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tome 1, Chapitre 23 tome 1, Chapitre 23

— Je vois que tu te rappelles de lui. J’ai aussi eu accès à ses carnets, dans lesquels il parle d’un enfant très intéressant. Il enquêtait aussi sur une espèce qui avait vécu pendant des millénaires et disparu il y a des centaines d’années. Ils avaient la capacité, d’après ces écrits, de lire la musique de l’univers.

— Quel rapport cela a-t-il avec moi ?

— Comme je te l’ai dit, j’ai toujours trouvé tes phrases horripilantes ; elles n’avaient aucun sens pour moi ; c’était une manifestation de ton arrogance envers moi et ma fille. Mais maintenant je sais que tu n’as fait que dire la vérité.

Il tourna soudain le livre et présenta la page sur laquelle il s’était arrêté. Cynred ne put détourner son regard de la créature qui y était représentée : un humanoïde, au corps entièrement recouvert d’écailles cristallines ; ses bras étaient assez longs et au bout de ses doigts, des griffes effilées brillaient. Son crâne ovale était recouvert de cheveux longs tressés. Il avait un visage bestial, comme celui d’un lézard. Ses yeux sans pupilles et sans sourcils, ni cils semblaient briller d’une grand intelligence. Les pigments étaient un peu passés, mais il discernait des teintes bleuâtres et ses yeux paraissaient jaunes.

— Je vois que tu reconnais cette image, d’une certaine manière. J’imagine que c’est une représentation assez approximative.

Valronn posa le livre sur la table et se pencha vers Cynred. Celui-ci retint son souffle et se tendit. D’un geste presque paternel, le trafiquant repoussa ses cheveux pour libérer son oreille mutilée. Il paraissait incapable de déplacer son regard de ses cicatrices.

— J’ai mis un peu de temps à faire le lien. Je me suis toujours demandé d’où venait tes cicatrices. Alors, en les reliant à tes paroles et à ce que j’ai découvert dans les écrits de Fleurdys, une hypothèse s’est formée dans mon esprit.

— Et vous m’avez traqué pour une hypothèse ? siffla Cynred.

Valronn allait répondre, mais un mouvement dans son dos l’interrompit. Sylf pénétra dans la tente. Sélyna apparut ensuite ; avec un rictus, elle bouscula Isobel qui trébucha vers lui. Lorsqu’elle posa ses yeux sur lui, il put sentir tout son soulagement. Il avait du mal à se concentrer sur les mélodies, tant son esprit était en désarroi. Mais la voir en bonne santé lui mit du baume au cœur.

Une autre personne entra alors : une femme, d’âge mûr, aux yeux éteints, au visage émacié et pâle, vêtue d’une robe simple et emmitouflée dans une cape. Elle s’immobilisa dans un coin, en silence, les yeux rivés sur le sol.

— Oui, c’est une hypothèse, qu’il faut que je vérifie, continua Valronn, comme si de rien n’était. .

Cynred resta silencieux et continua à fixer son regard inébranlable sur lui. Pourtant, au fond de lui, la terreur prenait de la puissance.

— Voyons voir si elle est juste, murmura-t-il.

Il fit un geste vers la femme, qui s’empressa d’approcher.

— Soigne les cicatrices de mon ami.

Le prisonnier se raidit lorsque les mains tordues de la femme les effleurèrent. Elles tremblaient.

— Non, souffla-t-il.

Isobel avait fait un pas vers lui, mais elle fut retenue par la poigne de fer de Sélyna. Cynred serra les dents et se plaqua contre le dossier de la chaise. Il lutta contre ses liens, en vain. Grégoire recula d’un pas et l’observa d’un air victorieux. La femme murmura quelques paroles ; une douce chaleur s’enfla sous ses doigts et Cynred sentit avec horreur ses chairs se modifier. Il réprima un sanglot. Il ne voulait pas qu’Isobel voit son apparence réelle ; il préférait les cicatrices, horribles, mais banales, humaines. Ce qu’il y avait dessous était bien plus hideux.

La magie de la guérisseuse pénétra son visage, suivant les cicatrices sur tout son côté gauche, effaçant les dégâts qu’il y avait fait. Il sentit son oreille droite reprendre sa forme effilée originale. Lorsqu’elle eut fini, elle recula d’un pas. Sa brusque inspiration montra son choc au jeune homme qui gardait les yeux baissés. Il devinait le regard épouvanté de cette femme. La main froide et brutale de Valronn le força à redresser la tête. Il le fixait avec un regard brillant.

— J’avais raison, jubila-t-il. Tu n’es pas humain, pas entièrement.

Sélyna s’approcha, le fixant avec horreur, mais il ne le remarqua pas. Cynred aurait voulu remettre ce masque qu’il avait abandonné et soustraire son visage à Isobel, dont il n’arrivait pas à distinguer la réaction. La fille de Valronn se détourna alors vers la guerrière, une expression victorieuse sur le visage.

Mais, très vite, elle pâlit et la rage déforma ses traits. Isobel ne manifestait aucun dégout, aucune horreur. Son regard sombre était incapable de se détacher de son magnifique visage. Elle était fascinée par les écailles bleutées qui recouvraient le côté gauche de son visage et par son oreille, un peu plus haute que l’autre, plus effilée, de la même couleur que ses écailles. On aurait dit que sa peau était taillé dans un cristal pur et étincelant. Pourquoi avait-il été jusqu’à se mutiler ainsi ? Il était parfait. Les yeux de son bien-aimé s’accrochèrent aux siens, comme s’ils étaient son seul refuge et la terreur disparut, apaisée par sa mélodie, qui était toujours aussi douce, aimante, confiante.

Quant à Sélyna, son beau visage était entièrement déformé par sa haine et son aigreur. Valronn examina avec intérêt les écailles légèrement scintillantes sous la lumière des bougies. Il écarta le col de la cape, puis sa chemise, pour découvrir celles qui s’étendaient sur une partie de son cou et de sa poitrine.

— Fascinant, murmura-t-il, indifférent au dégoût que manifestait son prisonnier.

Il finit par se redresser et se retourner vers le groupe.

— Bien, demain nous partirons dans les ruines. Il est temps de les explorer.

— L’explorer quoi ? intervint Isobel. Qu’est-ce que vous nous voulez ?

— A vous rien, très chère, fit-il d’une voix calme. Vous n’êtes ici que comme un gage de son bon comportement. S’il dit vrai quant à ses capacités, ce que je crois, nous allons pouvoir pénétrer dans le sanctuaire caché dans la montagne.

— Et si je refuse de vous aider ? fit soudain Cynred.

— Alors ta bien-aimée meurt. Et je finirai bien par te briser, souffla Valronn, d’un ton glacial.


Texte publié par Feydra, 18 août 2023 à 22h41
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