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tome 1, Chapitre 2 « Fièvre » tome 1, Chapitre 2

Gabriela eut toutes les peines du monde à comprendre ce qui venait de se produire. Le lord avait pris congé, s’enfermant dans sa chambre et ne venant plus l’importuner du reste de la nuit. Elle finit par rejoindre sa propre chambrée, s’enfermant à triple tour, de crainte de se faire dévorer. Elle laissa un long moment une bougie allumée, tout en récitant quelques prières apprises par sa mère dans son enfance. Elle se blâmait de tous les maux pour avoir laissé rentrer un tel être dans sa demeure. S’il existait divers individus qui n’avaient rien en commun avec l’espèce humaine, elle ne savait dans quelle catégorie plaçait Adrian. Sa peau glaciale, son regard hypnotique… Gabriela vint à se demander s’il n’était pas un de ces vampires, comme elle en entendait parler dans sa contrée native. Bien entendu, personne ne la croirait, si elle avait l’audace d’en parler autour d’elle. Elle se savait seule face au problème, si ce n’est qu’elle pouvait se confier à ses sœurs, ainsi qu’a sa mère.

Quelque chose la perturbait encore plus. Pourquoi avait-il agi ainsi ? S’il était un vampire, il avait eu toutes les occasions du monde pour la mordre. Son sang ne lui plaisait pas ? Était-il vraiment un vampire ? Finalement, Gabriela préféra conclure qu’elle venait de vivre un cauchemar particulièrement réaliste et se mit à attendre que la réalité la rattrape.

*Pourquoi agissait-il comme si nous étions amants ? *

Encore, une question qui vint s’annoncer a des heures indues. Le sommeil la fuyait et la peur, tout comme quelque chose d’autre, étreignait son ventre. Lorsqu’il fut si près d’elle, pourquoi avait-il agi avec autant de tendresse ?

*Pourquoi ai-je envie qu’il revienne ?*

Gabriela s’insurgea à cette question indécente. Décidément, son inconscient lui jouait des tours.

"J’aimerais te voir"

Stupeur. Cette voix, qui venait de résonner dans son esprit, ce n’était pas la sienne. Elle connaissait par cœur cette voix insupportable qui claironnait toujours lorsqu’elle s’interrogeait sur ses choix de vie, voire sur sa propre existence. Non, cette voix chaude, masculine, vibrante…

"Je t’ai enfin retrouvé, ouvre la porte"

Elle crut devenir folle. Elle se félicita au moins d’avoir agi avec un minimum de décence en s’enfermant ainsi.

"Ta peau est si douce, tu sais…"

Quelle inconvenance ! Mais que dirait Lady Agatha d’une telle attitude ? Soudain, une question traversa son esprit.

*Ai-je fermé les volets ?*

Cela était idiot, n’est-ce pas ? Il était à l’intérieur, pourquoi craignait-elle qu’il puisse passer ainsi ? Pourtant, elle se retrouva debout, en robe de nuit, la chevelure défaite, à vérifier que rien ne se trouvait derrière ses rideaux.

*Quelle idiote je fais*

Les volets ouverts, donnant vue sur la tempête, le vent, la pluie incessante, et son visage à nouveau trempé. Il la dévorait de son regard intense.

"Ouvre-moi."

« Pourquoi ferais-je une chose pareille ? »

"Parce que tu en meurs d’envie"

« Quelle indécence, laissez-moi tranquille !*

Il soupira et ouvrit la fenêtre, comme si celle-ci pliait sous sa volonté. Il se pencha vers elle et caressa à nouveau sa peau, brûlante.

"Reviens-moi"

Le tonnerre gronda.

Gabriela se réveilla en sueur. Tremblante, elle inspecta sa chambre, toujours faiblement éclairée par la lueur de sa bougie mourante. Aucune trace d’Adrian. Seule l’ardeur brûlait en sa poitrine. Elle avait fait un rêve. Encore un rêve, plus dévorateur que jamais.

La pauvre jeune femme peina à retrouver le sommeil. Elle prit soin, cette fois-ci, de fermer les volets. Elle vérifia que sa porte demeurait fermée, puis elle regagna sa couche, d’un pas fébrile. Après tout, les conseils d’Adrian se révélaient pertinents. Il ne fallait jamais laisser rentrer n’importe qui en sa demeure.

Pendant quelques heures, elle fixa le plafond, incapable de s’endormir. Elle repassa la scène en boucle, essayant de comprendre le sens de toute cette histoire. Elle finit par tomber au pays de Morphé, assommée de fatigue.

Le lendemain, elle se leva en début d’après-midi. Quittant sa couverture d’un mouvement brusque, elle ouvrit sa porte à la hâte pour confronter ce lord impétueux. Quelle ne fut pas sa surprise, et sa déception de découvrir son cottage vide ! Elle ne trouva qu’un mot, gracieusement calligraphié, laissé sur sa table.

"Ma douce lady

Merci infiniment pour votre hospitalité,

Au plaisir de vous recroiser, peut-être à un bal de Lady Agatha.

Cordialement,

Adrian. "

Gabriela cligna des yeux, éberluée de cette situation des plus ubuesques.

Elle s’examina attentivement, vérifiant qu’elle n’avait aucune trace de morsure ou de blessure quelconque. Elle fut soulagée de se trouver intacte.


Texte publié par PersephonaEdelia, 25 novembre 2023 à 23h13
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