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tome 1, Chapitre 28 tome 1, Chapitre 28

Parcourir les rues encombrées de débris de cette ville morte donnait l’impression d’un voyage dans une dimension onirique étrange. Le vacarme de la chute d’eau était le seul bruit qui déchirait le silence, en tout cas pour tout le monde sauf Cynred. Il percevait une mélopée sourde et pesante partout autour de lui. Cela ne devrait pas être, puisqu’il se trouvait dans une cité minérale artificielle, mais pourtant elle était bien là, mettant ses nerfs à rude épreuve. Les doigts d’Isobel étaient entrelacés dans les siens. Elle regardait partout avec des yeux écarquillés. Il la sentait tendue.

Les rayons du soleil repoussaient les ombres et commençaient à réchauffer l’atmosphère. Mais il faisait froid, à cette altitude. Leurs vêtements peu adaptés peinaient à conserver la chaleur et Cybred frissonnait.

Sélyna marchait derrière eux et ils percevaient tous les deux son regard brûlant de haine rivés sur eux. A son réveil, l’hématome sur sa tempe était la seule trace du combat, mais il avait pris une apparence violacée pas très jolie. Elle n'avait rien dit. Et depuis ce moment, elle restait silencieuse. Isobel gardait un œil sur elle. Elle était encore plus inquiétante ainsi. Valronn, les yeux brillants, paraissait avoir oublié que sa fille aurait pu mourir. Son enthousiasme et son avidité se lisaient sur son visage comme dans un livre ouvert. Les malfrats qui l’accompagnaient dardaient des regards inquiets dans les ruelles et dans les bâtiments qu’ils croisaient.

Sylf avait pris position près du couple et regardait autour de lui avec prudence. Isobel surprit un éclat d’intérêt à plusieurs reprises. Elle se demanda si lui aussi faisait le lien avec les Sérantides. C’était l’héritage de tous les citoyens du Bastion du Verre après tout, un secret qu’ils ne dévoilaient pas aux autres habitants du Duché.

Le schéma de cette ville étrangère était très similaire à n’importe quelle ville du Duché. Une rue principale partait de l’esplanade et traversait le plateau rocheux sur toute sa largeur. De chaque côté, les Monts Dorés culminaient à une vingtaine de mètres. Ils étaient tellement proches du sommet. De l’autre côté de la paroi rocheuse opposée se trouvait une autre contrée. Cette pensée donnait le vertige au jeune homme, d’autant plus qu’il avait du mal à respirer, comme si l’air manquait.

— C’est à cause de l’altitude, lui avait dit Isobel. Le Bastion du Verre culmine à environ un kilomètres d’altitude. Je pense que nous somme au moins deux fois plus haut.

Des bâtiments de pierre, pour la plupart effondrés, s’alignaient de part et d’autre de la rue : des maisons, peut-être des boutiques. Certains comportaient plusieurs étages. Ils aperçurent des restes de parcs, veillés par des statues mutilées, des fontaines asséchées ou recouvertes par d’énormes pierres tombées des bâtiments proches. Les cristaux étaient partout, brillants sous l’éclat du soleil, ou bien sombres, comme éteints.

Ils marchaient depuis trente minutes, lorsque Valronn se figea. Sur leur droite, une place ornée de colonnes et de statues s’ouvrait et au fond de cette place, collé à la montagne, les visiteurs découvrirent un haut bâtiment, préservé, qui ressemblait à un temple. Le soleil faisait briller des dorures sur le toit orné de sculptures et de symboles. Une large porte en fermait encore l’accès. Quand ses yeux se posèrent sur lui, Cynred sentit un frisson le parcourir : la musique y était bien plus forte.

— Il doit avoir plusieurs milliers d’années, pensa-t-il. Comment peut-il être encore en si bon état ?

Une porte similaire à la monumentale entrée, décoré avec les deux mêmes silhouettes, leur barrait le passage. Cynred se demanda si ces gravures représentaient des souveraines ou des dieux. Il se concentra et perçut une mélodie tronquée, entrecoupée de silences. Valronn le regardait, impatient. Il fut tenté de le faire tourner en bourrique, mais à quoi bon. Il était épuisé et n’avait pas envie de supporter une énième crise de Sélyna. Il jeta un coup d’œil à Sylf, qui le regardait, les sourcils levés, un rictus arrogant sur le visage. Il ne savait pas quel jeu jouait cet homme, mais pour l’instant, il n’avait pas l’air disposé à affronter Valronn.

— Elle n’est pas verrouillée, fit-il, en levant sa main libre vers l’interstices entre les deux battants.

— Alors ouvre-là !

Il posa la main sur le battant et l’ouvrit sans difficulté d’une légère poussée. Elle se décala et dévoila une sorte de vestibule enseveli dans l’obscurité. Le mouvement provoqué par la porte souleva l’épaisse couche de poussière qui virevolta jusqu’à eux. Cynred toussa et détourna la tête. Isobel poussa le deuxième battant et la lumière du soleil illumina la pièce.

C’était effectivement un vestibule carré. Les murs étaient décorés de fresques aux couleurs passées et une allée délimitée par une série de colonnes faites dans un matériau lisse et brillant s’allongeait jusqu’au mur du fond et continuait dans un couloir ténébreux. Cynred entra, attiré par une étrange mélodie qui semblait se réverbérer. Des déchets trainaient sur le sol : vestiges de meuble ou fragments de pierre tombés du plafond ou des murs. Des amas de cristaux bleutés étaient disséminés un peu partout. En les observant, Cynred eut la curieuse impression qu’ils poussaient comme des plantes. Une musique éthérée grimpait jusqu’à lui, tourbillonnait et se répétait. C’était comme si elle s’éveillait à sa présence. Valronn les dépassa et observa la pièce de son regard acéré. Sélyna entra aussi et resta en arrière, près de la porte. Sylf et ses hommes attendirent aussi.

Valronn s’approcha du couloir.

— Un escalier qui s’enfonce dans la montagne, fit-il. Versk, une lanterne.

L’homme hocha la tête, détacha la lanterne qu’il portait sur son dos, la posa au sol. Puis il l’alluma avec un allume-feu. La flamme crépitante et agitée repoussa les ombres et en créa d’autres. Les cristaux parurent s’enflammer. Sachant très bien ce que son « employeur » allait lui demander, Cynred s’approcha des marches et contempla le tunnel. Il ne décela aucun piège dans cet espace. Un frisson désagréable remonta le long de sa colonne vertébrale alors qu’il ouvrait son esprit à ce qui se trouvait en bas. Il serra les dents alors qu’une terrible envie de fuir s’emparait de lui. Il considéra l’idée de prévenir Valronn, mais un regard sur son visage déformé par l’avidité l’en dissuada.

— Je ne sens pas de mécanismes particuliers, fit-il calmement.

— Allons-y, ordonna Valronn.

Il poussa légèrement Cynred vers l’avant pour lui indiquer qu’il devait passer en premier. Le jeune homme lui jeta un regard noir, mais ne dit rien. Isobel invoqua sa sphère lumineuse et ils commencèrent à descendre.

Cet escalier était bien plus court que celui qu’ils avaient emprunté pour monter jusqu’au plateau. Les murs n’étaient pas aussi bien décorés : seul un symbole indéchiffrable apparaissait à intervalles réguliers. En quelques minutes, ils atteignirent une vaste salle, creusée dans la roche brute de la montagne. Des stalactites d’une blanc bleuté s’élançaient de la voûte irrégulière du plafond. Le sol était toutefois pavé de grosses dalles grisâtres, dont beaucoup avaient été brisées par l’érosion et le temps.

Des statues représentant des silhouettes très similaires à celles des portes étaient alignées de chaque côté de la grotte, toutes tournées vers un monolithe de cristal qui atteignait presque le plafond. Bien conservées, elles représentaient toutes ces humanoïdes reptiliens, chacun équipé d’accessoires : une épée, un arc, un grimoire, un bâton ou un sceptre. On aurait dit un mausolée.

Cynred faillit se boucher les oreilles lorsqu’il posa le pied dans la salle, car plusieurs mélodies s’engouffrèrent dans son esprit. Elles semblaient toutes venir du monolithe. Il grogna légèrement sous l’assaut. Isobel posa une main inquiète sur son bras. Il lui jeta un coup d’œil qui se voulait rassurant.

Versk s’avança et posa la lanterne au centre, quelques mètres devant la construction de cristal. La lumière faisait étinceler le construct et créait des étincelles multicolores à l’intérieur. En glissant sur les statues, elle rehaussait les couleurs encore bien vibrrantes et faisaient briller leurs yeux. Sylf s’était arrêté près d’Isobel et pour la première fois, s’adressa directement à elle, d’une voix très basse et légèrement changée.

— Cela ne te rappelle pas quelque chose ?

— Si, acquiesça Isobel.

Les cristaux qu’ils avaient aperçus un peu partout dans les ruines et ce monolithe étaient identiques aux concrétions qui s’étendaient partout dans le Bastion du Verre. Elle avait du mal à détacher le regard du monolithe, tant il était à la fois magnifique et inquiétant. Valronn avançait d’une statue à l’autre et les examinait d’un œil fasciné. Sélyna s’était agenouillée au pied du cristal et effleurait les objets accumulés sur une sorte d’autel.

La pièce comportait aussi des meubles, au bois sombre, étonnamment bien conservés, malgré les traces de pourriture. Non loin d’une table, une étagère de bois regorgeait de parchemins enroulés et de tablettes. Ces deux meubles étaient incongrus dans cette grotte minérale.

Sélyna prit une chaine ornée d’un pendentif et l’admira à la lueur de la lanterne.

— C’est une offrande, l’avertit Cynred.

Elle le fixa d’un air méprisant.

— Et alors ? Je ne crois pas aux malédictions.

Ses yeux glacials rivés dans les siens, elle tendit l’objet à Versk qui s’empressa de le ranger dans l’une de sacoches. Valronn, planté devant le monolithe regardait lui aussi Cynred, les yeux étrécis, comme s’il se rappelait soudain de sa présence.

— Viens, fit-il. Parle-moi du monolithe.

— Je n’ai aucune idée de ce que c’est, grogna le jeune homme sans bouger.

Vril, l’autre sbire, revint vers eux à grands pas et l’agrippa par le bras, le tirant de force vers le centre de la pièce, forçant Isobel à le suivre.

— Fais cqu’on te dit !

Cynred serra les dents, mais se laissa entrainer jusqu’à Valronn. Il souleva son bras enchainé.

— Il serait plus sage de nous détacher ; je ne voudrais pas être déconcentré.

Valronn l’observa quelques instants puis fit un signe à Sylf. Celui-ci défit la menotte du côté d’Isobel et l’entraina en arrière, avant de la lâcher.

— Concentre-toi, mon petit, et dis-moi ce que tu entends là-dedans.

Le ton doucereux de l’homme l’irrita. Mais il retint sa colère au fond de lui. Après lui avoir jeté un regard noir que l’antiquaire criminel ignora superbement, il porta son regard sur le monolithe de cristal et se laissa à nouveau envahir par ses mélodies. Gardant son calme sous l’assaut, il les sépara les unes des autres, comme il l’avait fait dans le chariot.

Différents échos se répercutaient dans le cristal. Les mélodies étaient à la fois très similaires et uniques. C’était des mélopées lentes et pesantes comme dans le reste des ruines, comme endormies. Cependant, à son contact, elles semblaient se réveillert. Soudain, les sons devinrent des voix sifflantes et des silhouettes se matérialisèrent dans le cristal. Cynred jeta un coup d’œil à ses compagnons, mais ils ne paraissaient pas les voir.

— Qui est-il ?

Il sursauta au son de la voix et chercha d’où elle venait. Là, sur la gauche, une silhouette fantomatique commençait à se matérialiser.

— Un étranger !

— Non. Écoutez-le. Il est des nôtres.

— Pas entièrement… C’est un esclave ?

— Non. Autre chose …

D’autres voix, d’autres silhouettes envahissaient l’espace. Elles se précisaient, prenant l’apparence reptilienne des anciens habitants de la cité. Il avait l’impression de voir des répliques brumeuses des statues. Elles se parlaient entre elles, l’ignorant totalement.

— Qui êtes-vous ? fit-il alors.

Les esprits le regardèrent tous en même temps, vrillant leurs yeux d’ambre sur lui. Ils se rapprochèrent et il regretta soudain de leur avoir adressé la parole.

— Cet esclave nous voit ?

— Qui est-il ?

— Étrange. Il a l’héritage en lui. Ce n’est pas possible.

— Sa mélodie est comme endormie. Il n’est pas des nôtres !

La cacophonie commençait à lui donner mal à la tête. Ils ne semblaient pas vouloir lui répondre. Les voix commençaient à nouveau à se mélanger. Puis une autre silhouette apparut et s’approcha. Il distinguait clairement son visage recouvert de cristal, ses longs cheveux noirs tressés et une tunique de mailles sur son corps effilé.

— Pourquoi as-tu troublé notre sommeil ?

La voix se fraya un passage dans son esprit surchauffé et Cynred eut du mal à répondre, surpris que le créature s’adresse à lui directement.

— Je n’ai pas … Je ne vous ai pas réveillés intentionnellement, balbutia-t-il.

— Non. Ton héritage a activé le monolithe.

— Vous êtes dans le monolithe ?

— Nos mélodies y ont été conservées. Mais toi, tu ne devrais pas exister. Notre espèce ne peut se mélanger aux esclaves, c’est impossible. Alors qu’es-tu ?

Soudain, Cynred sentit le souffle lui manquer alors que la mélodie étrangère s’emparait de son corps et de son esprit. Il la sentit explorer partout en lui. Ses muscles, son cœur, ses poumons se contractèrent sous l’assaut étranger. En réponse, il sentait enfler sa propre mélodie, celle qu’il n’avait jamais encore entendue, mais l’autre était trop puissante. Il tomba à genoux. Il entendait des voix étouffées autour de lui mais il n’arrivait pas à s’y accrocher.

— Tu es un construct. Notre mélodie a été accrochée à la tienne de manière imparfaite, continua la créature, sur un ton curieux. C’est un sacrilège, une hérésie. Peut-être que je devrais te détruire.

Une souffrance immense enveloppa alors Cynred, qui s’effondra en tremblant sur le sol, alors qu’une vague enflammée remontait ses nerfs. De toute la puissance de son désespoir, il réécris sa propre mélodie pour la rendre plus forte et combattre la chose qui était en train de le tuer.

— Ah ! Intéressant. Tu apprends vite, reprit la voix grave. Finalement, tu mérites de vivre. C’est dommage. J’aurais aimé être témoin de ton avènement. Tu as le potentiel d’accomplir de grandes et terribles choses.

— Allez vous faire foutre, grogna Cynred

Une sorte de rire rauque et sifflant fut la seule réponse alors que la mélodie refluait. Sa vision devint plus claire et il vit que les autres silhouettes reprenaient leur place dans le cristal. Les mélodies se fondaient ensemble et s’endormaient à nouveau.

— Oh ! Si j’étais toi, j’empêcherais tes amis de prendre des artefacts de cet endroit, railla l’entité, juste avant de s’évanouir complètement.

Cynred, haletant et tremblant, ferma les yeux. La réalité reprenait ses droits. Il sentait la pierre sous son corps, Isobel qui le soutenait, et la présence de Valronn, Sélyna et les autres. Il souleva sa main et enserra celle de sa bien-aimée. Une brusque inspiration soulagée retentit juste au-dessus de lui.

— Qu’as-tu entendu ? fit soudain Valronn en s’agenouillant devant lui.

Cynred prit le temps de se redresser en grimaçant avant de répondre. Isobel le tenait contre elle.

— Une cacophonie, rien d’autres, répondit-il.

Valronn fronça les sourcils.

— Tu as eu une réaction violente…

— Oui. Je suis épuisé, Valronn. Et les mauvais traitements n’aident pas, fit Cynred d’un ton railleur. D’après ce que j’en sais, ce n’est qu’un vestige d’une mélodie laissée derrière par les anciens habitants du lieu. Ou bien un sortilège, qui sait ? De toute manière, qu’est-ce que ça change ? Ce n’est pas comme si vous pouviez emporter le monolithe.

— L’emporter, non. Mais le miner, pourquoi pas.

— Ce n’est que du cristal, insista Cynred.

— Et moi je crois que tu mens, intervint Sélyna, d’une voix sifflante.

Cynred soupira. Il sentit Isobel se tendre contre lui. Il lui caressa doucement la main.

— Crois ce que tu veux. Vous avez bien assez d’artefacts dans cette pièce à piller, non ?

— Ce ne sont pas les artefacts qui m’intéressent.

Valronn l’observa encore un long moment, puis il se leva.

— Nous reviendrons plus tard de toute façon, maintenant que la voix est ouverte. Finissons-en ici et fichons le camp, ordonna-t-il.

Isobel aida Cynred à se mettre debout, alors que les malfrats terminaient de remplir leurs sacoches. Le jeune homme se sentait différent. Son esprit lui semblait plus acéré ; les mélodies se déroulaient autour de lui et il pouvait s’y accrocher avec moins d’effort auparavant. La musique titanesque et majestueuse de la montagne l’entourait. Sylf surveillait tout ce petit monde d’un regard acéré. Une ombre s’étendit sur son visage, quand son regard se posa sur Sélyna. Elle ne bougeait pas, la main posée sur la crosse de son mousquet, le regard haineux rivé sur Isobel.

Soudain, Sélyna agrippa Isobel et l’écarta du jeune homme d’un geste violent. Avant qu’il n’ait pu réagir, elle pointait son mousquet droit sur son cœur. Cynred sentit la colère le gagner mais il se contrôla. Il étendit son esprit autour de lui. Valronn se plaça à côté de sa fille, alors que les deux sbires commençaient à s’éloigner avec les sacs remplis d’objets.

— Tue-la, lui sussurra-t-il.

Un grondement retentit au-dessus d’eux. Ils levèrent tous la tête, sauf Cynred qui savait exactement ce qui se passait. Les stalactites tremblaient légèrement et de la poussière rocheuse commençait à tomber.

— J’ai eu le temps de bien m’imprégner de la mélodie de cette montagne, Valronn. Si Sélyna appuie sur la détente, je la fais tomber sur nous.

Les deux criminels accélérèrent le pas. Mais un énorme rocher s’écrasa sur le sol juste devant eux, les manquant de peu. Sylf, au pied des escaliers, dut se protéger du nuage de débris qui jaillit du sol.

Valronn fixa Cynred de ses yeux étrécis de haine.

— Tu te tuerais en même temps que nous.

Le grondement augmenta d’un cran. Plusieurs rochers tombèrent autour d’eux. Le plafond se craquelait superficiellement. Sur la surface du monolithe de cristal apparut une fissure. Il sembla à Cynred que la créature qui lui avait parlé flottait juste à côté, en souriant. Sélyna, pâle, s’efforçait de garder son calme. Elle se concentrait sur Isobel. La guerrière sourit, ce qui la déstabilisa un peu plus. Elle ne semblait pas du tout effrayée.

— Si Isobel meurt, je la suivrai dans les Terres Ombreuses avec joie.

Un stalactite se détacha du plafond et explosa au contact du sol, juste devant Sélyna. Elle se protégea les yeux de son bras libre, perdant de vue sa cible pendant quelques secondes. Isobel bondit au côté de son amant. Sélyna hurla de fureur. Valronn, sentant que la situation lui échappait, leva les deux mains en signe d’apaisement.

— Très bien, mon garçon. Calme-toi.

— Ne m’appelez pas comme ça, siffla Cynred.

Un autre morceau de roc tomba du plafond. La mélodie de la montagne se déroulait devant ses yeux mentaux. Il avait fait des changements mineurs, mais il peinait à les contrôler. Il devait se dépêcher. Il tira Isobel en arrière, vers Sylf, elle comprit et rejoignit l’elven.

— Ne m’énervez pas trop, fit-il alors d’une voix plus calme.

Il recula alors et rejoignit l’escalier. Valronn, furieux, s’avança vers lui. Les deux sbires, terrifiés, écarquillèrent les yeux quand ils comprirent ce qu’il comptait faire. Ils bondirent vers lui, mais il était trop tard. Le plafond se craquela juste à l’entrée de la grotte, déversant des rochers qui bloquèrent le passage. Cyndrel bascula sur les marches et toussa sous l’assaut de la poussière. Il relâcha son contrôle sur la montagne et les secousses se calmèrent. Les hurlements de fureur des prisonniers leur parvinrent étouffés.

Isobel posa une main sur son épaule. Elle était pâle et tremblante. Le jeune homme lui sourit. Sylf ne pouvait détacher son regard de l’amas de rochers juste devant lui.

— Bon sang ! souffla-t-il, en se passant la main dans les cheveux.

Cynred leva les yeux vers lui, dans l’expectative de sa réaction.

— J’en ai assez vue, fichons le camp, fit-il.

Le soulagement envahit Cynred à l’idée qu’il n’aurait pas à se battre contre cet homme mystérieux. Sylf était donc bien leur allié. Il défit la menotte qui pendait toujours au poignet de Cynred.

— Ils ont des explosifs, fit Sylf en l’aidant à se lever.

— Je sais, fit Cynred en empoignant la main d’Isobel et en commençant à grimper.


Texte publié par Feydra, 18 août 2023 à 22h44
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