait. Dans ce cas, rentre chez toi et prépare tes affaires. On se rejoints dans deux jours, à 13 Temps devant l'entrée ouest de l'airport. Nous te présenterons le vaisseau et une fois cela fait nous partirons. Pendant le voyage on t'expliquera nos rôles et on déterminera le tien et tout ce qui va avec.

— Nous partirons où ?

— Ça, c'est un mystère pour nous tous, répondit Light avec un sourire.

— Très bien, lança Sayu d'un ton déterminé.

— Repose-toi bien, une aventure t'attend, avec une quête au bout...

Sayu alla à la porte et l'ouvrit.

— Je suis prête ! À bientôt, dit-elle en fermant la porte.

— Je suis curieuse, dit Becky avec un petit sourire.

— Elle est déterminée, ajouta Mogi.

— Et ce qui est valable pour elle, l'est pour nous aussi ! Donc commençons à préparer nos affaires, dit Light.

Jour 7

Comme prévu, Sayu arriva à l'airport à 13 Temps après avoir utilisé le T-rail. Elle vit directement Light, Becky, Reytos et Mogi qui l'attendaient et se dirigea vers eux avec deux gros sacs remplis.

— Te voilà pile à temps, dit Light. Mais n'en perdons pas et allons-y.

— Suis-nous, dit Mogi.

Le groupe traversa l'immense hall, entièrement fait en baies vitrées rendant le lieu extrêmement lumineux. Surtout avec le temps superbe qu'il faisait ce jour-là. Les poutres de fer qui étaient entre les baies vitrées, étaient peintes en vert foncé. On y trouvait de nombreux kiosques et guichets, beaucoup de sièges pour attendre ainsi qu'une énorme horloge noir et blanc dont on voyait tous les engrenages.

Sayu commença à partir du côté gauche du hall.

— Sayu, on va par là, dit Mogi en indiquant le côté droit.

— Mais les départs se font là-bas.

— Pour les voyageurs classiques oui, mais pour nous, c'est à l'opposé.

Sayu suivit Mogi et les autres vers la zone droite du hall, qui lui était totalement inconnue. Ils traversèrent plusieurs couloirs et prirent un ascenseur pour descendre à l'étage « H ». Ils arrivèrent dans un espace gigantesque, avec une impressionnante hauteur sous plafond et où se trouvaient près d'une centaine de vaisseaux. Tous étaient différents les uns des autres bien que chacun avait, tracé autour d'eux, un rectangle blanc.

Sur la gauche se trouvaient des vitres derrière lesquelles des personnes vêtues d'une combinaison blanche et portant un casque blanc et faisant face à un écran, travaillaient.

Sur le sol parfaitement lisse étaient dessinés des chemins prédéfinis, éclairés par des néons violets de part et d'autre. D'autres chemins beaucoup plus espacés étaient faits de néons bleu clair.

Sayu ne put s'empêcher de regarder partout autour d'elle, ne sachant par où commencer. Voir tout ça était incroyable, inimaginable et saisissant. Et ce le fut encore davantage lorsqu'elle vit qu'au fond, sur toute la largeur du lieu, il n'y avait aucun mur. Elle voyait l'extérieur. Elle ne put s'empêcher d'avoir des frissons et sentit ses mains devenir moites quand elle aperçut un peu plus loin un vaisseau décoller, se décaler sur le côté droit, se positionner entre des néons bleus, se maintenir quelques secondes sur place, monter encore un peu plus dans les airs, avancer vers l'ouverture et, une fois celle-ci franchie, partir à toute vitesse.

— Sacré spectacle, hein ! dit Light. Ça impressionne toujours, la première fois.

— On est où ?

— Ici, c'est le hangar, là où ceux inscrits sur la Liste viennent poser leurs vaisseaux.

— C'est tellement différent de quand on voyage, dit Sayu toujours déconcertée. Comment un endroit comme ça peut exister ?

— Il est tout simplement sous Ecna, expliqua Light. Ils ont creusé et solidifié le tout pour que rien ne se ressente en surface. Une grande partie de la superficie souterraine y est dédiée.

— Je me répète mais, encore une fois, c'est incroyable. Par contre ça m'étonne que l'Orbe accepte de réserver une partie de l'airport pour ça et mette en place autant de moyens.

— Ils nous paient déjà, donc ça ne gêne pas. En plus, ça crée des emplois, de nouvelles infrastructures et, en venant ici, on participe au commerce, donc au marché. Pour eux il vaut mieux qu'on vienne de cette manière plutôt que de nous poser n'importe où, expliqua Reytos.

— Je vais y aller, fit Becky.

— Hein ? Je sais, dit Light. Sayu, accompagne Becky pour aller prendre ton lecteur.

Sayu ne le dit pas mais elle avait oublié qu'elle devait aller le chercher.

— Va voir un opérateur ou une opératrice et demande juste un lecteur pour la Liste. Vous nous rejoindrez après, ajouta-t-il. Nous on a l'emplacement 77. C'est ça, Mogi ?

— Ouais.

Sayu acquiesça et partit avec Becky tandis que les autres avançaient vers le vaisseau.

Elle arriva devant les vitres, derrière lesquelles se trouvaient les guichets d'enregistrement. Becky choisit une personne rapidement et au hasard, alors que Sayu n'en avait que l'embarras du choix.

— Bonjour. Opératrice pour vous servir que puis-je pour vous ?

— Euh... bonjour. Voilà. Je viens prendre un lecteur. Enfin... le lecteur, celui pour la Liste. Celui qui permet d'être classé et... le reste, balbutia Sayu qui n'était pas à l'aise et stressait un peu.

— Très bien. Cependant je dois vous poser une question venant de l'Orbe. Êtes-vous sûre de votre choix ?

Sayu était toujours dans le même état et prit quelques secondes avant de répondre.

— Oui.

— Très bien. Dans ce cas veuillez me passer votre carte magnétique, s'il vous plaît.

Sayu fit ce qu'on lui demandait. Comme toutes les cartes magnétiques la sienne était transparente, très fine et parfaitement rectangulaire. Il se trouvait dessus un carré doré comportant une gravure unique à chaque carte, ce qui permettait de les distinguer. L'opératrice se baissa et sortit le lecteur. Il s'agissait d'un simple petit lecteur noir avec un petit écran sur le dessus, et deux fentes. Elle le brancha à son écran via un câble. Elle fit quelques manipulations, mit la carte de Sayu dans la fente située au-dessus et continua ses manipulations. Puis elle retira le câble, enleva la carte et la tendit à Sayu avec le lecteur.

— Vous devez mettre votre carte en haut et l'autre en bas. Une fois l'opération terminée, un cercle doit apparaître à l'écran. À ce moment-là vous pourrez retirer les cartes. Si vous inversez les cartes, une croix apparaîtra. Vous avez compris ou dois-je répéter ?

— Non, c'est parfaitement clair.

— Dans ce cas je vous souhaite bon voyage, et vous dis à bientôt sur Ecna.

— Merci, répondit timidement Sayu.

Sayu prit les deux objets, les mit dans ses poches et marcha. Elle suivait les numéros au sol lui permettant de trouver l'emplacement 77 où devait l'attendre le groupe.

À peine arriva-t-elle au lieu-dit que Light s'approcha d'elle.

— Sayu, nous te présentons notre vaisseau. Il nous est très précieux. Sans lui nous ne sommes rien et à compter d'aujourd'hui tu en fais aussi partie. Voici le Wastler !

Sayu leva les yeux et avança pour l'observer. Il était long, blanc cassé et avait une forme bien à lui. L'avant était allongé, arrondi au bout et entièrement vitré. L'arrière était quant à lui rectangulaire et, d'un côté comme de l'autre, percé de cinq hublots espacés de quelques mètres. Le sol était plat et le plafond légèrement bombé. Sur ce dernier était d'ailleurs présent une sorte de dôme peu haut quoique mesurant plusieurs mètres de diamètre. Pour finir, se situaient à l'arrière deux grands cylindres représentant les réacteurs dans une partie creusée. Le Wastler reposait au sol, sur quatre pieds. Un à l'avant, au milieu, et deux à l'arrière. Le vaisseau avait un côté un peu vieux, mais Sayu était tout de même captivée par ce qu'elle avait sous les yeux. Elle ne connaissait que les gros vaisseaux ovales qui servent aux excursions ; jamais elle n'avait vu ni imaginé de vaisseaux tels que celui-ci.

Becky arriva dans le dos de Sayu sans que celle-ci s'en rende compte, et la regarda en train de contempler le Wastler.

— Alors, t'es impressionnée ? demanda-t-elle d'un ton moqueur.

— Beaucoup ! dit-elle sans lâcher son regard qui allait dans tous les sens.

— Là, tu me fais plaisir, dit Becky avec un grand sourire qui laissait apercevoir sa denture.

— Tout est réglé ? demanda Reytos à Becky.

— Oui, c'est bon.

— Dans ce cas, allons-y, dit Light.

Becky se positionna sur le milieu gauche du vaisseau, et sortit de sa poche une disclé : un appareil plat, circulaire et sur lequel on distinguait six boutons. Quand Becky appuya sur l'un de ces boutons, une rampe, formée à partir du sol métallique du Wastler, descendit en diagonale devant eux. Sayu connaissait ce genre d'entrée, les vaisseaux officiels avaient les mêmes ; pour autant elle profitait de tout ce qu'elle voyait.

— Allez-y, montez ! dit Becky.

— Après toi, Sayu, dit Light.

Alors Sayu monta, suivie de ses nouveaux compagnons et arriva sur un sol plat. Face à elle se dressait une double porte en métal qui semblait épaisse. Quand tout le monde fut en haut, Becky appuya sur un autre des six boutons, ce qui fit progressivement remonter la rampe et déclencher une lumière dès lors que la rame fut entièrement rétractée.

Ils se trouvaient dans un sas.

— À toi l'honneur de passer la première, déclara Becky à Sayu avant d'appuyer à nouveau sur la disclé.

Quand les portes s'ouvrirent devant elle, Sayu fit quelques pas et observa. Elle était dans une grande pièce, propre, avec du plancher au sol et des murs blancs. La baie vitrée qu'elle avait vue du sol était sur sa gauche. Mais ce qui retint le plus son attention fut les cinq sièges.

Un seul à l'avant, avec devant lui trois écrans, un micro-casque, un clavier en demi-cercle et, en son milieu et légèrement surélevé, un manche en forme de bident comportant des boutons dessus. Les quatre autres sièges étaient juste derrière, deux à sa droite, deux à sa gauche. Tous avaient deux barrières de sécurité verticales à descendre. Le reste de la pièce se composait d'une table ronde avec cinq chaises, des étagères remplies contre les murs, un meuble de rangement, deux canapés et deux fauteuils.

Sur la droite se trouvait un mur faisant toute la largeur de la pièce, avec au centre une autre double porte, en bois cette fois-ci.

Le reste du groupe rentra.

— Bienvenue dans le Wrastler, dit Mogi.

— C'est encore plus beau de l'intérieur, répondit Sayu impressionnée tout en continuant d'admirer.

— Ici, c'est la pièce principale, comme tu peux le voir. Avec, à gauche, le centre de pilotage, là-bas la table où nous parlons et mangeons, sur les étagères tu trouveras des choses comme des cartes ou des livres et le dernier meuble sert à ranger le reste des affaires. Tous les meubles sont fixés au sol et aux murs pour éviter qu'ils ne bougent pendant les vols. Là-bas, derrière la double-porte, ce sont les autres pièces, on te les montrera plus tard, après qu'on aura décollé, expliquait Light.

D'ailleurs il est temps de partir, ajouta-t-il.

Comme tu l'as peut-être remarqué, Becky gère tout ce qui concerne Wastler. Tout simplement parce que c'est elle la pilote. Une des meilleures.

— Ouais ! répondit Becky de loin.

— Chacun rejoint son siège, lança Light.

Tous les cinq s'installèrent dans un fauteuil et baissèrent les barrières de sécurité. Becky plaça le micro-casque sur sa tête et appuya sur divers boutons que Sayu ne voyait pas depuis sa place. Les écrans s'allumèrent et Sayu put vaguement apercevoir leur contenu. Sur celui de gauche apparurent plusieurs schémas du Wastler qu'on pouvait voir sous différents angles. Sur celui de droite, une grille verte remplie de petits carreaux avec dessus un point bleu. Et sur celui au centre se trouvaient des données que Sayu ne comprenait pas et voyait mal. Un carré noir avec un nombre à virgule y apparut.

Becky se mit à parler.

— Airport d'Ecna, ici Wastler, emplacement 77. Demande autorisation de décollage, est-ce que vous me recevez ?

— Wastler, emplacement 77, ici airport d'Ecna, nous vous recevons. Formulez votre code. À vous ! dit une voix à travers les haut-parleurs placés dans la pièce et dont Sayu n'avait jusque là pas remarqués.

— Code 17.21.5.20.5. À vous !

— Code confirmé, Wastler. Veuillez attendre avant de décoller.

Ils comprirent la raison de leur attente quand un autre vaisseau passa sur leur gauche s'apprêtant à décoller juste après.

— Wastler, ici airport d'Ecna, autorisation de décollage accordée.

— Bien reçu. Merci, et à la prochaine, les gars ! À vous !

— Bon voyage et à bientôt à Ecna ! Terminé !

Becky reposa son casque sur sa nuque et se mit à taper directement sur l'écran du milieu, avant de faire de même avec les boutons du manche. Un bruit arriva doucement pour finalement stagner, la pilote leva alors doucement le manche. Le vaisseau s'éleva doucement du sol grâce à des réacteurs placés au-dessous. Elle fit une nouvelle manipulation afin de rétracter les pieds du vaisseau. Ensuite elle pencha le manche vers la gauche pour placer le vaisseau entre les néons bleus. Elle appuya sur un autre bouton du manche et une légère secousse se fit sentir quand les réacteurs arrière s'enclenchèrent et commencèrent à faire avancer doucement le vaisseau. Sayu tourna la tête des deux côtés, vit à travers la baie vitrée les autres défiler et observa les gens et le hangar. Elle était très stressée et très excitée à la fois. Elle ressentait comme des papillons dans le ventre.

Quand le Wastler arriva finalement à l'extérieur et s'envola pour de bon, Sayu déglutit et s'accrocha autant qu'elle le put à ses accoudoirs. Becky pivota de sorte à ce que le côté gauche soit parallèle à la sortie du hangar. Sayu ne revenait pas de ce qu'elle faisait, mais en apercevant de l'extérieur l'île où elle vivait, elle ressentit une bouffée de grande motivation.

— Fini de s'amuser. On passe aux choses sérieuses, dit Becky en mettant ses lunettes et en souriant.

D'un coup, le bruit des réacteurs arrière augmenta faisant trembler doucement la structure.

— Vous êtes prêts ? Sécurité en place ? demanda-t-elle.

Light regarda Reytos, Mogi et Sayu acquiescer.

— Tout est bon, répondit-il.

— On y va alors ! dit Becky.

Becky tira fort le manche vers elle et fit propulser le Wastler à toute vitesse vers l'inconnu.


Texte publié par flavi1, 16 juin 2024 à 13h33
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