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tome 1, Chapitre 36 tome 1, Chapitre 36

Lorsque Sirian entra dans le bureau de Mallkyn, il perçut immédiatement son avertissement à travers l’activation de son tatouage. Il devint un peu plus chaud et plus présent dans son esprit. Aussi fut-il à peine surpris lorsqu’il vit Grégoire Valronn confortablement installé dans l’un des fauteuils.

Il le regardait avec un petit sourire. Élégant, bien coiffé, maquillé, on n’aurait pas cru qu’il venait de passer quelques jours dans les geôles du Sigile des Arcanes. Sirian lui jeta un regard froid, puis se tourna vers la Haute Inquisitrice, qui paraissait furieuse.

— Dame Mallkyn, la salua-t-il. Que se passe-t-il ?

Sa mentore tenait un parchemin dans sa main et elle donnait l’impression de vouloir le déchirer. Elle fit un signe de tête sec vers l’autre fauteuil. Elle est vraiment énervée, se dit le sigilite. La boule d’angoisse qui était née quand il avait aperçu le criminel ne faisait que s’intensifier. Il s’installa en silence.

— Comme tu peux le constater, Grégoire Valronn a été libéré.

— Et puis-je vous demander pour quelles raisons ?

Tendu comme la corde d’un arc, Sirian gardait un contrôle strict sur ses émotions.

— Il semblerait, Sirian, que notre ami soit un agent du Sigile des Arcanes.

— Pardon ?

— J’ai reçu un message du Conseil Silencieux il y a deux jours m’ordonnant de libérer Valronn car c’est un agent infiltré du Sigile.

— Un agent infiltré ? murmura Sirian, stupéfait.

Puis la colère l’envahit et ses yeux étincelèrent.

— C’est impossible. Vous l’auriez su !

Les yeux de Dame Mallkyn s’étrécirent. Valronn, silencieux, regardait le sigilite avec un air de triomphe qui augmenta davantage sa fureur. Calme-toi, se dit-il. La Haute Inquisitrice poussa le document qu’elle tenait vers son pupille. Il le prit et le parcourut. La première chose qui lui sauta aux yeux fut les armoiries dessinées dans le coin supérieur gauche. Il leva des yeux ébahis vers sa mentore.

— Le Conseil Silencieux ? Mais ils n’interviennent plus dans les affaires du Sigile des Arcanes depuis des années.

— Il s’avère qu’un membre du Conseil Silencieux a préféré m’embaucher pour mettre au jour un trafic de grimoires avec une puissance étrangère, commença Valronn.

Dame Mallkyn le foudroya du regard mais il l’ignora.

— J’ai été ravi d’aider le Sigile dans cette affaire et j’ai découvert que le Baron de Vilepierre était en affaire avec Anthéus Wolfham et qu’il lui vendait des grimoires depuis des années.

— C’est vous ! fit Sirian en se levant. C’est vous qui avez vendu ces objets.

— Je ne faisais que servir d’intermédiaire. Je devais apprendre où le baron de Vilepierre se fournissait…

— Et vous l’avez tué ?

Une grimace traversa le visage de Valronn, mais elle fut vite réprimée.

— Et ne me dites pas que c’était Cynred Ambroisius car nous savons très bien que c’est faux.

— Ce fut un malheureux concours de circonstances ; malheureusement ma fille n’a pas toute sa tête et …

— Comme c’est pratique, l’interrompit Sirian en croisant les bras.

— Mais Cynred avait aussi un lien avec le baron et faisait partie de toute cette organisation. Il a été vraiment fâcheux qu’il ait disparu ainsi …

Sirian regarda la Haute Inqusitrice en fronçant les sourcils.

— Vous ne pouvez pas croire cela. Grégoire Valronn a des activités criminelles dans tout le Duché.

— Je n’ai pas à le croire, Sirian. Valronn est un agent de Percival Valombre, un membre respecté du Conseil Silencieux.

— Mais …

Lorsqu’un éclat de douleur émana de son tatouage, Sirian se tut. Dame Mallkyn n’était pas d’humeur à l’écouter.

— Si je puis me permettre, madame, j’ai besoin de cette information.

Mallkyn leva les yeux au ciel.

— Sirian, monsieur Valronn a besoin de savoir où se trouve ce Cynred Ambrosius. Il est une personne d’intérêt pour son enquête. Il m’a dit que tu ne l’avais pas arrêté, malgré certaine de ses … caractéristiques.

Le sigilite plongea son regard dans les yeux de l’antiquaire. Son esprit respirait l’arrogance, mais aussi un besoin vital de retrouver son ancien associé, mêlé à de la frayeur.

— C’est vrai. Je n’avais aucune raison d’arrêter Cynred, qui n’avait rien fait de mal. Aucun mandat d’arrêt n’avait été émis à son nom.

— Sirian…, gronda Mallkyn.

Son pupille la regarda sans frémir.

— Alors où est-il ? Un mandat d’arrêt a été émis pour lui.

— Par qui ? s’étonna Sirian. Le Haut Juge Aeran l’a-t-il signé ? Ou vous-même ?

Mallkyn fronça les sourcils et parut soudain moins confiante.

— Le Conseil Silencieux l’a entériné, fit Valronn.

— Depuis quand le Conseil Silencieux émet-il des mandats d’arrêt ? demanda Sirian d’un ton sarcastique.

— Peu importe. Vous devez me dire où ce cache Cynred Ambrosius.

— Je refuse.

Valronn étrécit les yeux et un rictus de colère déforma ses traits. Mais avant qu’il ait pu continuer, Mallkyn se leva et planta ses yeux glacials dans les siens.

— Monsieur Valronn, vous pouvez partir. Je terminerai l’entretien avec mon sgilite.

Valronn parut sur le point de répliquer, mais il s’abstint. Il se leva, s’inclina froidement devant la Haute Inquisitrice, puis quitta la pièce. Sirian sentit sa fureur miroiter à la surface de son esprit. Et toujours cette terreur. Lorsque l’homme ferma la porte, Mallkyn reporta son attention sur son pupille.

— Madame, vous devez bien voir que tout ceci est insensé, commença-t-il.

— J’ai reçu mes ordres, Sirian. Ils sont officiels. Les décisions du Conseil Silencieux prévalent sur les nôtres.

— Il se passe quelque chose d’inquiétant, insista-t-il. Qui est ce Percival Valombre ? Pourquoi tout d’un coup le Conseil se mêle-t-il des affaires du Sigile sans en prévenir personne ?

— Où est cet homme, Sirian ? reprit Mallkyn, ignorant totalement ses questions.

— Cynred n’a rien à voir avec tout ça. Il est innocent.

Un bref éclair de douleur émana du tatouage. Un autre avertissement.

— D’après ce que dit Valronn, il n’est ni humain, ni elven. Est-ce vrai ?

— C’est vrai. Il est différent, murmura Sirian. Mais il n’a rien fait de mal dans cette affaire.

Il ne pouvait pas mentir à la Haute Inquisitrice. Mais il pouvait au moins essayer de la convaincre. Celle-ci soupira et se frotta les yeux.

— Où est-il ?

— Madame, ce mandat d’arrêt est un piège. Valronn a besoin de lui pour quelque chose d’étrange.

— Il vient du Conseil Silencieux, asséna Mallkyn, ses yeux étincelants de colère. Où se cache-t-il ?

Sirian la regarda : elle ne l’écouterait pas. Il se mordit les lèvres, envisagea de refuser de répondre. Alors que le temps s’écoulait dans le silence, à sa grande surprise, le tatouage ne s’enflamma pas. Devait-il lui faire confiance avec cette information ? Sa mentore se contentait de le fixer en silence, le visage froid et sévère. Sirian soupira, abattu.

— Il devait se rendre au Bastion du Verre.

Une étrange expression de soulagement traversa le visage de Mallkyn l’espace d’une seconde. Aussi le jeune homme ne s’attendait-il pas à ses paroles suivantes.

— Tu es démis de tes fonctions pour une durée indéterminée, fit-elle ensuite.

Ce fut comme si le plafond s’abattait brutalement sur lui. Il pâlit et la regarda sans comprendre. Elle ne lui laissa pas le temps de poser des questions.

— Tu n’as pas accompli ton devoir dans cette affaire : tu aurais dû arrêter cet homme pour l’interroger. Et tu as désobéi à un ordre direct. Tu es assigné à résidence jusqu’à la fin de ta punition. Tu peux t’en aller.

— Mais …, parvint-il à dire.

Le regard glacial de Mallkyn le cloua sur place. Il serra les dents et se résigna. Il défit son insigne, décrocha son épée et son mousquet de sa ceinture et déposa le tout sur le bureau de sa supérieure. Puis il la salua avec raideur et quitta le bureau. Dès qu’il eut fermé la porte, Dame Mallkyn se laissa tomber dans son fauteuil. Le regard effaré que son pupille lui avait jeté l’avait ébranlé. Mais elle ne pouvait pas le laisser libre de ses mouvements, pas tant qu’elle n’avait pas clarifié toute cette histoire.

Une fois ses pensées clarifiées, Dame Mallkyn prit un parchemin vierge sur lequel elle écrivit un message, y apposa son sceau puis se leva et quitta son bureau. Elle rejoignit le secrétariat.

— Dominic, fit-elle à son assistant.

Celui-ci se leva immédiatement et la rejoignit.

— Je veux que tu te rendes aux archives et que tu m’apportes le dossier de Percival Valombre. Et va à l’Hôtel de Ville pour trouver tout ce que tu peux sur Cynred Ambrosius, fit-elle en lui tendant le parchemin.

— Bien, répondit-il.

— Et n’en parle à personne, compléta-t-elle, à voix basse.

— Évidemment, ma dame, assura l’employé impassible.


Texte publié par Feydra, 22 août 2023 à 13h50
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