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tome 1, Chapitre 6 « Bienvenue » tome 1, Chapitre 6

Un parfum de sucrerie et une lame fendirent les airs.

L'ombre se tordit de douleur, poussant un long râle inhumain, une silhouette massive se mut avec grâce, tel un fauve au pelage de nuit. La bruine ne semblait guère le gênait. Il agrippa la forme globuleuse, l'éloignant de sa victime d'un geste sec. Un objet se mit à briller, tel un pistolet au métal lamé. Après une faible intonation, quelques étincelles ardentes jaillir du canon et acheva la créature qui s'évanouit dans la grisaille matinale. L'être se figea, scrutant les environs avec attention. Gabriela put davantage l'observer et comprendre qui venait de lui sauver la mise.

La silhouette était grande, presque aussi grande que celle d'Adrian. Il n'en demeurait pas moins athlétique. Vêtu d'un veston noir et d'un épais manteau de laine de belle facture, cet homme à la peau noire posa un regard ambré sur la fenêtre, derrière laquelle se trouvait Gabriela, encore haletante.

— Tout va bien, mademoiselle ?

Gabriela hocha fébrilement le menton, se penchant davantage pour mieux voir ce messire de noir vêtu. Il s’approcha d’un pas félin et s’inclina avec élégance vers la rescapée.

— Veuillez excuser mon interruption soudaine, j’ai perçu cette terrible...chose dans votre jardin, je me devais d’intervenir.

― Ne vous excusez pas, merci infiniment de votre aide. C’est que je ne m’attendais pas à une aide sur ce...plan. Ce village est si peu peuplé d’êtres comme nous.

Il esquissa un fin sourire, qui titilla davantage l’intérêt de Gabriela.

― Oh! vous avez bien raison, mais la chance peut tous les jours vous sourire, surtout au moment où vous vous y attendez le moins. Je me présente, Bienvenue le Nohan.

Gabriela pencha la tête sur le côté.

― Ce n’est pas un nom très britannique, souffla-t-elle, sans doute de manière trop spontanée. Elle rougit subitement.

― En effet, je viens de Louisiane.

― Mille excuses, bredouilla-t-elle, ce ne fut guère très respectueux.

― Oh, ne vous en faites guère, Madame, il est évident qu’un prénom comme le mien détonne avec le paysage brumeux de notre chère Albion.

Gabriela esquissa un léger sourire. Bienvenue lui fit une courbette qui se voulait élégante, mais qui se parait davantage d’excentricité et de burlesque. La jeune femme se détendit davantage.

― Désirez-vous une tasse de thé?

― Volontiers!

Gabriela s’empressa de lui ouvrir la porte. Bienvenue inclina la tête et rentra avec précaution. Il jaugea la décoration d’un œil appréciateur.

― Diantre, ce fourbu coquin avait raison.

― Plaît-il?

Bienvenue secoua la tête.

― Veuillez m’excuser, je me souvenais simplement qu’un ami me commentait de l’effet apaisant du mobilier britannique. Votre demeure est fort charmante.

― Je vous remercie, après, j’ai également instauré des meubles et éléments de ma patrie.

― Fort bien, fort bien ! Cela offre un charme totalement unique à l’endroit.

La jeune femme le convia à s’installer près du feu. Elle prit quelques instants pour raviver les braises. Elle prépara par la suite du thé à la violette, dont les fleurs embaumaient l’air avec intensité. Gabriela laissa la théière sur le feu et prépara le service à thé. Ses gestes se voulaient précis et délicats. Bienvenue trouvait sa présence relaxante et apprécia de l’observer en silence.

Elle sélectionna avec attention des biscuits pour les offrir à son hôte. Lorsque le thé fut près, ce fut un plaisir de déguster ces petits sablés à la cannelle, accompagnés du thé floral parfaitement infusé. Bienvenue profita du moment, avant de briser le silence.

― Ce n’est pas chose courante de croiser une Arcadienne en ces lieux, souffla-t-il dans un murmure

Gabriela hocha la tête, reposant sa tasse sur la petite coupe

― Comme il n’est pas commun de trouver un mage, répondit-elle dans un sourire amusé

Bienvenue opina, buvant une gorgée de son thé. Il semblait appréciateur du breuvage, car il savourant longuement ce liquide au parfum prononcé, avant de lui répondre.

― En effet, je suis présent, car un ami m’a convié en ces terres.

― Un ami? s’enquit-elle, sa curiosité titillée

― Oui, ce cher Adrian a toujours besoin de mes services. Il ne peut pas se passer de moi.

― Oh, vous le connaissez?

Bienvenue esquissa un large sourire, franchement amusé.

― Bien sûr que je le connais! C’est un vieux frère, un peu bougon parfois, mais vous savez, il a son charme. Vous avez eu la chance de le rencontrer?

― Tout à fait, je lui ai offert le gite et le couvert alors qu’il traversait une tempête. Mais, il agissait un peu étrangement en ma présence, sauriez-vous, par le plus grand des hasards, pour quelles raisons?

L’expression de son invité changea brusquement. Il paraît un peu mal à l’aise, bien qu’une lueur de malice brillait dans ses yeux. Il toussa légèrement et reprit contenance.

― C’est donc vous...hm, je ne saurais vous dire exactement. Vous savez, il est bien mystérieux.

Il afficha un grand sourire, qui cachait surement un grand mensonge, selon l’avis de Gabriela.

― Disons qu’il agissait comme si nous nous faisions la cour... Est-il de nature séducteur?

― Absolument pas! s’exclama-t-il avec beaucoup de spontanéité. Il éconduit la plupart de ses prétendantes.

― Eh bien, voilà qui est étrange, il semblait habile séducteur en ma présence.

― C’est normal.... Enfin, je veux dire, vous êtes une très belle demoiselle, sans doute a-t-il été touché par votre grâce?

D’une lampée, il termina sa tasse de thé, affichant un air chaleureux qui se voulait quelque peu crispé. Prise de pitié, Gabriela changea de sujet, évoquant les saisons mondaines à Londres auxquelles elle n’aimait guère assister. Son convive parut plus que soulagé qu’elle ne l’interroge plus sur Adrian.

Il demeura quelque temps à partager des biscuits et des infusions, à parler des mondes magiques et de l’actualité arcadienne. Ce monde caché formait une société de l’ombre, qui possédait ses propres codes, usages et cultures. Il existait même une gazette secrète, mais Gabriela n’osait pas l’intercepter. Elle paraissait assez étrange dans ce village pour rajouter le risque d’être découverte à cause d’une presse secrète. Les journalistes de l’ombre agissaient avec une grande dextérité pour livrer leurs journaux, mais il existait toujours un danger à les faire venir dans un endroit aussi reculé et quelque peu réactionnaire.

Au bout d’une heure, Bienvenue prit congé de sa charmante hôtesse. Elle le remercia encore de son aide. Il lui laissa sa carte magique d’appel, si jamais elle avait à nouveau besoin d’aide. Ces cartes agissaient comme des invocations et pouvaient bien sauver des vies. L’entraide était essentielle chez les bannis.

Elle le regarda partir, les pensées dans le vague. Adrian lui parut encore plus mystérieux qu’il ne l’était.


Texte publié par PersephonaEdelia, 12 septembre 2024 à 16h03
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