Je ressentais un mélange d’excitation et de peur, qui au fur et à mesure que j’avançais, se transformait en un sentiment de bien-être. Je n’étais jamais venu dans cet endroit mais il me semblait familier et accueillant.
Je brisais le silence :
— C’est encore loin ?
— Nous arrivons dit Maman, regarde, dit-elle en me montrant une roche, l’entrée est juste là.
Elle s’arrêta brusquement. Des promeneurs arrivaient avec deux chiens, un grand, type setter et un petit beagle qui s’engouffrèrent tous deux dans la grotte. Je vis ma mère blêmir.
— Jackpot ! Punkie !
Les chiens répondirent à l’appel de leur maître et repartirent en courant. Ouf ! Nous attendîmes que les promeneurs se soient suffisamment éloignés pour entrer dans la grotte.
Nous ne pouvions pas y tenir tous les trois. Mon père attendit à l’entrée tandis que ma mère et moi y pénétrâmes.
Maman avait pensé à tout, elle sortit une lampe de poche pour éclairer le fond de la grotte. J’aperçus un monticule de terre et de feuilles. Algénor devait être dessous.
Quand ma mère commença à dégager la terre et les feuilles de ses mains, je sentis mon cœur s’emballer :
— Heu, je ne me sens pas très bien Maman… Tu es sûre qu’on ne fait pas une bêtise ?
— Mon chéri, dit Maman en me regardant droit dans les yeux, est-ce que tu crois que ton père et moi t’aurions emmené ici si nous avions le moindre doute ? je sais que tout cela doit te paraître un peu fou, mais dis-toi bien que nous faisons tout ça pour une bonne cause. Allez viens m’aider !
Je me mis à dégager la terre et les feuilles avec elle et vis bientôt apparaître une petite forme humaine.
J’avais conscience de vivre un moment incroyable ! Aucun de mes copains ne me croirait si je lui racontais ça. Un korrigan… Un vrai korrigan … Et j’étais là, devant lui !
— Maintenant, dit Maman, c’est le grand moment Gweltaz, pose tes mains sur lui.
Je m’approchai plus près encore et posai mes mains sur le petit corps inerte. J’en profitai pour l’examiner. Il avait les yeux fermés, de petites oreilles pointues, des lèvres roses et minces. Il était habillé d’une sorte de combinaison qui semblait être comme une seconde peau végétale, très douce au toucher.
Soudain je sursautai. Ses paupières venaient de se soulever laissant apparaître deux magnifiques yeux verts.
Il se mit debout, épousseta le peu de terre qui restait sur lui et nous sourit.
— Bonjour Gweltaz, bonjour Nolwen
Je restai sans voix. Il m’arrivait aux genoux.
— Bonjour Algénor, dit Maman.
— Je savais que vous reviendriez, dit le korrigan.
— Je suis heureuse de vous voir beaucoup plus en forme que la dernière fois, dit Maman en souriant.
— La Terre Mère a fait son office. Me voici régénéré pour les 1000 ans à venir et ceci grâce à vous et à Gweltaz, dit Algénor en se tournant vers moi.
— Viens mon enfant, n’aies pas peur. Je vais te récompenser pour avoir gardé mes pouvoirs pendant toutes ces années.
Qu’allait-il me donner ? Un jouet, un livre, un jeu de console ? Si cela pouvait être des super toupies ! J’avais hâte de savoir. En plus c’était mes dix ans quand même !
Algénor continua :
— Je vais te donner à choisir parmi quatre pouvoirs que tu ne pourras utiliser que pour faire le bien.
Un pouvoir ? C’est quoi cette embrouille ? Il parlait de récompense mais ça sent l’arnaque !
— Soit le pouvoir de l’invisibilité, poursuivit-il, soit le pouvoir de communiquer avec tous les animaux, soit le pouvoir de lire dans les pensées, soit le pouvoir de télékinésie.
— Télé quoi ? balbutiai-je.
— Télékinésie, c’est le pouvoir de déplacer les choses juste par la pensée, comme cela, regarde !
Ses yeux fixèrent une grosse pierre qui était à mes pieds. Elle se souleva toute seule comme par magie, parcourut quelques mètres et alla se briser en mille morceaux sur un bloc de granit.
— Waouh, m’exclamais-je, c’est ça que je veux pouvoir faire !
— D’accord, dit Algénor, agenouille-toi à côté de moi.
Je m’exécutai et vins m’agenouiller à côté de lui sous le regard rassurant de ma mère.
Algénor grimpa sur une pierre pour être à la bonne hauteur. Il posa sa petite main sur ma tête en récitant une étrange incantation : « Kentor mervel eget bezan saoutred ». Une légère décharge d’électricité me parcourut le corps.
— Vas-y, essaie de faire bouger quelque chose par la pensée, dit Algénor
Je me concentrai sur une petite pierre ronde qui était aux pieds de Maman. J’arrivai à la soulever et à la faire voler vers la sortie de la grotte.
— Aie ! mais qui me balance des cailloux ? cria Papa
Le pauvre, nous étions tellement absorbés par notre mission que nous avions un peu oublié Papa. Nous éclatâmes de rire et, après nous être assurés qu’il n’y avait aucun promeneur à l’horizon, nous sortîmes tous les trois de la grotte pour le rejoindre.
Papa avait l’air aussi abasourdi que moi en découvrant Algénor. Il avait l’impression de rêver. Tout ceci ne pouvait pas être réel. Surtout, quand j’arrivais par la pensée à accrocher sa casquette à la plus haute branche d’un chêne puis à la faire voler sur plusieurs dizaines de mètres et à la faire atterrir sur sa tête ! Quelle journée mémorable !
— Algénor, que va-t-il se passer maintenant ? demanda Maman.
— Attendez-moi un instant, je dois d’abord vérifier quelque chose, répondit Algénor.
Il s’approcha d’un arbre, émit un bruit qui tenait à la fois du sifflement et du grognement. Des bruits de feuilles se firent entendre et un, puis deux, puis trois écureuils apparurent. Nous entendions couiner, siffler, grogner…. Algénor semblait en grande discussion avec eux.
— Bon, reprit Algénor après être revenu près de nous, j’ai de bonnes nouvelles. Les trois autres Maître Korrigans ont pu, eux aussi, être sauvés grâce à des enfants et leurs parents.
— Et ils ont, eux aussi, reçu un pouvoir ? demandai-je.
— Oui répondit Algénor. Comme toi, ils ont 10 ans aujourd’hui et, comme toi, ils ont pu choisir un pouvoir.
— Est-ce que nous pourrons nous rencontrer un jour ?
— Bien sûr dit Algénor et même très bientôt. Pour fêter notre retour à la vie, une grande cérémonie va être organisée avec les quatre maîtres Korrigans, leurs quatre enfants sauveurs et leurs parents ainsi que les créatures féériques de la forêt.
— Et comment le saurons-nous ? demandai-je à Algénor.
— Tu recevras un message, mais pas par téléphone ou internet, répondit le korrigan en plissant malicieusement les yeux. Allez, il est temps pour nous de nous quitter. J’ai des milliers de choses à faire pour préparer la cérémonie.
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