Enfin le week-end tant attendu arriva. Papa et Maman étaient déjà affairés à préparer le pique-nique dans la cuisine quand je descendis pour le petit déjeuner.
J’avais eu beaucoup de mal à m’endormir la veille tant j’étais excité de reformer la bande des quatre et de revoir les korrigans.
- Tu préfères un sandwich au jambon ou au pâté ? demanda Maman.
- Jambon s’il te plaît, lui répondis-je, et avec un peu de mousse de jonquille à la coriandre, ajoutai-je malicieusement.
- Il faudra que je pense à demander la recette à Arsinoé ou Arzawel, répliqua Maman.
- Je vais chercher quelques radis dans le jardin, cela nous fera une petite entrée, dit Papa.
- Mais on va être en retard ! protestais-je.
- Mais non, me rassura Papa, nous avons prévu de nous retrouver aux chaos vers midi. Si on part à 11h30, c’est parfait, j’ai largement le temps.
Les yeux rivés sur la pendule, j’attendis que l’heure du départ arrive enfin.
La route commençait à m’être familière et il nous fallut une vingtaine de minutes pour arriver au parking. Je constatai avec joie que les autres étaient déjà arrivés.
- Salut les amis, m’écriai-je à la cantonade en arrivant près d’eux.
- Salut Gweltaz, me répondirent-ils tous en chœur.
- On était en train de se dire qu’il faudrait nous trouver un nom de bande, m’expliqua Soline. Qui a une idée ?
- Comme nous sommes les amis des korrigans, on pourrait s’appeler les « Amikors » proposa Corentin.
- Bof, ça fait un peu médicament objecta Louane.
Nous fûmes interrompus dans notre réflexion par un des parents :
- Hé les enfants, vous avez l’intention de pique-niquer sur le parking ? Allez zou, on y va !
Nous continuâmes notre recherche de nom en chemin.
- Et que pensez-vous de la bande des « Korripotters » ? demanda Soline qui était fan d’Harry Potter.
Le silence qui suivit sa proposition en disait long sur notre peu d’enthousiasme. Je rompis le silence :
- Par contre Soline, tu viens de me donner une idée. Et si nous nous appelions la bande des « Korrivengers » ?
- Super idée, j’adore ! dit Corentin.
- Moi aussi, dit Louane. Et toi Soline ?
Soline, un peu vexée que sa proposition n’ait pas été retenue, attendit quelques secondes avant de se prononcer.
- D’accord, proposition adoptée, finit-elle par dire
- Hourra, vive la bande des korrivengers !
Nous avions négocié avec nos parents de pouvoir pique-niquer seuls de notre côté. Aussi, en arrivant au pont qui enjambait la rivière, nous restâmes sur la rive droite tandis que nos parents gagnaient l’autre rive.
Nous étions à la recherche d’un coin sympa pour déjeuner lorsque nous croisâmes un homme qui venait en sens inverse.
Louane s’arrêta soudain et suivit l’homme du regard tandis qu’il s’éloignait. Elle avait les larmes aux yeux.
- Il est venu ici pour se débarrasser de son chien nous apprit-elle, je l’ai lu dans ses pensées. Il faut absolument faire quelque chose.
Soline prit les choses en mains et, apercevant deux corbeaux perchés sur un saule, leur demanda de survoler la zone et d’essayer de repérer un chien errant.
- Corentin, dit Soline, cet homme n’a pas pu venir ici à pied. Suis-le et essaie de lui piquer ses clés de voiture. Appelle Louane par la pensée si tu as un problème.
Corentin cligna trois fois des yeux et prit l’homme en filature. Il s’enfonça dans le bois en espérant que Louane entendrait bien son appel à l’aide si besoin. Soudain une branche morte craqua sous son pied. L’homme s’arrêta brusquement et scruta autour de lui.
Corentin remarqua alors un trousseau de clés qui dépassait de sa poche. Il s’approcha doucement et, tandis que l’individu essayait vainement de comprendre d’où venaient les craquements, s’empara délicatement des clés.
Pendant ce temps, les corbeaux étaient revenus et croassaient gravement avec Soline.
- Ils ont repéré un chien attaché à un arbre nous expliqua Soline. Ils vont nous conduire jusqu’à lui. Louane, préviens Corentin pour qu’il ne s’inquiète pas, s’il te plaît.
Après une dizaine de minutes de marche, nous arrivâmes devant la pauvre bête qui se mit à grogner de peur.
Soline le rassura et lui expliqua que nous étions là pour le sauver et pas pour lui faire du mal. Elle le caressa doucement tout en le détachant. Soline nous apprit qu’il s’appelait Yago.
Yago raconta alors à Soline que sa maîtresse était partie à l’hôpital et qu’elle l’avait confié à son neveu. Mais ce neveu était en fait un homme très méchant qui n’en voulait qu’à l’argent de sa tante.
Des bruits de pas nous firent sursauter, Corentin réapparut, l’air furibond :
- Merci pour les explications Louane, j’ai eu un mal fou à vous trouver. Mais bon, mission accomplie, je lui ai piqué ses clés de voiture, dit-il en brandissant le trousseau. Il n’a rien compris.
Nous mîmes Corentin au courant pour Yago.
- Il faut lui faire payer ! dit Corentin révolté.
- Qu’est-ce que vous voulez me faire payer sales mioches ? demanda une grosse voix agressive.
L’homme était devant nous, menaçant. Il avait dû suivre son trousseau de clés volant.
Yago gronda et se plaça devant lui les babines retroussées et les crocs menaçants
L’ignoble individu lui décocha un violent coup de pied qui arracha un cri de douleur au pauvre chien.
Soline m’appela au secours du regard.
Je repérai une grosse badine et me concentrai sur elle de toutes mes forces. La branche était solide et souple comme un fouet. Elle commença par lui cingler les jambes, puis les bras, puis le dos.
- Aie ! Aie… mais ce n’est pas possible, maugréa l’homme, je dois faire un cauchemar… Aie ! Ouille !
Il s’enfuit à toutes jambes, sans ses clés, poursuivi par la badine frappeuse sur une bonne dizaine de mètres encore.
- Vive les Korrivengers ! s’écria Louane. Nous sommes trop forts tous les quatre !
- Oui mais il faudra quand même en parler aux parents, dis-je. C’est trop grave pour gérer ça seuls.
- Et si on mangeait d’abord proposa Corentin. Nous étions partis pour un pique-nique je vous rappelle !
Yago jappa doucement.
- Lui aussi a très faim dit Soline. Il va falloir partager avec lui.
Une fois nos sandwiches avalés, nous repartîmes sur l’autre rive, à la recherche de nos parents pour leur raconter notre mésaventure.
Nous les trouvâmes en train de rire et chanter à tue-tête en compagnie d’Arzawel qui était assis sur un rocher juste à côté d’eux.
- Je croyais que les korrigans ne devaient pas sortir le jour, m’étonnais-je.
- Oui, je sais que ce n’est pas très prudent, répondit Arzawel, mais je n’ai pas été enseveli assez profondément pendant la régénération et j’ai besoin de la chaleur du soleil pour achever mon rétablissement.
- C’est notre faute alors ? demanda, inquiète, Solig, la Maman de Louane.
- Vous n’avez pas eu de mode d’emploi pour le parfait sauvetage d’un korrigan, s’esclaffa Arzawel en riant. Vous ne pouviez pas savoir. J’aurais dû moi-même être plus précis. La seule chose dont je suis sûr c’est que vous m’avez sauvé la vie. Il me faut juste quelques expositions au soleil pour recouvrer entièrement mes pouvoirs.
- Vous pouvez nous expliquer la présence de ce chien ? demanda brusquement Maman en apercevant Yago.
Nous prîmes la parole tour à tour pour leur raconter ce que nous venions de vivre. Plus le récit avançait, plus les yeux de nos parents exprimaient la surprise, puis la colère vis-à-vis du sinistre individu.
- En revanche, objecta le père de Corentin, pourquoi lui avoir volé ses clés ?
- Pour qu’il ne puisse pas repartir tranquillement après avoir abandonné Yago, expliqua Soline.
- Imaginez qu’il aille porter plainte au commissariat, dit la mère de Corentin, vous serez bien avancés.
- Eh bien s’il porte plainte contre nous pour vol de clés, nous porterons plainte contre lui pour abandon de chien, répliqua vivement Soline.
- Allons tous au parking, dit Papa. Nous aviserons sur place. Que préfères-tu Arzawel : venir avec nous ou rentrer ?
- J’ai trop envie de rester avec vous, répondit Arzawel. Si l’on croise quelqu’un, Soline ou Louane, vous me prendrez dans vos bras et ferez semblant d’avoir une poupée.
- Et pourquoi pas Gweltaz ou Corentin ? s’indigna Soline, les garçons aussi peuvent avoir une poupée !
- N’importe quoi ! protesta Corentin.
- C’était pour rire, s’amusa Arzawel, si nous rencontrons quelqu’un j’essaierai de me rendre invisible. J’ai quand même réussi à demander à Yago si je pouvais monter sur son dos pour ne pas vous retarder et il est d’accord, précisa Arzawel en s’installant à califourchon sur le dos du chien.
Je regardais Yago partir devant en trottinant. C’était un beau chien malgré sa maigreur et son regard craintif qui rappelaient qu’il avait été maltraité. Pour Maman, c’était un berger belge. Peut-être pas de pure race mais il avait les oreilles droites, le masque noir et le pelage bringé caractéristiques de cette race. On ne risquait pas de le perdre de vue avec Arzawel et son costume rouge vif sur son dos.
Arrivés sur le parking, Hervé, le père de Corentin appuya sur la clé de voiture du trousseau dérobé. Les warnings d’une fourgonnette blanche se mirent à clignoter et le système d’ouverture centralisé des portes s’actionna.
Il n’y avait personne à l’horizon. Mon père et celui de Corentin décidèrent de jeter un coup d’œil à l’intérieur du véhicule et ouvrirent les deux portes battantes arrières. A l’intérieur, il y avait une télévision, une tablette, des petits meubles anciens et des cadres photos. Je sursautai en découvrant une photo.
- Regardez, m’écriai-je, une photo encadrée de Yago ! Je suis sûr que ce n’est pas à l’ignoble individu mais à sa tante et il y a fort à parier que toutes ces choses lui ont également été volées.
- Il faut aller voir la maîtresse de Yago pour tirer cela au clair, dit Papa. Je vais prendre des photos de ce qu’il y a à l’intérieur de la voiture. Soline, on a besoin de toi. Essaie s’il te plait d’obtenir le maximum d’informations sur la maîtresse de Yago. Où elle habite, où elle a été hospitalisée.
Soline s’accroupit près du chien. Elle demanda à Arzawel d’utiliser également son pouvoir pour communiquer avec Yago, pour être sûre de ne rien louper.
- Je veux bien essayer dit Arzawel mais je ne suis pas encore à 100% de mes capacités.
Après une dizaine de minutes de jappements, plaintes, gémissements et aboiements. Soline et Arzawel firent leur rapport. C’est Soline qui prit la parole.
- La maîtresse de Yago s’appelle Monique Serf et elle a 82 ans. Il ne connaît pas l’adresse de l’hôpital mais il sait y aller et c’est assez proche de la maison de Monique, située rue Dorée.
- Dans quelle ville ? demanda Papa.
- Il ne connaît pas le nom de la ville mais il y a une grande place avec un élevage de chevaux, précisa Arzawel.
- Lamballe, c’est certainement Lamballe, dit Maman. Il y a le haras. Yann, regarde sur ton smartphone s’il existe une rue Dorée à Lamballe.
- Bingo ! s’exclama Papa, et c’est à cinq minutes de l’hôpital. On y va !
- On ne va pas tous aller à l’hôpital, cela risquerait d’impressionner la vieille dame, dit Maman. Laissons Yann y aller avec les enfants. Nous vous attendrons aux chaos, là où vous nous avez trouvés tout à l’heure. Et je vous rappelle que les hôpitaux sont interdits aux chiens. Il vaut mieux que Yago reste avec nous et Arzawel.
- OK, dit Papa, mais cela risque d’être long car il est probable que nous devions ensuite nous rendre au commissariat, s’il s’avère que le neveu a bien volé sa tante.
- Pas de souci, dit Maman. Si vous rentrez après la tombée de la nuit, cela nous donnera l’occasion de passer un peu de temps avec nos amis les korrigans. Par contre, ne nous laissez pas sans nouvelles et tenez-nous au courant.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Papa garait sa voiture devant l’hôpital de Lamballe. Nous en descendîmes tous les cinq. Quand Papa demanda le numéro de chambre de Monique Serf à la personne de l’accueil, celle-ci lui demanda si on était de la famille, puis ajouta, avec un ton de reproche, qu’elle n’avait jamais de visite.
Nous frappâmes à la porte de sa chambre. Une petite voix douce nous invita à entrer. Monique fut très étonnée de voir débouler dans sa chambre quatre enfants et un homme qu’elle ne connaissait pas mais à voir son sourire, elle semblait heureuse qu’il arrive un peu d’inattendu dans sa vie monotone.
- On se connaît ? demanda-t-elle.
- Non, dit Papa, mais nous avons un grand ami commun, Yago.
- Oh mon chien d’amour ! J’ai dû me résoudre à le confier à mon neveu Edgar quand j’ai été emmenée à l’hôpital par les pompiers, mais je suis inquiète car je n’ai jamais eu confiance en lui, se lamenta la vieille dame.
- Vous avez raison de ne pas lui faire confiance, dit Louane, car nous avons trouvé Yago attaché à un arbre aux Chaos du Gouët.
- Mon pauvre Yago ! Mais où est-il et comment va-t-il ? demanda Monique les larmes aux yeux.
- Ne vous inquiétez pas, nous allons prendre soin de lui, dis-je en prenant la main de la vieille dame.
- Que c’est gentil de votre part. Ce n’est pas comme Edgar. Vous ne pouvez pas savoir comme je m’en veux de lui avoir confié Yago. Tout s’est fait si vite…
- En plus, nous pensons qu’il vole des choses chez vous, ajouta Papa en lui montrant son téléphone. Regardez, j’ai pris en photo le contenu de sa camionnette.
- Mais ce sont mes meubles, ma télé et ma tablette gémit Monique. Quel sale type. Mais comment m’avez-vous trouvée ? Ce n’est quand même pas Edgar qui vous a renseignés.
- C’est une très longue histoire, répondit Papa. Mais l’urgence aujourd’hui, Monique, c’est de porter plainte contre votre neveu. Si nous allons voir les gendarmes maintenant, ils auront le temps de le prendre en flagrant délit. Je propose que vous nous fassiez une procuration. Comme ça, nous nous occuperons de tout pour vous.
- Je vous fais ça tout de suite. Je ne sais comment vous remercier, dit la vieille dame.
Papa nous demanda d’attendre tous les quatre dans la voiture tandis qu’il faisait les démarches à la gendarmerie. On le vit ressortir une vingtaine de minutes plus tard, escorté de deux gendarmes.
- Merci beaucoup Monsieur dit l’un d’entre eux à Papa, nous allons voir si la voiture est toujours aux Chaos du Gouët. Mais ne vous inquiétez pas, cela fait longtemps qu’on a cet individu dans le collimateur et nous avons aujourd’hui, grâce à vous, suffisamment de preuves pour le mettre en prison. Nous passerons à l’hôpital pour faire signer le dépôt de plainte à Madame Serf.
- Tout est bien qui finit bien se réjouit Papa en s’asseyant au volant. Et tout ça grâce aux Korrivengers. Vous pouvez être fiers de vous les enfants. J’appelle Nolwen pour la prévenir que nous avons rempli notre mission.
- Allo, Nolwen, je sors de la gendarmerie. Ils sont partis pour l’arrêter… Quoi ? qu’est-ce-que tu dis ? Oh non ! ce n’est pas possible ! Nous arrivons tout de suite.
- Qu’est-ce-qui se passe ? demandais-je très inquiet.
- Arzawel a disparu, nous annonça Papa, et… apparemment il a été enlevé.
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