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tome 1, Chapitre 12 « Capitaine - Partie 4 » tome 1, Chapitre 12

- Maintenant, fini les coups fourrés, grognai-je. Tu vas m’expliquer la vérité sur-le-champ.

Quelques gestes rapides.

- Il ne peut pas.

- Et pourquoi donc ?

Motus resta immobile. J’avançai vers lui, il recula, et ce jusqu’à ce qu’il se retrouve acculé contre le mur. Finalement, il fit quelques gestes précipités. Je me tournai vers Caboche, qui s’excusa :

- Désolé, je ne l’ai pas vu. Il peut recommencer ?

Excédé, je laissai Caboche approcher et Motus recommencer ses gestes.

- Il dit de demander à Cadavre.

- Cadavre ?

Caboche observa les nouveaux signes de Motus et expliqua :

- Il y a quelques jours, vous les avez vu tous les deux debout, en pleine nuit, sur le pont des cabines. Vous ne vous êtes pas demandé pourquoi ils étaient là, mais c’était pour la même raison que la présence de Motus dans cette cale le jour de l’attaque.

J’hésitai à m’écarter de Motus, mais je m’effaçai finalement.

- Allons-y.

Motus, contraint, prit les devants. Peu après, nous trouvâmes Cadavre s’occupant des voiles, en haut du mat de poupe. Nous devions essayer de monter la grand-voile ailleurs maintenant que le grand mat était tombé.

- Cadavre ! criai-je. Descend, j’ai à te parler.

Le corsaire sembla un peu inquiet de me voir en compagnie de Motus, mais s’exécuta après avoir dit quelques mots à ses compagnons, que je reconnu comme étant Iris Noir et son jumeau.

- Qu’y a-t-il, l’Edenté ? Pardon, capitaine !

Il rit, mais fut le seul dans cette gaité.

- Ok, qu’est-ce qui se passe ici ? dit-il en perdant son sourire.

- A toi de me le dire. Que faisais-tu avec Motus il y a trois nuits sur le pont des cabines ? Tu sais, quand le capitaine m’a réprimandé.

- Oh. Heu… ça dépend… vous savez quoi ?

- Cadavre, n’excite pas ma colère.

- Ouais, heu, d’accord. Ben en fait… heu…

- Cadavre !

- C’est que, c’est pas le genre de chose qu’on dit comme ça, quoi. Faut dire, tu pourrais nous tuer si tu savais.

- Ca suffit, j’en ai assez entendu. Si dans dix secondes tu t’obstines toujours je vous mets aux fers !

- Attends, tu ferais pas ça ?

- Si je le ferais. Sept. Six.

- Ok, ok, heu… tu sais que j’aime pas parler, pourtant.

- Au contraire, tu me semble avoir la langue bien pendue aujourd’hui. Quatre. Trois. Deux.

- Ok, merde ! On voulait butter Guillotin !

Un long silence s’en suivit. Ils voulaient tuer le capitaine Guillotin ? Motus se frappa le front du plat de la main, dépité que son compagnon ait avoué.

- Qu’est-ce que tu as dit ? grognai-je, menaçant, en séparant mes mots.

- Il nous faisait chier, avec ses punitions, ses règles, sa trogne… On en a eu marre. Ça faisait un bail qu’on préparait notre coup.

J’étais furieux.

- C’était le capitaine du Fer Blanc ! Vous lui deviez fidélité !

- Ouais… Mais franchement avec ce type, une parole vaut plus grand-chose tant il nous emmerde.

- Putain ! T’es qu’un connard !

Je me jetai sur lui, il tomba sur le pont et je lui enfonçai furieusement ma dague dans l’épaule.

- C’est la mort que vous mériteriez pour avoir ainsi comploter contre votre capitaine !

- Peut-être. Mais tu vas pas nous faire ça, hein l’Edenté ? T’es notre pote.

- Ta gueule ! Tu la fermes ou je t’égorge à l’instant ! Allez, lève-toi avant que je change d’avis !

Je le pris par le bras et le remis sur ses pieds.

- Vous allez vous rendre bien gentiment à fond de cale, compris ?

- Mais… protesta Cadavre.

Motus lui prit le bras et lui jeta un regard dissuasif. Ils commencèrent à marcher et je les suivis, mon poignard ensanglanté à la main.

- Caboche, retourne à tes tâches.

- Oui, capitaine.

Le petit homme se fit une joie de s’éclipser, et je conduisis ces traîtres jusque dans la cale, à la proue, là où se trouvaient les fers. Ils s’assirent tous deux et j’enchaînai leurs jambes au sol dans les menottes prévues à cet effet.

- Vous avez de la chance, dis-je. Les murs et les portes hautes ont empêché l’eau de pénétrer ici en trop grande quantité.

- Ce n’est pas si grave, tenta encore une fois Cadavre alors que je verrouillais les chaînes. Et puis, on ne l’a pas vraiment butté.

- Si vous étiez prêts à le trahir, qu’est-ce qui me garantit que je peux vous faire confiance ?

- Ben… que toi, tu es sympa. On ne veut pas te tuer, toi, t’es un pote.

- Plutôt que d’essayer de t’en tirer, tu ferais mieux de me dire pourquoi Motus allait dans la cale.

- Il préparait le plan d’attaque. Si tu cherches, tu devrais trouver des armes qu’on a volées, un plan du navire avec des traits de partout… ce genre de truc, quoi.

En m’en allant, je me retournai :

- Vous me décevez les gars. Vraiment.

Tous deux parurent un peu attristés, et je refermai la porte sur eux, me retrouvant à nouveau les pieds dans l’eau. Je commençais à regretter les paroles échangées avec Cadavre sur le pont, surtout la blessure que je lui avais infligée. Jamais je ne me serais douté qu’en devenant capitaine je me retrouverais à devoir traiter ainsi mes amis, mes compagnons. Mais ils avaient voulu tuer Guillotin ! Se mutiner ! Comment pouvaient-ils s’abaisser à ce point ? Guillotin était strict et sévère, mais il était juste et avait à cœur le bien de son équipage. Il devait y avoir quelque chose de plus derrière cette affaire, ce ne pouvait être que le fruit d’une haine insensée. Une fois sur le pont supérieur, je me dirigeai vers ma cabine, songeant que Renard et Feu-de-Sang devaient avoir fini leur conversation. En ouvrant la porte, je fus surpris de les entendre.

- … mais je ne te suivrai pas ! criait Feu-de-Sang.

- C’est ce qu’il y a de mieux pour nous, ma fille, pour l’équipage !

- J’ai promis !

Je m’avançai vers la pièce annexe. Feu-de-Sang était assise sur mon lit, son père debout devant elle. Tous deux étaient rouges de colère, mais leur débat cessa lorsqu’ils m’aperçurent.

- Quelle est la cause de votre dispute ? demandai-je en fronçant les sourcils.

- Oh, peu de chose… répondit Renard. Une vieille histoire entre père est fille.

- Je vois. Mais vous avez assez discuté, à présent. Feu-de-Sang, va aider les jumeaux avec les voiles, et Renard, reste, j’ai à te parler.

- Oui, capitaine, dirent-ils en cœur.

Feu-de-Sang se leva et s’empressa de partir. Je me dirigeai vers mon nouveau bureau, où j’invitai Renard à prendre place. Je lui servis un verre de rhum de Guillotin et, après avoir bus, je lui demandai, en regardant par le hublot d’un air absent :

- Tu sais panser des blessures ?

- Bien sûr.

- Tu iras voir Cadavre à fond de cale et soigneras son épaule.

- D’accord. C’est tout ce que vous vouliez me dire ?

- Non.

Me détournant du paysage marin, je m’assis sur la chaise de Guillotin, non sans une pointe de pitié pour cet homme que l’on s’apprêtait à trahir avant sa glorieuse mort.

- Vous étiez des corsaires au service des Trois Royaumes, n’est-ce pas ?

- Tout à fait.

- Je doute que vous changiez de camp sans rechigner, alors que la guerre avec l’Empire fait rage.

- Cela sera dur, en effet, de passer du côté de l’ennemi après s’être si longuement battu avec les Trois Royaumes. Mais nous sommes des corsaires, la mer et le pillage sont nos raisons de vivre avant la guerre.

- J’accepte de te croire, Renard. Avec le temps, vous vous y ferez, mais je pense que certains d’entre vous pourraient éprouver de la rancœur pour l’Empire.

- Sans doute. Mais où voulez-vous en venir ?

- Nos cales sont inondées et notre navire abîmé. Nous mettons le cap sur l’Empire, pour nous faire réparer au frais de l’empereur et lui donner ce butin sans grande valeur. Puis, une fois au mieux de notre forme, je vous propose de trahir l’Empire.

Renard fronça les sourcils, hésitants.

- Vous ne voulez tout de même pas… combattre pour les Trois Royaumes ?

- Non, en effet. Je ne veux combattre pour personne.

- Vous voulez que nous devenions des pirates ?

- Exact.

- Et vos hommes ?

- Je les connais bien. Nous avons déjà eu de nombreuses conversations sur les pirates et les corsaires. Ils n’y verront pas d’inconvénients. Peut-être même se réjouiront-ils. Quant à l’ancien équipage du Kotarn, ils trouveront toujours cela mieux que d’être à la solde de l’Empire. Qu’en dites-vous ?

- J’en dis que ce ne peut en effet n’être que bénéfique au Fer Blanc, qui est loin d’avoir besoin du soutien impérial. Mais puis-je vous demander pourquoi m’en parler à moi ?

Je fus surpris de sa question.

- Mais… parce que j’ai confiance en tes avis. tu tiens à ton équipage, cela se voit. tu étais prêt, hier, à sacrifier ta vie, et ce malgré le fait que tu avais une fille. C’est tout bonnement admirable.

- Je vous remercie, capitaine.

- Quel était ton statut, sur le Kotarn ?

- J’étais le second de Griffe Sanglante.

- Second ?

- Je lui suppléais lorsqu’il avait à faire, j’avais le pouvoir de donner des ordres aux corsaires.

- Je comprends mieux ton dévouement.

Il hocha la tête.

- Néanmoins, il n’y a pas de second sur le Fer Blanc. Navré de te dire que, à part le respect de tes hommes, tu n’auras pas d’autorité supplémentaire ici.

- Je m’en doutais.

- Néanmoins, sois assuré de ma considération pour ton expérience et tes conseils.

- Merci, capitaine.

- Reste discret quant à la décision qui a été prise ici. Je leur annoncerai la nouvelle lorsque nos affaires fleuriront à nouveau, en quittant le port.

- Bien.

- Merci de m’avoir accordé ton temps, tu peux aller t’occuper de Cadavre à présent.

Sans un mot de plus, il se leva et sortit de ma cabine. Je me levai à nouveau, m’approchant du hublot. Combien de fois Guillotin avait-il fixé le large depuis l’endroit où je me tenais à présent ? Combien de temps s’était-il laissé bercer par les vagues qui venaient soulever la coque ? Combien de fois avait-il vu le soleil se refléter sur cette étendue infinie ? Après de longues minutes, je me détournai pourtant du spectacle et sortis de ma cabine. J’avais à faire. Motus et Cadavre n’avaient pas orchestré leur mutinerie sans raison valable, je devais la trouver. A qui la mort du capitaine aurait-elle pu profiter ? Faucon, sans aucun doute. Il n’était certes pas le plus âgé quand Descartes était encore en vie, mais c’était lui qui était sur le Fer Blanc depuis le plus longtemps. Il aurait pu devenir capitaine. M’approchant de l’Ouïe d’Or qui tressait de nouveaux cordages suite à l’assaut, écarté des grosses tâches à cause de sa blessure, je lui demandai :

- Salut, double O. Tu sais où est Faucon ?

- Oui, je l’ai croisé tout à l’heure, peu après que tu sois parti dans ta nouvelle cabine. Il m’a dit qu’il allait tenter de sauver de l’eau ce qui pouvait l’être, tu le trouveras dans la cale.

- Merci. Au passage, l’aurais-tu entendu récemment Faucon, Cadavre et Motus discuter ?

- Motus sans doute pas, ha ! Mais ouais, il y a quoi, une semaine ? Ils étaient tous les trois sur le pont en train de passer la serpillère et murmurer des trucs.

- Quels "trucs" ?

- Bof, rien de spécial je crois. Attends que je me souvienne… Ils ont évoqué Guillotin, ils ont parlé d’une mission.

- Tu ne te souviens de rien d’autre ?

- Pas pour l’instant. Mais je vais y réfléchir, si je me rappelle d’autre chose je te préviens, cap’taine. Et au fait, tu nous raconteras, un jour ?

- Vous raconter ?

- Comment ces trucs ont disparu.

Il ouvrit les paumes vers le haut et les approcha de sa poitrine, mimant grossièrement des seins.

- Idiot ! ris-je en lui donnant une claque amicale derrière la tête.

- Flatteur ! répondit-il alors que je m’éloignais.

Je me contentai de lui tirer la langue en souriant avant de passer la porte des ponts inférieurs. Faucon était donc dans la cale… Peut-être parlait-il avec Motus et Cadavre. Arriver discrètement serait dur étant donné toute l’eau qui faisait bruiter le moindre de nos pas. Dommage, je ne pourrai pas les surprendre en pleine conversation. Quoique… Je ralentis dans les escaliers, une idée me traversant l’esprit. Finalement, je m’arrêtai au pont des cabines, juste au-dessus de la cale, et allai vers les deux dernières, celles nouvellement occupées par cinq hommes du Kotarn. Entrant dans l’une d’elle, je m’agenouillai et posai l’oreille sur le plancher de bois. Des voix se firent entendre.

- Pardon, les gars… disait Cadavre. C’est ma faute ces emmerdes.

- Bah, répliqua Faucon, ça va passer. L’Edenté est un chic type, tant que tu lui dis pas qui tu es, ça passera.

- Ouais… mais franchement mon excuse était pourrie. Il va se poser des questions.

- Alors je lui dirai que c’était en vérité parce que je voulais devenir capitaine.

Un silence s’en suivit, puis Cadavre soupira.

- Sûr, t’a raison Motus.

- Qu’est-ce qu’il a dit ?

- Qu’en ce cas, l’Edenté nous ferait plus confiance, puisque t’es toujours pas capitaine. On est dans la merdre.

Cadavre savait donc parler la langue des signes ?

- Si tes parents t’entendaient parler !

- Eh, c’était leur idée à la base, c’est leur faute si vous m’avez contaminé avec votre langage de pouilleux.

- Oh oui, reprit Faucon en prenant un air théâtral, les gens du peuple ne sont pas assez bien pour monsieur… Excusez-moi, votre Majesté, prince du Premier Royaume.

Mon cœur s’accéléra. Faucon plaisantait, n’est-ce pas ? Il se moquait de Cadavre, forcément.

- Exacte, petit peuple de l’Empire. Je suis trop bien pour vous. Mais nan, sans déconner, je suis mal.

- Tu as encore une chance, tu sais. Je suis sûr que tu pourrais convaincre l’Edenté d’abandonner l’Empire pour se faire pirate.

- Oui… Mais plus j’y pense, plus je me dis que ça suffira pas. Surtout maintenant que le Kotarn est tombé, le Premier Royaume n’a plus assez de force militaire.

- Tant pis. Je te l’ai dit la première fois, je veux bien abandonner l’Empire, mais pas être à la solde des Trois Royaumes. Pour commencer, tente de faire du Fer Blanc un navire pirate en parlant à l’Edenté. Et si tes parents te disent que ça ne suffit pas de l’avoir neutralisé… tu devras renier le roi et la reine.

- Putain ! Tu te rends pas compte de ce que tu dis ! Je ne reverrai plus ma famille ! Mon père et ma mère, je m’en fous, ce sont des connards, mais mon frère et mes sœurs ! La petite Lysa, comment elle fera sans moi ?

Je me relevai, la mine sombre. J’en avais assez entendu. Cadavre était bien un traître, pire, il faisait partie de la famille royale de l’ennemi ! Au moins son vœu allait-il être exaucé, nous deviendrons pirates. Mais que faire de lui ? Manifestement, il ne voulait pas nous causer de tort. C’était avec lui que je devais en discuter. Maintenant que je savais tout, je pouvais aller les confronter. Je descendis dans la cale et, alerté par le bruit de mes pas dans l’eau, je vis Faucon sortir précipitamment.

- Je peux t’expliquer, dit-il, sur la défensive. Je voulais juste parler avec Cadavre et Motus… Surtout Cadavre, car Motus ne parle pas, je comprends rien à ses gestes.

- Mais Cadavre te traduit.

- Oui, c’est ça, heu… Quoi ? Comment tu sais ça ?

- Je vous ai entendus.

- Entendus… Tout ?

- Tout, ou presque.

- Heu… ouais, j’avoue, j’étais complice pour tuer Guillotin, mais c’était pas contre lui, c’était pour, hem…

- Devenir capitaine et faire du Fer Blanc un navire pirate, pour le neutraliser dans la guerre contre les Trois Royaumes.

- Ouais… T’as donc vraiment tout entendu.

J’hochai sombrement la tête.

- Je vais les détacher, et on ira discuter tous les quatre. D’accord ?

- Ouais. De toute manière, j’suis pas trop en position de négocier.

- Non, en effet.

Dans mon élan de curiosité, je n’avais pas remarqué que Renard n’était pas venu s’occuper de Cadavre comme demandé.

Quelques minutes plus tard, nous étions tous quatre dans ma cabine.

- Voilà une affaire bien embêtante, soupirai-je. Néanmoins, Cadavre, tu te doutes que je ne peux pas livrer le Fer Blanc aux forces des Trois Royaumes.

- Oui.

- En revanche, j’avais déjà envisagé, et même décidé, de nous défaire de notre dépendance envers l’Empire. Le Fer Blanc, dès qu’il sera réparé, deviendra un bateau pirate. Mais dis-moi… il faudra bien que tu informes ton pays de ce changement. Comment comptais-tu faire ?

- Je n’en sais franchement rien.

Je réfléchis quelques instants. Cette histoire ne concernait que Cadavre, et pouvait coûter gros à tout l’équipage. Et pourtant…

- J’aimerais t’aider, Cadavre. Vraiment. Mais comprends bien que cette situation pourrait nuire à tout le monde à bord.

- Je sais.

Il baissa la tête.

- Crois-tu vraiment que ta famille te rejetterait si tu n’accomplissais pas ta mission ?

- Oui. Mon père a été très clair sur ce point.

- Encore une question : pourquoi en avoir parlé à Motus et Faucon ?

- Je me suis attaché à ce navire, à ces corsaires. Mais ma situation me torturait l’esprit. J’en ai parlé à Faucon, et Motus nous a surpris quand nous en discutions par la suite. C’est lui qui a suggéré de faire du Fer Blanc un navire de pirate. Mais maintenant que le Kotarn est hors-jeu…

- Je vois… Si je comprends bien, pour rentrer chez toi, tu dois faire rentrer le Fer Blanc dans l’armée ennemie…

Nous nous apprêtions à trahir l’Empire. Pourquoi ne pas faire mine de se plier aux Trois Royaumes, puis déserter leur armée de même ? Je me levai de mon siège et m’approchai du hublot. En fixant les vagues sous le soleil, je dis, songeur :

- Admettons : Guillotin est mort lors d’un combat, il lui a fallu un successeur. Chez les corsaires, la tradition veut que ce soit l’homme navigant à bord du bateau depuis le plus longtemps qui prenne la relève, mais Guillotin, dans ses derniers instants, à laisser une lettre remettant le statut de capitaine à un autre, un qui avait gagné sa confiance.

Je pivotai et fixai Cadavre.

- Et cet homme, ce fut toi, Cadavre.

- Mais…

- Alors, le coupai-je, ta mission n’était plus qu’un jeu d’enfant : conduire le Fer Blanc à un port des Trois Royaumes, et lui faire porter allégeance à la famille royale. En guise de récompense, tu pus rester chez toi, entouré de tes sœurs, de ton frère, de la femme que tu aimes, de tous tes proches, loin des vices de la guerre. Le Fer Blanc repartit en campagne mais, oh, malheur, il y eut une mutinerie à bord, le capitaine choisi par la famille royale fut assassiné et le navire devint un navire pirate neutre dans la guerre.

- Vous feriez cela ?

- Parfaitement, mais pas gratuitement. Je veux un gros montant d’or et d’armements lorsque tu auras repris tes fonctions de prince.

Cadavre bondit de sa chaise.

- Merci, l’Edenté !

Il me serra dans ses bras en une accolade puissante et chaleureuse.

- Merci, merci ! Si tu savais à quel point tu me fais plaisir !

- C’est bon, c’est bon. Entre amis… Et puis, il y a une jolie somme à la clef. Nous sommes des pirates, après tout.

Il me regarda avec des yeux larmoyants ou brillait un éclat de reconnaissance. Un bras autour de ses épaules, je l’entraînai sur le pont et criai avec entrain :

- Cap sur Dajostur, capitale du Premier Royaume !


Texte publié par RougeGorge, 20 mai 2024 à 10h14
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