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16 avril 2010

Fabien rentrait de sa journée de travail, son premier reflex est de se rendre à son frigo afin d’en extirpé une bière bon marché fraîche. Dans le salon, se trouvait sa femme et sa fille, âgée de 5 ans à peine. Sa femme est allongée dans le canapé, dégoulinante de sueur, elle était en train de se laisser guidée par la poudre blanche onéreuse que le couple avait pris pour habitude de consommer de manière journalière. Il entra dans la pièce, toisa de dédain sa femme et lança un regard accusateur à l’enfant se tenant assise près du poste de télévision éteint.

- Qu’est-ce que tu fais là !? Hurle l’homme à la petite fille.

- ...Je..Je.. J’attends Maman pour... Hésita l’enfant.

- POUR ? Va plus vite, j’ai mieux à faire que d’écouter les pleurnicheries d’une gamine.

La fillette, engloutie par la peur devant cet ours qui lui servait de père s’urine dessus sans pouvoir s’arrêter.

- TU T’ES PISSÉ DESSUS ?

L’homme lâche sa bière au sol qui la fit s’explosée, se rue sur la gamine pour la gifler. La gifle est d’une telle force que la petite tombe et se cogne brutalement la tête sur le sol. Des pleurs, certes silencieux, mais des pleurs ne pouvant s’arrêter de sitôt. La petite, reste figée la tête sur ce planché collant et humide de saleté, ils vivaient dans une maison à la limite de l’insalubrité, pendant que ses larmes se mélangèrent à son urine, Fabien se met à secouer sa femme pour la faire sortir de sa trans.

- REVEILLE TOI! REVEILLE TOI SAC A MERDE, TA FILLE A PISSER SUR LE SOL.

La femme, qui se trouvait déjà loin dans son esprit, commence à montrer des signes de vie.

- Mmh... Ferme là Fab...

- Lève-toi et nettoie ça.

Il va la fermer sa gueule... Se dit Jenna encore les yeux clos.

- Eh, toi. Dit-elle en pointant du doigt la petite fille encore allongée sur le sol, tétanisée. Lève-toi, va chercher du papier dans les toilettes et ramasse ce que t’a fait, vraiment degueulasse cette gamine...

La femme se leva, tant de bien que de mal de son canapé en cuir marron tout déchiré laissant la watt s’échappée entre deux ou trois coupures. Elle marcha en direction de la cuisine lorsque :

- PUTAIN FABIEN !

- Quoi encore ? Dit il assit sur une chaise autour de la petite table de la cuisine, une bière à la main, feuilletant le journal de la veille.

- JE ME SUIS OUVERT LE PIED A CAUSE DE TES PUTAINS DE CONNERIES

- Mes conneries ? MES CONNERIES ?

Pendant ce temps, à quelques mètres d’eux, la petite nettoyait avec du mal le sol sur lequel elle s’était urinée dessus de peur il y a quelques minutes, les mains tremblantes et les joues encore humide. Le père se leva se retourne et lança son poing en pleine figure de sa femme. La femme perdit l’équilibre, et dans sa chute, sa tête heurte le coin de la gazinière pour ensuite atterrir lourdement au sol, le bruit de son crâne retentit dans la pièce, on aurait dit qu’un vase en porcelaine avait éclaté. Le silence. Un très long silence. Fabien pousse la tête de Jenna avec son pied, aucune réaction. Le corps de sa femme était allongé faisant dos à la cuisine et face au salon. La petite avait tout vu, tout entendu, dans son esprit, cette scène ressemblait à un combat entre deux bêtes sauvages. Sa mère, au sol, ne bougeait plus, une flaque écarlate s’élargissait autour de sa tête, son père fixait le corps de sa mère en sirotant sa seconde bière, le regard vide.

- Maman ?...

- Elle est défoncée, elle te répondra pas, cette putain ne fait que ça, se défoncer à longueur de journée.

Fabien le savait, elle était morte.

- Je te le répèterais pas deux fois Jynn, monte te coucher maintenant.

Jynn restait là, à fixer sa mère. Ses cheveux blonds comme les blés étaient maintenant rouge vif ainsi que marron aux endroits où le sang était en train de sécher, son regard ne fixait rien, la bouche entre ouverte, comme si son visage s’était fixé à un moment d’horreur si intense que la mort elle-même n’ait pu lui ôter. Une matière épaisse, rose voire grisonnante sortait du coin de son crâne qui avait explosé lors du choc contre la gazinière. Jynn le savait, cette image allait rester dans son esprit, sa mère, morte, tuée par ce monstre de père qui continue de boire assis sur sa chaise sans l’ombre d’un remords. Elle se leva, se retourna et se dirige vers ces escaliers ténébreux. Une fois en haut, une vague de tristesse et de rage rempli son corps, elle tremblait, son estomac essayait de rejeter ce qu’elle avait avaler aujourd’hui, ses yeux se sont mis à battre comme s'ils allaient sortir de leurs orbites. Elle était en train de faire connaissance avec le sentiment de la haine. Cet homme, répugnant, bedonnant, court sur pattes, qui pue l’alcool et le mépris, elle espérait si fort que lui aussi, sa tête explose sur le sol.

Elle avança le long de ce couloir sombre, faisant craquer le parquet qui lui griffe ses pieds nus, la tapisserie était vieillotte, arrachée à certain endroit, le haut des murs présentaient des auréoles dues à un taux d’humidité exacerbant, il faisait sombre, au bout du couloir, sur un petit meuble d’appoint, une petite lampe de bureau vacillait prête à rendre l’âme, elle ouvrit la porte de sa chambre, le même parquet revêtait le sol, un vieux tapis rose délavé au centre de la pièce, son lit était près d’une fenêtre cassée pendant une habituelle bagarre entre ses parents, barricadées par des planches en bois afin de conserver la chaleur de cette pièce lugubre. Elle avança près de son lit, on n’avait pas fait manger la fillette ce soir-là, de toute façon elle n’aurait pas pu avaler quoi que ce soit, l’odeur de l’urine était encore présente sur ses vêtements. Elle se glissa dans ce lit grinçant à faire réveiller un mort, s’allongea puis fixa le plafond. Ses yeux s’embuèrent de larme, que s’est-il passé ? Sa mère était-elle morte ? Son père allait-il finir en prison ? Et elle ? Que va-t-on en faire ? Les larmes ruisselèrent sur ses joues, inconsolable, la petite fille n’arrivera pas à fermer les yeux. Soudain un bruit parvient du rez-de-chaussée, un bruit sourd. Elle entendit quelqu’un monter les escaliers.

- ..Papa ?...

Elle avait peur, non pas du bruit qu’elle avait entendu, mais de son père, qu’allait-il faire d’elle maintenant ? Lui qui a toujours ressentit uniquement de la haine envers elle, le fait que sa mère, bien que mauvaise fut elle aussi, ne soit plus là, que cet homme allait faire de la fillette maintenant qu’ils se retrouvent seuls, à deux ?

Des bruits de pas viennent jusque devant sa porte, la petite rétorqua :

- Papa ? Tu me fais peur …

La porte s’entrouvrit, une vague de fraîcheur emplit la pièce, la petite se mit à greloter. Ce qu’il rentre dans sa chambre la paralysa. Ce n’était pas son père, et encore moins sa mère. Un être grand et très mince, d’une noirceur sans nom, ses membres n’étaient pas articulés à l’identique du commun des mortels, ses genoux se courbaient dans le sens inverse, comme un chien, il possédait trois doigts au bout desquels se dressaient des ongles anormalement longs et pointus, la bête ne possédait pas de visage, uniquement des crevasses comme sculpté dans cette matière grumeleuse et épaisses dont était fait son épiderme. Jynn était pétrifiée, elle ne savait pas si la bête la voyait, l’entendait où même la sentait. La faible lumière que projetait la petite veilleuse en forme de panda sur la table de chevet accentuait les reliefs de l’enveloppe corporelle de ce monstre. Elle fit un pas dans la chambre en se baissant afin d’évité le cadre de la porte, balaya la pièce des “yeux ?” puis se tourna vers la fillette. Un son inaudible sort d’une crevasse de la bête.

- Vous êtes qui ? … Vous avez fait mal à mon Papa ?... Demanda Jynn, la voix tremblante en se cachant le bas du visage à l’aide de sa couverture.

La bête fit un autre son que Jynn ne comprend pas, une sorte de grognement de loup avant de se jeter sur sa proie. La bête s’approcha de plus en plus du lit de la petite fille puis s’arrêta brusquement, tourna sa tête vers le coffre à jouet, toujours en s’exprimant qu’avec ces grognements, la bête saisie le coffre à jouet de la petite qu’elle renverse sur le sol, prit entre ses trois doigts tous tordus et rêches, une petite boîte à musique rose ornée de dorures.

- Elle ne marche plus... Osa Jynn.

La bête se tourna vers Jynn, s’approcha avec douceur tout en étant penchée vers le sol dû à sa taille immense, et posa l’objet sur les jambes de la fillette, elle prit l’objet entre ses petites mains moites et tremblantes puis l’ouvrit. Une bougie sort alors de la boite, la bête approcha lentement un de ses doigts repoussant sur la mèche de celle-ci qui s’allume. Jynn était perdue, comme si le temps s’était figé, elle ne sait pas pourquoi mais malgré l’apparence odieuse de cette bestiole, elle se senti pour la première fois, en sécurité, et appréciée. La bête, par sa douceur, avait instauré un climat de confiance et de tendresse. Elle en oubliait même la scène qui s'était plus tôt déroulée dans la soirée, quand son père alcoolique avait envoyé sa toxico de mère dans les abysses de la mort. Une douce mélodie sortit de la boîte, la fillette sentit une vague de chaleur envahir son cœur quand elle entendit la petite boite rosée jouer l’air de “Joyeux anniversaire”.


Texte publié par L.F, 6 novembre 2023 à 21h32
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