Ryuko-Hime n’en revenait pas. Cette journée fut des plus banales pourtant, lorsqu’elle avait commencé. Elle traînait depuis la disparition de Sa Majesté, une mélancolie persistante qui ne quittait pas ses prunelles émeraude. En tant que kami d’un monde japonais, elle gérait également son propre domaine, empruntait les voies féeriques qui défiaient le temps et l’espace. Mais le Pays d’Argent, c’était sa deuxième maison.
Souvent elle souriait en pensant au monde dans lequel elle évoluait, se disant qu’après tout, tous ces univers se révélaient être un micmac relié les uns les autres, qui pour un humain pourrait sembler insensé. Cependant, tout avait un sens et elle veillait de jour en jour à en comprendre l’essence.
L’Archi-Monde était vaste, libre, connecté en permanence d’un état à un autre, d’un royaume à une République fédérale. On ne comptait plus les landes féeriques, les comtés elfiques, montagnes naines, tertres des Trolls qui demeuraient encore pour l’alliance des Fées des Elfes et des Nains, des ennemis refusant de déposer les armes. Il y a avant tant de choses à faire ici-bas: les relations diplomatiques, le gouvernement interne, que le roi consort gérait avec les nobles, mais également de nombreux problèmes s’accumulant sur le dos des contrées, notamment un qui devenait de plus en plus pressant. Elle-même, en tant que divinité japonaise, devait porter ses propres responsabilités.
Circulant dans les couloirs, Ryuko peinait à garder la tête froide. Sa reine était de retour. Elle discutait tranquillement avec un notable nain lorsqu’elle vit son visage. Elle était là, aux bras du roi consort, l’air perdu et pourtant irrémédiablement chez elle, en son pays. La kami avait exulté de joie, se dirigeant à toute hâte vers le palais pour prévenir tout le monde.
Mais la reine semblait avoir été frappée d’amnésie. Elle avait fini par la reconnaître, mais cela demeurait étrange. Qu’avait-il pu lui arriver? Quelle vie avait-elle vécue sur Terre avant de revenir en son foyer? Les raisons de sa disparition furent des plus tragiques, mais elle refusait de s’en remémorer les faits. Le plus important était qu’elle était là, saine et sauve.
Cela veut dire...que ce n’est toujours pas réglé, à moins que...non je ne crois pas...
Balayant ses mauvaises pensées, la demoiselle à la chevelure d’ombre se dirigeait d’un pas pressé vers le bureau des messagers. L’endroit était vaste et sphérique, décoré comme un boudoir aux allures steampunk. Plusieurs guichets en bois cuivrés fourmillaient d’activité. Sur des canapés en cuir verts patientaient quelques badauds. Certains lisaient leur correspondance dans une atmosphère tamisée, à la lueur des ampoules à la luminosité dorée. Mais ce qui l’intéressait à l’heure actuelle, c’était Zinaya. La fabuleuse nymphe tahitienne, qui fut un temps son amante, se tenait au guichet n°2, comme à son habitude. Grande perche à la peau bronzée et aux épaules carrées, ses hanches pleines et son visage toujours aussi doux à ses yeux, lui avaient manqué.
— Bonjour, Zinaya, dit Ryuko d’une voix douce, tintée d’émotions.
Zinaya leva ses prunelles d’un noir intense sur la Japonaise. Elle souriait, peu surprise de la voir devant elle en cet instant.
— Bonjour Ryuko- Hime.,
— Allons...pas de chichi avec moi, s’il te plaît
— Bonjour Kyoko.
— J’imagine que tu as entendu la nouvelle?
Zinaya hocha la tête.
— Je viens envoyer un message pour ses enfants, il sont auprès de Viviane, si je ne m’abuse?
— Nimue?
— Nimue, Viviane, dame des Neiges, peu importe, j’oublie toujours que vous, les fées, aviez un nombre incalculable de noms
— Je suis une nymphe tu sais, mon prénom originel me suffit.
Sans le vouloir, Zinaya avait posé sa main sur celle de Kyoko qui se mit à rougir. Sa peau d’une blancheur hivernale trahissait ses émotions.
— Comme une fée, on lit facilement en toi, répliqua Zinaya, d’un air taquin.
— Tss, aller...
À peine eut-elle lâché ces mots que Zinaya fit apparaître une feuille et une plume pour écrire.
— Le roi est au courant de ta démarche?
— Pourquoi faire? Il est évident que ses enfants voudront voir leur mère...
La mine de Zinaya s’assombrit légèrement. Elle soupira, lâchant la main de Kyoko.
—Tu n’as pas changé. Je sais que tu es une tête de mule, mais tu as pensé au fait qu’elle était amnésique?
— Urgh...merci, je m’en suis rendu compte, il lui a fallu une éternité pour me reconnaître...
— Ne le prends pas si mal, en disparaissant, elle a du tout oublier...
— Bon sang, pendant tout ce temps elle était sur Terre, j’aurais pu aller la chercher bien plus vite si j’avais su avant, n’empêche.
Kyoko se frotta la nuque, se pinçant les lèvres. Au fond d’elle-même, elle aurait voulu que sa reine revienne sans séquelles, se souvenant de tout, débarrassée de «tout». Mais si c’était si facile, tout serait déjà réglé.
— Il faut la faire analyser…, répliqua Ryuko, d'une voix laconique.
— Ce n’est pas ma spécialité, tu devrais voir avec la tour des mages. Répondit Zinaya qui plongea son regard dans celui de son interlocutrice.
— J’irai les voir.
— Parles-en au Roi, je sais que tu es en colère, mais ce n’est pas de sa faute. Il a fait ce qu’il a pu.
— Pour la protéger? Elle n’en serait pas là si..Si...
— Si tu avais été là? Tu es arrivé trop tard et tu n’as pas à te blamer.
Les paroles de Zinaya tranchaient l’air comme une lame, mais un léger tressaillement vint faire flancher sa voix. Kyoko serra ses poings et prit une grande respiration.
— C’est de ma faute, de sa faute...même celle de la Reine. Quelle idée a-t-elle eue.
— Tu la connais.
— Je vais voir le roi. Ou la reine, je ne sais pas.
— Prends le temps de te reposer, de te remettre les idées en place.
Avec douceur, la belle nymphe des îles posa sa main sur sa joue, recueillant une larme avec délicatesse.
— Elle est de retour, c’est l’essentiel, seule la Source sait ce qui nous attend. Répondit Kyoko dans un soupir.
—Et encore, certaines choses lui échappent.
Kyoko hocha la tête, retenant avec peine son émotion. Zinaya fit disparaître la feuille et la plume, esquissant un tendre sourire à la jeune femme.
— Prends soin de toi, belle amie.
La kami acquiesça et s’éloigna, non sans avoir glissé un dernier regard à la nymphe avant de quitter la pièce.
Elle s’était promis de ne plus y penser, mais au fond, elle savait que cette promesse était vaine. Et les promesses vaines demeuraient dangereuses en ce pays. Même si l’idée de retrouver sa reine la remplissait de joie, elle devait faire face à la réalité des choses. La vie allait devenir compliquée.
Alors qu’elle se dirigeait vers ses appartements pour se reposer un peu, Kyoko ne résista pas à l’envie de passer devant la chambre d’Atarillë. Durant son absence, elle passait régulièrement devant cette pièce. Ce qui était assez gênant, car il s’agissait également de la chambre du roi. Plus d’une fois, il l’avait surprise ainsi, attendant devant la porte, comme une âme en peine. Si sa relation avec son souverain ne fut pas des plus simples, elle n’arrivait pas pour autant à s’énerver contre lui. Sans doute son éducation lui avait appris à canaliser ses sentiments les plus impulsifs. Du moins, la plupart du temps.
Arrivant devant la porte, quelle ne fut pas sa surprise de voir Atarillë, un peu perdue.
—Ma reine, quelque chose vous tracasse?
Atarillë leva son visage vers la Kami. Elle portait encore sa tenue humaine, sa jolie tenue « steampunk » qui lui allait si bien. Kyoko se mordit les lèvres. Elle avait oublié à quel point Atarillë était si belle. Mais quelque chose semblait changé en elle. Sans doute son air innocent qui ne lui allait absolument pas.
— Et bien...J’ai découvert, enfin, redécouvert ma chambre.
— Oui, nous avons fait en sorte que toutes vos affaires demeurent intactes.
— Oui, enfin, pourquoi la moitié de mes robes sont-elles transparentes?
Kyoko ne put retenir un rire. Elle avait oublié à quel point il y avait une différence entre le monde des humains et celui des fées. Atarillë esquissa une moue.
— Mais...euh...je...c’est drôle?
— Ahahah, pardonnez-moi...C’est juste que...Vous avez toujours aimé ça, les tenues transparentes.
— Pa...Pardon?
— Oui...enfin...pardonnez-moi, je vais vous expliquer.
Kyoko fit une courbette de politesse. Elle rougit légèrement de honte, mais c’était plus fort qu’elle. Cette bouille innocente, se demandant pourquoi il n’y avait que des tenues dénudées dans sa garde-robe. Ce n’était pas elle. Elle le savait, cela la peinait tout comme cela la faisait rire.
Atarillë, penaude, lui proposa d’entrer. Kyoko la suivit. La chambre royale était gigantesque, circulaire. Au plafond, une coupole en verre offrait une vue dégagée sur le ciel ensoleillé. Le lit rond trônait au fond de la pièce, protégé par des rideaux de satin et de soie bleue. La kami savait que le soir, les soieries changeaient de couleur et devenaient aussi scintillantes que les étoiles. Des tapis et des coussins confortables meublaient la pièce d’un aspect bohème. Dans une pièce annexe se trouvait la salle de bain, tapissée de marbre et de verre, mais Atarillë emmena la demoiselle vers son dressing, monumental. Il se présentait dans une salle aux murs d’onyx, proposant même un étage supérieur avec un escalier en colimaçon.
— Regardez, je ne sais même pas si j’ai de la lingerie! Heureusement que j’en ai pris dans mon sac !
Retenant à nouveau un rire, la jeune femme ne savait pas vraiment comment réagir tellement la situation paraissait cocasse. La reine avait disparu depuis tant d’années et la première chose qu’elle disait à son retour, c’était qu’il manquait des petites culottes dans ses armoires...Si elle savait.
—Atarillë.
— Euh. Oui?
— Je sais que la mémoire te manque, mais…
Kyoko la tutoya, comme autrefois. Elle n’en pouvait plus de garder une distance à cause de son amnésie.
— Tu es une fée, dame d’une grande lignée, reine du Pays d’Argent, et disons que chez les fées, la pudeur n’existe pas.
— Euh...Hein?!
— En effet, c’est ainsi, car pour nous, du moins pour les fées, la beauté d’un corps incarne la beauté que la nature nous offre. De ce fait, il est criminel de vouloir le cacher.
Atarillë resta un moment interdite. Elle décrocha une tenue, au hasard, dans sa garde-robe. C’était une robe longue, en mousseline de soie transparente, d’un tissage exceptionnel. Bouffante et légère, elle était brodée au niveau du col et des manches, de perles et de diamants, entremêlés de poussières d’étoiles. Ryuko-Hime esquissa un léger sourire, gagnée par la nostalgie en admirant cette création exceptionnelle, réalisée par la mère de la souveraine.
—Tu veux l’essayer?
— Mais…
Atarillë soupira. La renarde secoua la tête.
—Tu n’es pas obligé, mais cela dit, tu ne pourras pas garder éternellement ta tenue humaine.
Atarillë rougit subitement à la réplique de la renarde. Ryuko se pinça l’arête de son nez.
— Je...Je ne voulais pas insinuer quoi que ce soit, juste qu’en tant que souveraine du Pays d’Argent, il faut porter les vêtements de ce pays.
— Oui...Oui en effet. Pourtant le roi m’a dit de prendre des affaires de chez moi.
Atarillë se frotta la tête, malgré tout perplexe, fouillant un peu dans la vaste garde-robe.
Ryuko-Hime roula des yeux. Elle ne comprenait pas le roi, parfois.
—Je te laisse t’habiller. Répondit finalement Kyoko, se retirant dans la pièce à côté.
Une longue heure s’écoula. Pendant ce temps, la Kami consultait son pad holographique, une tablette chromée, qui affichait des images colorées, des données, voir même des vidéos.
Atarillë sortit finalement, portant une longue robe de mousseline sauvage, brodée de perles et de fines pierres semblables à des diamants. Le tissu était d’un rouge sombre, aux nuances bordeaux et semblait faire partie des quelques tenues couvrantes et non transparentes. Le buste était entièrement couvert et disposait de manches mi-longues. Cette tenue lui donnait un air royal, de demoiselle des forêts de rubis. Du moins c’était ce que se disait Kyoko en l’admirant, perdu dans sa contemplation. Atarillë tournoyait légèrement sur elle-même.
— Ce..Cela me va? C’est une des plus couvrantes que j’ai trouvées.
— Fort bien, ma reine. Il vous manque les accessoires.
Kyoko s’engouffra alors dans le dressing et dénicha une couronne de roses cristallisées, entourées de rubis et de perles noires. Elle la disposa avec délicatesse sur la tête de la demoiselle rousse, arrangeant sa chevelure avec douceur. Puis elle prit la main d’Atarillë et l’attira vers une grande coiffeuse de marbre blanc, sur laquelle étaient disposés des coffrets de satin.
— Choisissez donc une parure, je vous laisse, je vais voir si le roi Consort est dans les parages.
Atarillë regarda Kyoko, d’un air un peu perdu, sans doute submergé par la vue de tous ces coffrets et rangements.
La coiffeuse rococo était inondée de coiffes en plumes, diverses tiares et couronnes disposées dans un chaos ordonné sur des coussins de soie et de satin. Différentes boîtes s’accumulaient, comme les portes-colliers aux bustes flatteurs et décorés de jolies robes miniatures aux couleurs chatoyantes. Des parures de diamants se mêlaient aux boucles d’oreilles en argent serties de pierre de lune et autres gemmes inconnues alors à la jeune demoiselle, pourtant connaisseurs en la matière. Ses yeux pétillèrent d’une curiosité mêlée d’excitation et elle se mit à chercher à travers cette rivière d’indécence quelque chose à mettre autour de son cou.
Amusée, Kyoko s’éclipsa alors et se dirigea à travers les couloirs à la recherche du roi. Son air s’assombrit à l’idée d’avoir une conversation avec lui. Même si leurs échanges demeuraient cordiaux, elle peinait à ne plus lui en vouloir pour les événements passés. Au fond d’elle-même, elle savait que c’était sa colère qui parlait, son amertume et sa rancune se tournaient, en réalité, contre elle-même. Elle ne pouvait s’empêcher de tourner en boucle l’histoire dans sa tête et de voir comment elle aurait pu l’aider, d’une quelconque façon.
Soupirant, elle balaya ces idées sombres de son esprit et essaya de se retrouver dans les dédales des couloirs. Le château de cristal affichait de riches décorations se mêlant à la nature, qu’elle soit baroque, chargée comme une chambre digne d’Aphrodite, ou épurée et florale. Tous les univers se côtoyaient dans cet espace en dehors du temps, ou seuls la sérénité et l’hédonisme avaient sa place. Pourtant, une certaine morosité avait gagné les lieux depuis la disparition de la reine. Maintenant qu’elle était de retour, l’euphorie gagnait petit à petit les couloirs. Elle ne comptait plus le nombre de serviteurs, nobles et autres passants qui discutaient gaiement, s’échangeant les derniers potins relatifs à l’arrivée d’Atarillë. Toute cette agitation arracha un sourire à la jeune femme, qui malgré les minauderies un peu trop appuyées de certaines nymphes en manque de sensation, appréciait cette animation qui donnait un peu d’air frais aux couloirs autrefois tristes et vides.
Après avoir demandé à quelques serviteurs s’ils n’avaient pas croisé Sa Majesté, elle bifurqua entre les groupes qui s’amassaient de plus en plus entre les pièces et grimpa à l’étage. Récemment redécorés, les plafonds se constellaient d’astres dorés suspendus à la clef de voûte, scintillant de mille joyaux incrustés sur une peinture représentant le ciel nocturne du pays, avec sa gigantesque lune brillante trônant en majesté. Elle pouvait se perdre infiniment dans ce décor enchanteur, mais elle avait plus important à faire.
La kami arriva au niveau d’une porte dorée, à la poignée blanche, presque cristalline. Elle tapa doucement à celle-ci et très vite on vint lui ouvrir. C’était Ellariel, le fameux conseiller royal, qui vint à sa rencontre.
— Ryuko-Hime, désirez-vous quelque chose?
— Le roi consort est-il ici? demanda la jeune femme d’une voix monocorde.
— Et bien oui, mais nous sommes occupés, il a de nombreux...
—Ellariel, laisse-la entrer, le coupa la voix d’Arthur du fond de la pièce.
Ellariel ouvrit grandes ses pupilles lumineuses avant de s’écarter, laissant entrer Kyoko qui avança lentement. La pièce se trouvait être un bureau. La salle recevait une vaste lumière des baies vitrées. De multiples bibliothèques en chêne sombre étaient disposées sur les côtés, non loin de canapés de cuir vert. Un vaste meuble en ébène trônait au milieu de la pièce. Le souverain se trouvait assis, entouré d’une multitude de paperasses. Il était préoccupé même si Kyoko trouvait qu’il avait bien meilleure mine depuis le retour de sa femme.
— Assis toi, Kyoko, il y a quelque chose dont tu voulais me parler?, demanda le roi, refermant un dossier volumineux.
Ellariel se mit sur le côté, observant silencieusement l’échange.
— Et bien votre Majesté...je me suis demandé si...maintenant que la reine est de retour, pourquoi ne pas faire revenir les enfants ?
Arthur fixa un instant la kami, songeur. Ellariel quant à lui, regarda Kyoko d’un air stupéfait.
— Eh bien...je suis partagé quant à cette question. Les enfants seraient très heureux de revoir leur mère. Mais les confronter à Atarillë amnésiquen est-ce vraiment une bonne idée?
Ellariel approuva grandement la réplique du roi. Kyoko réprima un rictus, elle trouvait que le conseiller royal faisait un peu lèche-botte par moment.
— Je comprends. Cependant, ils apprendront vite la nouvelle, vous savez que les rumeurs courent vite en ce pays.
Arthur se frotta le menton. La situation lui semblait paradoxale. Il savait au fond de lui-même que Kyoko avait raison, mais il ne voulait ni brusquer sa femme, qui sans doute aurait déjà du mal à agir avec lui comme une épouse malgré leurs doux premiers échange, ni brusquer ses enfants, fort désireux de retrouver leur mère.
— Laisse-moi réfléchir à la question, je te donnerais une réponse au plus tôt.
La jeune femme serra ses poings. Elle aurait aimé une réponse au plus vite. La patience n’était pas toujours son fort, du moins dans ce genre de situation. Inclinant finalement la tête, elle prit la décision de prendre sur elle.
— Bien.
— Désirais-tu me parler d’autre chose? demanda Arthur en prenant un autre dossier bien fourni sur le coin du bureau.
— Non, cela sera tout.
L’ambiance était glaciale. Cela faisait longtemps que leur relation était ainsi, cordiale, teintée de rancœur, gelée à la surface.
— Je vais vous laisser, vous avez sans doute beaucoup de travail à faire.
— Bien. Bonne journée à toi.
La kami se leva et fit une nouvelle courbette, très protocolaire. Elle salua de même Ellariel qui la fixait, quelque peu gêné. Soupirant, elle tourna les talons et quitta la pièce.
Quelques minutes s’écoulèrent dans le bureau. Arthur soupira finalement, parcourant nonchalamment des documents. Ellariel finit par briser le silence.
— Elle vous en veut toujours.
— Malheureusement. Ryuko-Hime a son caractère et elle a toujours été loyale à Atarillë.
— Vous l’êtes aussi...Vous n’êtes pas si différent.
Le roi leva les yeux vers son conseiller, affichant un air blasé.
— Je ne suis pas aussi soupe au lait.
Ellariel réprima un rire, tentant de garder contenance. Le roi quant à lui, tournait nerveusement les pages de son imposant ouvrages de rapport de guerre.
— Reprenons au niveau des Trolls, si tu le veux bien.
— Bien Majesté.
Se replongeant dans son travail, Arthur ne pouvait se départir d’un certain malaise. Le bleu de ses yeux se voilait d’inquiétude, malgré la tâche rébarbative qu’il exécutait avec automatisme. Cela faisait bien dix ans maintenant qu’il administrait «seul» les affaires du royaume, épaulé du gouvernement constitutif. Bien sûr, Ellariel l’aidait, mais sans sa reine, il se sentait bien seul. Maintenant qu’elle était de retour, il espérait que les choses reviendraient à la normale, bien qu’il ne pouvait s’empêcher d’avoir peur.
— Ellariel, j’y pense, il faudrait envoyer Atarillë à la tour des mages.
Arthur avait coupé la parole d’Ellariel qui énumérait lentement le nombre de villages attaqués par des bandes de Trolls. Écarquillant un instant les yeux, l’elfe lui répondit, quelque peu décontenancé.
— Euh. Et bien Majesté... Pourquoi donc?
— Nous ne savons pas comment a évolué la chose.
— Vous parlez de cette chose...
— De quoi parlerais-je à part cette fameuse chose qui a poussé Atarillë à fuir il y a dix ans?
Le ton d’Arthur se durcit. Il s’en rendit compte assez rapidement et se frotta le front.
— Mille excuses,
—Je vous en prie, Majesté, c’est moi qui n’ai pas tout suivi, répondit le conseiller, dans un sourire qui se voulait rassurant. Je vais dépêcher un messager afin que l’on nous envoie un spécialiste.
— Je te remercie.
— Vous feriez mieux de prendre un peu de repos, dit l’elfe à la chevelure bleu, d’un ton doux et compatissant.
— Tu as sans doute raison, je reprendrai le dossier avant la nuit.
— Rien ne presse, Majesté, les Trolls ont été éliminés par nos escouades.
— Fort bien.
Le roi se leva, mettant un peu d’ordre dans sa chevelure en bataille. Ajustant sa veste en velours bleue et sa chemise de flanelle blanche, il inclina la tête vers Ellariel.
— Prenez le temps de vous reposez vous aussi, je crois qu’avec le retour de la reine, il y aura bientôt beaucoup d’agitation.
— Je pense aussi.
Les deux hommes sortirent donc du bureau. Arthur prit la direction de la chambre d’Atarillë. Il désirait la voir, cela faisait si longtemps qu’il n’avait été physiquement en sa présence.
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