— C’était un sacré spectacle, fit Cynred.
— Et très satisfaisant, souffla Isobel, en observant son adversaire.
Sélyna s’était installée sur ses couvertures, à l’opposé. Son père lui parlait avec empressement, sans doute pour s’assurer qu’elle allait bien. Un hématome commençait à se développer sur sa tempe.
— Tu vas bien ? fit Cynred
Elle reporta son attention sur lui et sourit.
— Ne t’inquiète pas. J’ai eu pire dans les combats de l’arène.
Elle lui caressa les cheveux et déposa un baiser sur son front. Il tendit les mains vers son visage, mais interrompit son mouvement en se mordant les lèvres. Elle fronça les sourcils et souleva délicatement ses poignets enserrés dans les menottes : la peau était chaude et rouge ; la chair déchirée saignait.
— Cynred, murmura-t-elle, effarée.
— Ca va aller, fit-il.
— Tu ne peux pas rester ainsi. C’est en train de s’infecter.
— Ce n’est rien.
Isobel regarda Valronn.
— Je vais lui demander de quoi te soigner.
Cynred agrippa son bras.
— Non, fit-il. Je ne veux rien de lui.
La réplique d’Isobel mourut sur ses lèvres face à l’expression décidée du jeune homme. Elle le serra dans ses bras. Il se détendit et se pelotonna contre elle. Ils gardaient leurs regards rivés sur les autres membres du groupe de l’autre côté de l’esplanade, près de la porte.
Sylf et Valronn échangeaient en chuchotant. Valronn posa plusieurs fois son regard furieux sur Cynred. Que se disent-ils donc ? pensa Isobel. Puis Valronn finit par hocher la tête, fouilla dans ses affaires et tendit l’une des sacoches à son homme de main. Isobel étrécit les yeux : elle n’aimait pas ça. Elle ne quitta pas le sbire des yeux alors qu’il s’approchait d’eux. Sylf s’agenouilla devant eux, posant la sacoche sur le sol.
— Valronn m’a autorisé à te soigner. Laisse-moi voir tes poignets, fit-il d’un ton bourru.
Isobel s’écarta un peu et Cynred souleva ses bras. Sylf défit ses menottes et dégagea doucement ses poignets. Sa peau était déchiquetée et rouge. Du sang coulait de ses plaies. Cynred les plongea immédiatement dans l’eau glacée du bassin.
Un frisson remonta le long de ses bras, mais il les maintint longtemps ainsi. Il aurait aimé plonger entièrement dans le petit bassin, pour nettoyer toute la crasse, la sueur, la frayeur et la haine qui collaient à sa peau. Sylf vida le contenu de la sacoche sur le sol. Lorsque le jeune homme sortit les mains de l’eau, il nettoya ses plaies et les entoura d’un épais bandage. Puis il reprit les menottes qu’il avait posée par terre.
— Ce n’est pas nécessaire, souffla Isobel, un bras passé par-dessus les épaules de son ami.
— Je n’ai pas le choix, fit le sbire.
Il paraissait véritablement désolé, ce qui étonna la guerrière. Isobel regarda Cynred, qui avait pâli. Mais il tendit les mains sans rien dire. Sylf passa l’un des fers sur son poignet gauche, prit le bras droit d’Isobel et lui passa l’autre fer. Isobel regarda l’homme fixement. Sylf se comportait d’une manière différente et un peu étrange. Qui était -il donc ?
Il rangea le matériel de soin dans la sacoche et en sortit deux gros morceaux de pain et des lanières de bœuf séchées.
— Mangez et reposez-vous, fit-il d’une voix douce et très basse.
L’homme jeta ensuite un coup d’œil en arrière, puis se pencha vers eux, en faisant mine de tester les menottes.
— Tenez le coup et faites ce que Valronn dit, murmura-t-il enfin. Ce sera bientôt terminé.
Tant de questions se pressaient aux lèvres de Cynred, mais il se garda bien de les poser. Toutefois, il observa sa mélodie, alors que les yeux noirs de l’elven se rivaient sur lui. Elle était légèrement différente, comme si les notes cachées prenait de la force. L’instant dura peu. Sylf se leva et rejoignit le reste du groupe.
Cynred poussa un profond soupir et regarda Isobel.
— Ca va mieux, fit-il.
Elle se pelotonna contre lui, posant sa tête sur son épaule et enchevêtrant ses doigts avec ceux de sa main gauche. Elle croisa le regard de Sylf. Cet homme n’était pas ce qu’il paraissait être, elle en avait la certitude maintenant. Il prenait un risque en les aidant. Ils allaient devoir être vigilants.
A ces côtés, Cynred paraissait pensif et préoccupé. Le regard perdu dans la vague, il fronçait les sourcils.
— Cynred ? Tout va bien ?
Il ne répondit pas, mais son regard se posa sur Sélyna. Isobel suivit son regard et grimaça. La haine qu’elle éprouvait pour cette femme l’horrifiait. Jamais elle n’avait eu ce genre de sentiment, pour personne.
— Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? fit Isobel.
— Rien d’important, répondit-il sans la regarder.
Elle posa sa main libre sur sa joue parsemée d’écailles. Un frisson la parcourut : le contact était lisse, doux et chaud. Puis elle décala son visage vers elle. Il se laissa faire.
— Qu’a-t-elle dit ? répéta-t-elle.
— S’il te plait, Isobel, je n’ai pas envie d’en parler.
— D’accord. Pour l’instant.
Elle lui tendit l’un des pains et de la viande.
— De toute façon, je crois savoir, reprit-elle. Elle a voulu te faire du mal.
Cynred mordit dans le pain en silence.
— Ce n’est pas le meilleur endroit pour cela, continua-t-elle. Mais je crois qu’il est nécessaire que je te le dise, au cas où.
Le jeune homme se tourna vers elle. Dans son regard azur, elle lut un soupçon d’espoir. Elle frissonna.
— Je t’aime, Cynred.
Le jeune homme la regarda intensément pendant de longues secondes. Sur son visage, l’incrédulité et l’espoir se battaient. Elle soutint son regard, le visage serein. Elle savait qu’il scrutait sa mélodie et elle lui ouvrit entièrement son esprit. Il se pencha vers elle et l’embrassa légèrement, indifférent aux regards des autres membres de leur groupe.
— Je t’aime aussi, murmura-t-il tout contre sa joue.
Elle frissonna. Lorsqu’il se redressa, il paraissait apaisé. Ils partagèrent leur frugal repas et burent l’eau du bassin.
Puis, aussi confortablement qu’il le pouvait avec la chaine, il s’allongea sur le sol de pierre, que la chaleur du soleil commençait à réchauffer un peu. Isobel s’installa face à lui. Il se rapprocha, et enfouit son visage contre son épaule. Une chaleur bienfaisante envahit Isobel alors qu’elle enserrait sa main dans la sienne. Cynred ferma les yeux et se laissa aller dans un sommeil agité. Elle le regarda longtemps, jusqu’à ce que l’épuisement la terrasse.
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