Les créatures dotés des pouvoirs de la Source ont toujours existé, mais depuis l'invasion de l'Empire de Tunghertan, et l'expansion de leur territoire dans la galaxie, des individus aux pouvoirs surnaturels naissent de plus en plus sur les planètes habitées par des êtres organiques et dotés d'intelligence. On les appelle ''elysiens''.

Marco Lang était un pilote aguerrit. Il était l'un des meilleurs de la base terrienne de la Coalition des Systèmes Libres, et ne manquait pas de s'en vanter. Il s'agissait d'un aspect de son comportement qui avait tendance à agacer son ex petite-amie.

Pourtant, il était vraiment doué. Il n'y avait rien de mal à le savoir et à le reconnaître, non ?

Bon, peut-être qu'il en faisait un tout petit trop.

Au moins, il y avait une personne que cela ne semblait pas gêner. Edon Valin : mécanicien de génie, originaire de Kinor, et un elysien. En gros ; un mécanicien d'une autre planète avec des super-pouvoirs.

Marco l'avait sauvé d'esclavagistes de Tunghertan quelques mois plus tôt. Les deux jeunes hommes avaient fait connaissance, et s'étaient liés d'amitié. Edon ne pouvait pas lui en être plus reconnaissant ; en plus de l'avoir libéré, le pilote l'avait amené au seul endroit de la galaxie où il voulait se rendre. Il se trouvait que la petite sœur d'Edon vivait dans cette base depuis près d'un an. Grâce à Marco, ils ont pu se retrouver.

Pourtant, il y avait une personne face à laquelle il n'oserait jamais agir de la sorte. Ailyn, la petite sœur en question. Elle était meilleure que lui. De toute façon, elle était meilleure tout court. Personne ne la surpassait. Presque personne. Il y avait bien quelqu'un de plus fort encore dans la base, mais ça c'était une autre histoire. Comme son frère, elle était elysienne. Et ce fait lui conférait des réflexes et une résistance surhumaine.

Elle était persuadée que seuls des elysiens pouvaient acquérir un tel niveau d'excellence. C'est donc tout naturellement qu'elle fit entrevoir à Marco l'idée qu'il puisse être plus différent qu'il ne le pensait.

Avoir des super-pouvoirs c'est cool ; tout le monde aimerait en avoir. Pas Marco. Il passait beaucoup de temps à répéter qu'il était déjà très bien comme il était. Il n'en avait pas besoin. Et il n'en voulait pas.

Quasiment à chaque fois, qu'ils se croisaient, elle essayait de lui en parler. Il aimait bien Ailyn, mais cette conversation l'angoissait.

C'est pourquoi, il avait accepté toutes les missions qui se présentaient pour rester le moins longtemps possible à la base. Et évidemment, des missions qui n'impliquait pas de faire équipe avec la kinorienne.

En réalité, Edon avait aussi essayé de lui en parler. Plusieurs fois. Il avait cessé de le faire lorsqu'il avait vu le désespoir s’inscrire dans les yeux de son ami.

Malheureusement, Ailyn avait réussi à rallier plusieurs proches du jeune homme à sa cause. Dont Lindsey. Son ex. Marco et elle étaient encore très proches, et elle était sans doute devenue sa meilleure amie. Elle était celle qui le connaissait le mieux.

-Tu sais, lui avait-elle dit un jour. Ça expliquerait pas mal de choses à ton sujet. C'est comme ça que ça s'est passé pour Tom.

Le type en question était LE meilleur. Mais, il ne comptait pas. Cet individu n'était définitivement pas humain. À première vu, il ressemblait à n'importe quel terrien dans la vingtaine. Un jeune homme banal. Ni trop beau, ni trop moche. Sauf que tout ce qu'on pouvait voir d'ordinaire en lui disparaissait au moment où il faisait la démonstration de ses pouvoirs. Il en faisait usage comme si ce n'était rien de spécial ; c'était aussi simple pour lui que de respirer. Pour ne rien arranger, lui au moins ne se vantait pas. Non, il disait qu'il lui avait fallu énormément d’entraînement pour acquérir un tel niveau. Et que n'importe quel elysien pouvait y arriver aussi.

-J'ai essayé son entraînement, avait un jour avoué Edon. J'ai abandonné avant que ça ne finisse par me tuer.

Marco voulait expliquer à Lindsey qu'il ne pouvait pas envisager la possibilité dont parlait Ailyn. Il avait du mal à le lui faire comprendre. En fait, il n'arrivait pas à faire comprendre à qui que ce soit en quoi cette hypothèse l'effrayait tant.

C'est pourquoi, il se retrouva une fois de plus loin de la Terre. Seul. Dans l'immensité de l'espace. Sa destination était Kinor. Un endroit qu'il aurait préféré éviter, mais il s'agissait de la dernière mission solo disponible, alors il avait accepté.

Depuis, que les voyages interstellaires étaient devenus courants, les opérateurs terriens y avaient vu une opportunité. Ils pouvaient élargir leurs terrains d'action, et proposer des abonnements pour toutes les personnes qui devaient se déplacer en dehors du système solaire. Sauf que l'opérateur auquel était abonné Marco ne couvrait pas une distance aussi large que celle qu'il y avait entre la Terre et Kinor. Le jeune homme n'avait pas les moyens de payer plus cher pour ce type de confort.

Au fond, cela ne posait pas trop de problèmes de communication avec la base ; ils utilisaient la technologie mise à disposition par le service technique de la Coalition pour cela. Par contre, cela n'aidait pas Marco à se connecter à ses réseaux sociaux favoris.

Le jeune homme soupira alors qu'il survolait le grand océan de couleur azur de la planète. C'était beau. Magnifique même. Pourtant ce lieu lui rappelait de très mauvais souvenirs. S'il était né sur Kinor, il aurait sûrement été repéré plus tôt grâce à l'Académie elysienne. Et ses pouvoirs incontrôlables n'auraient pas causés l'accident qui a coûté la vie à ses parents alors qu'il n'avait que cinq ans.

C'est pour ça qu'il ne les utiliserait plus jamais. Aucun entraînement ne pourrait jamais l'aider ; c'était trop tard, il le savait. C'est pour ça, qu'il passait chaque seconde de sa vie à se contrôler. C'est pourquoi il emportera ce secret jusque dans sa tombe. Malgré les mises en garde d'Ailyn ; premièrement, elle était assez puissante pour sentir la présence d'autres elysiens. Deuxièmement, elle connaissait des elysiens qui s'étaient tellement efforcés à ne pas utiliser leurs pouvoirs qu'ils y avaient laissé leur propre vie.

Au moins, quand il était seul, il avait moins de chance de blesser ceux qui lui étaient proches.