J’eus la boule au ventre tout le long du chemin. Qu’avait-il pu arriver à Arzawel ?
- Ne t’inquiète pas trop, me dit Louane qui avait lu dans mes pensées. Les korrigans vivaient sans nous depuis des millénaires. Je suis sûre que tout va s’arranger.
- Je l’espère, dit Soline songeuse, mais je te rappelle que si les hommes n’avaient pas amputé leur territoire et pollué leur nature, nous n’aurions jamais rencontré de korrigans et ils continueraient à vivre tranquilles, loin des êtres humains.
- Nous n’aurions pas dû accepter qu’Arzawel reste avec nous durant la journée alors que ses pouvoirs sont encore affaiblis, dit Corentin. C’était trop dangereux. Algénor, Arsinoé et Adénora doivent être très inquiets et contrariés. Vous croyez que les korrigans regrettent d’avoir dû faire appel à nous ?
- Je ne sais pas, répondit Soline. Par contre, j’espère qu’ils ne vont pas croire que c’est nous qui avons demandé à Arzawel de nous accompagner.
- Mais ils sont où mes vaillants Korrivengers ? demanda Papa en garant la voiture. Vous êtes des élus ou pas ? Vous êtes des battants ou pas ? Allons voir ce qui s’est passé et, surtout, gardons le moral et mettons toute notre énergie à sauver Arzawel ou lieu de broyer du noir.
Nous dévalâmes en courant le chemin qui menait à la rivière. Personne.
- Regardez, il y a un morceau de papier coincé sous cette pierre. Ils nous ont laissé un message, dit Louane en dépliant la feuille :
« Nous sommes avec les korrigans à la Lande-du-Maugué. Rejoignez-nous dès que possible., »
Nous commencions à connaître les chaos du Gouët comme notre poche et nous ne mîmes pas longtemps à les retrouver.
- Nous avons fait aussi vite que possible, dit Papa en se rapprochant du groupe de parents et de korrigans. Alors, que s’est-il passé ? Que pouvons-nous faire pour aider ?
C’est Patrick, le père de Louane, qui expliqua comment ils avaient perdu Arzawel :
- Quand nous nous sommes quittés sur le parking, nous avons repris le chemin de la rivière. Arzawel était toujours sur le dos de Yago, qui batifolait à quelques mètres devant nous. Mais soudain, un énorme molosse est venu attaquer Yago. Le pauvre chien n’a pas eu d’autre choix que de prendre la fuite aussi vite que possible pour échapper à ce monstre. Nous avons couru après mais l’avons très vite perdu de vue. Nous nous sommes alors tous mis à la recherche de Yago et d’Arzawel en prenant des chemins différents. Nous les avons cherchés pendant près de deux heures. Nolwenn a fini par retrouver le pauvre Yago, terrorisé mais fort heureusement pas blessé. Mais aucune trace d’Arzawel qui a dû être éjecté pendant la course folle. Enora, de son côté, a entendu des voix d’enfants qui semblaient surexcités et qui disaient avoir trouvé un super automate. Elle craint qu’ils aient trouvé Arzawel et vient de revenir pour chercher du renfort.
- Arzawel n’a pas été raisonnable, soupira Algénor, et il a mis l’ensemble des korrigans en danger. Nous ne pouvons pas prendre le risque que des humains non-initiés découvrent notre existence et devons rester cachés. Nous avons encore besoin de vous les enfants. Vos parents ne seront pas loin, si besoin.
- Tu peux compter sur les Korrivengers, Algénor, dit gravement Corentin.
Enora nous conduisit vers la clairière où elle avait entendu les enfants et nous laissa nous y rendre seuls. Ils étaient encore là. Deux garçons d’une douzaine d’années qui étaient en train de se disputer :
- Je te dis que l’automate est à moi, dit l’un. C’est moi qui l’ai vu en premier, rend le moi !
Ce disant, il tirait sur une jambe du pauvre Arzawel pendant que l’autre garçon lui tirait sur les bras.
- Mais arrêtez, leur criai-je, vous allez lui faire du mal !
- Du mal à une poupée ! Mais c’est qui ce débile qui vient nous embêter ? vociféra le plus gros des deux.
- Cet automate est à moi, dit Soline en essayant de calmer les deux garnements. Je le cherchais partout. Merci de l’avoir retrouvé.
- Ben voyons, c’est à toi, ironisa l’un des garçons. Vous croyez qu’on va gober ça les morveux ! Vous avez beau être quatre, nous ne nous laisserons pas faire. C’est nous qui avons trouvé ce jouet et nous comptons bien le garder.
- « Je t’en supplie Louane, dit Arzawel par la pensée, fais quelque chose, vite. Je n’ai plus du tout de force et j’ai mal partout ».
- Il faut agir maintenant, intima Louane, car Arzawel ne va pas bien du tout.
Corentin cligna trois fois des yeux et disparut sous le regard éberlué des deux galopins.
- Lâchez-le, intimais-je, ou vous allez le regretter.
Les deux gamins ne comprirent pas d’où venait la force mystérieuse qui les obligea à lâcher ce qu’ils prenaient pour un jouet. Corentin, toujours invisible, porta Arzawel et le confia à Louane. Il se retint pour ne pas les frapper.
Les deux garçons, furieux, se ruèrent vers nous pour récupérer Arzawel. Vite, je me concentrai sur leurs pantalons qui leur descendirent en même temps au bas des pieds. Corentin eut juste à les pousser un peu pour les faire tomber devant nous. Nous pensions qu’ils avaient enfin compris mais leur méchanceté n’avait d’égale que leur bêtise et ils se relevèrent menaçants.
Cela commençait à devenir chaud. Je m’apprêtais à me concentrer sur des pierres pour leur lancer dessus quand Soline se mit à émettre une sorte de bourdonnement. Il fallut à peine quelques secondes pour qu’une horde d’abeilles, de guêpes et de bourdons vienne les encercler.
- On fait moins les malins maintenant, ironisa Soline. Partez, ou je leur demande de vous piquer.
Les deux gamins remontèrent leurs pantalons et prirent leurs jambes à leur cou.
- Merci de m’avoir sauvé et désolé pour le dérangement, dit Arzawel dans un pauvre sourire.
Nous rejoignîmes le groupe des parents restés, en cas de besoin, à une centaine de mètres de la clairière. Nous étions en train de leur raconter notre sauvetage dans le détail quand nous vîmes rappliquer les deux gamins, accompagnés d’un couple d’adultes.
Louane sut immédiatement qu’ils venaient chercher des embrouilles. Elle prévint Arzawel par la pensée et le cacha précipitamment dans le sac à dos de sa mère.
- Ce sont eux, ce sont eux, répétaient les deux gamins en nous montrant du doigt.
- Alors comme ça, vous avez volé un jouet à mes jumeaux, dit le monsieur qui n’avait pas l’air aimable.
- Un jouet ? dis-je faussement surpris. Mais quel jouet ? Vous voyez bien que nous n’en avons pas.
- Il ment, dit le plus gros des jumeaux.
- Calmons-nous, dit Papa qui venait d’avoir une idée. Raconte-nous en détail ce qui s’est passé, demanda-t-il à l’un des soi-disant jumeaux qui ne se ressemblaient pas du tout.
- Eh bien, on avait trouvé une figurine qui bouge toute seule, comme un automate. Et puis les quatre enfants, là, sont arrivés. Celle-là, dit-il en désignant Louane, communiquait avec la poupée sans parler, celui-là, poursuivit-il en montrant Corentin, est devenu invisible et nous a obligés à lâcher la poupée, puis celui-là, continua-t-il en pointant son doigt vers moi, a fait descendre nos pantalons juste en nous regardant, et puis on est tombé, et la fille, là, termina-t-il en désignant Soline, elle a fait venir des guêpes pour nous piquer. Alors on a eu peur et on est parti chercher nos parents.
L’homme et la femme semblaient consternés en écoutant le récit de leur progéniture.
- Nous sommes désolés, balbutia la dame. Je ne sais pas ce qui leur a pris de raconter de telles balivernes. Excusez-nous. Bonne fin de journée. Allez, vous deux, on rentre, on va régler ça à la maison.
Dès qu’ils furent éloignés, nous sortîmes Arzawel de sa cachette. Il n’en n’avait pas perdu une miette.
- Super idée Yann, dit-il à Papa, de les laisser eux-mêmes raconter devant leurs parents. C’était sûr qu’ils ne les croiraient pas.
- J’ai un peu honte, réagit Papa. Pauvres gamins, c’est quand même un peu dur pour eux.
Yago arriva en traînant un peu la patte, encore exténué par sa folle course poursuite.
- Tu as dû avoir la peur de ta vie mon pauvre Yago, lui dit Soline en le caressant doucement. Allez, viens me faire un gros câlin et raconte-moi tes malheurs.
Quand nous fûmes de retour auprès d’eux, Algénor, Arsinoé et Adénora furent heureux de retrouver Arzawel et s’empressèrent de lui préparer une boisson reconstituante et un onguent pour apaiser ses douleurs.
- Tu nous as bien fait peur, lui dit Adénora. J’espère que cette aventure t’aura servi de leçon et que tu seras dorénavant plus prudent. Je n’ose imagine ce qui serait advenu sans les enfants.
- Bravo et vive les Korrivengers, s’écria Arsinoé. Nous avons bien fait de vous faire confiance !
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