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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

An 1690. Les rues de Bristol.

C'est une forte odeur de fumée qui le réveilla. Il se redressa doucement en toussant, et regarda autour de lui, il était à l'entrée de l'église, et ne voyait pas à plus d'un mètre. La fumée envahissait chaque espace de l'édifice. Une forte chaleur et une lueur orangée y régnait. Il mit pourtant un bon moment à comprendre qu'il se situait dans un bâtiment en flamme.

Combien de temps avait-il été inconscient ? Il n'en avait aucune idée.

Alors qu'il reprenait peu à peu ses esprits, il se souvint de Philip, juste en train de sortir du lieu de culte, avant de l’assommer.

Edward fut arraché à ses pensées alors qu'un assourdissant craquement retentit à quelques mètres. Une partie de l'escalier en bois menant au clocher venait de s'effondrer, projetant des morceaux enflammés un peu partout à l'entrée de l’église. Pour les éviter, Edward plongea en avant, ce qui l'éloigna de l'entrée.

Il se releva et une quinte de toux le secoua. Il y avait trop de fumée ; elle l'empêchait de respirer, lui piquait le nez et la gorge. Il ferait mieux de sortir d'ici rapidement. Il tourna ses yeux vers l'entrée ; le sol était jonché de débris enflammés, mais il était possible de les éviter pour sortir du bâtiment.

Soudain un son étouffé attira son attention du côté de l’hôtel. Le père Benjamin ! Il était probablement piégé par les flammes.

C'est légèrement étourdi qu'il parcourut prudemment l'allée centrale de l'église. Le feu était partout. À droite et à gauche ; les bancs en bois, et les poutres qui supportaient l'édifice se désintégraient, derrière lui, devant lui, et même au dessus de lui, le feu dévorait tout.

Edward contourna l’hôtel, une fois arrivé à l'autre bout du bâtiment. Il trouva le vieil homme là, tentant de se relever, et toussant continuellement et violemment. Il s'approcha du prêtre, le prit par le bras et tenta de le relever. Mais la toux secouait si brutalement le corps du prêtre que cela était impossible. Et bientôt, Edward se mit à tousser aussi fortement que l'homme qu'il essayait de secourir. Ce dernier crachait sa salive, tentait d'inspirer, mais le garçon voyait bien qu'il s'étouffait. Pourtant, il 'abandonna pas. L'homme d'église était si mal en point qu'Edward se rendit compte qu'il ne remarquait même pas que quelqu'un était en train d'essayer de le sauver. Il n'avait pas assez de force pour le tirer de là. Jamais, un enfant de dix ne pourrait soutenir un adulte pour le sortir des flammes. Il fallait que quelqu'un vienne et les aide.

Edward se mit à pleurer tentant encore de soulever le prêtre qui s'était écroulé et qui ne bougeait plus. Il toussait et crachait de plus en plus. Il perdait ses forces, il faisait si chaud, il avait si mal. Il n'en pouvait plus. Il s'écroula lui aussi.

Il reprit à nouveau connaissance, et une grande quinte de toux le secoua.

-Doucement ! fit une voix masculine qui lui semblait familière.

Il avait froid, et il faisait très sombre.

Il s'était réveillé sur de la pierre froide. Les petits pavés de la place centrale. Sa mère se tenait à ses côtés, à sa droite, les larmes aux yeux. Son visage et ses habits étaient couverts de cendres et de suie. À sa gauche, se tenait un homme d'une quarantaine d'années. Il le reconnu comme étant le capitaine de l'homme qui l'avait agressé des jours auparavant.

Edward se rendit compte qu'il était de l'autre côté de la place, où se pressait une masse de personnes qui se passaient des seaux d'eau en main, tentant d'éteindre l'incendie. L'église n'était plus qu'un brasier géant dont les flammes atteignaient des hauteurs colossales ; elles étaient largement plus hautes que toutes les maisons qu'avait vu Edward. Mais non loin de l'église, d'autres personnes se pressaient, en essayant d'éteindre un autre incendie. Leur maison, était elle aussi en proie aux flammes. Il n'en restait plus grand chose. Combien de temps Edward avait-il été inconscient ?

Les cris fusaient continuellement sur la place.

-Plus vite ! s’énervaient les gens venus pour éteindre les feux. Beaucoup couraient des seaux remplis d'eau à bout de bras, en déversant une bonne quantité en chemin.

Et au beau milieu de tout ce chaos, se trouvait Catherine, dont le corps était secoué de sanglots, avachie sur une forme recouvert d'un drap blanc.

Edward apprit plus tard que sa mère, inquiète de ne pas le voir revenir, s'était elle-même rendue à l'église. C'est elle qui l'avait secourue des flammes tout en traînant le corps du père Benjamin. Pendant ce temps-là, Philip s'était discrètement rendu dans leur maison, avait agressé Catherine avant d'y mettre le feu également.

Cette nuit fut longue. Et une fois que le soleil s'était levé, le feu n'était toujours pas mort.

Catherine, Maggie et Edward, eux par contre, n'avaient plus de foyer.

Julian Creed, le capitaine d'un navire marchand à quai depuis plus de deux semaines, avait proposé au trio de prendre la chambre de l'auberge dans laquelle il logeait. Il allait bientôt reprendre la mer de toute manière ; il n'en aurait plus besoin. Maggie avait d'abord refusé, mais il avait insisté.

Deux jours plus tard, l'enterrement du père Benjamin eut lieu, célébré par un autre prêtre. Tous les paroissiens qui côtoyaient cette église y étaient. Edward aperçut Elisabeth de loin, tenue fermement à la main par sa mère.

Maggie reprit rapidement ses habitudes, continuant à travailler tous les jours, comme si rien n'avait changé. Quand à Catherine, elle était effondrée. Elle restait enfermée dans leur petite chambre, ne sortait jamais, et ne dormait sans doute pas non plus.

D'ailleurs ils avaient également perdu tout le confort dont ils disposaient dans leur maison. Il n'y avait qu'un lit dans cette pièce, et les deux femmes obligeaient Edward à y dormir. Maggie dormait sur un tapis épais, tandis que Catherine prenait un vieux fauteuil. De temps en temps, Edward râlait ; il y avait assez de place pour une autre personne sur ce lit. Et si ni Catherine ou ni sa mère n'en profitait pas, il leur avait dit qu'il allait dormir par terre. Finalement, les deux femmes partageaient avec lui le lit à tour de rôle.

Ils avaient tout juste de quoi s'acheter à manger durant quelques jours. Le capitaine leur avait payé la chambre d'avance pour quelques jours, mais ensuite ce fut aux trois occupants de donner leur part. Cette chambre leur coûtait beaucoup.

Catherine avait finit par quitter la chambre plus d'une semaine plus tard, mais elle n'était pas revenue de toute la journée. La nuit, elle n'était toujours pas rentrée. Ce n'est que le lendemain matin qu'elle réapparut.

Cela recommença plusieurs fois. Edward tenta de deviner où elle se rendait, n'y parvenant pas, il avait posé la question à sa mère. Elle lui avait tout simplement répondu qu'il n'avait pas besoin de le savoir.

Et puis, un jour, ils n'avaient plus assez pour s'acheter à manger, et encore un peu plus tard, plus assez pour payer l'aubergiste.

Ils se retrouvaient à la rue, définitivement. Catherine, quand à elle avait disparue.

Maggie continuait pourtant de travailler. Ce qui lui permit d'acheter à nouveau un peu de nourriture. Mais ils dormaient dehors, des fois, littéralement sous un pont. Au milieu de mendiants et de voleurs et du danger.

Et Edward était perdu. Tellement perdu. La journée, il accompagnait sa mère. Et l'aidait à faire le ménage. Le soir, ils mettaient des heures à chercher un endroit où passer la nuit. Maggie était épuisée. Elle était devenue très pâle et des cernes énormes grossissaient sous ses yeux.

Un matin, elle mit énormément de temps à se réveiller. Edward l'avait secoué. Elle restait endormie. Il avait commencé à s'inquiéter. Elle avait finit par se lever, et était partie travailler. Durant toute la journée elle s'était mise à tousser. Elle se cognait souvent. Elle avait du mal à porter les seaux d'eau. Elle bougeait beaucoup plus lentement, et était essoufflée.

Une fois le soleil couché, le même soir, et après qu'ils se soient trouvés un abri non loin du port, Maggie s'écroula. Ils s'étaient arrêtés devant la boutique d'un artisans. La corniche au dessus de la porte de la battisse était large, et il y avait de la place pour s'allonger sur le seuil.

Edward s'était précipité aux cotés de sa mère, très inquiet.

-Maman ! s'écria-t-il, la secouant légèrement.

Elle ne répondit pas. Il lui tapota doucement les joues, et n'eut toujours aucune réponse. Toutefois, il se rendit compte qu'elle avait une forte fièvre. Elle était malade. Il tenta durant un bon moment de la réveiller, avant d'abandonner. Elle avait besoin de repos ; elle se réveillerait quand elle aurait regagné un peu de force.

Le garçon fut sorti de son sommeil par un cris en plein milieu de la nuit. Catherine se trouvait là, tentant de réveiller Maggie elle aussi. Elle la secouait fortement, mais la mère ne réagit pas. La jeune femme se tourna vers Edward.

-Aide-moi à la transporter. Je nous ai trouvé un logement.


Texte publié par Daisy Lin T, 2 juin 2024 à 19h45
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