Les arbres de Fontainebleau n’avaient plus leur ancienne et belle couleur. Les rouages du monde fatigué ou plutôt usé par l’homme s’étaient arrêtés et chaque chose d’ordinaire baigné par la nature se retrouvait vidé de sa divine essence. Cette forêt était l’un des endroits préféré de Maia, peut-être parce qu’elle était silencieuse, silencieuse au point ou si elle s’arrêtait de penser pendant quelques instants elle pouvait croire qu’elle ne faisait plus qu’un avec elle. Il lui était possible de s’imaginer qu’elle était cette petite pousse qui cherchait par tous les moyens à sortir de la terre ou cet arbre en face d’elle qui voulant survivre étalait ses racines jusqu’au confins du territoire boisé. Quand elle n’y arrivait pas, faute de concentration suffisante, elle levait simplement son visage et regardait à travers la cime des arbres pour observer les nuages immobiles figé en position de fuite dans le ciel bleu glacé. Ce phénomène ne fit son apparition qu’il y a quelques années, « Avant tout coulait de source ou du moins presque » disait les anciens maintenant il n’y a
plus rien de normal dans ce bas monde.
Maia fut ramenée à elle par une petite tape sur l’épaule, elle se tourna et croisa le regard d’Harold qu’elle dévisagea
comme s’il était un inconnu, il était gros, gras et ressemblait trait pour trait à un sanglier avec son groin et ses poils
drus qui recouvraient la totalité de son corps. Il lui jeta un regard semblable au sien comme une réponse à son étonnement puis Harold secoua son large crâne de gauche à droite bavant sur lui. Il s’approcha de Maia qui sentit son haleine de fruit à coque, il lui chuchota à l’oreille « Maia, regarde. » son doigt pointait en direction d’un vieux bulot à plus de deux cents mètres environ. Là-bas une forme se mouvai, faisant bouger de grande fougère verte pale, « C’est ce que je crois ? » dit elle aussi à voix basse, « Oui, j’en suis quasiment sur. Mon groin ne se trompe pas. », « Alors allons y. », « Non. Il faut prévenir les autres avant. », « C’est une perte de temps, si elle part maintenant on n’aura rien à ramener au village. » Le visage d’Harold bien loin de ressembler à celui de ses vieux ancêtres humains se déformait pour laisser deviner de l’hésitation. Lui aussi voulait y aller, il n’en pouvait plus de ne pratiquement plus manger, il n’en pouvait plus d’annoncer à sa femme que ce soir aussi elle aura une assiette vide en guise de repas. Alors Harold craqua, « D’accord. Mais on fait comme d’habitude. », « Oui. Promis. » Tandis qu’Harold s’éloignait pour contourner l’animale, Maia dégageait l’arc qu’elle portait sur son dos pour le saisir à pleine main et tirer sur la corde, la résistance que l’élément lui offrait était suffisante pour elle. D’une autre main elle se saisit d’un long sac de cuire attacher sur sa jambe gauche, l’intérieur contenait une dizaine de flèches, toutes confectionner par ses propres soins. Maia n’avait jamais pour habitude d’utiliser celles des autres, elle les trouvait trop souple ce qui d’après son expérience pouvait faire dévier la flèche de quelques centimètres si elle venait à tirer trop loin sur sa cible et ça il était hors de question qu’elle rate quoi que ce soit. Puis il fallait rajouter à cela une mauvaise pénétration dans la chaire, ce qui était recherché en chasse s’était un carreau qui rentrait dans l’animal et qui n’en sortait qu’à l’aide de la main du chasseur.
Maia s’arrêta à une trentaine de mètres derrière un tronc nue, de là elle vit enfin clairement ce qu’Harold avait senti, une biche. L’animale était petit, décharné, prêt à retourner dans les bras de la terre. Son pellage n’avait plus rien en commun avec ceux qu’elle pu voir il y a quelques années, il était fade, sans couleur, presque triste. Elle était étonnée mais pas trop. Encore quelque chose qui ne coulait plus de source pensa-t-elle. Maia arma sa flèche, la faisant glisser entre ses doigts et la corde de l’arc. Elle attendit l’exact moment ou la biche se détourna d’elle pour lui laisser ses flancs à découvert pour décocher son trait et l’atteindre pile dans le haut de la cuisse. L’objet rentra sans aucune résistance, comme un caillou que l’on jetait dans une mare d’eau. La jeune chasseuse sortit précipitamment de sa cachette et fonça sur la biche, elle faisait de grand signe avec des bras et lui cria dessus pour la faire fuir dans la direction opposé, là ou Harold l’attendait. Cela ne servait à rien qu’elle poursuive elle-même la biche, l’animale bien que blessé pouvait courir encore pendant des heures si elle sentait que son poursuivant de situait juste derrière son arrière train. Mais l’effet recherché ne fit pas mouche, au contraire. Bien que tremblante de douleur et sûrement de fatigue l’animale n’avait pas bougé d’un pouce, au contraire elle fit face à Maia. La chasseuse sortit donc son couteau qu’elle trimbalait dans sa ceinture et pris la position la plus exhaustive qui soit afin de lui faire comprendre ce qui l’attendait si elle ne prenait pas la fuite. C’est alors que la biche s’avança d’un pas puis de deux puis se retrouva le crâne baissé contre le ventre de Maia. Maia sentait sa respiration, rapide, courte, à bout. Elle plaça sa gorge contre la lame et tandis que la jeune femme la caressait, elle perdit sa vie ou du moins elle se libéra de ce pauvre monde dans lequel elle ne supportait plus de vivre.
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