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tome 1, Chapitre 16 « Manfred Lorée - Partie 4 » tome 1, Chapitre 16

- Madame… une visite pour vous.

La voix d’Ismène était étouffée à travers la porte de la grande chambre où reposais ma mère.

- J’ai dit que je ne voulais voir personne.

J’eus envie de pleurer en entendant cette voix. C’était bien celle de ma chère et tendre mère, mais qu’elle était faible, qu’elle était âpre ! La mort c’était déjà emparé d’une partie de son être.

- La lettre a-t-elle bien été envoyée à mon fils ? repris la matriarche.

- Oui, madame, mais il n’est pas arrivé. Au sujet de cette visite…

- Si ce n’est pas lui, je ne veux voir personne.

- Je n’en suis pas si certaine, madame. A vrai dire, je crois que vous seriez ravie de l’accueillir.

Ma mère poussa un profond soupire, suivit d’une quinte de toux qui me fendit le cœur.

- Qui est-ce donc ? dit-elle lorsque la crise fut passée.

- Mieux vaut que vous le constatiez vous-même.

- Allons bon ! Qui peut bien oser déranger une vieille veuve sur son lit de mort ? Mais faites-le entrer. Néanmoins, qu’il prenne bien garde au motif de sa visite.

- Bien, Madame.

Je vis Ismène sortir de la pièce et hocher la tête. Je pris une grande inspiration, et pénétrai dans la chambre à petits pas timides. Cette pièce avait toujours été le sanctuaire de mes parents, le lieu interdit de la demeure, et y pénétrer ainsi, en tant qu’étranger qui plus est, me donnait des frissons, comme si une punition allait suivre cette intrusion. Je m’arrêtai au bord du lit, sans un mot, et regardai ma mère. Elle était plus jeune qu’Ismène, mais semblait d’une décennie son aînée : elle était pâle, ses joues étaient creusées, son front strié de rides et ses cheveux, gras et épars, avait perdu leur bel éclat noir. Elle avait les yeux fermés, et je crus un instant contempler un mort. Finalement, elle articula sans desserrer les paupières :

- Qui êtes-vous, et que me voulez-vous ?

- Je…

Ce mot étranglé fus le seul qui sortit de ma bouche. Je m’agenouillai près du lit, sentant mon masque d’impassibilité se craqueler. Finalement, je fondis en larme, la tête posée sur le lit, dans mes bras tremblant. Je sentis ma mère remuer sous les draps, et se redresser contre les oreillers.

- Qui êtes-vous ? répéta-t-elle, d’un ton plus doux qui lui ressemblait.

Et moi, comme la petite fille que je me sentais redevenir, je pleurais toujours. Mon chagrin me semblait inconsolable.

- Ces cheveux… comme ils brillent…

Je sentis une main se poser sur ma tête.

- Est-ce que… Non, je dois rêver, ou être déjà morte. Rose, ma petite Rose, mon enfant, ma fille, mon trésor, est-ce bien toi ?

Je relevai la tête, et je vis, à travers un écran de larme, le visage terne de ma mère s’illuminer.

- Mère… Maman…

Je me relevai d’un bon et la serrai dans mes bras, me laissant tomber sur le lit qui, une fois je m’en souviens, m’avais accueilli après un cauchemar, une nuit ou mon père n’était pas à la maison.

- Rose… Ma petite Rose.

Elle me rendit mon étreinte, avec plus de force que je ne l’en aurait cru capable.

- Si tu savais, dit-elle, si tu savais comme je t’ai pleuré ces huit dernières années…

Mes sanglots redoublèrent. Elle m’avait pleuré. Elle m’avait regretté. Elle m’avait aimé. Et moi, moi je ne lui ai jamais accordé une seconde de mes pensées, une miette de mon cœur. Mais comment oublier une mère aimante ? Les lois de la nature reprirent leur droit sur moi et m’emprisonnèrent dans cette étreinte maternelle qui m’avait manqué depuis si longtemps.

- Regarde-moi, articula ma mère en me repoussant légèrement, les mains sur mes épaules. Que tu es belle ! Ton visage, tes cheveux… Tu es le portrait de ton père.

Elle me caressa tendrement la joue et essuya l’une de mes si nombreuses larmes.

- Pardonne-moi, maman. Je ne voulais pas t’abandonner. Je suis désolé, désolé… Si tu savais comme je regrette d’être parti sans un mot d’amour pour toi… Pour papa…

- Il ne t’en a jamais voulu, mon ange. Il t’aimait autant que moi. Ta disparition nous a causé un grand chagrin.

- Pardonne-moi…

- Tu es revenue. Tu es toute pardonnée.

Semblant ne remarquer mes vêtements qu’à cet instant, elle dit avec surprise :

- Qu’est-ce que cette tenue ?

Je me retirai lentement de son étreinte.

- Je suis devenu un homme maman. J’ai trouvé un maître d’arme, Stéphane de Bellétendre, et je vis sous le nom de Manfred Lorée.

- Toi, un homme ? Un guerrier ? Comment cela ?

Elle semblait affolée de ces révélations.

- Je suis désolé, maman. Je ne mène pas, et ne mènerais jamais la vie dont tu rêvais pour moi. Je veux devenir corsaire, je veux cesser d’être femme.

- Rose…

- Je suis désolé. Je suis heureux ainsi.

- Mais Rose, ne soit pas désolée. Je te félicite, ma fille, d’avoir trouvé un avenir qui te convient, qui ferra ton bonheur. C’est à moi de m’excuser pour n’avoir pas compris plus tôt que la vie n’est pas toute tracée, surtout celle d’une jeune fille comme toi, ou plutôt d’un jeune homme. Tu es devenu un magnifique gentleman.

- Maman, tu… tu ne m’en veux pas, alors ?

Elle secoua négativement la tête.

- Non, mon amour. En huit ans, j’ai eu le temps de réfléchir aux raisons de ta fugue, et de comprendre que, quelle que soit la voie que tu choisiras, tant que tu es heureuse je le serai aussi. Je suis fière d’avoir un enfant aussi fort et courageux que toi.

- Merci maman. Tu ne pouvais me faire plus beau cadeau que ton pardon.

- C’est la moindre des choses, avant de mourir, que de faire le bonheur de ses enfants. Mais hélas, ton frère se fait attendre… je crains d’être partie avant que…

Elle ne finit pas sa phrase, et je vis une larme rouler sur sa joue. Elle avait peur de ne pas pouvoir dire au revoir. Je pris sa main et la serrai, reprenant un air sûr et déterminé.

- J’irai le chercher dans sa nouvelle demeure, à Boisier. Je redeviendrai femme quelques jours et te ramènerai ton fils.

- Non. Oh, non, je t’en supplie ! Ne me laisse pas. Je viens à peine de te retrouver, je ne veux pas mourir sans t’avoir à mes côtés. Il viendra, j’en suis sûre. Oui, il viendra !

Je voyais la panique dans son regard. Elle ne croyait pas ce qu’elle disait, elle n’était sûre de rien, mais la peur de me perdre encore la dominait.

- D’accord, maman, dis-je d’un ton rassurant. Je vais rester avec toi jusqu’au bout, c’est promis.

Nous restâmes longtemps assis, à nous considérer l’un l’autre.

- Si tu veux, dis-je timidement… Je peux être à nouveaux Rose de Lorée.

- Non, mon ange. Reste ainsi. Tu me fais tant penser à ton père ! Dans ta figure et ton caractère, je retrouve une part de lui. Et que tu es beau ainsi accoutré !

Elle avait dit "beau". Cela me toucha profondément. Elle avait accepté le fait que j’étais un homme à présent, un jeune homme du moins.

- Veux-tu que je te laisse te reposer ? dis-je d’un doux timbre masculin.

- Oh, cette voix que tu adoptes !

Les larmes lui montèrent aux yeux.

- Comment fais-tu ? Comment fais-tu pour lui donner un air si naturel, si chaud, si caressant ? Ah, comme je retrouve de ton père en toi !

Elle me serra dans ses bras et me baisa les joues comme on le fait d’un jeune enfant qu’on vient de retrouver après l’avoir perdu sur les immenses quais de Monts-Des-Epicéas. Ce qui, en soi, était un peu le cas, sauf que l’enfant avait erré non pas huit minutes, mais huit ans. A part ça… la situation était-elle vraiment différente ?

- Oh, mon ange… dit-elle. Je t’en prie, je ne suis pas fatiguée, pas assez. Un somme éternel m’attend déjà. Non, ne pars pas, raconte-moi plutôt, raconte-moi comment tu as passé ces dernières années.

- Je t’en prie, maman, n’évoque pas déjà la mort. Hurlons-nous de douleur avant que le loup tapis dans les fourrés n’ait mordu ? Cette sinistre dame te guette, mais elle n’est pas encore sur toi. Et oui, je te dirai tout, tout ! Mais auparavant, m’autorises-tu à appeler Ismène, qu’elle t’apporte quelque chose de chaud ? Tu es si froide et tremblante !

- Je tremble de joie de t’avoir retrouvé, mon enfant. Mais oui, demandes-lui donc du thé, que nous boirons ensemble, un bon thé au jasmin, celui que tu aimais tant boire au sortir de l’enfance !

Je souris et me levai en douceur, heureux de l’issue de ces retrouvailles. Non seulement elle m’avait accueilli avec joie, mais en plus elle avait accepté mon changement de vie !

- Ismène ? appelai-je une fois de l’autre côté de la porte.

Elle accourut.

- Oui, Mademoiselle ? Enfin… si vous vous voulez que je vous appelle ainsi… c’est troublant comme vous êtes changée, Mademois¬¬… heu… Quelle appellation préférez-vous ?

- Fais comme il te plaira, ma bonne Ismène. Je ne veux pas que ce changement soit sujet de malaise durant mon séjour.

Elle se relâcha, semblant soulagée.

- Ah, tant mieux. Je craignais de vous froisser. Pour quelle raisons m’avez-vous sollicitée, Mademoiselle ?

- Mène-moi aux cuisines, je souhaite préparer avec toi un thé au jasmin pour ma mère.

- Vous n’êtes pas obligée de m’y accompagner, Mademoiselle. Je peux m’en charger seule, profitez plutôt de votre mère mourante.

- Mieux vaut qu’elle se remette un peu de son émotion. De plus, j’aimerais passer du temps avec toi à nouveau. Ah, je t’ai regrettée, toi, durant mon absence.

Tout en parlant, nous nous dirigeâmes vers les cuisines.

- Si tu savais comme j’ai honte, Ismène. Ah, que j’ai honte ! Je n’ai pas pensé à ma tendre mère durant ces dernières années, pas un mot sinon pour mentir sur ma naissance ! Ah, comme je regrette ! Mon père aussi, ne m’a jamais traversé l’esprit. La rancune que j’éprouvais pour l’un et pour l’autre le jour de mon départ les a comme effacés de ma vie. Mais toi, oh, toi ! Chaque jour, en arrosant la petite plante de Monsieur de Bellétendre, je pensais à toi qui t’occupais avec amour de ces jardins, qui changeait l’eau des fleurs que je cueillais… Et Billy non plus, je ne l’ai jamais oublié. Qu’est-il devenu, ce gentil jeune homme qui m’a jadis consacré son cœur ?

- Jadis ? répéta Ismène. Le mot est de trop, Mademoiselle ! Billy soupire encore pour vous. Il travaille ici, en tant que palefrenier pour monsieur. Vous savez comme j’ai horreur des bêtes, il s’en est chargé avec plaisir. Mais si, il vous aime encore, je le sais ! Je l’entends parfois le soir, parler de vous à Folichon, votre cheval, qui était encore poulain lors de votre départ.

Ah, le petit Folichon ! De temps à autre, quand je vois passer une calèche attelée d’un cheval blanc tacheté de gris, je pense à lui, encore aujourd’hui, mon cher Descartes.

- Comment ? dis-je à Ismène. Il travaille ici ? Il m’aime encore ? Oh, je fus bien cruel de l’abandonner aux souffrances du cœur. De plus, me voilà pour lui inaccessible, plus encore qu’avant, décidé à ne jamais trouver compagnon.

Nous arrivâmes dans la cuisine. En sortant la poudre de Jasmin séché, Ismène toussota d’un air gêné.

- Et, hem… Compagne ?

Je la regardai d’un air interloqué, ne comprenant pas d’abord ce qu’elle voulait dire. Puis, saisissant à sa rougeur le sens de sa question, je paris d’un éclat de rire frai et joyeux.

- Ma bonne Ismène ! rassure-toi, je n’aime aujourd’hui ni homme ni femme. Je ne veux à mes côtés qu’amis et compagnons.

Elle soupira de soulagement.

- Vous devriez aller parler à Billy, Mademoiselle.

- Pourquoi donc ? Je le verrai bien plus tard. Préparons plutôt ce thé.

- Justement, Mademoiselle, votre père étant décédé, Madame votre mère a décidé de vendre les chevaux de l’écurie : une voiture privée serait une dépense inutile, selon elle, maintenant qu’elle est aux portes de la mort. Billy part demain matin.

- Oh, je vois… Mais la taverne ? Il n’y va plus ?

- La taverne ? Belle lurette qu’elle est fermée ! Monsieur s’est senti trop vieux pour la tenir encore, mais hélas personne n’était intéressé par cet endroit décrépit. Il est encore en vente, abandonné.

- Oh… C’est donc pour ça que Billy est venu ici. Depuis combien de temps la taverne est-elle en vente ?

- Quatre ans, Mademoiselle. Billy est resté sans emploi quelques mois, avant que Monsieur votre père ne se décide à le prendre à son service.

- Merci Ismène. Je vais suivre tes conseils. Où puis-je le trouver ?

- Dans ses appartements, ou dans l’écurie. Sans doute à l’écurie, vue l’heure.

- Merci. Dis-bien à ma mère, si je ne suis pas de retour lorsque tu apporteras le thé, que je suis allé le saluer. Je ne veux en aucun cas lui causer plus de peine.

- Bien sûr Mademoiselle.

Je la quittai et m’en allai dans la cour d’un pas tranquille. Revoir le domaine me procurait une étrange sensation, mélange de regret et d’amour, une nostalgie profonde. En mettant un pied dans la cour, je fus d’abord ébloui par la lumière du soleil de printemps, qui se reflétait sur le pavé humide des dernières averses. Une main en casquette le temps pour mes yeux de s’habituer à la clarté soudaine, je considérai en clignant des paupières cette cour pavé qui avait accueilli bon nombre de mes jeux d’enfant.

- Je peux vous aider Monsieur ? dit une voix suspicieuse, douce et agréablement grave.

C’était Billy. Je le vis s’avancer vers moi, sombre silhouette dans la clarté solaire. Ainsi entouré de lumière, on aurait dit un ange venu du ciel.

- Billy ? dis-je.

- Comment me connaissez-vous ? Est-ce Ismène qui vous envoie ?

Je retirai ma main.

- Dans un sens, oui. C’est elle qui m’a dit que tu étais ici.

- Ah ? Et pourquoi désirez-vous me voir ?

Il était toujours méfiant. Je sortis de l’ombre du porche, constatant soudainement que cela me donnait un air inquiétant. Je vis alors son visage s’éclairer, ses yeux s’écarquiller. Sa main lâcha la brosse pour chevaux qu’il tenait, et il se précipita à mon cou.

- Rose ! Rose, tu es revenue !

Je restai muette face à tant de précipitation, les bras immobiles le long de mon corps, n’osant pas lui rendre son étreinte. J’avais du mal à en revenir. Billy m’aimait au point de me reconnaître ainsi, de loin, de s’oublier et de me serrer ainsi dans ses bras, avec tant de chaleur, tant de familiarité…

- Oh, dit-il, comme tu m’as manquée !

Réalisant soudain son écart de conduite, il me relâcha et s’éloigna de quelques pas. Il rayonnait de joie.

- Comme je suis heureux de vous retrouver, Mademoiselle ! Ah, comme j’étais fâché, le jour de votre départ, en vous voyant disparaître au bras d’un homme. J’ai cru, dans de fous premiers instants, qu’il vous avait promis monts et merveilles, que vous étiez partie sillonner les mers avec lui ! Mais je me suis souvenu de votre clin d’œil, un clin d’œil qui, en y repensant, me faisait toujours frémir ces dernières années ! Je savais, je savais que vous n’auriez pas fait ça, vous répugniez au mariage, à la vie de ménagère, à la vie de femme ! Et que vois-je ? Vous voilà devenue homme, heureuse et comblée ! Votre rêve ce réalisera, n’est-ce pas ? c’est pour cela que vous vous êtes fait garçon ? Pour embarquer sur un navire ? Oh, comme je suis heureux !

- Respire, Billy, ris-je. Oui, tu devines juste, je me suis travesti en homme, j’en suis devenu un, et lorsque je serai aussi doué que mon professeur, je pourrai devenir un redoutable corsaire, voire mieux, un pirate !

- C’est dangereux, la vie de pirate, protesta-t-il. J’espère que tu seras prudente…

- Prudent, non. Raisonnable, oui.

- Tu as pris un autre nom ? Parce qu’un homme qui s’appelle Rose…

- Manfred, mais de toute manière les corsaire n’ont pas de noms civil. Ou plutôt si, ils en ont un, mais ne l’utilisent jamais. Ce problème ne se posera donc pas.

- S’il te plaît, asseyons-nous au soleil, dans les jardins, et raconte-moi ce qui t’es arrivé.

- Désolé, ma mère m’attend. Mais viens-donc avec moi, je vous raconterai l’histoire à tous les deux. Ca me fera gagner du temps.

Il accepta avec joie et reconduisit la jument à l’écurie. Je lui suivis, caressai quelques instants le museau de Folichon, puis nous repartîmes ensemble. Je frappai trois petits coups à la porte de ma mère. Sa voix éraillée me répondit avec empressement :

- Entre, entre vite !

J’ouvris la porte, passai en premier et la refermai derrière Billy.

- Cela te dérange-t-il que Billy reste écouter l’histoire avec nous ?

- Non, bien sûr que non. Un peu de thé, Billy ?

- Volontiers, madame.

Un petit plateau d’argent à pieds était posé sur le lit de ma mère, lui permettant ainsi de poser sa tasse sans risquer de la renverser sur les draps. Billy et moi nous installâmes sur des chaises que nous plaçâmes au préalable à côté du lit. Il prit une tasse et commença à siroter la boisson chaude. Je priai Ismène d’entrer, elle aussi méritait d’entendre ce que j’avais à raconter. Je parlai ainsi à tous trois de la manière dont j’étais devenu homme en m’amputant la poitrine, comme j’avais rencontré Stéphane de Bellétendre en m’inscrivant à l’école où était allé mon frère, puis ma vie en tant qu’apprenti et enfin comment j’avais appris la mort de mon père et était venu ici en urgence. Une fois le récit terminé, j’insistai, avec l’appui d’Ismène, pour laisser ma mère se reposer. Comme elle protestait, je dus lui promettre de venir la voir dès son réveil. Une fois hors de la pièce, Billy retourna à l’écurie et je l’y accompagnai, désirant passer le plus de temps possible avec cet ami avant qu’il ne s’en aille. Alors que je l’aidais à nourrir et brosser les bêtes, il dit :

- J’aimerais qu’on parle, Manfred. Tu sais sans doute que je t’aime, que je t’ai toujours aimé. Et moi je sais que c’est un amour impossible, surtout à présent. Mais je ne saurais me passer de toi maintenant que je t’ai retrouvé, que je te revois enfin. Je t’en prie, emmène-moi avec toi.

- T’emmener ? Où donc ?

- N’importe où ! Laisse-moi t’accompagner comme un frère, un grand frère protecteur, qui veillerait sur toi ! Nous irons ensemble sur un navire de corsaire, si c’est là ce que tu souhaites. Je t’en prie, Manfred, mon frère, mon ami, Laisse-moi te suivre !

Je restai longuement silencieux. Billy comprenait bien la situation, il voyait que nous ne pouvions nous aimer comme il le souhaiterait. Néanmoins, il était prêt à m’accompagner n’importe où, jusqu’au bout du monde, disait-il. Mais cette vie serait trop dangereuse pour lui, qui ne savait pas se défendre, combattre au sabre, au pistolet ou à main nue. Avais-je le droit de risquer ainsi sa vie ? Pourtant, mon être tout en entier me criait d’accepter son offre. J’ouvris la bouche pour répondre…


Texte publié par RougeGorge, 20 mai 2024 à 14h54
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