Nous sommes aujourd’hui à la veille du dernier jour des épreuves mirifiques de Folletto qui viennent clôturer le camp d’écriture de l’Auberge du feu-follet. L’Allée des Conteurs est particulièrement animée par les préparatifs de la fête organisée pour inaugurer le dernier jour de ce camp qui a été particulièrement productif pour certains de nos Conteurs.
La salle qui a été choisie pour l’occasion a été soigneusement décorée pour représenter le thème de ce camp : on a ressorti les décorations d’Halloween qui ont été complétées par des représentations de feu et, si je n’ai pas d'hallucination, les organisateurs ont même réussi à mettre la main sur quelques fées qu’ils ont dispersées un peu partout dans la salle afin de représenter les fameux feu-follets susnommé dans le nom du camp qui se clôture.
Par contre, un sentiment d'appréhension commence lentement à m’envahir quand je remarque que le principal organisateur, Folletto, n’est pas présent dans la salle. J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet, cet esprit étant particulièrement facétieux, il est inquiétant de ne pas le voir participer aux préparatifs. Il doit encore nous préparer une surprise… spéciale, dirons-nous. Sauf que généralement, ses surprises ne se finissent que rarement bien…
Je le cherche donc, passant de pièce en pièce afin de découvrir ce qu’il peut bien mijoter cette fois. En passant devant la cuisine, je peux entendre le son d’une pile d’assiettes tremblantes, j’ouvre donc la porte afin de voir ce qu’il se passe, c’est là que je sens une odeur de brûlé flotter dans l’air et que je vois Folletto en train de retirer du four une fournée de muffins dont certains (ceux qui se trouvaient les plus près du fond du four) sont légèrement brûlés, expliquant ainsi l’odeur que j’ai sentie. La pile d’assiette que j’ai entendu depuis le couloir et qui m’a attiré dans la pièce vole toute seule dans les airs.
Je sens la peur me paralyser. Le doute n’est plus permis, l’esprit frappeur le plus loufoque de l’Allée des Conteurs nous a, encore, concocté une surprise de son cru, et je crains de savoir ce qu’il a bien pu préparer. Me voyant ainsi figé au seuil de la cuisine, livide, Serenya qui passait par là entre à son tour, intriguée par mon comportement étrange.
- Folletto, demanda-t-elle en fronçant les sourcils suspicieusement. Qu’est-ce que tu fais ?
Le fantôme se retourne et nous sourit d’un air un peu gêné d’avoir été surpris en plein préparatif.
- Oh, rien de spécial, dit-il en se tortillant légèrement d’embarras.
- Mais encore ? insista Serenya en haussant un sourcil, sentant clairement un coup fourré maintenant.
- J’ai juste préparé quelques petits muffins pour les participants du camp afin de les féliciter de leur participation, indiqua docilement Folletto.
Tellement docilement en fait que c’en ai encore plus suspect, et Serenya est clairement d’accord avec moi car elle reprend la parole, insistant pour savoir ce qu’il en est réellement.
- J’ai juste remasterisé un peu une recette que j’ai trouvé sur le blog de Christophe Michalak, ronronna presque le fantôme, un pâtissier particulièrement savoureux.
- Et qu’as-tu modifié exactement ? le pressa Serenya en doutant que le piège venait très certainement des ingrédients eux-mêmes.
- Oh, pas grand chose, j’ai juste utilisé de la Belladone à la place des cassis, tu vois je n’ai pas trop modifier la recette donc ça devrait aller.
- Tu es fou ? s’énerva Serenya. C’est un poison mortel pour les humains !
Serenya avança vivement vers le plan de travail et alla jeter à la poubelle tous les muffins qu’elle pu voir. Puis, pour plus de sécurité, elle prit le sac poubelle rempli de pâtisseries mortelles et alla la jeter dans la benne, dehors.
Folletto fit une moue boudeuse, puis un grand sourire limite psychotique prit place sur son visage fantomatique, il s’approcha de moi et me tendit un muffin sortit de nulle part, tel un prestidigitateur, et me demanda d’un air gourmand :
- Une petite friandise ?
Me voyant secouer la tête avec véhémence, horrifié, il se tourna vers les lecteurs et leur demanda d’une voix suave et enchanteresse, tel le serpent qui tenta Eve dans le jardin d’Eden :
- Voulez-vous avoir un petit aperçu du Paradis ?
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