Alexander Smart était d’une humeur noire. Il avait été tiré du lit fort tôt par la sonnerie de son téléphone. Enfin, fort tôt si l’on peut dire : il était déjà onze heure, mais l’inspecteur Smart était allé fêter halloween la veille avec des amis, et l’alcool y coulait à flot. En sortant de son lit, un affreux mal de crâne l’avait assailli et il avait vomi son dîner sur le parquet de sa chambre. Qui plus est, l’homme à l’autre bout fil lorsqu’il avait décroché était Julien Polet, le chef de la police locale, qui lui avait annoncé le décès mystérieux d’un homme de la haute noblesse. Alexander s’était donc mit en route sans prendre le temps de nettoyer le sol, car à pied il avait une longue route à parcourir pour atteindre le manoir où résidait le défunt. Avec sa migraine, il n’aurait pas supporté l’instabilité de son cheval ou les sursauts d’une charrette sur la route caillouteuse. Tout en avançant, Smart bougonnait contre la noblesse : ils ne voulaient jamais faire comme tout le monde ! Si tel avait été le cas, la victime ne se serait pas établie si loin du village, et Smart ne serait pas en train de se faire mal aux pieds sur la longue route serpentant entre les sapins qui délimitaient le début de la forêt. Après plusieurs dizaines de minutes d’une désagréable marche et quelques hauts le cœur, Alexander passa sous une arche de pierre qui délimitait l’entrée de la propriété. Le domaine était immense, si bien qu’il mit dix minutes supplémentaires à le traverser pour atteindre, enfin, le manoir. C’était une imposante bâtisse en angle droit, et une tour se dressait fièrement en face du portail. Au creux de l’angle se trouvait une cour pavée, où trônait une fontaine d’ivoire. Un ange tenant une cruche était taillé à son sommet, et du récipient s’écoulait une eau cristalline. Smart fit la grimace. Ce noble n’avait vraiment aucun goût. Le portail étant resté entrouvert, il entra en ignorant la cloche dorée accrochée au mur. Il en était de même pour la porte d’entrée, qu’il poussa sans plus de gêne. Elle donnait sur un petit hall aux murs recouverts de papier-peint vert et de tableaux objectivement moches mais à la valeur monétaire inestimable. Il y avait un petit porte-parapluie surmonté d’un porte-manteau à gauche de la porte, et Smart reconnu la veste de Poulet (un petit surnom que tout le monde donnait au commissaire Polet) accrochée dessus. Il y ajouta la sienne et rangea sa canne avec la collection de parapluie noire que possédait le défunt. Smart entendit des éclats de voix au-dessus de lui. Dans le hall se trouvaient trois ports de bois vernies, dont l’une grande ouverte qui donnait sur un escalier. L’inspecteur l’emprunta. Il montait en colimaçon, et était étroit comme s’il s’agissait d’un accès à un donjon. Décidément, le propriétaire aimait le grandiose mais ne devait pas être claustrophobe pour vivre dans ce manoir. L’escalier débouchait sur un long couloir étroit où se succédait une dizaine de porte. Alexander tendit l’oreille. Les voix provenaient du fond du couloir. Il écouta à chacune des portes, jusqu’à la quatrième sur la droite. Il pouvait à présent entendre les paroles de l’autre côté du panneau.
- Le pauvre bougre, fit une voix qu’il reconnut comme étant celle du commissaire. Le jour de son anniversaire. Si ce n’est pas malheureux.
- Qui a bien pu lui faire une chose pareille ? Dit une femme que Smart ne reconnut pas.
- Hélas ! Tant de monde, répliqua le commissaire. Il avait de multiples ennemis du fait de son caractère… disons…
- Prétentieux, termina l’inspecteur Alexander Smart en entrant dans la pièce.
- Smart ! S’énerva alors Poulet. Ça fait plus demi-heure que j’ai appelé ! Que faisiez-vous ?
- Je préparais le gâteau… railla l’inspecteur avec son fort accent anglophone.
- Votre humour est toujours aussi insensé, grommela Julien. Mais nous avons assez perdu de temps.
Il désigna la pièce d’un ample geste du bras. Un homme, la quarantaine, était assis dans un fauteuil, les yeux révulsé, le corps rigide, la tête reposant sur le dossier en cuir. Une tasse de porcelaine se trouvait à ses pieds, son contenu renversé sur le sol. Le reste de la pièce était somptueux : les murs de pierres était couvert de tapisseries et de tableaux, des étagères remplies de livres trônaient en face de la porte et une cheminée allumée répandait une douce chaleur. Le plancher était recouvert d’un grand tapis rouge bordeaux aux motifs verts sapin et dorés. Près du siège ou était assis le mort se trouvait un canapé en cuir ainsi que deux autres fauteuils. Les quatre meubles entouraient le foyer, formant un espace douillet et chaleureux.
- Que pouvez-vous constater ? Demanda le commissaire Polet.
- Que c’est un magnifique living-room, répondit Alexander.
- Oh par pitié ! Vous avez beau être un Irish, ici on dit salon, ou salle de séjour, alors adaptez-vous Smart ! Et cessez vos blagues ridicules ! Un meurtre a eu lieu, ici.
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- Cet homme allait fêter ses quarante-trois ans. Il était encore jeune, trop pour que la mort soit naturelle. Et il n’a aucun motif de suicide, alors que de nombreuses personnes voudraient sa mort. Et regardez la tasse, là. Mon équipe a prélevé du liquide, et madame Lena, que voici, venait justement de m’annoncer qu’il contenait de l’arsenic.
Smart hocha la tête. La plaisanterie était terminée, il était temps de passer aux choses sérieuses. L’inspecteur fit quelques pas dans la pièce.
- Quelqu’un d’autre dans la maison ?
- La cuisinière, qui a elle-même servis le thé à son maître, selon ses propres dires.
- L’affaire sera vite résolue, alors, commenta Lena.
- Madame, déclara sèchement l’irlandais, vous êtes venues nous rapporter des résultats d’analyse et je vous en remercie. Mais votre job s’arrête là, je vous conseille de me laisser faire le mien à présent.
Il lui désigna la porte et Lena sortit, frustrée par cette impolitesse.
- Il faut avouer qu’elle a raison, déclara Julien. La cuisinière est al coupable parfaite.
- Est-elle ici ?
- Dans le parc, sous haute surveillance.
- Amenez-la-moi.
Julien Polet fut un instant tenté de répliquer qu’il n’avait pas d’ordre à recevoir de lui, mais considéra qu’il valait mieux ne pas perdre plus de temps. Aussi sortit-il du salon, laissant l’inspecteur seul.
- Alors ? Demanda Alexander en fixant le cadavre. Que vous est-il arrivé ?
Silence, évidemment. Ce n’est pas comme si les morts pouvaient parler.
- Est-ce bien l’arsenic de votre thé qui vous a été fatal ? Ou, comme je le pense, tout autre chose ?
L’inspecteur tourna autour du cadavre. Il inspecta ses yeux, lui tâta la peau, regarda sa langue, ses mains… Aucun détail ne lui échapperait. Il regarda le tapis, où la tâche de thé empoisonnée était encore bien visible. Il s’approcha ensuite du feu, examina les bûches… Puis il observa le canapé et les fauteuils. Quelqu’un d’autre était venu ici. Et ce après la mort du noble. Il en était persuadé. C’est alors que le commissaire revint, accompagné de la cuisinière en larmes et de deux policiers qui la surveillaient étroitement.
- Je ne l’ai pas tué ! Gémissait-elle. Je vous le jure ! Oh, monsieur l’inspecteur Smart ! Je vous en prie, aidez-moi !
Elle se jeta à genoux devant l’inspecteur. Du moins, c’est ce qu’elle aurait fait si les policiers ne l’avaient pas retenue.
- Dites-moi, madame, commença Alexander. C’est bien vous qui avez préparé le thé de monsieur ?
- Oui, c’est moi. Mais je ne l’ai pas empoisonné !
- Est-ce vous qui l’avez servi ?
- Oui. Oui, normalement c’est Gini, la femme de chambre, qui s’en occupe. Mais elle est en congé aujourd’hui, donc je l’ai monté et servi moi-même à monsieur.
- Et pourquoi Cette Gini est-elle en congé ?
- Elle est malade, monsieur l’inspecteur.
- De quel maux souffre-t-elle ?
- Je n’en sais rien.
- Dites-moi, qui a trouvé le corps ?
- Le jeune frère de monsieur, qui venait lui souhaiter son anniversaire.
Alexander se tourna vers le commissaire, qui confirma d’un hochement de tête.
- Quand était-ce ?
- Il a sonné vers onze heures moins le quart. Cinq minutes plus tard, il criait à l’aide.
Alexander consulta sa montre. Il était Onze heure cinquante.
- Et le thé ? A quelle heure l’avez-vous servi ?
- Un peu moins de huit heures, au réveil de monsieur.
- Vous l’avez servi ici ?
- Non, dans sa chambre à côté, monsieur était encore dans son lit.
- Montrez-moi.
La cuisinière sortit du salon, toujours escortée par les deux policiers. Elle ouvrit la porte de la pièce d’en face et entra, suivit par l’inspecteur et le commissaire.
- C’est là, dit-elle.
L’inspecteur Smart observa la chambre. Le lit était soigneusement fait et sur la table de chevet reposait un service à thé. Alexander s’en approcha.
- Je sais ce que vous pensez, déclara Poulet. Rassurez-vous, nous avons déjà vérifié si le contenu de la théière était empoisonné. Il l’est.
Smart s’assit sur le lit, tâta la théière et prit une tasse vide. Il l’examina soigneusement et, alors qu’il allait la reposer, elle lui échappa et s’écrasa sur le tapis blanc, éclatant en morceaux.
- Oh, Quelle maladresse ! S’écria l’inspecteur. Je suis désolé, vraiment.
- Ce n’est pas grave, assura la cuisinière. Gini nettoiera lorsqu’elle sera de retour.
Alexander hocha la tête et se leva.
- Récapitulons les faits, je vous prie.
La cuisinière et le commissaire hochèrent la tête.
- Vers huit heures, la cuisinière a apporté le thé de monsieur. Le thé est empoisonné.
- Je n’ai pas…
- Silence, madame. A dix heures, soit deux heures après que notre homme ait eu son thé, son frère arrive au manoir. Lui avez-vous ouvert vous-même ?
- Non, le frère de monsieur peut entrer et sortir librement de cette maison.
- Commente savez-vous qu’il est venu a dix heures ?
- Je l’ai entendu. Il un crié un "Joyeux anniversaire" qui a résonné dans tout le manoir.
- D’accord. Donc à dix heures, le frère entre. Va-t-il directement dans la chambre de la victime ?
- Je n’en sais rien, je ne l’ai pas vu.
- Quoi qu’il en soit, cinq minutes après avoir poussé ce "joyeux anniversaire", il a crié à l’aide, c’est ça ?
- Oui, et j’ai abandonné le déjeuner sur le feu pour voir ce qui se passait. Le frère de monsieur descendait les escaliers en hurlant "Il est mort ! Il est mort !". J’ai immédiatement appelé la police.
- Et le frère ? Pourquoi n’est-il pas resté ?
- Il est dans le parc, déclara le commissaire.
- Et vous n’avez pas pris la peine de me le dire avant ? S’agaça Smart.
- Vous ne m’avez rien demandé.
- Qu’on le fasse venir.
Quelques instants plus tard, le frère de la victime était devant l’inspecteur, le visage ruisselant de larmes.
- Oh, monsieur ! Mon cher frère est mort, c’est atroce ! Je... je n’arrive pas à la croire.
- Je sais, c’est dur. Mais vous vous en remettrez en touchant l’héritage.
Le frère le regarda avec des yeux ronds.
- L’héritage ? Mais je ne toucherai rien, pas un sou !
- Qui héritera donc de l’immense fortune de ce pauvre bougre ?
- Mon frère a rédigé son testament en faveur d’un vieil ami à lui, qui habite loin d’ici.
- Je vois… Dites-moi, quand vous êtes arrivé, vous avez trouvé votre frère assis dans son fauteuil, raide mort, le thé à ses pieds ?
- Oui, monsieur.
- Vous n’avez touché à rien ?
- Rien du tout. J’ai d’abord ouvert la porte de la chambre, mais comme il n’y était pas, je suis allé voir dans le séjour en face, et il était là, mort.
- C’est impossible.
Tout le monde fixa Alexander.
- Le scénario que vous me racontez, monsieur, est totalement impossible, et ce pour plusieurs raisons : la tasse de thé empoisonné est intact sur le tapis, pas une éraflure, alors que nous avons tous vu tout à l’heure qu’elle aurait dû éclater en mille morceaux.
Il désigna les restes de la tasse qu’il avait lui-même fait tomber.
- Ensuite, le feu dans la cheminé, à côté. Il a été ravivé récemment, il y a moins de deux heures, alors que selon votre scénario personne n’y a touché. Et le lit ? Pourquoi est-il fait ? Madame a dit que, lorsqu’elle a servi le thé, la victime était encore dans son lit. Toute ces incohérences ne veulent dire qu’une chose, vous avez aménagé les différentes pièces pour que cela colle à votre version des faits. Quant au meurtre… je crois me souvenir que vous êtes herpétologiste. Spécialiste des serpents. Et je suis persuadé que le médecin légiste retrouvera dans le sang de la victime non pas de l’arsenic, mais du venin, que monsieur à fait ingéré à son frère. De plus, il a voulu faire accuser la cuisinière en ajoutant de l’arsenic dans le thé.
- Quoi ?! Mais ça n’a aucun sens ! S’emporta le frère. Je… Je n’ai jamais… Pourquoi aurais-je fais ça ? C’est ridicule !
- Messieurs, saisissez cet homme ! Ordonna le commissaire. Et relâchez la cuisinière. Madame, je vous demande mille pardons.
- Vous êtes excusé.
Quelques minutes plus tard, la police emmenait le frère de la victime en prison.
- Beau travail, déclara le commissaire en serrant la main d’Alexander. Je dois vous laisser pour m’occuper de son cas, mais je compte sur vous pour le rapport d’enquête.
- Bien sûr, monsieur le commissaire.
Julien Polet mit le pied dans l’étrier de son cheval et ordonna :
- En avant, vous autres !
La brigade se mit en marche, le frère meurtrier partageant le cheval d’un policier, les mains liées dans le dos. Alexander resta seul devant le manoir avec la cuisinière. Il renifla.
- Il n’y a pas comme une odeur de brûlé ?
- Oups, je crois que j’ai laissé quelque chose sur le feu.
Ils éclatèrent de rire et la cuisinière embrassa l’inspecteur sur les lèvres. Puis, main dans la main, ils s’éloignèrent tandis qu’une épaisse fumée s’élevait dans le manoir.
Le lendemain, Smart reçut un appel fort tôt. Enfin, fort tôt si l’on peut dire, il était déjà onze heures. Il sortit du lit en bougonnant et alla décrocher.
- Allô ? Dit-il.
- Alexander Smart ?
- Oui, c’est moi.
- J’ai une bien triste nouvelle. Un ami à vous a été assassiné hier matin. Et vous avez été désigné par son testament comme son seul héritier. Vous venez donc de gagner cinq cents millions de francs, qui ont été ajoutés sur votre compte.
- Merci de m’avoir prévenu, Jack.
Sans un mot de plus, il raccrocha et éclata de rire.
- Qui était-ce ? Demanda une petite voix ensommeillée.
Alexander retourna dans sa chambre et embrassa la femme qui se trouvait dans son lit.
- Mon banquier. Un ami a été assassiné et m’a laissé toute sa fortune.
Il éclata à nouveau de rire, accompagné joyeusement par son épouse.
- Ce soir, mon amour, nous partons en voyage.
Et ils rirent de plus belle.
En fin d’après-midi, le commissaire Polet quitta son travail l’esprit tourmenté. Quelque chose dans l’affaire de la veille ne collait pas. Le médecin légiste l’avait appelé le matin même pour lui dire que la victime avait été tuée à l’arsenic, et non par du venin de serpent. Et le dit coupable ne cessait de plaider son innocence. De plus, Après réflexion, Julien avait constaté qu’il n’avait pas de mobile pour tuer son frère. Alexander s’était sûrement trompé. Julien, en arrivant chez lui, se dirigea vers le téléphone et composa le numéro de l’inspecteur. Personne ne répondit. Il réessaya, toujours rien. Il renonça et raccrocha. Quelques secondes plus tard, le téléphone sonna. Julien s’empressa de répondre.
- Alexander ? Dit-il.
- Non, monsieur le commissaire. C’est Maxence.
- Ah oui. L’avocat du défunt. Alors ? Qui est l’héritier ?
- Eh bien… Hem… C’est Alexander Smart, monsieur.
- Quoi ?!
Le commissaire laissa tomber le combiné. Il était sous le choc. Puis, petit à petit, son cerveau se remit en marche. Alexander. Alexander !
Malgré l’heure tardive, Julien se mit en marche vers la maison de l’inspecteur. Il frappa plusieurs fois.
- Smart ! S’énerva-t-il. Smart ouvrez ou je vous écorcherai vif !
Un voisin ouvrit alors sa fenêtre.
- C’est pas bientôt fini ce vacarme ?
- Où est smart ?
- Il est parti avec sa femme, il y a une heure à peine.
- Sa femme ?
- Ouaip. L’ex-cuisinière au manoir d’à côté, là.
Julien poussa plusieurs jurons avant de s’éloigner à grands pas. Il rentra chez lui, claqua la porte et appela le commissariat.
- Ici la police, dit-on à l’autre bout du fil.
- C’est le commissaire ! Je veux une équipe de prête dans cinq minutes ! Non allons au manoir des Follet !
- Mais, chef… Vous n’avez pas lu le journal ?
- Quoi le journal ?
- Le manoir a brûlé hier, peu après votre départ.
Julien raccrocha en poussant une série de jurons. La réalité se frayait lentement un chemin dans son esprit. Le vrai meurtrier était la cuisinière, et Alexander, son mari, était complice ! Ils avaient orchestré tout ça, et maintenant ils s’en tiraient avec cinq cent millions en poches ! Julien hurla de rage et de frustration. Personne ne le croirait sans preuve, et toutes avaient disparues dans l’incendie du manoir !
Quelques années plus tard, le commissaire mourut. Personne aux tribunaux n’avait voulu l’écouter, et il emporta dans la tombe le secret de la mort de Pierre-Ambroise de Follet. Depuis, personne à l’Allée des Conteurs ne sait ce qui s’est réellement passé le 1er novembre 1864, sinon que ce jour est apparu un esprit frappeur qui embellit depuis chacune de leur journée.
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