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Chapitre 4

Autant en emportent les Vents

Depuis l'arrivée de sa sœur, Gwenan n'avait toujours pas retrouvé tous ces esprits. Il venait à nouveau de renverser le réservoir d'essence de cristal d'un vert profond et mouvant qu'il tentait de connecter à sa nouvelle création. Bien qu'il sache pertinemment au fond de lui qu'elle finirait un jour par mettre le nez ici, il n'avait pas vu venir la claque infligée par sa sœur tout à l'heure qui lui cuisait encore la joue. Il massa douloureusement sa pommette en continuant ses explications. Le bon géant qui lui servait de garde du corps avait fini par s'assoupir, assis sur la pile de caisses en métal rongées par la rouille qui faisaient face à la porte par laquelle il avait entraîné T'Lea dans le hangar d'une main de fer. La musique de Gwenan ne lui faisait visiblement ni chaud ni froid. Il aurait pu se lancer dans un concours de ronflements avec le jeune homme aux cheveux ébouriffés et largement prétendre à la victoire.

Les lumières du jour baissaient doucement aux travers du toit en ruine de l'immense bâtiment circulaire, rendant les rayons qui s'y infiltraient encore plus poisseux, plus tangibles. T'Lea n'écoutait pas vraiment son frère non plus. La plupart de ce qu'il débitait, Vee et sa sœur en avait plus ou moins conscience via le transpondeur qu'elles avaient placé sur lui. Les Butos avaient la fâcheuse tendance d'appâter les garçons comme lui, aux mains d'or mais à la jugeote parfois désespérément absente, afin de recouvrir aux besognes litigieusement légales, comme la conception de droïdes autonomes indépendants du réseau de la Cité et de la Compagnie et autre contrebandes en tous genres. Si Gwenan n’était pas si doué en Anima que pour la conception de systèmes hétéroclites, il avait sauté sur l'occasion d'avoir accès au réseau Buto pour mettre la main sur des pièces rares qui entre ces doigts agiles pouvaient donner vie à quasi n'importe quelle lubies de ses relations véreuses. Par la même occasion, il en profitait pour mettre de côté deux ou trois raretés afin de se livrer à ses propres expériences tout en ramenant un pactole non négligeable à la maison.

- Au final, c'est gagnant-gagnant, dit il en haussant les épaules pour se justifier, soutenant enfin le regard de sa sœur depuis qu'il avait entamé ses explications.

- Au moins je sais d'où tu sors tous ces réservoirs de bacta, dit-elle le regard dans le vague. Je suis moins sûre du gagnant-gagnant que toi, par contre. On en reparlera quand la Sûreté Cyber de la Cité te tombera dessus. Quelque chose me dit que tes amis seront pas là pour te sauver les miches, dit-elle la mâchoire dans la main, accoudée au tas de pièces contre lequel elle s'était appuyée.

- Süuly est sympa, il comprend pas grand chose à la vie mais il est sympa, dit Gwenan en remarquant le regard de sa sœur pour le géant endormi.

Le jeune homme réussi enfin à brancher le réservoir opaque à l'étrange mini-réacteur inerte devant lui. Il disparut sous la vielle table de bois moulu qui lui servait de plan de travail et un petit cliquetis et une série de bip rapides parvinrent de sa cachette jusqu'à T'Lea. Elle fronça les sourcils en voyant le mini-réacteur Köhls s'activer. La sphère en son centre s'illumina et se mit à pivoter dans son logement, annonçant la mise sous tension réussie de l'unité créée par Gwenan. Ce pendant, là où le cœur aurait dû être d'un bleu étincelant rappelant celui de Vee, il avait pris vie dans un vert luisant doucement sous les yeux un peu fous du jeune homme qui avait émergé de derrière l'assemblage disparate avec un sourire de joie et de fierté intenses. Le fluide du réservoir, d'un vert émeraude rayonnant aux reflets ondulants, vint prendre sa place dans cette valse tourbillonnante au sein de la sphère centrale, allumant les yeux écarquillés de Gwenan de mille reflets.

- Enfin, bordel ! souffla-t-il en brandissant un poing rageur de victoire. Ah, enfin !!!

La joie de l'enfant qui vient de recevoir le jouet le plus merveilleux de l'univers brillait dans ses yeux et dans sourire alors qu'il plongea les mains dans les entrailles de son nouveau bébé afin de vérifier que la mise sous tension de sa création n'ait pas entraîné de déconnexion dans ses branchements ou autres soucis. Sa sœur se leva doucement, happée par les formes mouvantes du cœur qui s’accélérait progressivement.

- Comment … balbutia-t-elle en penchant la tête sur le côté, obnubilée par la lueur verdâtre étrange qui gagnait en intensité au fur et à mesure que le réacteur montait en puissance. Comment tu as fait ça ?

Le jeune homme n'était plus là. Ses yeux naviguaient frénétiquement de l'étrange fluide en fusion vert qui accélérait sa rotation dans sa cage sphérique au divers moniteurs de contrôles dont les diodes s'affolaient dangereusement. La joie immense qui l'animait quitta instantanément son visage devant les indications des différentes jauges connectées au réacteur. Un sifflement strident commença à percer l'air depuis le centre de la sphère en rotation.

- Oups, dit-il dans un instant suspendu par le sifflement qui s’intensifiait de manière exponentielle, avec un air de fautif juvénile et candide que sa sœur n'avait que trop connu plus tôt dans leur enfance.

Gwenan se jeta sur sa sœur par-dessus la table, plaquant T'Lea au sol et l'écrasant de tout son poids. Ce grand dadet l'avait depuis bien longtemps dépassée en masse et en taille, tant et si bien que T'Lea eut le souffle coupé par l'impact contre le sol poussiéreux du hangar. Un clignement des yeux plus tard, le réacteur n'avait laissé qu'un cratère fumant au milieu de la table, implosant dans une symphonie de crissements électriques suivis d'une détonation sèche, semblable à un coup de blaster, et d'une lueur verte vive à en brûler la rétine. Süuly sortit de son sommeil dans un sursaut et un cri qui n'avaient absolument rien de gracieux et se rua avec une rage ignorante vers l'origine de la menace qui venait de le sortir de sa douce torpeur. Gwenan n'eut pas un regard pour sa sœur, et se releva avec précipitation en lui enfonçant son coude dans les côtes. L'excitation revint en lui alors qu'il contemplait béat l'auréole fumante dont était marquée presque à cœur le bois de la table à l'endroit où se tenait le mini-réacteur quelques instants plus tôt. Le poste à musique n'émettait plus qu'un faible grésillement, comme si lui aussi avait été sonné par le souffle.

- Oh, bordel, murmura le jeune homme en grattant sa tête hirsute avec un sourire amusé. C'est pas vraiment ce qui était prévu...

La joie enfantine s'afficha de nouveau sur son visage et l'élan de folie qui allumait son regard avant l'incident se ralluma dans ses yeux.

- Oh bordel, sœurette, tu te rends com... commença-t-il en se retournant vers sa T'Lea qui se relevait péniblement en se tenant les côtes, un regard glacé braqué sur son frère.

Ce coup-ci, la gifle que lui infligea sa sœur fut si cinglante qu'il se retrouva le derrière à terre dans la poussière, la joue à nouveau cuisante et cramoisie et chancelait en regardant passer les étoiles devant ses yeux.

- Ça, c'était pas prévu non plus, mais je crois que je l'ai méritée, bredouilla-t-il, hagard, en portant la main à sa pommette brûlante.

T'Lea stoppa d'un geste de la main Süuly qui se penchait sur la table, comme pour humer les volutes de fumée qui montaient lentement de la table vers le toit du hangar. Elle agrippa son frère par les bras, le remis sur ses deux pieds comme un marionnettiste replacerait sa création sur la scène et lui fit faire face aux conséquences de ses actes.

- Qu'est-ce que c'était que ce truc ? demanda T'Lea à son frère entre ses dents, hachant chaque syllabe comme si elle s'apprêtait à le découper en morceaux.

- Un réacteur K30. Et un réservoir de bacta à charge négative, répondit mécaniquement son frère.

Gwenan secoua la tête et il sembla remonter le fil de l’événement, parcourant d'abord des yeux les instruments de mesure qui continuaient de biper doucement mais inlassablement, puis la table noircie jonchée des restes fumants de sa création et enfin les deux yeux de sa sœur, rivés dans les siens avec une sombre colère froide qui fit remonter en lui avec un sursaut d'effroi de lointains souvenirs infantiles.

- Et ? grinça T'Lea entre ses dents en attrapant son frère par le col afin de le tourner une nouvelle fois face à la table.

- J'ai dû merder quand j'ai dosé le bacta, continua Gwenan un peu groggy, reprenant le fil de sa réflexion en touchant du bout du doigt les débris calcinés étalés sur ce qui restait de son plan de travail. Mais ça veut dire que j'ai réussi à accorder les fréquences, bordel, tu te rends compte sœurette ?

Ses élans de joie furent à nouveau calmés instantanément par une sèche tape derrière la tête de la part de T'Lea qui put enfin prendre une longue inspiration en se pinçant le haut du nez et tenter de se calmer.

- M'appelle pas sœurette, morveux. Charge... négative ? Attends, se coupa toute seule T'lea dont le cerveau recommençait de nouveau à carburer. T'es en train de me dire que t'as réussi à polariser ton merdier de façon à aligner des fréquences... Négatives ?

- Oui ! répondit Gwenan qui dut se retenir de sauter de joie devant la vision de sa sœur qui comprenait enfin.

- Ce vert, c'était l'ionisation, alors … Et tu avais besoin d'un K30...

- Parce que ce sont les seuls sur le marché que tu peux inverser sans tout cramer ! finit Gwenan qui jubilait de nouveau, mais de manière relativement contenue, maintenant.

Avec ses cheveux en bataille, dont une mèche ou deux avaient été roussies par le souffle, la crasse étalée sur son visage, ses vêtements de travail trop grands, rapiécés de toute part et la lueur de folie dans ses yeux, il aurait pu finir au Services de Santé et d’Urgence Mentale en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.

- Y a rien sur Adokia qui soit branché sur des fréquences négatives à part les boucliers. Qu-est ce que tu comptais faire de ça ? grommela T'Lea qui commençait à s’agacer de ne pas comprendre. Même en ELUD, on ne se sert des négatives que très rarement. C'est comme si tu me disais : je veux brancher un réacteur au cul d'un Marcheur des Vents. Ça n'a auc...

Leur regards se croisèrent. Devant le rictus que fit le visage de son frère, figeant son expression entre la joie et la honte, entre l'excitation et la peur de se faire gronder, T'Lea pencha la tête sur le côté avec un air désapprobateur, comprenant à demi-mot la suite des événements.

- Oh, et puis merde ! s'exclama Gwenan, retrouvant tout à coup une contenance et une détermination qui avaient disparues sous les gifles de sa sœur.

Tel un enfant vexé, il fonça, les sourcils froncés, sur l'épave de magnénavette qui se trouvait derrière lui, la contourna et disparut derrière l'amas de métal déchiqueté, en jurant dans sa barbe que sa satanée sœur et sa foutue Anima finiraient par avoir sa peau. Sa sœur restée là, sourcils froncés, la bouche entrouverte, interloquée, le vit revenir en continuant de marmonner dans sa barbe naissante avec l'énorme caisse métallique flottante qui l'avait accompagné lorsqu'il était parti de la maison plus tôt dans la journée.

- Je te jure, elles auront ma peau ! se grogna-t-il de nouveau à lui même.

Il appuya sur un des boutons du panel de contrôle situé sur le côté de la grosse boîte noire, et celle-ci émit trois bips courts avant de toucher doucement le sol dans un bruit feutré de décompression. La série de cliquetis inquiétants du déverrouillage retentit dans le hangar, et Gwenan ouvrit le contenant par sa façade, brusquement, le séparant en deux de part en part, et croisa la bras en signe de vexation. Avec une moue qui lui faisait perdre une bonne dizaine d'année, il déclara sans même regarder sa sœur dans les yeux :

- Alors, contente ?

- Oh... Bordel... souffla à son tour T'Lea les bras tombants.

Le caisson de transport était suffisamment grand pour que Süuly puissent s'y installer debout, et plus que confortablement. L'intérieur était tapi d'une mousse épaisse occupant la quasi intégralité de l'espace. Le son même de leur voix s'éteignait en frappant l'isolant qui enflait en cônes symétriques de toutes les parois. Entre le noir mat de la carapace métallique extérieure et le velours sombre du revêtement mousseux, le peu de lumière qui réussissait à s'extraire du caisson laissait ressortir les reflets sombres et irisés d'une forme monstrueusement animale, une sorte d'énorme squelette massif aux excroissances acérées qui se plantaient dans la mousse de toute part. Les différentes parties de l'assemblage osseux aux reflets mouvants ainsi disposées en position debout, composées de quatre membres inférieurs et deux supérieurs, surplombaient T'Lea d'un air menaçant. Ce qui devaient être les mandibules de la bestiole dont on avait prélevé ainsi l'exosquelette s'ouvrirent brusquement comme pour donner plus de naturel encore à sa présence. La jeune femme qui restait bouche bée devant le trésor de son frère eut alors un petit mouvement de recul quand les mâchoires claquèrent en atteignant leur ouverture maximum. Süuly s'avança alors d'un pas tranquille vers le caisson, passa un bras musculeux par dessus l’épaule de T'Lea et remis avec une délicatesse infinie les mandibules dans leur position initiale du bout de ces énormes doigts.

- Il est beau, hein, dit-il avec son ton goguenard et son grand sourire.

Gwenan tenta de mettre une tape sur le dos de la main du géant, mais celle-ci ne frémit même pas.

- Pas touche, gros tas de muscles en furie, mille fois je te l'ai dit, grogna-t-il.

Le regard interrogatif de la grande sœur passait du caisson à son frère, de son frère au caisson. Les planètes s'alignaient dans sa tête, tout doucement.

- Un putain de Marcheur. Complet, et flambant neuf, frima Gwenan timidement. Un gros Hexa de Muarfeng, d'après ce qu'on m'a dit.

Le regard de T'Lea se fit plus analytique. Elle remarqua que là où les membres osseux des Hexapodes étaient naturellement dissociés par la peau épaisse des animaux, les rendant indépendants les uns des autres, ici les parties de l'exosquelette que formaient les différentes structures osseuses étaient reliées entre elles par une série de câbles, d'électrodes et de tuyaux de bacta. Elle se tourna vers la table à côté de laquelle ils se tenaient un peu plus tôt. Son frère profita qu'elle lui tourne ainsi le dos pour pousser un soupir discret de soulagement. Quand elle pivota à nouveau vers lui, elle avait retrouvé son air maternel réprobateur. Il se guinda à nouveau par réflexe et avala sa salive non sans mal.

- Tu … commença-t-elle en pointant le monstre inerte dans sa grosse boîte.

- J'ai réussi à trouver le moyen d'alimenter ce machin, oui, dit Gwenan non sans une once de fierté mais surtout en guettant du coin de l’œil la réaction de sa sœur qui détestait se faire couper la parole. Ce matin j'ai même pu l'essayer.

- Tu as enfilé ce truc ? gronda T'Lea qui ne savait plus si elle devait le gifler ou l'applaudir.

- Ouais, mais ce truc consomme une énergie de dingue, embraya Gwenan qui ignora volontairement la menace dans le ton de sa sœur afin de ne pas jeter de l'huile sur le feu. J'ai fait quelques pas, et d'autres trucs marrants que je tairais, et ce machin est tombé en panne sèche au bout de quelques secondes. Une bonne dizaine, si tu veux mon avis. Du coup je bossais sur un réacteur qui pourrait peut-être faire mieux, et puis t'es arrivée.

Süuly était allé remettre en état de marche le poste à musique, mais à cette phrase de Gwenan il se mit à rire à gorge déployée.

- Et ne parlons pas des cris de bébé qu'il a poussé quand il était coincé sous son attirail !

Gwenan le fusilla du regard, mais cela eut au moins pour effet de faire redescendre une fois pour toute la tension entre lui et sa sœur qui avait envahi tout le vieil entrepôt. Le géant fini par atteindre le poste en essuyant ses larmes, mais au lieu de la cacophonie chérie du jeune homme, il fit diffuser dans la poussière ambiante des chants polyphoniques Pyrii. Il commença à chantonner doucement la longue plainte triste qu'avait entamée le chœur féminin comme on l'aurait chantée à un nouveau né.

- Pourquoi ce monstre ? finit par demander lascivement T'Lea après plusieurs longs instants de silence en fixant le caisson de transport.

- J'en sais rien. Les Buto sont obnubilés par ce truc depuis qu'ils ont mis la main dessus, répondit Gwenan soulagé.

Il tenta de remettre ses cheveux en ordre sans succès, et voyant sa sœur s'asseoir le regard dans le vide sur une chaise bancale face à la silhouette de fer massive et acérée dans sa cage de mousse, il versa deux coupe du liquide rosé et sucré et s’installa près d'elle.

- Du coup, tu m'as pas dit pour Kulo, toi.

T'Lea soupira car son esprit n'arrivait pas à se départir de la monstruosité devenue à moitié Cyber entre les mains de son frère. Elle raconta sa matinée de travail dans les moindres détails, de son départ avant le coucher des lunes alors que lui ronflait encore à s'en déchausser les dents à son départ prématuré de la Kulo Brattax après son entrevue particulière avec le maître des lieux. Elle prit soin de s'arrêter avant de mentionner le transpondeur et Vee, mais son frère était trop vif d'esprit pour passer à côté de l'omission.

- Je savais que ça finirait par arriver, on peut rien te cacher de toute façon, souffla-t-il sur un ton désabusé, mais comment t'as fait pour me retrouver si vite ? T'as tabassé un de ces idiots de Buto pour lui faire cracher le morceau ?

T'Lea ne put s’empêcher de baisser les yeux en guise de seule réponse. Gwenan s'arrêta soudainement de boire la gorgée qu’il venait d'entamer et porta son bracelet de communication à sa bouche et s'éclaircit la voix un peu théâtralement, le tout sans jamais lâcher sa sœur des yeux.

- Vee ! cria-t-il sans prévenir, ramène ta fraise, et fais pas celle qui écoutait pas !

Le nuage de pixels bleutés apparut alors de leur bracelet respectifs, les deux nuées se rejoignant en une volute tourbillonnante où apparut la silhouette de Vee, se pinçant le haut du nez en fronçant les sourcils.

- Le premier qui m'accuse de quoi que ce soit devra expliquer à l'autre pourquoi il a un transpondeur caché sur lui. C'est parti, top départ.

Le frère et la sœur se retournèrent l'un vers l'autre d'un même mouvement.

- T'as fais quoi ? s'interrogèrent-ils mutuellement et de manière parfaitement synchrone.

D'une moue infantile, ils se défièrent du regard puis se mirent à fouiller leur poches, chacun cherchant dans les moindres recoins de sa tenue.

- Je me suis entièrement changée, marmonna T'Lea, tu as pas pu le mettre dans...

Ses yeux s’écarquillèrent. Son frère, qui avait suivi le même chemin de pensée, porta la main à son cou. T'Lea porta la sienne à son oreille. Ils avaient eu la même idée. Gwenan dégrafa de son cou le pendentif en forme de demi-sphère dorée qui ne le quittait jamais et commença à retirer la toute petite puce, aussi fine qu'un cheveu, qui était collée au revers. T'Lea en fit de même avec son unique boucle d'oreille argentée qui coulait en petites chaînettes brillantes jusqu'à son épaule.

- On peut passer à autre chose maintenant ? insista Vee qui avait commencé à faire mine de taper du pied d'impatience.

- Comme quoi ? maugréa Gwenan en remettant le pendentif en place.

- Je ne sais pas. Comment tu expliques le fait que ton émetteur n'ait pas arrêter de disparaître de mes radars ce matin, par exemple.

- Le champ, Vee, dit T'Lea d'une voix un peu songeuse. Quand ce morveux a mis les pieds et le reste là-dedans, il était couvert par le champ que le squelette crée naturellement.

- Les ondes auraient dû me parvenir quand même, rétorqua Vee presque vexée. Le champ généré ne peut pas les bloquer.

- Pas s'il est alimenté par un bacta de négatives. Il est en opposition de phase avec un champ ordinaire. Théoriquement. Mais ce genre d'expériences est réservées aux Passeurs normalement, exagéra T'Lea en soulevant un sourcil réprobateur vers son frère.

- Ce qui veut dire que le transpondeur a tout simplement cessé de fonctionner à l’intérieur du champ. C'est fou... continua Gwenan en scrutant son exosquelette. Mais tu disais que les boucliers sont censés faire la même chose, non ?

- Les boucliers ne sont pas alimentés par un cœur à bacta de négatives comme le tien, dit Vee en se tournant à son tour vers la bête de métal qui rutilait jusqu’au bout de ses pointes acérées. Les négatives sont utilisées dans leur stabilisation, mais pas dans leur génération primaire.

- Donc ce truc peut couper tout pont magnétique avec l'extérieur... C'est fou, se répéta Gwenan.

Il pris une nouvelle gorgée de boisson. Son cerveau fusait, en synchronisation avec celui de sa sœur. Ses yeux s’éclairèrent soudain et il manqua d'avaler de travers. T'Lea se tenait le menton du bout de ses mains jointes, les coudes posés sur ces genoux, le bout de ses doigts tapotant frénétiquement ses lèvres, songeuse. Les ronflements de Süuly avait recommencé à enfler dans l'écho de leur conversation. Les trois regards était figés dans le crâne sombre aux arcades saillantes et aux mandibules démesurées à l'intérieur de la caisse de transport.

- Tu penses à la même chose que moi ?

- Évidemment, grogna T'lea entre ses doigts.

- Très bien. Sinon, vous comptez partager un jour ? se vexa Vee en posant les poings sur ses hanches et se tournant vers eux.

- Tu penses vraiment qu'on peut se protéger des vents avec ce truc ? Genre... Sortir dehors ? Vraiment ? demanda Gwenan, quelque part entre l'excitation et la frayeur.

- Te protéger, oui. Des vents, du bouclier. De tout. Invisible. Intouchable. Intraçable. Maintenant rajoute à ça un peu d'Anima bien dosée...

- Et tu obtiens le parfait petit soldat, conclut Vee froidement en pivotant à nouveau face à la monstruosité glacée.


Texte publié par Alex Destier, 4 mai 2024 à 23h22
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