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tome 1, Prologue tome 1, Prologue

Cette nuit là, alors qu'il fermait ses yeux, il savait qu'il ne reviendrait pas sur sa décision ; il allait partir à sa recherche. Son voyage débuta à peine quelques secondes après que sa vision ne soit voilée par ses paupières. Il n'avait pas besoin de ses yeux pour le trouver, mais d'un autre sens dont peu de personnes étaient dotées.

Il ne savait pas jusqu'où sa perception pouvait aller. Il était loin d'être aussi puissant qu'Elius, et ne faisait que débuter. Mais pour l'instant, il était le seul ici, à en être capable. Quelques instants après s'être allongé, il inspira une bouffé d'air avant d'étendre sa conscience aussi loin que possible. On lui avait souvent répété que si l'on employait mal cette technique, elle pouvait se retourner contre l'utilisateur. Il fallait faire preuve d'une extrême prudence, surtout si l'on décidait de regarder loin. Il devait d'abord être certain que ses barrières mentales soient correctement érigées, et totalement impénétrables. La moindre faille pouvait être fatale. S'il s'aventurait trop loin, s'il était repéré par un elysien ennemi assez puissant ; il pouvait perdre plus que quelques souvenirs ; sa conscience même risquait d'être annihilée.

Il ne suffisait que d'un quart de seconde d'inattention, pour que tout bascule. Même un débutant comme lui le savait. Il aurait du être plus prudent. Il aurait du les écouter, lorsqu'ils avaient dit que c'était trop dangereux. Parce qu'une heure ne s'était même pas écoulée, lorsqu'il perdit soudainement connaissance.

Lorsque Tom se réveilla, il ne reconnut pas l'endroit où il se trouvait. Il était par terre, à même le sol, celui-ci était d'un matériaux blanc qu'il ne pouvait identifier, dans une salle circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre, au mur blanc lui aussi. Il resta allongé un moment. Et tourna la tête, à droite puis à gauche. Il n'y avait personne d'autre que lui. Le plafond était étrange ; il semblait fait de lumière, et éclairait toute la pièce sans l'éblouir. Il avait toujours été sensible à la lumière, et ici, alors qu'il regardait droit au dessus de lui, dans la source, pour une fois, il n'avait pas mal.

Il finit par se lever. Il est en pyjama ; ce qui consistait en un vieux pantalon jogging noir trop court, et un T-shirt gris dont on a essayé d'enlever une tâche d'origine oubliée, avec un passage à la machine de trop.

Il n'y avait aucune porte, aucune ouverture qui lui permettrait de sortir. Pourtant, cela ne l’inquiétait pas : il savait qu'il est en train de rêver. Pour sortir d'ici, il lui suffirait de se réveiller. En attendant, il pouvait toujours essayer de comprendre pourquoi son cerveau l'avait emmené dans un tel endroit. Il s'approcha du mur, et posa une main sur la surface qu'il découvrit lisse et froide. Il la retira immédiatement ; il ne s'attendait pas à pouvoir ressentir une texture ou la température dans un tel lieu. Il resta immobile devant le mur un long moment, avant d'y poser à nouveau sa main. Il ne savait pas lui-même ce qu'il cherchait à faire ; il ne connaissait pas cet endroit, ou cette prison puisqu'il y était sans doute enfermé. Quelques secondes suffirent pour que sa main, refroidie, ne s'enfonce légèrement dans le mur devenu mou à cette endroit.

-Oh ! S'écria-t-il, surprit, en s'éloignant précipitamment du bord de la cellule.

Sous ses yeux, le mur repris lentement sa forme lisse et dure, avant de laisser une marque grisâtre de la forme de sa main. Un symbole lumineux étrange apparue au centre de celle-ci. Il ressemblait à une sorte de point d’interrogation inversé, sans le point, mais doté d'une sorte de virgule horizontale à son sommet, une vague partant du haut du symbole suivait sa courbe jusqu'à toucher la boucle en bas.

-C'est la marque des elysiens, fit une voix féminine.

Tom se retourna brusquement et se retrouva face à une femme d'une trentaine d'années, entièrement vêtue de noir : elle portait une veste noire rembourrée, un pantalon orné de multiples larges poches et de solides bottes à crampons. Elle ressemblerait à une militaire, si ce n'était sa coiffure stylisée ornant ses longs cheveux noirs de fils d'or (qui détonnait énormément par rapport au reste de sa tenue), ou son médaillon accroché à une longue chaîne d'argent, représentant dans un cercle sur fond noir ; le même symbole que le jeune homme voyait sur le mur.

-Ou plus exactement, reprit-elle, le symbole représentant le Flux d'Ondes.

Tom ne voyait toujours aucune ouverture, qui lui aurait permit à lui ou à cette femme d'entrer. Et comme il commençait à se douter que, finalement, il ne rêvait pas, son inquiétude le gagna peu à peu.

-Effectivement, tu ne rêves pas, dit alors la femme.

Cette fois, il n'était plus inquiet, mais savait clairement qu'il était en danger.

-Mais tu ne crains rien ici, continua-t-elle, en s'approchant du garçon.

L'instinct de Tom l'incita à s'éloigner d'elle ; ses pieds le faisaient reculer et regagner le mur.

-Vous savez ce que je pense ! Souffla-t-il avec stupéfaction.

-Je sais très exactement, et avec précision, ce que chaque personne, qui entre dans cette pièce, pense.

-Qu'est ce que vous voulez ? S'affola-t-il. Où est-ce que je suis ?

-Tu es chez toi, répondit-elle. Cette pièce me permet de communiquer à grande distance avec l'esprit de n'importe quel individu. La communication n'est que plus simple si mon interlocuteur est lui aussi elysien.

« C'est pour ça que ça semble si réel » se dit le jeune homme.

-Exactement.

La confirmation de la femme en noir le surprit ; il avait du mal à se faire à l'idée qu'il ne pouvait garder aucune pensée pour lui-même.

-Quand à ce que je veux, dit-elle, je vais te l'expliquer : je suis à la recherche de la Source.

-La ''Quoi'' ? Fit Tom, totalement perdu.

La femme eut un rictus de mécontentement.

-La Source. Comment peux-tu être elysien et ne pas savoir ce qu'est la Source ?

-Ben, je vous assure que la majorité des elysiens sur Terre ne savent pas ce que c'est.

-Pourtant, tu as été en contact avec elle.

-Ah bon ? Je ne sais même pas à quoi ça ressemble, votre Source !

La femme commençait à perdre patience.

-Les terriens sont vraiment des imbéciles, marmonna-t-elle.

Elle se dirigea ensuite d'un pas décidé vers le bord de la cellule, et toute la structure sembla s'effondrer. Il n'y eu aucun bruit, aucun impact. Au moment où son corps devait normalement toucher le mur, il disparut ; s'évaporant en volutes comme s'il était fait de vapeur.

Tom se trouvait finalement dans ce qui semblait être une sorte d'immense salle de contrôle aux larges baies vitrées. Ici, le plafond était arrondi et formait un bec à l'avant, où il rejoignait le sol. Ce dernier était composé de multiples grilles métalliques, alternées avec de nombreuses plaques noires et rugueuses qui semblaient être faites de pierres. Chacune de ces plaques étaient parsemées de minuscules taches brillantes, ce qui leur donnait un aspect de ciel étoilé.

La salle de contrôle était construite sur deux niveaux. Le niveau inférieur était le plus large et en forme de demi-cercle d'au moins quarante mètres de diamètre, le niveau supérieur était sensiblement plus étroit ; il ne faisait que quelques mètres de large, et contrairement au niveau inférieur, il n'y avait aucun appareil derrière lequel opéraient des humanoïdes immenses et effrayants. On pouvait avoir une vue d'ensemble sur toute la salle depuis le niveau supérieur, où ne se trouvait qu'un unique siège en bois noir au dossier aussi haut que large, et aux accoudoirs arrondies sculptés de motifs géométriques. On aurait dit un trône.

Tom ne se rendit compte qu'à ce moment-là, que contrairement à ce qu'il pensait, il ne se trouvait pas dans un bâtiment en pleine nuit ; il n'était probablement même plus sur Terre. Il ne s'était pas posé de question au départ ; il pensait que ce qu'il voyait au travers des baies vitrées était un ciel nocturne tout ce qu'il y a de plus banal. En réalité, il ne voyait pas le ciel ; il ne voyait que le vide, dans lequel il ne distinguait que difficilement quelques étoiles.

Les créatures qui s'affairaient sur leur différents appareils, tableaux de bord, écrans, ou autre matériel que Tom ne savait nommer, s'étaient retournées vers la dame en noir semblant attendre un quelconque signal. Elle prit son temps en s'installant tranquillement dans son immense fauteuil. Gardant son attitude hautaine et sévère, elle promena son regard sur l'ensemble de l'assistance, avant de donner ses ordres dans une langue que le jeune homme ne comprenait pas.

Les aliens ne semblaient pas avoir remarqué le jeune homme; peut-être n'était-il visible que pour cette femme. Ils retournèrent tous à la tâche, dans un ensemble de chuchotis rapides. Les créatures étaient clairement issus de plusieurs espèces différentes, et l'elysien crut même voir deux humains. Mais au milieu de cette ensemble de techniciens (ce qu'ils étaient sans-doute), une espèce était largement majoritaire aux autres. Les individus faisaient tous plus de deux mètres de hauts, et se déplaçaient sur deux membres inférieurs arqués. Leur énorme crâne grisâtre reposait sur un large et long cou. Leurs yeux noirs étaient très petits pour des corps si massifs, et deux minces orifices devaient faire office de nez, tandis que leur gueule allait d'un bout à l'autre de leur grande mâchoire. Ils portaient tous les même vêtements, qui s'apparentaient beaucoup à ceux que portait leur maîtresse, excepté leur ''pieds'' qui étaient nus. Concentrés, ils manipulaient calmement, de leurs quatre doigts, au bout de bras exceptionnellement longs, les différents appareils sur lesquels ils étaient postés.

-Incroyable, n'est-ce pas ? fit la dame en noire depuis son trône, à côté duquel se tenait Tom. Le reste de la galaxie les prends pour des brutes sauvages, mais comme tu le vois, ils sont apprivoisables.

-Qu'est ce qu'ils sont ? demanda Tom.

Il était étonnamment calme pour quelqu'un dont on contrôlait l'esprit depuis un vaisseau spatial, probablement situé à des milliards de kilomètres de son corps. Mais il ne pouvait rien y faire. En même temps, cela voulait aussi dire qu'il n'avait rien à craindre physiquement.

-Ils sont ce qui reste d'une civilisation effondrée depuis des millénaires. Les ressources sur leur planète natale épuisées, ils se mirent à en coloniser d'autres systèmes, puis d'autres encore, avant d'épuiser les ressources de ces mondes également. Ils ont longtemps constituée l'une des pires terreurs auxquelles faisaient face les autres civilisations de la galaxie. En ce temps-là, les terriens étaient encore totalement inconscients de l'existence d'autres mondes, en dehors de leur misérable planète infestée de primitifs.

Elle se tut un instant avant de reprendre :

-S'ils existent encore, c'est uniquement grâce au Flux d'Ondes que sont capables de maîtriser chaque reine de clans. Chez cette espèce, leurs caractéristiques biologiques permettent uniquement aux femelles d'être elysiennes ; et souvent, cela les amène aux rangs les plus élevés de leur société. Les reines elysiennes gouvernent ; et le reste de la population combat.

-Et, commença Tom, ils combattent où en ce moment ?

-Eh bien, ils sont plus des mercenaires qu'autre chose de nos jours. Les reines passent des accords avec tout individu susceptible de les payer au prix le plus intéressant.

-Vous avez passé un accord avec une reine de clan, alors, devina Tom.

La dame en noir éclata de rire. Cela dura quelques secondes avant qu'elle ne se tourne vers Tom et lui déclare :

-Non. J'ai passé des accords avec toutes les reines.

Tom ne savait plus quoi dire. Il était tétanisé. Il avait devant lui une personne qui avait constitué une armée avec tous les représentants d'une espèce.

-Mais qu'est ce que vous voulez ! S'exclama-t-il.

-La Source. Tu as deux rotations terrestre pour m’amener la Source, ordonna-t-elle avant de se tourner vers le bec à l'avant du vaisseau.

Tom suivit inconsciemment son regard, et remarqua qu'entre temps une dizaine de vaisseaux spatiaux titanesques passaient juste à côté d'eux.

-Si tu en es incapables, j'aurais du mal à les contenir d'attaquer ; cela fait tellement longtemps, qu'ils cherchent une nouvelle planète où les conditions pour leur survie seraient réunies. Et la Terre est une candidate parfaite.

Le jeune homme n'eut pas le temps de réagir, qu'il se retrouva assit dans son lit, chez lui. Sur Terre. Il avait l'impression de sortir d'un rêve. Et peut-être que c'était le cas. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un étrange et horrible cauchemar. Tout allait bien. Il était chez lui, et la Terre, était toujours aux mains des humains.

Il avait simplement oublié qu'il était parti chercher quelqu'un.


Texte publié par Daisy Lin T, 30 mai 2024 à 01h34
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