3 : Au boulot

Bon, c'est pas tout ça mais il faut que j'accomplisse ce pour quoi je suis venu.

La salle était toujours pleine mais ça commençait à s'éclaircir . Je remontai me placer à côté du DJ, qui, m'ayant vu arriver, ou ressenti, mis une version remixée de "Bela Lugosi's Dead". J'attendis un peu, puis me montrai l'espace de trois clignements d'yeux, en faisant un signe avec mes doigts des deux mains, puis redescendis.

En bas de l'escalier, une fille aux yeux de braise (pour une fois l'image était explicite), m'accueillit avec révérence, plus que son rang ne le lui imposait, et je lui en fus gré, elle le sentit et le feu dans ses yeux s'amplifia de fierté mêlée de puissance. Elle me mena à une porte dissimulée par une tenture noire auparavant. La porte était ouverte, un petit groupe se dirigeait déjà vers nous, je descendis et trouvai une salle extraordinairement bien préparée, le gigantesque pentacle au sol avec ses centaines de glyphes, qui avait du prendre des jours à parfaire, me satisfaisait après un examen attentif. Des candélabres bien ajustés et au plafond des sortes de stalactites formés de miroirs savamment calculés pour être parfaitement en adéquation avec le pentacle. Ces artefacts faits de miroirs de mercure figé, qui m'avaient couté le prix d'une vie complète d'un humain fortuné, et que j'avais fait venir par mes hommes les plus savants. Des êtres pareils étaient très rares, je savais que le bruit courrait que ce n'était qu'à eux que je devais mon pouvoir. Bande d'idiots, j'avais du me séparer de deux d'entre eux qui y avaient cru. Si la connaissance est dure à acquérir, quand on a le temps et la volonté (ou l'obligation), on l'obtient au bout du compte.

Une centaine de personnes s'étaient entassées autour du cercle, j'allai me placer au milieu, tous les miroirs déformaient mon image au plafond, me représentant comme une sorte de monstre ailé, l'image populaire du démon type. Inutile de perdre du temps, cette soirée était primordiale afin de pouvoir contrer l'Ouest. Je n'avais plus de nouvelles de mon émissaire, donc il avait été démasqué , ou dévoyé, je supposai donc que c'était toujours Pû Roukram qui les dirigeait. Donc , sans attendre une seconde, je me mis à psalmodier des phrases d'une voix gutturale, mes mains devinrent comme de la lave, et commencèrent à consumer mes vêtements (je m'étais changé vite fait en bas de l'escalier à l'abri des regards, ce qui m'avait en outre permis de faire une entrée remarquée), lorsque mes bras furent brulants aux épaules , une sorte de brume se mit à tournoyer autour de moi, prenant peu à peu les formes de démoniaques apparitions qui semblaient vouloir se jeter sur les invités mais ils étaient à l'abri de l'autre côté du pentacle encerclé. Je ne vous avais pas mentionné ce détail.

Autour du pentacle donc, qui était peint avec une préparation alchimique, était dessiné un cercle que tous savaient de protection, donc se sentaient rassurés, mais lui n'était peint qu'avec de la vulgaire peinture lavable à l'eau ainsi que les runes s'y trouvant. Je désignai les neuf personnes que vous nommeriez Vampires les plus assujettis à mon pouvoir et non à ma volonté. Ce que je veux dire, c'est qu'ils m'étaient fidèles par choix. De plus ils étaient les plus puissants. Faut pas déconner, je ne vais pas en laisser de si puissants dont je ne suis pas sur de leur féalité. Bien entendu la fille qui m'avait attendue, Asaéa, en faisait partie. Tous connaissaient leur rôle, mais il pouvait toujours y avoir une trahison, ne jamais relâcher son attention. Ils désignèrent chacun cinq personnes, non pas avec leurs mains ou leurs voix, mais avec leurs yeux, et les yeux de leurs cibles se mirent à rougeoyer également. J'étais fier de mes fidèles. Ils firent comme s'il n'y avait pas une dizaine de démons, qui prenaient à chaque secondes de la consistance, tournoyant autour d'eux et parfois allant même jusqu'à à les traverser, je les avais prévenus de leurs esprits taquins ^^, mais ils firent mine de n'en rien y voir d'anormal .

Je parcourais du regard la salle, connaissant moins qu'eux les visiteurs de ce soir, mais ne vit personne que je n'avais remarqué auparavant, et décidai donc de me contenter de ces quarante cinq, après un contact mental durant lequel je demandai si quelqu'un voulait en désigner un sixième, seule Asaéa osa m'en demander une de plus, je la laissai faire, ce qui donna du courage à un autre dont le nom était Rovias, en réalité c'était mon second, et il n'avait nul besoin de courage, mais ne voulait pas se faire remarquer, et après mon accord (non je n'irai pas jusqu'à à dire bénédiction), il désigna aussi une fille dont les yeux devinrent écarlates, je savais à quel point la première fois était douloureuse, mais la fille sourit et sa fierté se ressentit à travers le cercle. J'espère pour lui que ses autres choix étaient valables car elle , il était certain qu'elle en valait la peine. Je m'enquerrai plus tard de son nom.

Les démons étaient tels des dragons chinois mais dont les flancs étaient également couverts de gueules identiques à la principale. Sur un geste je leur donnai un ordre, et l'un des démons se mit a propulser de l'eau compressée de toutes ses gueules. Le cercle disparut en moins d'une minute, les adeptes commencèrent à paniquer y compris ceux dont les yeux rougeoyaient. L'un des autres démons avait la capacité d'empêcher ses victimes de fuir et je savais qu'il pouvait contenir un grand nombre de personnes. Une fois le cercle disparu, les démons se jetèrent sur leurs proies, un seul désigné fut attaqué, mais le démon se tordit de douleur et je le renvoyai dans son ombre. Je criai d'une voix impérieuse aux choisis de boire tout leur saoul, ceux que les démons délaissent. Il ne fallut pas longtemps pour que les cinquante-six (en comptant mes neufs Ducs) se jettent sur les malheureux (ben quoi il en faut si l'on veut des heureux) parfois à plusieurs sur le même vu que les démons avaient quand même fort faim, mais mes fidèles s'étaient surement gavés avant ou pendant la soirée.

Quand je fis repartir les démons, nous étions tous nus, nos vêtements consumés par le pouvoir non contrôlé, et je me sens obligé de faire encore une pause, étant (presque) sûr que ce qu'il se passa immédiatement après ne vous intéresserait pas. Si?

A très vite, à moins que …