En voyant arriver la reine, tous furent surpris. Son habituel air perdu fut remplacé par un regard plein d’assurance et un sourire taquin. Aphrodite cligna des yeux, un large sourire venant orner son visage éclatant. Atarillë semblait transfigurée, dans sa tenue guerrière, elle dégageait d’une aura enflammée qui raviva la détermination des présents. Sur une chemise blanche et bouffante, elle portait une longue veste bleue, sans manches, ornée de broderies argentées formant des arabesques. Sa poitrine était affinée par un corsage métallique, assorti à divers éléments d’armures ciselées et gravées. Une longue jupe bordeaux était camouflée par le bas de sa veste. Elle était chaussée de bottes renforcées par des genouillères en métal.
— Vous êtes prête pour la guerre, ma reine? demanda Aloysius.
— Toujours, Tempête.
Le mage manqua de recracher sa gorgée de lait au miel. Tempête, c’était comme cela que l’avait toujours appelé Atarillë. C’était en quelque sorte, son petit nom de destrier. Chacun se regarda, une lueur d’espoir dans les yeux. Loan et Morgan se levèrent dans un bond et foncèrent vers leur mère qui les serra contre elle.
— Tu es revenu maman! s’écria Loan, les larmes aux yeux.
— Je suis là mes chéris...
— Et bien, il t’en aura fallu du temps, répondit Hine dans un sourire.
Siobhan esquissa un sourire énigmatique et se leva à son tour pour embrasser sa mère. Puis ils vinrent saluer leur père qui les ébouriffa chacun leur tour. Arthur était tout aussi rayonnant. Il avait enfilé une tenue similaire à celle de son épouse. Une armure de plaque ciselée et gravée épousait son torse, installée sur un long veston marron. Une épaulière dorée était accrochée à son épaule gauche. Une jambière formant un dragon en un entrelacs métallique recouvrait ses bottes en cuir noir. Sur sa chevelure ébouriffée, une couronne en or incrustée de rubis étincelait.
— Bonjour tout le monde, dit-il d’une voix enjouée.
Hine glissa son regard sur le roi consort. Aphrodite en fit de même, ce qui le mit mal à l’aise. Un fin sourire s’installa sur le visage mutin de la déesse de l’amour.
— J’apprécie tes méthodes, Arthur.
Arthur rougit brutalement. Il secoua la main, agacé, essayant de changer de sujet. Aloysius et Belladona haussèrent les épaules, peinant à comprendre l’allusion. Hine, quant à elle, but une gorgée de son thé, d’un air entendu avec Aphrodite.
— Je vois que vous êtes en forme, nous avons une mission, cela tombe bien.
— Parfaitement votre majesté, j’ai travaillé toute la nuit sur ce sujet et j’ai de bonnes pistes à vous présenter, renchérit Aloysius.
Arthur opina, satisfait. Il retira son épaulière et la confia à un serviteur maori avant de s’installer à table accompagné de ses enfants.
Atarillë retira quelques pièces pour son confort également puis se posa à ses côtés, non loin d’Aphrodite qui vint caresser sa chevelure d’un geste maternel.
— Je suis heureuse de te retrouver pleinement, mon enfant.
Atarillë esquissa un sourire. Elle se servit en thé et en biscuits à la rose. Elle attendit qu’Aloysius soit prêt à expliquer son plan, ce qui fit après avoir englouti un scone.
— Bien, après des heures d’analyse, j’ai compris que votre vision ainsi que les données de la tour expliquent en réalité le processus du rituel et le nécessaire pour le réaliser.
Il sortit de son sac un ensemble de documents anciens et disparates ainsi que plusieurs notes griffonnées sur des parchemins de manière chaotique.
— La vision mettait en avant deux éléments à récupérer: une larme de fée et le miroir solaire.
— Le miroir solaire? Celui d’Amaterasu ? demanda Belladona.
— Celui-là même. Du moins, ce miroir est plus ancien encore que l’ère des dieux. Mais Amaterasu l’a récupéré.
Aphrodite opina, jetant un regard vers les monarques. Atarillë semblait perdue quelques instants, avant d’opiner.
— Le miroir est là pour chasser les ténèbres?
— Chaque élément à son importance et sa symbolique, oui. Nous avons besoin d’un baiser ardent et de la nacre des profondeurs. Celui-ci sera l’un des éléments les plus durs à trouver, car il se trouve au Seuil, lieu infesté par les Cauchemars.
Hine grinça des dents, se crispant. Aloysius l’observa quelques instants avant de continuer.
— Il faudra également de l’écume des premiers jours. Pour cela, il faudra sans doute voyager dans le temps et donc demander la permission à Chronos.
— Si c’est pour la mission, Chronos acceptera.
La voix d’Hine se fit entendre. Les regards se posèrent sur elle. La déesse qui semblait jusque là si confiante trahissait une certaine appréhension. Atarillë pencha la tête sur le côté, surprise.
— Tout va bien, divine Hine-nui-te-po?
— La nacre des profondeurs demandera d’affronter les gardes des abysses. Et je ne suis pas sûr que quiconque est prêt pour cette épreuve.
La mine de la reine s’assombrit. Elle se frotta la nuque, en proie à une soudaine migraine. Des flashs lui revinrent à l’esprit. Elle vit des paysages détruits, des landes de lave, des éternités de vide défiler sous ses yeux. Puis elle se figea de terreur. Dans une grande cathédrale aux vitraux brisés de couleur sang étaient accrochées des masses informes, à la peau grisâtre et aux mille bras accrochés aux murs par de gigantesques clous. Leurs corps étaient aussi transpercés de pieux gigantesques et s’ouvraient sur des sphères globuleuses qui scrutaient chaque recoin de la salle.
Atarillë hoqueta, dégoûtée, fermant les yeux pour chasser l’horrible vision qui la hantait. Petit à petit, elle sentait sa chair grignotée par des milliers d’insectes qui vinrent grouiller sur tout son corps. Elle se débattit de toutes ses forces.
Une voix puissante et féminine vint l’apaiser. Elle reconnut la voix d’Hine qui se mit à incanter en une langue antédiluvienne.
Progressivement, les ténèbres s’estompèrent et elle fut de retour dans la salle à manger.
Elle prit consciente qu’elle était encerclée par Aloysius et Arthur, qu’elle était échevelée et que dans son hallucination, elle avait cassé quelques tasses et assiettes dont les débris étaient consciencieusement ramassés par des serviteurs maoris.
— Je...Je suis désolé! Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé, s’exclama la reine, confuse.
Arthur poussa un soupir et glissa un regard interrogateur vers Hine qui demeurait interdite. Tout son corps semblait figé et une couche de lave supplémentaire recouvrait ses épaules et remontait jusqu’à la courbe de sa mâchoire.
— C’est exactement ce que je craignais. Tu as vu les gardiens, n’est-ce pas?
Hine articula avec peine ces quelques mots. Sa prestance habituelle fut remplacée par une aura émotionnelle confuse et insaisissable. Son regard ardent ne lâchait pas Atarillë. Celle-ci se frotta le visage, essayant de reprendre contenance.
— J’ai vu des êtres difformes, une cathédrale...
— N’en dis pas plus, plus tu les décriras et plus ils risquent de les voir également.
Atarillë réprima un frisson. Elle secoua la tête, confuse. Arthur vint la serrer contre elle, caressant avec douceur sa chevelure. Loan qui avait observé toute la scène serra les poings. Ses yeux bleus étaient emplis de tristesse et de désespoir, qui se muèrent rapidement en colère.
— Je croyais qu’ici elle était en sécurité, pourquoi ces choses la harcèlent?!
— Loan, je comprends que cela te terrifie et que tu t’inquiètes, mais nous sommes là, répondit Arthur qui tentait d’apaiser son fils.
Morgan quant à lui, se prostré sur sa chaise, terrorisée. Siobhan était la seule qui demeurait étrangement calme. Elle se leva et se rapprocha de sa mère, la prenant dans ses bras. Atarillë la serra contre elle, poussant un soupir. Arthur la serra également et ils furent rejoints par Loan et Morgan pour une embrassade familiale.
— On va s’en sortir. Je suis déterminée à ne pas fuir et laisser ces horreurs prendre possession de nous, s’exclama Atarillë.
Elle s’écarta doucement, admirant chaque membre de sa famille, puis elle détailla les présents. Ses paroles avaient éveillé l’étincelle dans les yeux de la déesse Hine, qui se ressaisit à son tour. Elle s’étira, faisant tomber au sol quelques plaques de lave, au grand dam des domestiques.
— Tu as raison. Ce ne sont quelques visions horrifiques du pire plan de ces bas mondes qui achèveront ma volonté.
Elle frémit durant quelques secondes, puis attrapa un verre qu’elle remplit d’eau pour se l’asperger sur le visage.
— Direction le plan d’Amaterasu, le miroir solaire nous attend.
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