Au bout de quelques minutes, Trevor s’éloigna de Shayn, qui le lâcha. Il marcha près de lui, la démarche raide, et un bras en travers de sa poitrine. Son regarda furieux était posé sur le dos de l’homme qui marchait devant eux.
Au bout d’une centaine de mètres, en bas d’une légère pente, ils découvrirent un petit village, fait de bric et de broc, dont une partie des habitations étaient en piteux état. Une rue de terre piétinée traversait le centre et menait directement à une immense structure pyramidale, faite dans une matière ocre, chargée de gravures, très similaire à celle de la station.
Shayn ne pouvait détacher son regard de la construction. Trevor, lui, observait les habitations : elles paraissaient construites avec des matériaux de récupération d’un vaisseau, auquel on avait ajouté du bois. Et elles avaient été désesrtées.
Ils passèrent sous une arche et remontèrent un couloir étroit, jusqu’à une salle carrée, dans laquelle était disséminée des lits de camps, des tables, des chaises, des installations diverses. Des lampes illuminaient le centre de la pièce d’une lueur crue, alors que les parois étaient plongées dans une semi-obscurité, tempérée par la lueur bleutée diffusée par des consoles.
Des hommes et des femmes se tournèrent vers eux. Vêtus des mêmes tenues que leur comité d’accueil, ils arboraient des expressions méfiantes.
Shayn et Trevor stoppèrent au centre de l’atrium, encadrés par deux des hommes, alors que le troisième fendait le groupe d’humains pour rejoindre le fond de la salle. Blafard, le visage crispé de douleur, Trevor scrutait les gens. Shayn, lui, laissait glisser son regard sur les lieux remplis de mystère, se retenant de se rapprocher des consoles qui l’attiraient.
L’homme revint, accompagné d’un autre membre de sa communauté : petit et maigre, il dégageait une impression d’hostilité, alors que ses yeux noirs enfoncés dans ses orbites les examinaient.
Un violent coup à l’arrière des genoux força Shayn et Trevor à s’agenouiller. Le scientifique jeta un regard courroucé à celui qui le surveillait, mais celui-ci l’ignora. Le troisième homme s’approcha à grands pas de Trevor et ouvrit brutalement la veste de son uniforme et tira son tee shirt, dévoilant davantage ses tatouages. Un murmure effrayé se répandit à travers le groupe et les traits du petit homme se crispèrent.
Trevor, tendu comme la corde d’un arc, se retenait visiblement de sauter à la gorge de l’homme. Le petit homme s’avança et posa une main sur le bras de son acolyte, qui lâcha le commandant. Puis il fit un geste. Trois autres hommes se détachèrent du groupe, en pointant leurs armes sur eux. Puis leurs deux geôliers se penchèrent, tirèrent leurs bras dans le dos et attachèrent leurs poignets. Une vague de panique envahit Shayn. Il jeta un coup d’œil à Trevor, qui s’était redressé et vrillait son regard dans les yeux du chef. A sa pâleur et à la sueur sur son front, Shayn devina que la position était douloureuse pour lui.
— Vous êtes Altarius ? demanda-t-il.
L’autre le regarda en fronçant les sourcils.
— Vos hommes ont parlé de vous tout à l’heure, continua-t-il nerveusement. Nous ne sommes pas vos ennemis. Nous nous sommes écrasés par accident et …
— C’est la machine qui vous a fait venir. Combiens de Chapelains vont débarquer ?
— Aucun. Nous n’appartenons pas à l’Eglise Apocalyptique. Regardez nos uniformes !
L’homme pointa la main en direction de Trevor.
— Il a les tatouages de sa caste.
Le commandant jeta un coup d’œil à Shayn, puis soupira.
— Je n’appartiens plus à l’Église, rétorqué Trevor, d’une voix rauque et tendue.
Altarius éclata de rire.
— On ne quitte pas l’Église !
Un sourire glacial étira les lèvres du commandant.
— C’est difficile, mais ça se fait. Il existe des Rituels pour ça.
Altarius le fixa en silence, les lèvres pincées. La nervosité se répandait dans ses hommes.
— Nous travaillons pour Epsilon Sygma, lâcha Shayn. Je suis un scientifique, en mission sur une station en orbite autour de l’étoile de ce système. Nous ne savions même pas qu’il y avait des humains sur la planète !
Si sa voix prenait un ton désespéré, cela l’indifférait totalement. La tension commençait à lui porter sur les nerfs. Trevor paraissait sur le point de perdre conscience. Sans dire un mot, Altarius fit un geste à ses hommes, il disparut dans le groupe des spectateurs qui le suivirent vers le fond de la salle. Shayn et Trevor furent remis sur pied et poussés en direction du mur puis enchainés à des conduits qui couraient le long.
Une fois laissé seul, le commandant posa son crâne douloureux contre le mur et clôt les paupières. Shayn, assis juste à côté de lui, lui jeta un coup d’œil. Ses chaines raclèrent le conduit alors qu’il cherchait une position plus confortable. Son épaule toucha celle du commandant.
— On est mal barrés, murmura le scientifique.
— Toujours pessimiste, grogna son compagnons, en le regardant.
— Comment tu te sens ? lui demanda Shayn, en posant un regard inquiet sur lui.
— Prêt à leur mettre une raclée.
Le scientifique haussa un sourcil, les lèvres pincées. Trevor leva les yeux au ciel.
— La tête qui tourne, du mal à me concentrer, plusieurs côtes cassées… Content !
— Pas vraiment, murmura Shayn.
Le regard de Trevor se perdit dans le vide.
— Ça doit être des réfugiés d’une planète contrôlée par l’Église, murmura-t-il. Ils ont dû réussir à fuir en volant un vaisseau et se cacher ici. Depuis longtemps. Je me demande combien ils étaient.
— Ils ont dit que tu étais un assassin, fit Shayn.
Trevor lui jeta un regard en coin. Puis il soupira.
— C’était la caste à laquelle j’appartenais, c’est vrai.
Un long silence s’étira entre eux. Shayn, les yeux dans le vide, paraissait plongé dans une intense réflexion. Le cœur serré, Trevor attendait sa réaction. Aucun membre de la mission n’était au courant de son passé. Il espérait que cela resterait ainsi. Mais maintenant que Shayn le savait, avait-il le droit de lui demander de ne pas le dire aux autres ?
Les Universités Galactiques et l’Eglise Apocalyptique étaient des ennemis héréditaires. La loyauté de Shayn envers sa faction allait-elle l’influencer ? Comme la tienne envers Epsilon Sygma t’a aveuglé, Trevor ?
Altarius apparut alors, accompagné d’un homme. Celui-ci détacha Shayn et le poussa vers l’atrium.
— Si vous lui faites du mal … , cracha Trevor, un masque de dureté sur le visage.
La lourde menace resta en suspens. Le chef répondit par un rictus, puis suivit son homme de main. Ils entrainèrent Shayn vers une console illuminée au fond de la salle. Plusieurs écrans scintillaient au-dessus de machines qui ressemblaient à celles de la station. Cette installation a été construite par les Fondateurs, réalisa Shayn. Il s’arrêtèrent devant l’une des consoles, dont l’affichage clignotait et ondulait frénétiquement.
— Cette machine s’est activée juste avant que vous n’arriviez, expliqua Altarius.
— Elle n’a pas l’air de fonctionner, remarqua Shayn, d’un ton acide.
Puis il écarquilla les yeux.
— C’est à cause d’elle qu’on a atterri en catastrophe sur votre planète. Vous avez appuyé sur une commande sans savoir ce que vous faisiez !
Son sarcasme n’échappa pas à l’homme de main, qui étrécit les yeux et le fixa d’un air menaça. Le cœur de Shayn accéléra, mais il ne laissa pas paraitre sa peur.
— On a vu votre navette sur l’affichage, puis l’image s’est brouillée et elle fait ça depuis.
— Qu’est-ce que vous voulez ?
— Vous allez la réparer.
— Pourquoi ?
— Pour éviter que votre ami ne soit exécuté, pour commencer.
Une onde glaciale parcourut la colonne vertébrale du scientifique.
— A mon avis, c’est ce qui va lui arriver de toute manière.
— Sauf si vous nous prouvez ce que vous avez dit, docteur.
Shayn reporta son regard sur la console et l’observa d’un air pensif. Les aider pourrait sans doute leur sauver la vie à tous les deux. Toute cette histoire n’était qu’un malentendu et réparer la console pourrait le régler. Si j’y parviens. Et s’ils ne mentent pas.
— Qu’avez-vous vu sur l’affichage ?
— Une représentation de la planète et du système solaire, ainsi que des points clignotants. Le seul qu’on a identifié, c’est la navette. J’ai appuyé dessus et puis…
— Trevor et moi avons failli mourir, l’interrompit Shayn, d’un ton sarcastique.
Altarius fronça les sourcils, mais ne commenta pas.
— ça doit être une interface contrôlant des senseurs longue portée, et un système de protection ou d’atterrissage automatique, réfléchit-il.
— Je vais peut-être pouvoir la réparer, mais il me faut des outils, ma tablette. Oh ! Et je vais avoir besoin d’utiliser mes mains.
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