Minuscule boule de plasma, dans un immense ciel sans nuage, le soleil apportait peu de chaleur. Pourtant, l’air était frais, mais pas glacial. Les immenses prairies qui s’étendaient autour de la pyramide paraissaient fertiles et vivaces. L’herbe violette côtoyait des bosquets d’arbres aux troncs alambiqués et au feuillage oscillant entre le bleu et l’orange.
— Cette planète est très fertile, malgré l’éloignement du soleil, expliqua Altarius. Les températures sont vivables, bien que très froides l’hiver. C’était un sacré changement avec ma planète natale, un désert rougeâtre et des villes souterraines.
Trevor jeta un coup d’œil sur l’homme, qui laissait errer son regard sur le paysage avec une expression émerveillée. Depuis la réactivation des communications, il s’était détendu, de même que la plupart de ses compagnons. Seuls Peter, à quelques pas derrière eux, et certains hommes semblaient avoir du mal à leur faire confiance –, enfin, surtout à moi pensa Trevor.
Il regarda Peter, qui observait de loin Allegra. La responsable était en train de visiter le jardin, guidée par Uma, une femme d’âge mûr, qui en avait la charge. Les deux femmes parlaient en souriant.
— Il s’y fera, commenta Altarius. Peter est l’un de ceux qui a le plus souffert à cause de l’Église.
Trevor soupira et reporta son regard sur le chef.
— Cette planète est un paradis, après ce que vous avez vécu.
Altarius grimaça.
— Pas immédiatement. Le réacteur du vaisseau n’a pas tenu le coup et nous nous sommes crashés, à quelques kilomètres d’ici. Nous avons perdu beaucoup des nôtres à ce moment-là. Il a ensuite fallu survivre et construire des abris, s’organiser, recréer une société.
— Vous avez l’air d’avoir réussi.
— Oui.
Trevor fronça les sourcils. Son interlocuteur ne paraissait pas convaincu. Il avait encore une fois l’impression qu’il lui cachait quelque chose.
— Vous avez un village ou une ville quelque part ?
Altarius haussa un sourcil.
— Je ne suis pas encore prêt à vous dévoiler ce secret, commandant.
Trevor lui répondit par un sourire. Mais, un sentiment de malaise ne cessait de s’intensifier au fond de lui. La voix d’Altarius le tira de ses pensées :
— Il existe quelques animaux qui apprécient nos plantations, ainsi que quelques prédateurs. Nous avons dû installer un périmètre de sécurité : des détecteurs de mouvements et des lasers. Malheureusement, nos appareils sont vieux et dysfonctionnent.
— Nous devrions pouvoir vous aider avec ça, fit Trevor.
Altarius sourit.
— Et nous devrions pouvoir partager nos récoltes avec vous, si nous n’avons plus à nous soucier des animaux. Nous pourrons planter davantage de graines.
— Vous pensez que la pyramide pourrait vous aider à protéger votre peuple, affirma Trevor, en braquant ses yeux sur l’autre.
Altarius cligna des yeux, surpris par le changement de sujet, ou bien par l’instinct du commandant. Un petit sourire étira un instant ses lèvres.
— Nous savons que cette station de recherche à un système de protection, c’est vrai.
— Protection contre quoi ? insista Trevor.
— Je vous l’ai dit, contre les animaux…
— Si mes hommes sont en danger, je dois le savoir…
Altarius posa une main apaisante sur le bras du commandant.
— Tant qu’ils restent dans le périmètre la nuit, ils ne sont pas en danger. Vous avez ma parole.
Sans attendre la réponse du commandant, Altarius se détourna et s’éloigna. Trevor serra les poings de frustration. Cet homme ne lui disait pas tout, et cela commençait à l’agacer.
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