Pourquoi j’ai accepté de faire ça déjà ?
Ah oui ! Parce que monsieur ne voulait pas être tout seul !
Bah, c’est sûr que c’est mieux de se faire prendre à deux, hein ?!
- Gabby, tu fais toujours le guet ?
- Oui, oui… je réponds à mon cousin dans un murmure.
Lionel continue de s’affairer sur la serrure.
Dans le silence de la nuit, je crois entendre le frottement de pas sur le parquet. Un frisson me remonte la colonne vertébrale. Je me penche vers l’angle du couloir et me redresse aussi sec. Une silhouette s’approchait !
Oh non, Lio grouille !
Je chuchote tout bas :
- Dépêche-toi ! Quelqu’un arrive !
- Zut… J’y suis presque.
J’incline la tête, la silhouette se rapproche.
Aïe…
J’imagine déjà la raclée qu’on va se prendre pour avoir désobéi aux ordres, en tentant d’entrer dans la pièce dont on nous a interdit d’accès en arrivant, ce matin même.
Papa et Maman vont être furax de voir que j’ai une nouvelle fois suivi Lionel dans ses plans foireux.
En même temps, c’est un peu de leur faute. Quelle idée de m’envoyer chez Papi et Mamie quand Lionel y est. Ils le savent que c’est une très mauvaise idée. La dernière fois, on a exploré le manoir et on s’est perdu dans les souterrains, entre les centaines de couloirs et de pièces immenses, ils ont mis trois jours à nous retrouver, et on a eu la peur de notre vie (enfin pas assez, pour nous arrêter). On avait à peine dix ans tous les deux.
La silhouette est bientôt à l’angle. Si je ne me trompe pas ce doit être George, l’un des gardes du manoir.
Je presse mon cousin :
- Lio !! vite !
- Chut…
Je pince les lèvres et me penche en avant, dans moins de dix pas George est là !
Neuf…huit…sept…six…cinq…quatre…
Je me tourne vers mon cousin le cœur battant à la chamade, au même moment un déclic se fait entendre. Il pousse la porte d’une main, et me tire dans la pièce de l’autre. Lionel referme la porte et s’empresse de la reverrouiller.
Je sers sa main et retiens mon souffle quand je vois l’ombre des pas de George dépasser la porte.
Une fois sûr qu’il est loin, on relâche tous les deux notre respiration.
- Gabby, prend ton téléphone et allume ton flash pour inspecter la pièce.
Je hoche la tête. Puis acquiesce de vive voix, me souvenant qu’il ne peut pas me voir dans le noir.
J’allume donc la lampe torche de mon téléphone, et il fait de même. Il murmure :
- Tu pars à droite et moi à gauche.
- Ok…
De mon côté, je ne découvre que des livres, des livres, et… des livres. Grosse déception !
J’essaie de lire les livres, peine perdu ! Ils ne sont pas en français. Je tente de reconnaitre la langue, mais commence à regretter amèrement de ne pas écouter en cours. Je paye mes défaillances. Cependant, avec le peu de connaissance acquise du haut de mes dix-sept ans, je pense quand même pouvoir affirmer que ce n’est ni de l’anglais, ni de l’espagnol.
Je souffle dépitée. Rien ! On a rien trouvé !
Je commence à me détourner de la bibliothèque, quand du coin de l’œil je distingue un scintillement, comme le reflet d’une lumière sur le métal, ou d’une caméra. Je me tourne vivement, mais ce que je pense avoir distinguée a disparu.
Je fronce les sourcils, Lionel m’appelle. Je le rejoins, mais mon attention reste concentrer sur l’étagère. Il est face au bureau de la pièce.
- Qu’est-ce que tu as trouvé ?
- Regarde la photo.
Mes yeux se posent sur un cadre sur le bureau. Je me penche pour tenter de mieux distinguer les détails, enfin s’il y en a.
- Il n’y a rien sur ta photo. Elle est noire.
- C’est ce que j’ai pensé aussi, mais quand je me suis détourné j’ai cru apercevoir un genre de truc brillant du coin de l’œil.
- Humm…
Pareil, avec l’étagère. Piquée par la curiosité je saisis le cadre. Quand je tire dessus, un clac sonore retenti. On se fige, inquiet d’avoir été entendu.
D’autres bruits suivent. On se retourne doucement.
Un rectangle de la taille d’une porte se forme dans le mur derrière le bureau. J’échange un regard avec mon cousin. Plus téméraire que moi, il s’approche et pousse de toute ses forces. Le rectangle ne bouge pas d’un iota.
Je me triture les méninges, pendant qu’il s’épuise sur le rectangle.
- Gabby, tu pourrais venir me filer un coup de main, râle Lionel.
A mon tour, je lui demande :
- A ton avis, tu penses que Papi arriverait à pousser la porte, si toi, tu n’y arrive pas ?
Il se stop net.
Je ne m’appesanti pas sur sa réaction, et suis le fil de mes pensées en me dirigeant vers l’étagère.
Il me demande ce que je fais, je ne lui réponds pas, et continu la route, concentrée sur une possible solution.
Je commence à tirer tous les livres un par un, espérant déclencher un mécanisme. Rien. Bon, je décide de carrément les enlever, le mécanisme n’est peut-être pas relié à un livre. Sous l’un des d’eux, je remarque un petit creux dans le bois. J’y glisse le doigt et appuie. De nouveau cliquetis se font entendre.
Le rectangle recule et se fond dans le mur de droite.
Le visage de Lionel se fend d’un sourire victorieux.
Il traverse l’ouverture sans m’attendre. Et sans réfléchir, je cours pour le rejoindre. Le seuil franchit, l’ouverture de se referme dans un claquement sonore.
Après un sursaut, nous fixons tous les deux abasourdies, le mur où se trouvait, il y a cinq secondes encore, notre porte de sortie.
NON !!
Horrifiée, je me tourne vers un Lionel pétrifié, il dit gorge serré :
- Euh…il y a surement un mécanisme de réouverture ?
- Mais pourquoi tu me poses la question, j’en sais pas plus que toi ! je tonne avec colère.
On commence à tâter les murs. Au bout d’un moment, il finit par soupirer :
- Le mécanisme est peut-être plus loin. Viens, de toute manière, on n’a pas le choix.
Il me tend sa main, que je m’empresse de prendre.
Nous suivons le long tunnel. Je regarde régulièrement l’heure sur mon portable et vois les minutes défiler à une vitesse folle. Fatiguée, je n’ai plus la forme d’angoisser. Je soupire une énième fois, et Lionel me serre la main d’une petite pression. Juste avant un virage, il me dit :
- Vois le côté positif, il n’y a pas d’embranchement, donc pas de raison de se perdre !
A peine, a-t-il fini sa phrase que nous sortons du virage pour déboucher sur un embranchement à trois directions.
Ouinnn…
J’ai envie de pleurer. Mon cousin marmonne des insanités.
Epuisée, je chougne plus que je ne parle :
- Et si on allait tout droit, on s’embête pas, toujours tout droit…
Ses épaules s’affaissent.
- Désolé Gabby. C’est ma faute si t’es dans cette galère.
Un petit rire m’échappe.
- Oh bah, tu sais, si j’avais pas voulu te suivre, je ne t’aurais pas suivi. Je suis aussi responsable que toi.
- Mouais…
Nous continuons donc tout droit. On finit par tomber sur un cul de sac. Lionel propose de faire demi-tour, mais je l’arrête.
- D’abord, on cherche un mécanisme quelconque, au cas où la sortie soit bien ici.
- Ok.
Il regarde sur les côtés, et moi, je me concentre sur le mur lisse qui nous fait face.
Je finis par remarquer un minuscule bout de mur rugueux, je le dis à Lionel, qui me confirme la même chose sur le mur de droite.
On se positionne. Je décompte, à trois on appuie simultanément.
Le sol s’ouvre sous nos pieds.
Je hurle tout du long de la chute. Et je ne suis pas la seule. Lionel pousse un hurlement strident, qui lui aurait valu des moqueries de ses potes de terminal. Pas très viril, pour un mec de dix-sept ans !
J’ai l’impression que ça fait une éternité que l’on tombe - mais ça pourrait très bien pu être quelques secondes, j’aurais la même impression – quand je suis réceptionnée par un immense filet qui se referme sur nous.
Pendant quelques minutes, je reste complètement immobile. Lionel essaie de s’en extirper, mais arrête quand il se rend compte que cela ne sert à rien. Le filet s’est refermé sur nous, tel un piège mortel.
- Euh… Gabby, panique pas, ok ?! on va s’en sortir, hein ?! Ça va aller. Ils se rendront compte qu’on a disparu, et ils viendront nous chercher. Comme la dernière fois, d’ac ?
Bien que ma respiration soit irrégulière, je couine :
- C’est moi, ou toi, que tu essais de convaincre ?
- Euh…les deux ?
- Ook…
Je cherche une position plus confortable, et me colle à Lionel qui me prend derechef dans ses bras.
Après cinq à dix minutes, une voie douce et familière perce dans le noir.
- Moins d’un jour, je gagne, chéri !
Une autre, plus grave et trainante rétorque :
- J’ai été trop présomptueux en les pensant plus patients.
La lumière fuse dans la pièce.
Je reconnais l’une des pièces des souterrains du manoir.
Nous sommes pendus au plafond par le filet, et nos grands-parents nous regarde dans bas, amusés. Et là je comprends.
Un piège !
Toute cette histoire de pièce interdite était un piège !
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