L’été de mes dix ans fut le meilleur été de toute ma vie. Corentin, Soline et Louane devinrent rapidement mes meilleurs amis et, comme nos parents s’entendaient tous bien ensemble, nous passions le plus clair de notre temps les uns avec les autres auprès de nos amis les korrigans.
Un soir, après un bon dîner au moulin, alors que nous nous apprêtions à faire une balade digestive sur les chemins éclairés par des milliers de vers luisants, Algénor nous demanda notre attention.
- Les amis, commença-t-il, nous allons devoir vous quitter pour quelques mois car nous sommes invités à participer à la grande convention internationale des créatures magiques qui se tiendra cette année dans le désert d’Atacama au Chili. C’est une réunion qui se tient tous les cent ans et qui est très importante pour tous les korrigans, elfes, fées, lutins et trolls.
- C’est nous qui avions organisé la dernière en forêt de Brocéliande, précisa fièrement Adénora. Il faut dire qu’en ce temps là, la forêt était beaucoup plus tranquille que de nos jours. Et, de toute façon, les gens n’y allaient pas car ils avaient peur des loups.
- Mais vous reviendrez n’est-ce pas ? demanda Louane inquiète
- Bien sûr répondit Arzawel mais nous ne savons pas exactement ce qui ne nous attend là-bas ni combien de temps nous devrons rester. C’est vous qui devrez veiller sur les Chaos pendant notre absence.
- De toutes façons dit Maewen, chacun va bientôt partir en vacances de son côté, puis ce sera la rentrée, le retour à l’école et au boulot… les bons moments passent si vite.
Cette remarque de Maewen plomba encore plus l’ambiance. C’est vrai que nous ne pouvions pas passer le reste de notre vie ensemble mais comme tout allait nous paraître fade dorénavant.
Comment retrouver un quotidien normal après avoir vécu tant d’aventures extraordinaires. Même Yago semblait avoir perdu son entrain et fixait Soline avec inquiétude.
- Vous partez quand ? demanda Corentin
- A la prochaine pleine lune, répondit Arsinoé, soit dans exactement neuf jours.
- Quoi ! dans neuf jours ! mais ça va passer trop vite, m’exclamais-je.
- Eh bien profitons de ces quelques moments à passer encore ensemble au lieu de nous lamenter, dit Arzawel. Et puis vous savez les enfants, vous allez encore vivre plein de choses extraordinaires ensemble.
- Tu dis ça pour nous consoler, dit Soline.
- Pas du tout, répliqua Arzawel en faisant un clin d’œil aux trois autres Maîtres Korrigans, et nous allons même vous le prouvez ce soir.
Arzawel claqua des doigts et des dizaines de branches arrivèrent de nulle part et se disposèrent les unes sur les autres pour former un bûcher bien stable. Arsinoé pointa son doigt sur le bûcher et les branches s’enflammèrent immédiatement.
- Asseyez-vous tous en cercle autour du feu, dit Arzawel. Faites le vide dans votre esprit, donnez-vous la main et fixez les flammes avec attention. Nous allons découvrir des bribes de votre avenir ensemble.
Respectant les consignes d’Arzawel, nous fixâmes le feu en nous concentrant. Soudain, au-dessus des flammes, des images commencèrent à apparaître, telles des hologrammes.
Nous reconnûmes aussitôt Louane et Corentin. Ils étaient devant une affiche « Grand concours de poker – 1er prix 10 000 € - organisé par la Société France Papier ».
Puis, nous vîmes Louane installée à une table de poker. Nous comprîmes vite que Corentin, invisible, lui transmettait par la pensée le jeu des autres. Louane gagnait le concours et on lui remettait le chèque de 10 000 €.
- Je croyais que nous ne pouvions utiliser nos pouvoirs que pour faire le bien, dit Louane en dégageant ses mains et en rompant le silence. J’espère que ce que je viens de voir ne se réalisera pas.
- Attends, dit Adénora, tu ne sais même pas ce que tu vas faire de cet argent qui, je te le rappelle, est donné par une société qui coupe les arbres et pollue les rivières. Allez, reformons le cercle et voyons ce qui se passe après.
Il suffit de quelques secondes de concentration pour que d’autres images apparaissent.
Louane et Corentin étaient cette fois-ci avec Soline et moi. Louane remettait le chèque à Soline.
Une autre vision montra Soline devant un immense terrain rempli de petits abris. Elle semblait rayonnante. « Voici un nouveau refuge pour accueillir les animaux abandonnés de la région disait-elle fièrement. Cela a été possible grâce à la générosité de Louane et Corentin »
J’étais un peu triste car je n’avais aucun rôle utile dans ce que nous venions de voir. A mon tour je rompis le cercle, dépité.
- Qu’y a-t-il Gweltaz ? me demanda Algénor
- Je ne sers à rien alors je préfère vous laisser entre gens utiles, répondis-je un peu tendu.
- Mais comment crois-tu que tous ces abris ont été construits ? me demanda Algénor. Je ne peux pas vous montrer tout votre avenir. Ce sont seulement quelques extraits. Mais pour te rassurer, reforme le cercle et tu vas voir.
Algénor avait raison. Sur la vision suivante, on me voyait poser des clôtures, monter des niches pour chien et abris pour moutons à toute vitesse, grâce à la télékinésie.
- Bon on ne va pas tout vous dévoiler, dit Algénor en se retirant du cercle. Personne ne doit connaître son avenir. Mais je tenais à vous rassurer sur le fait que vous aurez encore beaucoup de choses à vivre ensemble.
- C’est génial, dit Soline, les Korrivengers vont pouvoir aider plein d’animaux.
Yago se mit à japper doucement
- Mais oui mon chien, toi aussi tu es un Korrivenger lui dit Soline en lui caressant la tête
- Dis donc Soline, dit Louane, tu pourrais être une aide précieuse pour les vétérinaires puisque les animaux peuvent te dire où ils ont mal et ce qu’ils ressentent.
- Sauf qu’ils ne me croiront pas forcément, répliqua Soline. Le mieux, c’est que je devienne vétérinaire moi-même et cela veut dire que je dois travailler super bien à l’école.
- Oh que j’aime entendre ce genre de propos ! dit Maewen en faisant un clin d’œil à Erwan.
- Et peut-être que Gweltaz pourrait, grâce à la télékinésie, apprendre à réduire une fracture ou enlever un plomb d’une blessure, dit Corentin.
- Je ne sais pas sur qui je vais pouvoir m’entraîner, lui répondis. Essaie de te coller un truc dans l’œil pour voir si j’arrive à l’enlever par la pensée, ajoutai-je en riant.
Nous partîmes nous coucher avec des dizaines de projets qui se bousculaient dans nos têtes.
Le jour du départ des Maîtres Korrigans arriva. J’avais vécu dix ans sans les connaître, mais j’avais l’impression qu’une partie de moi allait s’en aller avec eux. Comme ils allaient me
manquer !
Enfants et parents les serrèrent dans leurs bras tour à tour.
- Faites bon voyage et revenez-nous vite dit Papa. Mais au fait comment allez-vous vous rendre au Chili ?
Algénor, Arsinoé, Arzawel et Adénora nous sourirent, nous firent un dernier coucou de leur petite main et disparurent en un clin d’œil. Sans doute étaient-ils déjà arrivés dans le désert d’Atacama.
- J’espère qu’ils vont revenir avant cent ans, soupira Soline
- Bon, ne nous laissons pas aller à la mélancolie, dit Maman, et essayons de profiter encore de ce bon moment ensemble.
- Toutes ces émotions … commença Corentin
- T’ont donné faim ! continuâmes en chœur Soline, Louane et moi, en éclatant de rire.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2835 histoires publiées 1284 membres inscrits Notre membre le plus récent est Les Petits Contes |