Lorsqu’Azielle et Adara sortirent de la chambre, Alistair se trouvait seul. Un large sourire vint illuminer son visage à la vue de son enfant. La petite avait un air de princesse, avec sa robe droite, ses cheveux bien coiffés et ornés de barrettes constellées de perles. Il tendit les bras vers elle, le regard plein d’espoir. Adara hésita quelques secondes avant de lâcher la main de sa mère pour se blottir contre lui. Alistair la porta à nouveau avec douceur. Azielle se mit à rire.
— Tu sais chéri, elle est grande, elle peut marcher.
— Je sais, répondit-il dans un sourire taquin, mais aujourd’hui c’est une princesse qui sera portée.
Sa femme secoua la tête, amusée.
— Amelin et Merry sont parties?
— Les autres parents arrivent progressivement, on doit les rejoindre dans le grand hall de réception.
— Très bien.
Adara s’accrocha un peu plus au cou de son père. Une crainte l’envahit. Ses amis devaient absolument se faire adopter par les deux autres familles écossaises. Le problème demeurait dans le fait qu’elle ne savait absolument pas à quoi ils ressemblaient. Elle observa attentivement ses parents. S’ils étaient écossais, les futurs parents de Kyoko et Nazran devraient vaguement leur ressembler.
Ils s’avancèrent en direction de la salle de réception. Azielle posa des questions à sa fille, essayant de mieux la connaître. Alistair se contentait de la serrer contre lui, toujours sur son petit nuage.
La pièce, illuminée par de grandes baies vitrées, offrait un large espace. De multiples fleurs égayaient l’environnement et diffusaient un agréable parfum de rose et de lilas. Des tapisseries représentaient des dames du moyen âge à la longue chevelure de blé, caressant l’encolure d’une licorne blanche, ou encore des sirènes s’ébattant joyeusement dans des fontaines. Plusieurs tables gravées en acajou se trouvaient disposées et présentaient un buffet garni de différents mets aux saveurs délicates. Adara avait habitué son palais à une nourriture qualitative, mais ce fut la première fois qu’elle vit un homard sur une assiette d’argent.
Sur les canapés étaient installés les autres enfants, habillés de leurs plus beaux atours. Clarence semblait être un petit prince, tout droit sorti d’un conte de fées. Adara rougit et s’en voulut très vite de le trouver aussi mignon. Ses cheveux tirés en arrière brillaient d’un éclat de cuivre. Son regard clair dardait tous les présents d’un éclat vivace et un sourire de convenance illuminait son visage. Il portait une veste noire sur une chemise blanche, un petit bermuda gris foncé ainsi que des souliers laqués. Il tourna son regard vers Adara et se figea, avant de secouer nerveusement la tête et lui asséner une moue dédaigneuse.
Adara leva le menton, l’ignorant royalement. Alistair observa leur manège et se mit à rire.
— C’est ton amoureux?
— Non! Il n’est pas très gentil avec moi.
— Oh... Je vois.
Alistair poqua doucement le nez de sa fille du bout du doigt.
— Après, tu sais, les garçons aiment bien embêter les filles qu’ils apprécient.
Adara secoua la tête, refusant cette éventualité. Alistair éclata de rire, franchement amusé. Azielle esquissa un large sourire. L’enfant préféra chercher du regard ses amis. Elle finit par les trouver. Kyoko semblait rayonnante dans sa robe bleue à volant. Elle discutait avec une femme au visage si rond et si doux que l’enfant en fut subjugué. Elle ne paraissait guère très grande, mais dégageait d’une aura charismatique. Ses cheveux noirs coupés courts encadraient des pommettes rebondies ainsi qu’un large sourire lumineux. Mais, au grand dam d’Adara, elle ne semblait pas écossaise, mais plutôt d’origine asiatique. À ses côtés se tenait une grande dame, portant une veste tailleur noire ainsi qu’un pantalon fuselé, moulant agréablement ses hanches marquées. Sa peau d’ébène contrastait avec le teint de lait de sa compagne. Elle regardait Kyoko d’un air doux et bienveillant.
Bien qu’elle fut charmée par cette vision, elle comprit qu’ils s’agissaient là sans doute des futurs parents de son amie et qu’ils ne semblaient guère appartenir à une des deux maisons proches de la sienne. Nerveusement, elle chercha de ses prunelles grises Nazran. Elle le trouva plus loin, très charmant dans son costume vert émeraude. Elle rougit à nouveau en l’observant. Azielle glissa un regard vers sa fille.
— Et bien, tu as combien d’amoureux ?
— C’est mon ami, pas mon amoureux, protesta Adara.
— Il va falloir mettre du soufre autour du manoir, chérie, intervint Alistair, taquin.
— En même temps, elle est tellement mignonne, c’est normal qu’elle attire plein de princes charmants.
Adara enfouit sa tête contre l’épaule de son père, rougissante. Elle n’avait pas l’habitude qu’on lui dise qu’elle attirait les autres garçons de son âge. Dans son ancienne école, elle était plus proche du vilain petit canard que de la princesse de la classe. Elle se releva doucement et observa à nouveau son ami. Un homme assez grand s’approcha de lui. Il portait un costume, comme son père, ainsi qu’un mouchoir à carreaux que la petite identifia comme étant un tartan. Adara esquissa un large sourire. Au moins Nazran restera près d’elle.
Alistair allait dire quelque chose lorsque Amelin vint au milieu de la pièce et essaya de capter l’attention de tous les convives.
— Votre attention, chers invités. Je vous souhaite à tous la bienvenue au domaine de Garnet’s place. Orphelinat spirite existant depuis des générations, un peu comme tous les clans spirites, cela va sans dire.
Amelin esquissa un sourire. Sa réflexion amusa certains convives, d’autres restèrent de marbre, l’écoutant attentivement.
— Durant quatre jours, vous aurez l’occasion de vous rapprocher d’un de ces dix enfants. Je vois que certains ont déjà fait connaissance et j’en suis heureuse. Prenez le temps d’apprendre à les connaître, une adoption, c’est le choix de toute une vie, un lien fort qui se créer, et ce, qu’importe la mouvance à laquelle l’on se rattache, n’oubliez pas que ces êtres méritent le respect, l’attention et toute la bienveillance du monde.
Adara posa ses prunelles sur l’assemblée. Elle repéra à nouveau Kyoko, qui restait proche de ses nouvelles mamans. Une pointe de tristesse naquit dans son cœur. Même s’il elle était heureuse pour elle, elle aurait tant aimé rester proche de son amie. Cependant, elle tiqua en remarquant un mouchoir coloré accroché la veste d’une des futures mères de cette dernière. La voix d’Amelin brisa sa contemplation.
— Des évènements seront organisés pour égayer vos journées. À midi, nous aurons un spectacle de l’artiste spirite Elena Sirvana. Ce soir, un film sera projeté dans une salle apprêtée pour cet effet, le choix fut porté sur le premier volet de la saga « Harry Potter ».
L’hilarité gagna les présents. Les enfants s’exclamèrent de joie, de même qu’Adara, toujours perchée en princesse céleste dans les bras de son père.
— J’aimerais également saluer la présence de la famille Laine, Annulaire de la Main Spirite. Si vous désirez vous exprimer, la parole est à vous.
Une silhouette gracile se dégagea du groupe, s’avançant d’un pas léger vers Amelin. Adara ouvrit de grands yeux en la voyant. Une femme d’une trentaine d’années, aux longs cheveux blonds, presque blancs, se tenait droite vers ses congénères, affichant un sourire éthéré. Elle semblait flotter dans sa robe fluide, en soie dorée.
— Merci, Lady Maldone, pour tous ces préparatifs en ces belles journées qui nous attendent. Une adoption pour nous, symbolise énormément de choses. C’est une nouvelle génération de spirites, mais plus encore, c’est notre famille qui s’agrandit, de même que notre cœur.
Tous les autres parents approuvèrent ces paroles, ébahis par la femme qui se tenait en face d’eux. Alistair roula des yeux en observant certains d’entre eux, dont un homme qu’Adara avait juré être la copie conforme de Clarence. Il était de taille moyenne, affichant une stature athlétique, presque sèche. Ses longs cheveux roux détachés lui donnaient un air d’elfe noble sorti tout droit d’une histoire de fantasy. Ses yeux bleus étaient acérés, fixant l’héritière Laine avec intérêt. Son nez aquilin et ses lèvres charnues complétaient le tableau d’un homme aux airs imperturbables et à l’âme vivace. Il portait une longue veste noire, sur un costume aussi sombre que la nuit.
La femme continua son discours.
— Je vous souhaite à tous de passer d’excellents moments avec vos futurs enfants. Je suis Svantje Laine, voici mes quelques mots au nom de la Main.
Svantje s’inclina et se rapprocha à nouveau d’un grand homme, qui aurait fait un excellent figurant dans un film de Vikings et de guerriers du nord. Amelin applaudit et elle fut vite imitée par les autres spirites.
— Merci, vénérable Annulaire. J’annonce les festivités ouvertes, n’hésitez pas, Merry et moi, restons à disposition si vous avez des questions.
Les parents accentuèrent leurs applaudissements, avant de vaquer à leurs occupations. Alistair sourit, glissant un regard vers Azielle.
— Tu as vu Lux qui dévorait du regard l’Annulaire? Qui sait encore ce qu’il manigance pour bien se faire voir ?
— Je ne cherche plus à comprendre, avec les Centauri.
— Oh, le voilà qui se vient vers nous.
Le dénommé Lux se mouva tel un serpent, d’un pas chaloupé, en direction des Mac’Moore. À ses côtés se tenait une femme imposante, aussi grande qu’Alistair, aux épaules larges et à la figure pâle, éclairée par deux prunelles d’azur. Elle affichait un air sérieux, presque boudeur, qui impressionna l’enfant. Lux exécuta une courbette vers Alistair et Azielle, fixant intensément Adara.
— Que vois-je, vous, ici ? Quelle surprise que nous soyons autorisés à adopter sur la même période, Alistair.
— Une surprise dont je me serais passé, Lux.
— Oh, que vous êtes négatif, cher ami. Je vois que vous avez déjà trouvé votre héritière… Si vite. Qu’a-t-elle de si précieux pour que vous soyez présents bien avant les autres et obtenez le privilège de choisir le meilleur cru ?
Alistair esquissa une moue dédaigneuse, serrant Adara contre lui. Azielle se tendit, prête à bondir, mais son époux glissa sa main libre sur son épaule, se voulant apaisant. Alistair posa ses prunelles noires sur son rival, fronçant les sourcils.
— Il n’y a aucun privilège, le blason a fonctionné, et Adara est notre fille.
— Oh, tu te bases sur cela ? Tu es plus traditionaliste que tu ne voudrais le croire.
— Cela ne te concerne en rien, Lux. Il me semble que tu perds ton temps à lambiner plutôt que de choisir ton « héritier ».
— Et si mon choix se portait sur elle ?
Alistair se tendit davantage. Adara secoua la tête, affichant une moue. Azielle intervint.
— Et pourquoi subitement votre choix se porterait sur elle ? On vous la dit, elle est notre fille.
— Je n’ai rien à entendre de la part d’une servante féerique, Azielle.
Alistair s’approcha d’un pas de Lux, le toisant de toute sa stature, qui le dépassait largement d’une tête. Une lueur de colère dansa dans ses prunelles d’onyx.
— Ose encore mal parler à ma femme ainsi, et tu auras des problèmes, Lux.
— Oh ! Des menaces en un jour de fête, que dirait l’Annulaire d’une telle attitude ? Donc je disais, qu’est-ce qui m’empêcherait de m’intéresser à elle ?
— J’ai déjà des parents.
Adara avait relevé la tête, fixant Lux d’un air déterminé. Pendant un instant, Lux fut troublé par son regard. Il secoua vivement le menton, bredouillant quelques mots. Un faible sourire se dessina sur le visage de la femme à ses côtés, presque imperceptible.
— Voilà une impertinente, elle te correspond bien, Alistair, asséna Lux.
Alistair esquissa un large sourire, victorieux. Il posa un regard fier sur sa fille. Lux secoua nonchalamment la main.
— De toute façon, elle promet d’être une princesse pourrie gâtée, vu comment tu la traites.
— Veuillez m’excuser, mais Adara ne mérite pas votre attention, elle est arrivée il y a un mois seulement et n’a pas eu le temps d’apprendre.
La voix claironnante de Clarence fit sursauter Adara. Il s’approcha d’eux, affichant un sourire mielleux des plus insupportables aux yeux de la petite. Il continua son discours.
— Moi, je suis là depuis plusieurs mois, j’ai même réussi à décortiquer le manuscrit de Voynich.
— Vraiment, si jeune ? Voilà un talent rare petit, comment tu t’appelles ?
— Clarence.
Lux se désintéressa totalement des Mac’Moore, posant son regard sur le petit garçon, qui fanfaronnait déjà comme un coq. Adara poussa un long soupir, tandis qu’Alistair s’éloignait, entraînant Azielle.
— Ils se sont bien trouvés, on dirait, dit-il en soupirant.
— Le monsieur, il s’appelle Lux ? Demanda Adara.
— Oui, c’est Lux Centauri, ce n’est pas une personne très sympathique, peut-être que lui et ton amoureux se sont bien trouvés. Enfin, s’il devient un Centauri, je ne serais pas vraiment d’accord pour qu’il vienne à la maison.
— Mais, ce n’est pas mon amoureux !
— Je plaisante petit cœur, je plaisante. De toute façon, tu es trop petite pour avoir un amoureux.
— Il habite pas proche de l’Écosse, hein ?
— Oulà, non ! Grand bien m’en fasse qu’il est loin. Il habite en Italie.
Adara parut soulagée. Elle n’aurait pas supporté d’avoir Clarence dans les environs. Azielle sourit, posant sa main sur la joue de sa fille.
— Ne t’en fais pas trésor, je ne le laisserais pas t’embêter. Si tu nous parlais de tes amis plutôt ?
— Je les cherche, ah ils sont là !
Kyoko et Nazran vinrent vers eux, sautillant joyeusement en fixant Adara. Leurs futurs parents s’approchèrent également, venant offrir à Alistair et Azielle une franche accolade. Alistair concéda à poser Adara au sol. Une femme à la longue chevelure rousse accompagnait l’homme qui s’était approché de Nazran. Elle portait une longue robe fluide, qui semblait flotter sur ses courbes voluptueuses. Elle regardait avec tendresse Nazran, qui débordait de joie.
Alistair s’écarta du père de Nazran, détaillant chacun d’entre eux avec le sourire.
— Cela fait plaisir de vous revoir, vous quatre. Coïncidences, apparemment, ces petits sont les amis de notre fille.
Kyoko prit la main d’Adara, les yeux pétillants de joie. Elle peinait à trouver ses mots et ne put articuler que cette phrase balbutiante.
— Cela a marché!
Azielle regarda la fillette, perplexe. Elle posa son regard sur la mère de Kyoko, qui lui offrit un sourire amusé.
— Nos futurs enfants ont fait un sortilège, pour rester ensemble quoi qu’il arrive. À croire que cela a fonctionné.
Azielle émit un rire cristallin, qui tinta comme une douce mélodie aux oreilles de sa fille.
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