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Je m’appelle Andréa, je suis étudiante en lettre depuis maintenant 2 ans et demi. Je loge au troisième étage dans un immeuble qui tombe en ruine à Paris dans un quartier peu fréquentable. Ayant peu de moyen à disposition, je ne peux me permettre un palace fait de marbre et d’ivoire.

Tous les jours, les mêmes habitudes. Je me lève, ouvre mes longs rideaux chinés dans une des friperies à la mode qui court les rues. Me dirige vers ce qu’il me sert de cuisine, un café accompagné d’une tartine de beurre, les yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur déjà allumé puis défile les nouvelles du jour. Actualité du monde, de la littérature, peinture, cinéma... Le monde me terrifie de jour en jour, l’anxiété et la dépression font maintenant partie de mon quotidien. Mon cerveau en est même venu à oublier l’éclat chaleureux des couleurs, le bonheur que peut procurer le parfum d’une fleur ou même le chant d’un oiseau faisant sa parade nuptiale au printemps. Non, la vie était devenue fade et sans intérêt, la seule chose qui me tienne encore ici, sont les bouquins, et mon imagination, parfois tellement débordante que j’en arrive à éclipser mon esprit si loin que mon corps s’affaissa dans le fond de ma chaise. Le déjeuner avalé, je traîne ce corps jusqu’à ma douche où je manque de replonger dans un sommeil lourd. J’enfile mes vêtements, me sèche les cheveux, prend mon sac et part de cet appartement sans âme ni chaleur. Je claque la porte, ferme à double tour, puis actionne deux fois la clinche.

“Un, deux, fermé.” regarde mon pull. “Bleu, mon pull est bleu.”

Me dis-je à moi-même pour bien me rappeler dans la journée que cette foutue porte est fermée.

Je descends les marches, la troisième grince énormément, je la passe donc sur la pointe des pieds. Arrivée à l’escalier menant au rez-de-chaussée, la rampe contient plusieurs petites échardes dû à son âge, le deuxième et troisième étage étant été rénover il y a maintenant 4 ans la rampe est presque neuve, elle ne présente donc pas ce genre défaut. Je retire ma main de celle-ci puis descendis ce dernier étage en faisant glisser mes doigts contre le mur. J’ouvre la porte puis sort afin de rejoindre le métro qui me mène jusqu’à mon école.

La journée se passe, certes, difficilement mais se passe tout de même.

“un, deux, fermé, pull bleu. Un, deux, fermé pull bleu. Un, deux, fer...”

Je me répète ces phrases par peur d’avoir oublié cette fichue porte. Certains appelleront ça des TOC, d’autre une névrose, mais toutes ces petites choses que je répète au quotidien me rassure et font retomber mon anxiété constante du monde qui m’entoure. Je sors de l’école et rejoins une fois de plus cette station de métro.

*kliing*

“Merde, mes clefs...Mh?”

En me retournant je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer cette femme, qui se figeât totalement lorsque mes yeux se sont posés sur elle. Je récupère mes clefs tombées au sol, me relève, puis les glissa dans ma poche avant droite en prenant le soin de mettre celle qui ouvre la porte d’entrée du bâtiment à part pour éviter de la chercher trop longtemps. Un fois dans le métro, je mets mes écouteurs, non pas pour écouter de la musique mais pour éviter que l’on vienne et engage la conversation avec moi, le contact humain n’étant franchement pas mon activité favorite. Le trajet commence, j’ai à peine 15 minutes de métro qui me sépare de mon école à mon logement. À ma droite, un ado, avec un énorme casque sur les oreilles, en jogging, et sweat-shirt, tout ce qu’il y a de plus banal. Mon sang ne fit qu’un tour lorsque plus loin, au fond du wagon, cette femme était là, à me regarder fixement par-dessus un livre.

“Elle ne te regarde pas spécialement tu as dû relever la tête en même temps qu’elle...Hm”

Je décide de pivoter ma tête vers ma gauche, mais un détail me saute alors aux yeux, son livre est tenu à l’envers. Cette femme me regarde, moi. Le métro ralentit, je fais mine de me lever malgré que cette station ne soit pas la mienne, me met dos à elle puis utilise l’écran de mon téléphone en guise de miroir pour vérifier si elle aussi se levait.

“Bingo, tu te lèves aussi !”

Au moment où une autre personne se lève puis se dirige vers la porte de sortie, je décide de prendre sa place.

“Je suis bête, ce n’est pas celle-ci...”

La femme sort du wagon, puis reste sur le quai en me fixant par la vitre.

Mon cœur accélère, ma vue se trouble, mon corps se met à trembler. Et soudain sans savoir pourquoi je me mets à frapper contre cette vitre.

“Qu’est-ce que tu me veux bordel !?”

Les autres personnes dans le wagon se mettent à me regarder, tous les yeux grands ouverts plein d’incompréhension. Je commence à manquer d’air puis revoit le visage de cette femme.

“Un, deux, fermé, un deux, fermé...”

Le métro arrive enfin à ma station, je me précipite vers la sortie puis cours vers les escaliers menant à la surface. Je reprends mon souffle, puis tâte ma poche pour vérifier si mes clefs s’y trouvent toujours.

“Oui”

Je me remets à marcher de plus en plus vite vers chez moi. Je sors mes clefs de ma poche en gardant bien en main celle de la porte, l’insères puis entre enfin.

“Un, deux, trois, quatre, cinq...”

5 secondes, c’est le temps que la porte prenait pour se refermer.

“Cinq...”

La porte ne s’est toujours pas fermée. Je me mets à courir dans les escaliers en faisant abstraction à tous les détails que je gardais bien rangés dans ma tête, le mur, la rampe, la marche, j’ouvre ma porte d’entrée qui se trouve bien fermée à double tours.

“Un, deux, fermé, pull bleu.” Me répétai-je sans cesse dans ma tête. Je me retourne directement puis la referma en étant sûre que quelqu'un était en train de me suivre depuis la sortie de l’école. Je sens encore mon cœur battre comme s’il allait imploser, il me fait mal, tout mon corps me fait mal. Je m’assoie dos contre cette porte.

“Aller, Andréa, inspire... Expire...Personne ne te suit, inspire...”

*Boom boom*

Un cri sort de ma bouche.

“Qui est là !?”

*Boom boom*

Je décide de jeté un œil au judas, personne. Je me rue vers une de mes fenêtres, l’ouvre, puis me penche vers l’entrée vérifier si personne ne sort ou ne rentre dans le bâtiment.

*Boom boom*

“Arrêtez, ce n’est pas drôle !” Je hurle, les larmes aux yeux, je suis maintenant en panique totale, quelqu’un me veut du mal, quelqu’un me suit depuis maintenant plusieurs heures et cette personne se trouve là à quelques centimètres de moi.

L’hiver étant bien entamé en cette date, mon appartement est plongé dans le noir, avec comme seuls éclats de lumière, les lampadaires de l’extérieur. Par ma fenêtre je pu entendre le bruit des voitures, des gens marchant tout en discutant de la pluie et du beau temps, des chiens, en clair, les bruits d’une ville en train de vivre, et moi je me retrouve, assise pétrifiée de peur, adossée contre cette porte avec comme seul présence, mes peurs et mes angoisses. Je me relève, regarde une dernière fois par le judas. Cette femme.

“Qu’est-ce que vous me voulez ?” Lui demanda à travers la porte.

La femme tend alors sa main vers la clinche, puis l’actionna, la porte se mit à s’ouvrir. Dans un état d’horreur intense généré par mes névroses, je me dirige vers ma fenêtre puis décide de faire le saut de la délivrance.

Quelques minutes plus tard, pompier, SMUR, et gendarmerie sont alors regroupé en bas de mon immeuble, ramassant ce qu’il reste de mon corps sur le bitume. L’un des gendarmes se met à questionner plusieurs de mes voisins afin de savoir si quelqu’un était présent avec moi lorsque j’ai décidé de plonger à travers ma fenêtre. Tous ont été unanimes, j’étais seule. Le gendarme décide alors de monter dans mon appartement pour essayer de comprendre la raison de mon acte. Arrivé au troisième étage, ma porte était fermée à clef.


Texte publié par L.F, 18 novembre 2023 à 01h14
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