On raconte qu’un jour Zeus, le roi des Dieux, le seigneur de l’Olympe, le maître des cieux, offrit à sa fille, Pandore, c’était son nom, une boîte contenant tous les maux de l’humanité et qu’il lui interdit d’ouvrir. Mais ce n’est pas le cas de cette histoire.
Dans cette histoire, Pandore reçut de son père une boîte vide. Ne savant que faire de cette boîte, la jeune fille interrogea Zeus qui lui conseilla :
Suivant ainsi le conseil de son père, Pandore rangea dans la boîte ses larmes, ses cris et sa déception, ne gardant pour elle que des émotions positives. Et, pour ne jamais être tentée de désobéir à Zeus, elle s’ouvrit la poitrine, cacha la boîte derrière son cœur et entoura le tout de puissantes chaînes qu’elle fixa d’un cadena doré.
Mais, ne savant que faire de cette dangereuse clé, Pandore demanda à nouveau conseil à Zeus :
Ainsi, Pandore entreprit son long voyage, le sourire jusqu’aux oreilles, les orteils dansant, n’oubliant pas cependant d’emporter avec elle émerveillement, enthousiasme et confiance, les seules émotions qui lui restaient à présent et qu’elle avait préalablement empaquetés dans un petit panier.
Bientôt, tandis que le soleil embrassait la terre et que commençait à pointer à l’horizon un croissant de lune brillant, elle atteignit une petite clairière auréolée de lumière qu’elle devina être la fameuse clairière céleste dont lui avait parlé son père. Se rappelant de ses conseils, elle leva les yeux vers le ciel mais fut rapidement déçue par l’absence d’étoiles dans cette voûte orangée. C’est à ce moment-là qu’un centaure apparut :
— Je cherche le puits le plus profond du monde pour y jeter cette clé que je porte autour de mon cou pour que je ne sois jamais tentée d’ouvrir la boîte de mon cœur dans laquelle sont enfermées toutes les mauvaises émotions. On raconte qu’en suivant les étoiles de cette clairière, je trouverais mon chemin. Hélas, grand centaure, je ne vois aucune étoile. »
Le centaure rit de sa naïveté.
Écoutant les paroles du centaure, Pandore regarda le ciel et attendit. Le temps passa et passa, et le soleil disparut sous la terre rapidement gagnée par une obscurité que la lumière de la lune transperçait, avec, tout autour d’elle, des milliers de milliards de petits diamants resplendissant, constellant le ciel de leur éclat. Mue d’admiration face à tant de beauté, Pandore resta là un long moment à contempler les étoiles, tant et si bien qu’elle ne vit pas la nuit passer, et qu’en une fraction de seconde, le jour se leva à nouveau. Le centaure, que l'insouciance de la petite fille avait irrité, gronda :
« Pandore, petite Pandore, voit comment ta candeur te dessert ! Plutôt que de profiter de la courte apparition des étoiles pour poursuivre ta route, tu as préféré les contempler toute la nuit durant, et te voilà maintenant coincée une journée de plus dans cette clairière ! »
Et, prenant l’émerveillement dans son petit panier :
Pandore enleva alors sagement la clé qui pendait à son cou et, ouvrant son cœur, en sortit la boîte dans laquelle le centaure fourra immédiatement la petite pochette pleine d’émerveillement.
La petite fille reprit donc sa route, veillant bien à ne pas sortir du sentier comme le lui avait dit le centaure et lorsqu’elle finalement elle entendit la douce mélodie de l’eau ruisselant, elle sut qu’elle avait atteint le cours d’argent. À présent, il ne lui restait plus qu’à le suivre pour atteindre l’épaisse forêt noire. Voyant le but de sa quête approcher, elle se mit à gambader joyeusement le long du ruisseau, quand soudainement elle fut attirée par une charmante musique. Un faune munit d’une flûte de pan apparut alors devant ses yeux.
— Je cherche le puits le plus profond du monde pour y jeter cette clé que je porte autour de mon cou pour que je ne sois jamais tentée d’ouvrir la boîte de mon cœur dans laquelle sont enfermées toutes les mauvaises émotions. On raconte qu’en ce ruisseau d’argent, je trouverais mon chemin. Que tiens-tu donc là, gentil faune ? »
Le faune montra l’objet qu’il tenait dans ses mains.
Pandore saisit la flûte qu’il lui tendait et commença à en jouer. Elle n’était pas très douée, mais la cacophonie de bruits aléatoires qui sortait de ces petits roseaux attachés entre eux l’amusait beaucoup, tant et si bien qu’elle ne parvenait pas à s’arrêter et que, sans s’en rendre compte, ses pieds se mirent à danser toute la journée. Se laissant emporter par la musique, elle s’imaginait déjà jouer de la flûte à Zeus ainsi qu’à Héra au retour de son périple. Le faune, que l’amusement de la petite fille avait énervé, gronda :
« Pandore, petite Pandore, voit comment tes plaisirs te desservent ! Plutôt que de longer le cours de l’eau pour atteindre ton but, tu as préféré t’amuser toute la journée durant, et voilà que tu n’as pas avancé d’un seul pouce ! »
Et, prenant l’enthousiasme dans son petit panier :
Pandore enleva alors sagement la clé qui pendait à son cou et, ouvrant son cœur, en sortit la boîte dans laquelle le faune fourra immédiatement la petite pochette pleine d’enthousiasme.
La petite fille reprit donc sa route, veillant bien à rester aux abord du courant comme le lui avait dit le faune, et lorsque finalement les racines épaisses sortirent de terre et les feuilles des arbres couvrirent le ciel, elle sut qu’elle avait atteint l’épaisse forêt noire. Voyant que le but de sa quête approchait, elle continua à marcher tranquillement à travers les bois, quand soudainement, elle trébucha contre une racine et tomba sur un énorme rocher plat, lâchant au passage son panier qui s’écrasa au sol.
En se relevant, Pandore remarqua au loin une petite pochette. C’était la confiance, elle l’avait fait tomber. Elle la ramassa, et se rendit compte que la pochette était toute déchirée, et la confiance toute amochée. Pandore sentit les émotions remuer au fond de son cœur, et, sachant qu’elle ne devait surtout pas les sortir, fit tout ce qu’elle put pour les réprimer. Elle regarda à nouveau la pochette de confiance. Elle était vraiment dans un sale état.
Pandore enleva alors la clé qui pendait à son cou et, ouvrant son cœur, en sortit la boîte dans laquelle elle fourra immédiatement la petite pochette pleine de confiance. Trop longtemps cependant pour garder enfermer tristesse, colère et déception qui bouillonnaient de sortir après être restées prisonnières tant de temps.
Aussitôt, elles encerclèrent Pandore qui se laissa emporter par les émotions.
Elle pleura, triste en voyant qu’elle se faisait attaquer ainsi par ses propres émotions.
Elle cria, énervée en voyant qu’elle ne réussissait pas à les rattraper pour les remettre dans la boîte.
Elle tapa du pied sur le sol, déçue en voyant qu’elle n’était pas parvenue à les contenir comme le lui avait demandé Zeus.
Lorsque les émotions se calmèrent enfin et qu’elle réussit à les remettre dans la boîte, une grande lassitude la saisit. Alors, elle s’allongea sur le rocher et s’endormit profondément, soulagée, car au moins, personne ne l’avait vu relâcher ainsi ses mauvaises émotions.
Pandore se réveilla plus tard au son d’une cloche qui lui rappela pourquoi elle était venue jusqu’ici. Le village. Le puits. Le clocher ! Si elle entendait le clocher du village de là où elle se trouvait, alors sa destination ne devait pas être loin. Rassemblant les dernières forces qu’il lui restait, elle reprit son panier vide et se traina lentement jusqu’au village. Mais quelle ne fut sa surprise lorsqu’elle se rendit compte que les rues étaient en fête ! Les maisons et le clocher étaient décorés jusqu’à la cheminée, la musique résonnait jusqu’aux cieux et battait au rythme de son cœur, et les allées étaient remplies de gens riant, s’amusant, dansants et discutant de tous les côtés.
Fut un temps, Pandore se serait émerveillée des couleurs chatoyantes qui paraient portes et fenêtres.
Fut un temps, Pandore se serait défoulée au rythme de la musique entrainante.
Fut un temps, Pandore se serait lancée dans une discussion passionnante avec un de ces inconnus.
Mais Pandore n’était venu ici ni pour s’émerveiller, ni pour s’amuser, ni pour discuter. Elle avait une mission, et elle avait bien l’intention de la remplir. De toute façon, elle n’avait pas la force de se joindre à la fête.
Pandore continua donc sa route à travers musiciens, danseurs et marchands en direction du puits le plus profond du monde, mais son voyage fut quelque peu entravé par une foule particulièrement dense rassemblée autour de quelque chose qu’elle ne pouvait voir et qui bloquait son chemin. Elle joua donc des pieds et des mains pour se faufiler, lorsqu’elle aperçut tout à coup, au milieu de toutes ces personnes, une magnifique nymphe qui riait, dansait et chantait sous les regards admiratifs des passants et, sans s’en rendre compte, Pandore s’arrêta.
Certains présents ce jour-là racontent qu’en remarquant sa présence, la nymphe s’arrêta de danser et lui demanda :
— Je cherche le puits le plus profond du monde pour y jeter cette clé que je porte autour de mon cou pour que je ne sois jamais tentée d’ouvrir la boîte de mon cœur dans laquelle sont enfermées toutes les mauvaises émotions. On raconte que ce puits se trouve au centre de ce village. Belle nymphe, pourriez-vous m’indiquer le chemin ? »
Sans un mot, la nymphe saisit le bras de Pandore et la conduisit jusqu’au puits le plus profond du monde. Et, s’asseyant sur le rebord du trou :
Étonnée, Pandore regarda son panier et se rendit compte qu’effectivement il restait bien une grosse poche dans son panier. Mais loin de ressembler aux jolies petites pochettes raffinées qu’elle avait elle-même fabriquées, celle-ci était laide, rugueuse et aussi lourde que du plomb.
— Il s’agit de ton angoisse, petite Pandore, lui répondit la nymphe d’une voix douce. Je crois bien qu’à force de contenir toutes tes émotions dans cette si petite boîte, elle a fini par s’accumuler dans ton panier. Fais attention, car si cette poche continue de se remplir, elle deviendra bientôt si grande et si lourde que tu ne pourras plus avancer.
— Mais… Que puis-je donc faire alors ? Je suis venue ici pour y jeter la clé de mon cœur ! Mon voyage aurait-il été inutile ? »
La nymphe lui répondit d’un sourire apaisant.
Pandore enleva alors sagement la clé qui pendait à son cou et la tendit à la nymphe qui aussitôt ouvrit son cœur, et en sortit la boîte. Non pas pour y fourrer son angoisse, comme l’avait fait jusqu’à présent tous ceux qui l'avaient rencontrée, mais pour rendre leur liberté à toutes les émotions que Pandore avait jusque-là enfermées. Émerveillement, enthousiasme et confiance se mirent alors à danser autour de Pandore, accompagnées de tristesse, colère et déception sans pour autant qu’elles ne l’attaquent, et dès lors, la poche d’angoisse disparut, s’évapora dans les airs comme si elle n’avait jamais existé.
Et sur ces mots, la nymphe jeta la boîte et la clé dorée dans le puits le plus profond du monde.
— Mais, je ne connais même pas ton nom.
— Mon nom ? »
La nymphe sourit à nouveau. Un sourire aussi rayonnant que le soleil et aussi paisible que la lune.
FIN
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2782 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |