Nous étions recroquevillés dans les bois, à quelques mètres d’une imposante forteresse. Mon coéquipier et moi-même attendions le signal qui tardait à venir, grelottant de froid en ce début d’hiver.
- Non mais franchement, c’est une blague ? Me plaignis-je. Combien de temps encore allons-nous devoir attendre ? Il fait super froid !
- C’est vrai que ça met longtemps… Mais c’est un entraînement pour l’examen, et ce jour-là il faudra suivre les ordres à la lettre.
- Oui mais quand même !
- Tais-toi, ou tu vas nous faire repérer !
- Repérer ? Tu plaisantes j’espère ? Nos soi-disant ennemis sont le vieux Malik et ses bouteilles de whiskey !
- Malik ? S’étonna mon compagnon. Tu es sûr que c’est lui qui joue le rôle des Troubliens ?
- Ouais, c’est ce que Patrick m’a dit en tout cas.
- Etrange… je l’ai vu à la cafet’ avant de partir.
J’haussai les épaules.
- Bah ! On s’en fiche ! Du moment que le signal arrive avant qu’on meure de froid…
Mais je ne pus garder le silence bien longtemps : je n’avais que quatorze ans, j’avais besoin de socialiser, même en tant que futur guerrier Your. Parce que oui, mon coéquipier et moi, nous étions les plus jeunes apprentis de la tribu, et fiers de l’être !
- Pourquoi on est habillé en blanc ? Tout le monde va nous voir dans cette noirceur infinie ! On fait tâche comme de l’eau sur la table du vieux Malik !
Francis ne put s’empêcher de glousser à cette remarque.
- C’est pour que les examinateurs puissent nous voir.
- Ouais, mais ça n’a aucun sens ! En situation réelle, on est censé être invisible !
- Justement, on n’est pas en situation réelle.
- N’empêche que c’est con.
- Will ! S’offusqua mon compagnon. S’ils t’entendaient…
Nos supérieurs étaient de gros balourds, mais ils détestaient les vulgarités, enfin, dans la bouche des novices, parce qu'eux ne se gênaient pas !
- Oh, ça va ! Ils ne nous entendent pas !
- Je n’en serais pas si sûr à ta place. Rappelle-toi nos oreillettes.
- Je ne l’ai pas activée, relax !
Pour changer de sujet, je demandai :
- Dis, ce château, je ne me souvenais pas qu’il fasse partie de nos terres.
- Oui, moi non plus. Lorsque je l’ai questionné, Patrick m’a dit que c’est une acquisition récente. Une bande des nôtres l’avait attaqué en pleine nuit !
- Une telle forteresse ? La vache, ils devaient être sacrément téméraires !
- C’est sûr. D’ailleurs, tu savais que…
Soudain, nous nous tûmes tous les deux. On parlait dans le micro relié à nos oreillettes.
- Maintenant les garçons !
Francis et moi avons échangé un regard excité et nous sommes élancés vers la porte de la forteresse. L’opération factice était simple : les nôtres faisaient diversion et nous entrions. Un jeu d’enfant ! Mais à peine avions nous fait dix pas que deux détonations retentirent, et que je ressentis une douleur cuisante dans la poitrine. Je criai et tombai à genoux, posant mes mains sur la plaie : je m’étais pris une balle ! La douleur faillit me faire m’évanouir, mais je luttai pour rester conscient. J’avais clairement entendu deux coups de feu. Et si l’un d’eux me visait, l’autre était pour…
- Francis !
Son cadavre gisait dans l’herbe à quelques mètres de moi. Je levai les yeux vers la forteresse. Là, au sommet des créneaux, je le vis. Un guerrier Troublien. Un vrai. Au moment une troisième détonation retentit, je vis trois ombres noire s'y glisser vers la muraille de l’autre côté du fort. Alors j’ai compris. Mais ça, personne ne le saura jamais. Le tireur Troublien me toucha à nouveau. Cette fois, en plein dans le cœur. Je mourus sur le coup.
QG des Yours, le lendemain à l’aube.
- Alors ? Comment ça s’est passé ? Ils ont mordu à l’hameçon ?
- Qui ? Les mioches ou les Troubliens ?
- Ils sont cons, quand même ! Les habits blancs, le vieux Malik, la forteresse… et malgré tout ils ont rien capté !
- Bah, on leur a pas totalement menti ! Un groupe de téméraires à bien pris le château !
- Ouais ! Et certains d’entre nous ont bien fait diversion pendant que les autres attaquaient !
- Eh d’ailleurs, on va avoir un autre apprenti ! Douze ans, bien bâti… et pas bien malin !
- Ouais ! La forteresse de l’Ouest !
- Nan, celle d’Oliver !
- La grande rouge !
- Le Loup Hurleur !
- Allez, vous disputez pas les gars. Des p’tits cons, il y en aura toujours…
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