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tome 1, Prologue tome 1, Prologue

Printemps 1680, Bristol. Angleterre.

Alors qu'une pluie battante plongeait les rues de la cité portuaire dans l'obscurité, une jeune femme tentait tant bien que mal de regagner sa petite maison, tenant fermement dans ses bras son précieux chargement. Elle faisait tout pour le maintenir le plus possible à l'abri de la tempête.

Heureusement, le petit s'était endormi. Jamais il n'aurait conscience du périple qu'il avait parcouru bien à l'abri dans les bras de sa mère.

La chaumière se situait dans une petite ruelle mal fréquentée, où les ivrognes étaient légion à chaque heure de la journée, et par n'importe quel temps. Ici vivaient les gens les plus mal famés de Bristol.

Maggie haïssait cet endroit. Étant issue d'une famille respectable, elle ne pouvait se résoudre à accepter que sa vie d'avant, celle d'une fille d'un riche marchand, prenne fin ainsi. Elle avait tout perdu.

Les choses semblaient pourtant aller pour le mieux, lors de son mariage à cet homme d'affaire Philip Drummond. Contrairement à elle, il n'était pas né dans une famille aisée, mais avait su bâtir une solitude fortune par lui-même.

Il n'était au départ qu'un simple marchand. Heureusement, la chance lui avait souri, et il su en tirer profit. Il était encore jeune lorsqu'il parvint à amasser une considérable masse d'argent grâce au commerce d'épices rares et d'autres produits provenant de pays aux mœurs exotiques.

L’attrait de la nouveauté par les européens l'avait rendu assez riche pour mener une vie confortable, et demander la main de cette jeune femme.

Malheureusement toute bonne chose à une fin. Philip, trop sûr de lui-même avait investit une importante part de sa richesse dans la construction d'un navire de marchandises à destination des Amériques. Les Antilles ; voilà la destination idéale pour approvisionner ces européens friands de tout ce qui provenait du Nouveau Monde. Tous les produits marchands devant être acheminés vers l'Angleterre avait été perdus ; le bateau avait été attaqué par des corsaires espagnols. Une partie des marins étaient morts lors de l'affrontement, les autres avaient été abandonnés sur une île déserte. Quand à la marchandise ; évidemment, elle avait été volée. Ainsi que le navire.

À ce moment-là, Philip n'avait pas encore perdu espoir. Il était encore immensément riche, et avait simplement envoyé un autre navire, plus grand. Il avait demandé à ce que soit engagés des hommes capables de défendre la cargaison durant tout le voyage. Cette fois-ci, le navire fut attaqué par des pirates ; il avait été coulé. Plus rien ne restait.

Maggie se souvenait du jour où il avait apprit la nouvelle. Il était devenu fou de rage, s'attaquant à tout qui se trouvait à sa porté. Dont elle. Elle ne lui en avait même pas voulu. Pourtant, elle avait été terrifiée. Jamais elle ne l'avait vu dans cet état. Le soir même il avait quitté leur belle demeure, revenant le lendemain complètement soul.

Un malheur n'arrivant jamais seul, Philip avait finit par perdre de nombreux partenaires commerciaux.

Un troisième navire avait été envoyé, et n'était jamais revenu lui non plus. Philip Drummond sombrait, comme ses navires. Il s'était mis à boire, à crier et hurler. Il était en colère. Et Maggie était sa première victime.

Leur fortune s’amenuisait. Ils avaient finit par renvoyer leur domestiques, n'étant plus en mesure de les payer.

Et c'est enceinte que Maggie du quitter sa maison. Criblés de dettes, ils avaient du la vendre, afin de s'en acheter une plus petite, plus abordable.

Entre-temps, les membres de la famille de Maggie l'avaient abandonné. Préférant ne pas être associés à la honte des Drummond. Elle et Philip s'étaient retrouvés seuls.

Mais leur situation ne s'arrangeait pas. La jeune femme avait finit par vendre toutes ses belles robes et ses bijoux. Cela couvrait à peine leurs lourdes dettes. Quand à son mari, lui, passait tout son temps dans les bars près du port. Dépensant le peu d'argent qu'ils avaient en alcool.

Quand il rentrait ce n'était que pour brayer. Un simple grain de poussière mal placé pouvait être une source de discorde. Un plat qui ne lui plaisait pas était à jeter. Alors même que la nourriture leur manquait. Il réclamait plus de viande. Et elle lui répliquait qu'ils n'avaient pas assez pour cela. Il avait jeté son bol de la table. Renversant la soupe et le peu de nourriture qu'elle avait pu leur offrir. Il s'en était ensuite pris à elle.

Leur fils s'était ensuite mis à pleurer. Il n'avait que quelques mois. Mais alors qu'elle vit son mari rouge de rage s'avancer vers le bébé, lui hurlant d'arrêter de « chialer ». Elle avait pris peur. Elle était terrifiée. Elle devait le sortir d'ici. Le sauver. Il n'allait pas survivre à son père.

Elle s'était levée, avant de son précipiter vers son fils, et avait rapidement quitté leur petite habitation, évitant de justesse Philip qui tentait de la retenir en tirant sur la cape qu'elle avait enfilée prêt de la porte.

Et enfin, elle fut dehors. Elle ne fit que quelques pas avant que la pluie ne s'abatte sur elle. Et quelques pas de plus avant de se rendre compte qu'elle n'avait nul part où aller.

Elle marchait sans vraiment savoir où elle se rendait. Ses pas l'avaient inconsciemment amenée devant les portes d'une église. Elle y avait pénétrée complètement trempée.

Au bout de l'allée de bancs, un homme âgé affairé devant une pile de quantiques posés sur un des bancs se retourna.

Une expression de choc se peint sur son visage.

-Seigneur ! S'écria-t-il avant de se précipiter vers Maggie.

Il la prit par le bars l'emmenant dans une petite maison attenante à l'église. Là, une jeune femme emmena Maggie dans un petit salon où brûlait un feu de cheminé. Cette dernière fut invitée à enlever sa cape afin de la laisser sécher. Le prêtre s'assit en face d'elle, lui demandant ce qu'il s'était passé.

Ce vieil homme connaissait Maggie depuis qu'elle était toute petite. Il l'avait baptisé, puis marié. Depuis quelques temps, il l’accueillait de temps en temps, alors qu'elle essayait de fuir les coups de son mari.

Maggie ne restait jamais longtemps, à chaque fois elle repartait en remerciant l'homme de son accueil. Et à chaque fois, il la laissait s'en aller, inquiet malgré tout. Mais il ne pouvait pas la retenir.

Maggie retournait chez elle, espérant que Philip s'était calmé. Elle n'avait pas d'autre choix de toute façon. C'était sa maison, et elle n'en avait pas d'autre. Elle devait faire tout ce qu'elle pouvait pour éviter à son fou de mari de se mettre en colère à nouveau. Pour son fils. Elle devait s’assurer qu'il ne lui arrive rien. Elle ne pouvait pas abandonner. Elle devait faire en sorte qu'il ait un toit et de quoi manger. Qu'il puisse grandir. Elle devait prendre des coups pour que lui ne les subisse pas. Elle devait le protéger. Mais pour cela, il fallait qu'elle survive. Juste assez longtemps pour qu'il soit assez grand et fort.

Pour l'instant, les jours se suivaient. Tous aussi déprimants et dangereux les uns que les autres. Des semaines passèrent, puis des mois. Quelques années même. Et rien ne s'arrangeait.

Ils étaient toujours aussi pauvres.

Mais le garçon grandit.


Texte publié par Daisy Lin T, 5 mai 2024 à 20h12
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