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Korrigans ou la rencontre des korrivengers
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tome 1, Chapitre 8 « Les korrigans se rebiffent » tome 1, Chapitre 8

Tout le monde se réveilla de bonne heure, conscient de débuter une journée importante. C’était une mission sacrément délicate pour nous, mais nous ne pouvions pas décevoir les korrigans. L’enjeu était crucial pour leur avenir et celui des Chaos du Gouët.

- Il ne faut pas éveiller l’attention, dit Papa. Je propose qu’un seul adulte emmène les Korrivengers à la mairie.

- D’accord, dit Soline, mais comment expliquer la présence d’enfants en pleine vacances ?

- J’ai une idée, dit Corentin, nous pourrions dire que dans nos cahiers de vacances on a un devoir sur ce qu’est une Mairie, les services qu’elle propose, etc… J’ai eu ce type de devoirs en instruction civique. Je ne pense pas qu’ils vont vérifier. Du coup, on pose trois questions, on demande où sont les toilettes, on repère la salle et, zou, le tour est joué !

- Bien vu Corentin, dit Louane. Bon qui nous emmène ? Ce serait bien d’y être avant que la réunion ne commence.

- Si vous êtes prêts, on y va, dit Papa. On ne change pas une équipe qui gagne, c’est encore moi qui vous emmène, si tout le monde est d’accord bien entendu.

Les autres parents acquiescèrent et nous serrèrent chacun leur tour dans leurs bras.

- Nous avons confiance en vous, dit Patrick. Nous sommes sûrs que vous allez y arriver. A tout à l’heure à la lande du Maugué !

- Hé, je peux avoir encore un pain au chocolat avant de partir ? demanda Corentin en en fourrant deux dans ses poches.

Nous restâmes concentrés et silencieux pendant le court trajet jusqu’à la mairie.

- Nous sommes arrivés, dit Papa. Le mieux est peut-être que je vous laisse y aller seuls. A vous de jouer !

Nous entrâmes dans la Mairie et nous dirigeâmes vers l’accueil. Une dame nous demanda aimablement ce qui nous amenait et nous lui expliquâmes ce qu’avait suggéré Corentin.

- Nous avons, dans notre cahier de vacances, un exercice sur le rôle d’une Mairie, lui expliqua Louane. Peut-être pourriez-vous nous aider ?

- Avec plaisir, répondit la dame.

Elle prit le temps de nous expliquer, avec beaucoup de gentillesse, le rôle et les divers services de la mairie.

- Et vous avez des salles de réunions ? demanda innocemment Soline

- D’habitude oui, répondit la dame, mais nous profitons des vacances pour y faire des travaux. Du coup nos réunions se tiennent en ce moment dans un préfabriqué, juste derrière la Mairie.

- Bon, on ne va pas abuser de votre temps, dis-je précipitamment. C’est super gentil de votre part, merci beaucoup.

- Mais on ne devait pas faire semblant d’aller aux toilettes ? murmura Corentin dans l’oreille de Soline.

- Pff… ça promet si tu ne fais pas attention à ce qui se dit, répliqua-t-elle cinglante.

Nous repérâmes facilement la salle, installée provisoirement derrière la Mairie. Il n’y avait encore personne. Nous en fîmes le tour. Portes et fenêtres étaient fermées.

- Je préfèrerais être installé avant que les gens n’arrivent et vérifier que Louane reçoit bien les infos par la pensée, dit Corentin. Gweltaz, à toi de jouer !

Je me concentrai sur la serrure et ouvris la porte sans problème. Corentin entra dans la salle et repéra une chaise un peu éloignée des autres, juste sous une fenêtre.

- Je m’installe là, dit-il. Gweltaz, pense à refermer la porte et toi, Louane, va te poster sous cette fenêtre pour vérifier que nous arrivons bien à communiquer par la pensée.

- Attention, dit Soline, quelqu’un arrive.

Ni une ni deux, je me concentrai et refermai la porte à clé tandis que Corentin disparaissait après avoir cligné trois fois des yeux. Soline, Louane et moi courûmes derrière la salle et nous assîmes par terre, sous la fenêtre repérée par Corentin.

La dame, qui nous avait gentiment renseignés, venait d’entrer dans la salle. Elle disposa, sur la table de réunion, des tasses, des cuillères, des thermos de café et de thé ainsi que deux assiettes de viennoiseries et de petits gâteaux.

Elle alluma l’ordinateur et le vidéoprojecteur. La page de garde de la présentation s’afficha à l’écran « Projet d’implantation d’une usine de pâte à papier aux chaos du Gouët à Plaintel »

- Corentin me dit que c’est le supplice de Tantale car il y a deux assiettes de gâteaux et de croissants juste sous son nez, nous informa Louane en riant. Bon tout va bien je le capte cinq sur cinq.

Quelques minutes plus tard, quatre personnes s’installèrent autour de la table. Il s’agissait du président de région, du maire et de deux directeurs de la société France Papier, responsables du projet.

La réunion durait déjà depuis plus d’une heure. Corentin était épuisé car il devait rester concentré et restituer ce qui se disait à Louane qui notait tout sur un cahier. Mais, surtout, il avait faim et lorgnait sur les deux derniers croissants que les participants avaient laissés sur une assiette.

Profitant d’un instant de pause, il croqua à pleines dents dans un croissant pendant que ces messieurs étaient sortis de la salle, sans faire attention à la dame qui était revenue pour déposer un nouveau thermos de café. Celle-ci poussa un hurlement en voyant le croissant voler tout seul et se faire engloutir peu à peu par le néant, en laissant tomber des miettes.

- Qu’est ce qui passe ? Ça ne va pas Valérie ? demanda le Maire revenu en courant

- Heu non… désolée, j’ai vu une grosse guêpe répondit Valérie persuadée qu’elle avait dû avoir une sorte d’hallucination et trop honteuse pour l’évoquer.

- Nous l’avons échappé belle, dit Louane. Corentin, tu es nul, lui envoya-t-elle par la pensée. Pense aux korrigans au lieu de toujours penser à ton estomac.

Une fois la réunion terminée, il était presque midi quand Yann et les enfants rejoignirent les autres parents et les korrigans à la lande du Maugué.

En effet, devant la gravité de la situation, les quatre Maîtres Korrigans avaient pris le risque de sortir en journée afin de peaufiner un plan avec les Korrivengers et leurs parents.

- Pouvez-vous, s’il vous plait les enfants, nous résumer de façon synthétique en quoi consiste le projet et quelles en sont les différentes phases, demanda Arsinoé anxieuse.

Louane sortit son cahier, parcourut ses notes et commença à expliquer :

- Le projet consiste effectivement à implanter une usine de pâte à papier aux abords du Gouët, en plein milieu des Chaos. 25 emplois pourraient être créés mais il y aurait un gros impact écologique et une quasi-destruction de notre endroit préféré. Trois conditions sont nécessaires pour le mener à bien. Il faut qu’il y ait beaucoup de gros arbres qui serviraient de matière première, que le débit de la rivière soit suffisant pour alimenter et refroidir certaines machines et qu’il n’existe pas, à l’endroit où serait implantée l’usine, d’espèces rares et protégées d’animaux ou de végétaux.

- Très intéressant, marmonna Algénor

- Ils ont terminé la réunion en se donnant rendez-vous sur place cet après-midi pour un état des lieux, intervint Corentin

- Tu sais à quelle heure ? demanda Arzawel

- Un des directeurs avait une autre réunion, reprit Corentin. Ils se sont donné rendez-vous à 18h sur le parking de Saint Julien.

- Cela nous laisse peu de temps pour nous préparer, dit Algénor. Les amis, il est temps de vous montrer un peu du pouvoir des Maîtres Korrigans.

- Tu peux nous en dire plus ? demanda Soline intriguée.

- Je l’ai déjà évoqué hier, rappela Algénor avec un petit sourire, nous allons leur offrir exactement le contraire de ce dont ils ont besoin.

Les quatre Maîtres Korrigans s’isolèrent dans un chêne creux. Quand ils en ressortirent une vingtaine de minutes plus tard, ils avaient l’air rasséréné.

- Vous nous avez déjà beaucoup aidés et vous n’aurez pas à intervenir tout à l’heure les enfants, nous expliqua Algénor. Nous seuls pouvons empêcher ce projet. En revanche, nous aurons besoin de la présence de tous auprès de nous pour nous cacher au cas où.

Il n’était pas encore 18h quand un corbeau se posa sur l’épaule de Soline.

- Il me prévient qu’un groupe de 4 personnes arrive dans notre direction dit Soline.

Algénor, Arzawel, Arsinoé et Adénora formèrent un cercle en se tenant par la main. La tête en arrière, les yeux révulsés, ils étaient très impressionnants surtout quand ils se mirent à répéter en boucle d’une voix semblant venue d’outre-tombe une incantation magique :

« Hannal Nathrar,Ourwassbethud, Doriel Diembhe »

Le ciel s’obscurcit, le vent se leva, les korrigans étaient en train de créer temporairement une autre réalité.

Les quatre hommes s’arrêtèrent sur le pont. Le maire ne comprenait pas ce qui se passait, les autres étaient consternés par ce qu’ils découvraient.

Les beaux arbres feuillus avaient disparu pour laisser place à des arbustes squelettiques, la belle rivière dont l’eau vive bondissait entre les roches s’était transformée en en filet d’eau sale dont on apercevait ça et là quelques flaques recouvertes d’une écume grise.

Sur chaque arbuste nichait une colonie de noctules et de pipistrelles, deux espèces de chauve-souris protégées. Sur les bords de ce qui était autrefois la rivière, avait poussé un tapis d’Adonis Vernalis, jolies fleurs jaunes protégées sur l’ensemble du territoire.

- Mais vous vous êtes moqués de nous ! hurla un des directeurs de France Papier. Vous nous aviez promis de beaux arbres, un bon débit de rivière et pas d’espèces protégées et finalement, c’est tout le contraire !

- Je ne comprends pas, balbutia le Maire

- Mais enfin, vous êtes d’ici ou pas ? demanda le président de région au maire

- Bien sûr, répondit le maire, mais….

- Mais c’est terminé ! l’interrompit l’autre directeur. Je ne veux plus entendre parler d’un projet ici. Viens Archibald, nous partons.

- Messieurs, messieurs, dit le président de région en leur courant après, j’ai peut-être un autre endroit à vous proposer….

Cachés non loin de là nous avions assisté, ravis, à toute la scène.

Une fois les quatre individus suffisamment éloignés, Arsinoé, Adénora, Algénor et Arzawel se remirent en cercle, récitèrent à nouveau leur formule magique « Hannal nathrar Ourwassbethud, Doriel Diembhe » et tout redevint comme avant.

- C’était génial m’exclamais-je. C’est vrai qu’au niveau pouvoirs, vous assurez grave !

- Et c’est bien d’assurer « grave » ? demanda Adénora malicieuse

- Trop ! répondit Corentin enthousiaste

- Mais si c’est trop, ce n’est pas bien alors ! répliqua Arsinoé en étouffant un rire

- Je crois qu’elles sont en train de vous taquiner, dit Algénor. Elles connaissent parfaitement toutes les langues et tous les langages y compris celui des « djeuns ».

En retournant au moulin en début de soirée, nous avons tous mesuré la chance que nous avions de pouvoir profiter de cette belle nature. Nous sommes restés un moment silencieux et avons écouté le chant des oiseaux, le crincrin des grillons, le vent dans les arbres, le bruit de la rivière. C’était tout simplement beau. C’est Corentin qui a rompu le charme

- Toutes ces émotions m’ont donné faim. On mange quoi ce soir ?


Texte publié par Dom de Mole, 3 février 2024 à 17h15
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