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Morgane était assise à la table de la cuisine, sirotant son thé du matin tout en lisant distraitement le journal. Des bruits de pas, léger, retentirent à l’étage, puis l’escalier grinça. La jeune femme haussa un sourcil, intrigué. Il était étrange que Bane ne soit toujours pas partit. Quand la porte de la cuisine s’ouvrit, la magicienne releva la tête et regarda son amie. Elle eut un petit moment d’arrêt puis s’inquiéta du teint anormalement pâle, même pour une Banshee, de sa colocataire. Elle lui demanda donc d’une voix soucieuse, reposant sa tasse sur la table :

- Bane, es-tu sûre qu’il soit bien prudent d’aller travailler aujourd’hui ? Tu n’as pas l’air en très grande forme !

L’autre jeune femme haussa les épaules d’un air désinvolte et tenta de la rassurer :

- Ne t’inquiète pas, tout vas bien, ce n’est pas un bête petit rhume de rien du tout qui va me mettre au tapis.

Le froncement de sourcil soucieux de Morgane s’accentua, guère rasséréné par l’attitude de son amie. Elle insista :

- Il vaudrait vraiment mieux que tu restes reposer aujourd’hui, je serais plus tranquille. Après tout, nous sommes en hiver et, hier, tu es resté dehors trempé pendant une grande partie de la journée. Il serait plus sage que tu te reposes pour aujourd’hui, tu travailleras mieux un autre jour. Là, tu es malade.

Bane fit la moue et rétorqua :

- Avec l’autre obsédé, nous sommes en plein milieu d’une importante enquête. Je ne peux pas me permettre de végéter ne serait-ce qu’un jour. Surtout que tu connais les hommes, ils seraient perdus sans une présence féminine pour les encadrer et veiller à ce qu’ils ne fassent pas trop de bêtises. Mieux vaut ne pas le laisser gérer seul l’enquête, il ne pourrait que s’attirer des ennuis.

Morgane fit une grimace dubitative. En effet, la Banshee n’était pas vraiment ce qu’on pourrait considérer comme une personne incapable de plonger dans les ennuis. Au contraire, elle était au même niveau que son partenaire à ce sujet. Mais, solidarité féminine oblige, la magicienne laissa couler cet argument un peu hors sujet. Elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour son amie en la voyant s'activer pour se préparer et partir, tanguant légèrement de temps en temps.

Morgane soupira, défaitiste. Elle resterait à la maison afin de pouvoir prendre soin de son amie un peu trop butée pour son propre bien quand son partenaire finirait par la ramener, manu militari, à la maison. Cyniquement, Morgane prit les paris sur le temps que Dorian prendrait à la lui ramener. En attendant, elle repris sa lecture de son journal.

La magicienne avait repris sa lecture depuis à peine une heure quand elle entendit la sonnette retentir. Elle ferma soigneusement le journal qu’elle posa doucement sur la table puis alla ouvrir. A sa non surprise, derrière la porte se trouvait Dorian qui portait dans ses bras Bane qui balbutiait d’un air misérable, semblant totalement HS du fait d’une forte fièvre. Morgane soupira et se décala afin de laisser entrer l’incube avec son fardeau. Elle referma soigneusement la porte derrière lui puis fit signe au jeune homme de la suivre jusqu’à la chambre de la Banshee. Durant le trajet, elle le prévint :

- Tu as de la chance que Bane soit trop vaseuse pour se rendre compte de la situation, car sinon, tu peux être sûr qu’elle t’aurait fait payer ce qu’elle aurait considéré comme un affront. Elle déteste qu’on la traite comme une petite chose délicate et fragile. Peut-être à cause de ce qu’il lui serait éventuellement arrivé de son vivant ? Quoi qu’il en soit, si elle en vient à soupçonner la manière dont tu la portes, elle t’en ferait voir de toutes les couleurs.

Pendant tout son monologue, elle arriva finalement devant la chambre de Bane et fit signe à Dorian qu’il pouvait déposer son amie dans son lit. L’incube posa délicatement sa partenaire sur le matelas puis, précautionneusement, l’enveloppa dans sa couverture. Une fois qu’il eu fini, il se tourna vers Morgane et lui demanda :

- Souhaites-tu que je reste pour t’aider à prendre soin de notre malade infernale ?

La magicienne sourit à la phrase de l’autre, amusée de la façon dont Dorian percevait la Banshee. Puis elle repris son sérieux et secouant la tête, lui répondit :

- Ce ne sera pas nécessaire, je vais lui préparer du bouillon ainsi qu’un remède afin de la remettre d’aplomb. J’y arriverais très bien toute seule, maintenant qu’elle n’a plus la force de bouger et de faire n’importe quoi. Merci de me l’avoir ramené.

L’incube lui fit, par automatisme plus que par réel envie, un sourire charmeur puis lui répondit tout en faisant une révérence taquine :

- A ton service, Lady.

Puis, il se retourna afin de partir. La jeune femme lui ayant gentiment fait comprendre qu’elle saurait se débrouiller seule avec la malade, il décida donc de poursuivre l’enquête de son côté. Quand il fut sorti, Morgane alla dans la cuisine afin de préparer un remède pour son amie.

La magicienne, avisant l’heure, se dit qu’elle allait profiter de l’occasion afin de préparer aussi à manger pour Bane. Pendant que l’eau était en train de bouillir pour la décoction, elle commença à éplucher des légumes et à les couper en petits cubes, puis elle les fit revenir dans une casserole avec un peu d’huile.

Quand ils commencèrent un peu à s’attendrir, elle rajouta de l’eau ainsi qu’un peu de foie, car après tout, c’était réputé pour être bon pour la santé donc ça ne pouvait pas faire de mal. Hésitant sur les épices à utiliser, elle décida finalement avec un haussement d’épaules de mettre un peu de tout. Le résultat ne pourrait qu’être bon. Pendant que la soupe mijotait, elle se préoccupa à nouveau de la décoction pour soigner Bane.

Avec un filtre à café, elle s’occupa de filtrer sa préparation afin de ne garder que le liquide et de ne pas faire boire les feuilles qui avaient infusé dans l’eau bouillante, versant la boisson médicinale dans une théière qu'elle posa sur un plateau avec une tasse vide. La magicienne s’occupa ensuite de mixer la soupe afin qu’elle soit plus facile à manger pour son amie. Quand ce fut fin prêt, elle en versa trois grosse louche dans une assiette creuse qu’elle posa sur le plateau qu’elle avait commencé à préparer. Vérifiant de n'avoir rien oublié, elle rajouta une cuillère puis monta rejoindre Bane.

La Banshee était toujours endormie, grelottante. Morgane posa le plateau sur la table de chevet puis elle commença à secouer doucement l’épaule de son amie en lui disant calmement :

- Bane, réveille-toi, il est l’heure de manger et de prendre ton remède.

L’endormie papillonnait des yeux et, avec l’aide de son amie, elle s’assit, Morgane organisant les coussins afin de lui faire un dossier pour qu’elle ne se fatigue pas trop. Quand elle fut satisfaite de la position de sa malade, l’infirmière improvisée versa un peu de la décoction dans la tasse puis souffla un peu dessus pour refroidir le liquide avant d’aider son amie à le boire.

Bane se détendit en buvant le remède, le sentant lui réchauffer agréablement le corps. Quand la tasse fut vide, Bane était un peu moins vaseuse et, voyant la soupe, elle sentit des sueurs froides lui couler le long de la colonne vertébrale, sueurs froides qui n’avaient rien à voir avec sa fièvre. Il faut avouer que la couleur de la soupe n’était pas très engageante, et qu’elle ne sentait pas particulièrement bon non plus.

La Banshee s’enfonça dans les oreillers, cherchant à fuir, quand Morgane commença à lui présenter la première cuillère de soupe. Remarquant son manège, la magicienne recula la cuillère et fronça les sourcils, soucieuse.

- Bane, tu dois manger. Je sais que tu n’as certainement pas faim, c’est souvent le cas quand on est malade, mais tu as besoin de te nourrir pour reprendre des forces et guérir.

La Banshee voyait bien que son refus inquiétait son amie, elle prit donc une grande inspiration et s’encouragea mentalement pour l’épreuve de la soupe, avant de dire :

- Oui maman.

Morgane, constatant que sa malade ne cherchait plus à fuir, reprit sa tâche. Bane regretta presque de s’être laissée convaincre quand elle eut avalé la première bouchée, tellement la soupe avait un goût immonde. La seule chose qui fit qu’elle n’éprouva pas de regret et qu’elle se força à finir l’assiette, c’était le fait de rassurer la magicienne. Quand la malade eut fini l’assiette, son infirmière personnelle déclara :

- Si tu as encore faim, il reste de la soupe en bas, je peux aller t’en chercher d'autres.

En entendant cette horrible (d’après Bane) menace, la convalescente eut un haut le cœur. Certes, elle avait fini son assiette. Mais malgré le fait que son sens du goût soit fortement diminué du fait de sa maladie, elle avait néanmoins pu sentir la saveur… particulièrement infecte du potage. Elle ne voulait donc pas affronter cette terrible épreuve à nouveau, pas avant un moment en tout cas. Elle se prit à espérer de pouvoir se rétablir au plus vite, afin de ne plus être confrontée à la cuisine… spéciale, de son amie.

Par contre, quand Morgane lui proposa une seconde tasse de remède, Bane accepta avec empressement. Ce n’est pas qu’il était spécialement bon, mais par rapport à la soupe, on aurait pu aisément qualifier la décoction médicinale comme un nectar digne des dieux…. c’était dire à quel point le potage préparé par les soins de la magicienne était mauvais…


Texte publié par Miss Lune, 26 mai 2024 à 16h14
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